Ecrire sous licence Creative Commons, au risque du vol… ou de l’envol ?

Passer ses textes sous licence Creative Commons, c’est bien. Je suis à peu près certains que les blogueurs sont très majoritairement favorables aux idées globales de diffusion et de liberté. Pourtant, une grande majorité des blogs ne sont surtout pas en Creative Commons. Référencement vous dites ?

C’est par ces mots que commence un billet incisif, « Le cocktail favori de Google : Creative Commons et Duplicate Content » publié par Keeg sur le blog du même nom. L’auteur entend y démontrer qu’il existe en réalité fort peu d’intérêt à placer ses textes sous licence Creative Commons, car le risque est alors grand qu’ils soient copiés et postés sur un autre site plus visible, qui captera le trafic à vos dépends et vous privera du flux de lecteurs sur votre blog.

C’est un fait que si les licences Creative Commons permettent de réserver certains droits (comme l’usage commercial ou la création d’œuvres dérivées), elles autorisent toutes la reproduction et la rediffusion des contenus , ce qui implique que les textes sous CC puissent exister en plusieurs endroits sur la Toile.

Vol ou envol ? La réutilisation des textes en ligne fait débat... (Flying books. Par Gexidaf. CC-BY-NC. Source : Flickr)

On pourrait voir cette « ubiquité numérique » des textes comme un avantage en termes de visibilité et de diffusion des idées, mais Keeg nous explique, qu’au contraire,  cette duplication des contenus (Duplicate Content) est susceptible de compromettre le référencement de votre site, surtout si de gros requins, comme Paperblog par exemple, spécialiste de l’agrégation de contenus extérieurs, mettent le grappin sur vos écrits. La question est visiblement controversée, notamment à propos du comportement de Google face au Duplicate Content et ce phénomène est susceptible de revêtir plusieurs formes, plus ou moins problématiques.

Plutôt que de m’échiner à faire de la paraphrase, je citerais bien encore quelques lignes de plus de l’excellent billet de Keeg, mais celui-ci, fort logiquement, n’a pas placé son texte sous licence Creative Commons, ce qui me cantonne dans les limites étroites et incertaines de l’exception de courte citation.

Allez,  soyons fous ! Un paragraphe de plus quand même (il en vaut la peine) :

On peut facilement en conclure que si un site solide te pompe sans scrupule ton petit contenu de ton petit blog tout nouveau parce que tu es en Creative Commons ou que tu as donné ton accord, tu risques de te faire bien baiser pour parler crument.

Ce qui est extraordinaire, c’est que je suis tombé sur ce billet par le biais… d’un Duplicate Content ! Ce texte, qui s’insurge contre la cannibalisation, s’est fait pomper par le site Tunibuzz, un agrégateur de blogs, et c’est sur ce clone à la légalité douteuse que je suis tombé, car il devait être mieux référencé que l’original.

Cette preuve par l’exemple semble apporter de l’eau au moulin de Keeg, mais je voudrais prendre un instant pour expliquer pourquoi je n’abandonnerai pas pour autant les Creative Commons pour S.I.Lex et pour quelle raison j’approuve que mes écrits se dispersent sur la Toile grâce à la licence libre, quand bien même cela pourrait faire baisser le trafic sur mon blog.

J’utilise en effet sur S.I.Lex la licence CC-BY (Paternité), la plus ouverte, qui permet toutes formes de réutilisation des textes (y compris à des fins commerciales), à condition de citer Calimaq comme auteur.

Un texte qui n'attend plus qu'une licence libre pour s'envoler (Book Birds. Par photojenni. CC-BY. Source : Flickr)

Assez rapidement, j’ai eu le plaisir de constater que les libertés que je souhaitais offrir à mes lecteurs étaient effectivement utilisées et que mes billets étaient repris sur d’autres blogs, comme ici par exemple  sur le site @Brest. C’est arrivé un certain nombre de fois, jusqu’à ce que je décide volontairement de déporter une partie de mes billets (la veille hebdomadaire des Filons de S.I.Lex) vers une autre plateforme, Posterous, pour tester une expérience de dissémination.

