Vermeer au Louvre : une exposition qui bafoue vos droits !

Le musée du Louvre est en train de s’attirer de plus en plus de critiques pour l’exposition « Vermeers et les maîtres de la peinture de genre« , et notamment la manière dont est gérée l’affluence impressionnante de visiteurs qui se pressent pour voir les douze toiles du maître de Delft. Même ceux qui prennent une réservation en ligne peuvent se voir contraints d’attendre pendant des heures et les témoignages s’accumulent sur l’impression d’être traités par le musée comme du bétail humain. Ce genre de situations soulèvent beaucoup de questions sur la dérive d’une certaine « culture-spectacle », qui semble plus soucieuse des questions de rentabilité financière que de l’accès aux Arts.

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Pour les (rares) chanceux qui pourront voir la Laitière de Vermeer au Louvre, pas de photographie possible (alors qu’ils en ont absolument le droit…)

Mais plusieurs commentateurs ont également relevé qu’une interdiction complète de photographie est imposée aux visiteurs pour les deux expositions temporaires que l’on peut voir en ce moment au Louvre : celle sur Vermeer et celle sur le peintre Valentin de Boulogne. Voyez par exemple ce tweet d’Antoine Courtin :

La situation n’est à vrai dire pas propre au contexte de cette exposition Vermeer. Le Louvre fait en effet partie des musées qui autorisent les visiteurs à photographier les oeuvres figurant dans