Cette duplication volontaire a franchi une nouvelle étape lorsque j’ai rejoint la plateforme Owni, sur laquelle je poste de temps en temps par moi-même des billets, et dont l’équipe vient chercher des contenus réutilisables sur S.I.Lex. Il arrive d’ailleurs à cette occasion que les billets soient légèrement modifiées, avec des ajouts ou des changements de titres ou d’illustrations, toutes choses que permet de faire ma licence. Le modèle éditorial d’Owni réside principalement dans l’agrégation de contenus en provenance de blogs extérieurs, qui sont « mis en scène » d’une autre façon à bord de la Soucoupe et assemblés pour former un nouvel objet.

Depuis quelques mois, je participe également à l’initiative Revue Réseau TIC, une revue collaborative autour de l’appropriation des usages de l’internet et du multimédia. Mise en place par l’association CRéATIF, cette revue fonctionne à partir d’un vivier de sites et de blogs à qui il est proposé de soumettre des billets à un comité de rédaction, en ajoutant un simple tag récupéré par un fil RSS. Tous les blogs contributeurs sont placés sous licence Creative Commons.

Pour être franc, ni placer un article sur Owni, ni le déporter sur Posterous ou Revue Réseau TIC ne génère pas vraiment de trafic en retour vers S.I.Lex. Pourtant, il est évident que cette exportation des contenus a contribué à la visibilité de mes écrits et surtout, m’a permis d’élargir mon lectorat, de rencontrer d’autres auteurs et de m’ouvrir à de nouvelles communautés.

Que cela puisse contribuer à faire baisser le trafic sur S.I.Lex m’importe peu. Et je n’ai pas l’impression que cela pénalise vraiment le positionnement de mon blog. D’ailleurs, quand j’analyse la structure du trafic vers S.I.Lex, je me rends compte qu’il ne provient que pour une part seulement des moteurs de recherche et que l’essentiel des lecteurs viennent ici en suivant des liens ou par l’effet de « référencement social » qu’occasionnent des réseaux comme Twitter. Je préfère cent fois voir un humain arriver sur mon blog parce qu’il l’a choisi ou parce qu’un de ses congénères lui a recommandé, plutôt qu’un robot l’ait mécaniquement attiré vers mes pages. Peut-être d’ailleurs est-ce la raison pour laquelle j’ai la chance de bénéficier d’un vrai dialogue par le biais des commentaires sur S.I.Lex ?

L’importance « comptable » accordée au trafic in situ qui pousse à protéger les billet est certainement à rapprocher de  de l’attitude de ces blogueurs qui limitent à quelques lignes les contenus que peuvent aspirer les agrégateurs de flux RSS pour être certains que les usagers cliqueront sur les liens et reviendront lire les billets chez eux. C’est particulièrement pénible pour les lecteurs, mais cela leur rapporte sans doute quelques visites de plus par mois.

De manière surprenante, les propos de Keeg me font aussi penser au conflit qui oppose Google News et la presse en ligne. Aux menaces des Murdoch et autres qui songent sérieusement à se faire déréférencer des index de Google, dans l’espoir de récupérer un trafic « détourné » par Google News.

Sauf que pour l’immense majorité des blogs, la question du modèle économique ne se pose pas (ou si peu… on ne me fera pas croire que les bannières de pub’  tiennent lieu de modèle économique !) ; l’écriture sur les blogs relève encore bien plus de l’otium que du negotium et c’est peut-être le modèle égonomique des blogueurs qu’il faudrait questionner…  Se demander s’il n’y a pas un petit fond de névrose narcissique à penser  une lecture « chez soi » possède plus de valeur qu’une autre effectuée ailleurs,  à partir d’un autre site…

C’est également sans compter qu’il existe au contraire des producteurs de contenus qui jouent pleinement la carte de la dissémination, comme par exemple le site de journalisme citoyen Propublica. Placé sous licence Creative Commons sa mention légale proclame haut et fort : « Volez nos articles ! » et incite ouvertement à la réutilisation des articles.

Je pense également au site Global Voices, un réseau de blogueurs qui sélectionnent et agrègent des articles produits à l’extérieur, tout en apportant une véritable valeur ajoutée en traduisant les billets dans plusieurs langues (celui-ci par exemple, excellent). S’ils peuvent le faire, c’est justement parce que les licences Creative Commons permettent aussi par défaut l’adaptation des textes et donc leur traduction.

Vouloir utiliser le droit pour épingler les contenus à un endroit sur la Toile et un seul, c’est certainement passer à côté d’une des évolutions majeures du web, qui fait justement que la notion même de « lieu » est en train de se dissoudre au profit de quelque chose d’infiniment plus fluide. Il faut relire à ce propos le billet de Thierry Crouzet « Vers un web sans site web », qui souligne l’importance de la dissémination et redéfinit le blog comme un propulseur :

L’idée d’un lieu de lecture privilégié et monétisable, le site web, est révolue. Nous avons des sources d’informations, les blogs par exemple, qui propulsent l’information pure dans le cyberspace. Puis elle circule, s’interface, se représente, se remodèle. Elle n’a plus une forme donnée, une mise en page, mais un potentiel formel qui peut s’exprimer d’une infinité de façons. Je me moque de la forme originelle quand je lis sur un agrégateur, éventuellement ouvert sur mon mobile.

[…] Nous allons pousser des données dans le flux global. Certains d’entre nous se contenteront de régler la tuyauterie, d’autres d’envoyer avec leur blog des satellites en orbite géostationnaire, d’autres de courts messages microblogués, juste des liens, des sourires, des impressions pendant que d’autres expédieront des vaisseaux spatiaux pour explorer l’infini, des textes longs et peut-être profonds.

Le temps des propulseurs est venu.

Pour accompagner ce mouvement, les Creative Commons demeurent la solution juridique la plus simple et la plus efficace afin de fluidifier les usages, tout en permettant aux auteurs de maîtriser la libération opérée, par une modulation des droits offerts au public.

Accepter d'ouvrir les textes : un geste naturel ? Pour certains, mais pas pour d'autres. (Open Book of Nature/Fougère nid d'oiseau. Par Boulumix. CC-BY-NC-ND. Source : Flickr)

Et certains ont bien compris l’intérêt qu’il pouvait trouver à faciliter la réutilisation et la circulation de leurs créations en ligne. Je dois avouer que j’ai été très heureux  de voir par exemple l’auteur de science-fiction Lionel Davoust, proposer ce mois-ci plusieurs de ses écrits sous licence Creative Commons. Lionel est venu plusieurs fois dialoguer ici, dans les commentaires de S.I.Lex, pour affirmer son attachement au droit d’auteur, et notamment au droit moral (voyez sous ce billet). Nous n’avons pas toujours été d’accord, mais je ne peux que respecter ce genre de positions sincères. Il est d’autant plus intéressant de le voir aujourd’hui faire le choix des licences libres pour expérimenter, de manière maîtrisée, de nouveaux modes de diffusion de ses oeuvres (et du coup, son – excellent – blog est  passé lui aussi en CC !).

On a pourtant parfois le sentiment que le syndrome d’Harpagon sévit encore lourdement sur le web et qu’il va se loger jusque dans les choses les plus infimes.   Il existe ainsi une ribambelle d’outils pour détecter le plagiat en  ligne que ce soit pour les textes ou les images ; mais on en trouve aussi pour surveiller si personne ne vous pique vos tweets ! Jusqu’où va se loger le délire d’appropriation !

Profitons bien au contraire de la fluidité que nous offre encore le web, car il se pourrait que les textes deviennent infiniment moins libres lorsqu’ils migreront en masse vers des outils comme l’iPad. Je vous recommande à cet égard de lire cet article de Cécile Dehesdin, qui montre comment la nouvelle tablette miracle pourrait rapidement se transformer en un « ennemi du mot », qui bloquera des opérations aussi élémentaires que le copier/coller, l’envoi par mail ou le lien hypertexte.

Et l’auteur de prédire que se prépare : « une bataille sur l’écrit en ligne: d’un côté, la tentation de recouvrir les mots d’une couche de verre protectrice, et de l’autre, l’acceptation du fait que l’on a tous à y gagner si les mots ont le droit de former des réseau. »

Former des réseaux avec les mots, c’est l’essence même de l’art de bloguer ; la couche de verre n’est peut-être pas tant dans les outils que dans l’esprit de ceux qui voient la réutilisation des contenus comme une forme de vol, plutôt qu’un envol…

Pour joindre le geste à la parole, je vais m’empresser d’aller poster ce billet sur Owni et de le proposer à Revue Réseau TIC.

Et si par hasard, vous souhaitiez le reprendre, inutile de me le demander : faites-le !

Car j’écris sous licence libre et il ne pourrait plus en être autrement…

Mise à jour du 10/05/10 : Si vous voulez aller lire les mentions d’un blog qui fait très attention à la manière dont ses contenus sont repris, allez voir ici. Ça ne plaisante pas, puisque la reprise d’un billet sur votre blog vous sera tarifée 1200 euros par mois (hors taxe) ! Cela dit, il faut bien reconnaître que d’un point de vue purement juridique, ces mentions sont bien rédigées… mais on est très loin des Creative Commons…


21 réflexions sur “Ecrire sous licence Creative Commons, au risque du vol… ou de l’envol ?

  1. Tout blogueur, voire tout éditeur de contenu, doit peut-être à un moment donné se poser cette question : quel est le but de mon blog ? Générer du trafic, ou diffuser de l’information ? Produire des revenus, ou de la connaissance ?

    1. Je me demande si l’on peut opposer ainsi le fait de générer du trafic et de diffuser de l’information ; les deux ne me paraissent pas incompatibles et je dirais même qu’ils peuvent être directement liés. La production de contenu original est un atout majeur pour attirer l’attention.

      Par ailleurs, et c’est ce qui m’a un peu dérangé à sa lecture, le billet de Keeg ne parle pas tellement de sauvegarder la possibilité de générer des revenus, mais plutôt de ne pas compromettre le référencement de son blog.

      C’est là où je ne suis pas d’accord : je pense que la dissémination est une stratégie payante pour assurer la visibilité des contenus, à condition d’avoir une vision plus large du référencement et de prendre en compte sa dimension humaine et sociale.

      1. Les deux sont bien sûr compatibles. Je dirais même que, sur internet, toute personne diffusant un information de qualité génèrera du trafic. Mais, moi, en tant que blogueur, quelle est ma motivation ? Suis-je à la recherche d’un revenu ? Dans ce cas, j’ai besoin que mon information reste chez moi pour que les lecteurs intéressés viennent sur mon blog et finissent par cliquer sur mes pubs.
        Ou bien ma motivation est-elle que mon information soit lue par un nombre de lecteurs le plus élevé possible ? Auquel cas, j’ai tout intérêt à ce qu’elle soit reprise sur d’autres sites, surtout s’ils sont plus « gros » que le mien.

        Le bon choix de licence est effectivement question de modéle égonomique (j’aime beaucoup l’expression).

  2. Aaaah ! En lisant ça je me rends compte que je confondais l’amorce du texte (limitée par la balise more et qui permet de pas surcharger la page d’accueil du blog) et l’extrait diffusé dans le flux rss. C’est crétin, mais je n’avais pas vu la différence. Merci de pointer ça (et pis merci aussi pour les billets intéressants ;-))

  3. Je réponds à tout le passage me concernant, parce que j’ai pas encore lu la suite, qui doit être pourtant le plus croustillant.

    Effectivement, tunibuzz me pompe mon contenu, et ce n’est pas le seul. Ce n’est pas faute d’avoir envoyé un mail bien foutu, resté sans réponse. Son site se positionne, heureusement pas mieux que le mien car Keeg a les riens plus solides que d’autres… Mais je me passerais bien de cette copie brutale. Qui plus est, le propriétaire est basé en Tunisie. J’ai bien d’autres cartes à joueur dans ma besace, que je dégainerai un jour.

    Bon, je retourne lire la suite de ce gros billet.

  4. Merci beaucoup pour la citation :)

    Je suis assez d’accord avec votre conception de la dissémination. Tout revient effectivement à ce qu’on compte faire d’un blog ; j’aurais tendance à penser que vouloir gagner de l’argent avec, au premier degré, est hasardeux (même si je n’ai pas d’expérience en la matière). Je trouve qu’un blog est une plate-forme, l’ossature d’une communauté, une sorte de portail personnel pour reprendre un concept des années 90, plutôt qu’une fin en soi. Hélas, ce n’est pas une question de choix ou de philosophie… C’est simplement une constatation regrettable de l’état des usages et une adaptation à ceux-ci.

    En ce qui me concerne, ma façon de gagner ma vie, c’est avec mes livres ; c’est ce que je cherche à faire connaître et à défendre, et c’est là que la façon dont c’est diffusé m’importe. En conséquence, j’ai tout intérêt à ce que mon contenu orienté Internet circule, lui, et c’est pour cela que je suis passé en diffusion libre. Mais je ne suis pas dans la situation d’un blogueur qui gagne sa vie avec ses pubs. J’ai intérêt à ce que mon nom circule, c’est l’évidence (j’ai étudié de près ce que Doctorow avait à dire sur la question avant de faire le basculement).

    Malgré tout, on devrait (idéalement) pouvoir choisir comment son information est diffusée ou non. Le pillage des textes et des photos est continuel sur le Net, et pas seulement sur le p2p. Le créateur devrait avoir le choix de la diffusion de son travail, ce qui est un vrai problème de… droit d’auteur. ;)

    1. Cory Doctorov est effectivement un très bon exemple de stratégie de dissémination, mise au service d’un personal branding redoutablement efficace. Son site web est l’exemple même d’un « propulseur » dont les éléments (images, textes, vidéo) sont quasiment tous exportables et peuvent ainsi devenir les ambassadeurs sur la Toile de l’identité numérique de l’auteur.

      Gagner de l’argent avec un blog, existe-t-il seulement un seul exemple de réussite durable dans ce domaine ? Je n’en connais pas. Par contre, un blog peut avoir toute sa place au sein d’un modèle économique, en jouant sur la complémentarité des supports et des contenus, un peu comme vous le faites.

      Je suis d’accord avec votre conclusion : les auteurs ont le droit de choisir librement la manière dont leurs créations doivent être diffusés. Mais les licences Creative Commons le permettent tout autant que le droit d’auteur classique, dans la mesure où elles reconnaissent le droit moral.

  5. Extait d’un article de la revue réseaux (dernier numéro Mai 2010) par F. Rebillard et Nikos Smyrnaios sur les infomédiaires :

    « Cette volonté de Paperblog d’« absorber » la valeur ajoutée des blogs en exploitant leur contenu se manifeste également dans les conditions d’utilisation du service. Il s’agit d’un contrat par lequel les auteurs cèdent le droit patrimonial de leur production à Paperblog et permettent donc à celui-ci de l’exploiter comme il l’entend, dans le respect des droits moraux des auteurs. Même si les responsables du site laissent entendre qu’ils sont prêts à rémunérer les auteurs en cas de succès économique, la société est dans les faits en train de constituer gratuitement une gigantesque base de données qu’elle peut exploiter à sa guise et sans limitation dans le temps. Cette volonté de s’accaparer du contenu en provenance des blogs, qui place de fait Paperblog dans une position d’éditeur ou de méta-éditeur (Chartron, Rebillard, 2007), se trouve en contradiction avec le statut de simple hébergeur revendiqué par ses responsables. En effet, ces derniers refusent d’endosser la responsabilité juridique pour les articles publiés sur le site, afin d’éviter le coût supplémentaire qu’induirait le filtrage a priori des contenus. Il apparaît ainsi que l’avantage économique procuré à Paperblog par l’automaticité de ses procédés de collecte, de traitement et de publication de l’information s’accompagne également de risques juridiques. »

    En lisant ça je crois que je vais me retirer de Paperblog, oui à la dissémination, mais non à l’exploitation commerciale…

    1. Merci beaucoup pour cette citation très instructive.

      Je n’avais jamais eu l’idée de mettre le nez dans les conditions d’utilisation de ces agrégateurs de blogs. Celles de Paperblog sont effectivement intéressantes.

      Elles m’ont l’air assez subtiles, car elles prennent beaucoup de précautions sur le plan du droit moral. Par ailleurs, le passage sur l’étendue des droits cédées peut ne pas donner l’impression, à la première lecture, que l’on cède ses droits patrimoniaux pour une exploitation commerciale.

      C’est seulement à la fin, dans le paragraphe sur la durée et l’étendue géographique des droits concédées que la cession apparaît en toute lumière :

      Du fait de son adhésion au site PAPERBLOG, l’AUTEUR concède à titre gratuit et non-exclusif à PAPERBLOG pour le monde entier (eu égard aux spécificités de la diffusion sur Internet) et pour la durée maximale de protection du droit d’auteur, pour toute utilisation commerciale, d’information ou autre, le droit de reproduire et diffuser les contenus qu’il a mis en ligne dans les limites des présentes conditions générales.

      Là, c’est clair : on y laisse tout…

      Mais l’inscription à ce site demeure totalement volontaire et nul n’est obligé d’aller faire promouvoir ses contenus par Paperblog. Les CGU sont quand même suffisamment complexes pour que bon nombre d’usagers ne se rendent pas compte de l’étendue de ce qu’ils cèdent en échange du service rendu.

      Cela dit, lorsque l’on place son blog sous licence CC autorisant l’exploitation commercial, est-ce que Paperblog peut venir « aspirer les contenus » de lui-même (c’est ce que laisse entendre le billet de Keeg) ? Il faudrait vérifier. En toute hypothèse, il serait en droit de le faire.

      Mais je me pose une question : si Paperblog peut reprendre les contenus en CC (comme OWNI le fait), cela entraine-t-il une application de sa licence gloutonne aux contenus repris ? Je n’en suis pas sûr.

      Car l’auteur des contenus sous CC repris n’a pas accepté les CGU et il serait sans doute abusif de une licence opérant une cession aussi large, à moins de considérer qu’il a donné a priori son consentement, en plaçant ses textes sous CC.

      C’est une question à approfondir.

      PS : oui à la dissémination, non à la réutilisation commerciale… je ne serais pas aussi radical. C’est un choix qui appartient à chacun et que les CC permettent d’exprimer.

      Je pense qu’il y a bien des sites commerciaux qui sont bien contents de trouver des photos pouvant être réutilisées commercialement dans Flickr.

      Et puis la définition de l’usage commercial est parfois difficile à déterminer. Un site avec un petit bandeau de pub’ fait-il un usage commercial des contenus qu’il reprend ? Une association caritative qui utilise une oeuvre dans le cadre d’un gala pour lever des fonds fait-elle un usage commercial ? L’usage pédagogique dans le cadre d’une formation professionnelle au cours de laquelle le formateur est rémunéré, est-ce un usage commercial ?

      Pas facile à dire…

      C’est la raison pour laquelle, en ce qui me concerne, je n’ai pas opté pour la condition NC.

      1. Je ne vois pas pourquoi la licence Paperblog s’appliquerait aux contenus en CC agrégés. C’est le créateur qui choisit le mode de diffusion de son travail ; ce n’est pas parce qu’il cède certains droits qu’un autre site peut s’approprier les autres ! Ceux qui reprennent les contenus doivent se plier à la licence choisie, c’est tout le but de la licence.
        Admettons que Paperblog devienne payant, je suis en CC-by-NC-ND, ils n’ont aucun droit d’agréger mon contenu si je ne me suis pas inscrit expressément chez eux.

  6. Je vient d’aller lire le blog de Keeg et je ne suis pas d’accord car les utilisateurs de Paperblog signe des Conditions Générales d’Utilisation qui donne bien le ton et l’utilisation qui seras faite de leur contenue.
    Ont ne peut profité de la visibilité que apporte Paperblog et en plus se plaindre ensuite qu’il reprenne le contenue. Paperblog ne prend le contenue que des personnes qui s’inscrive.

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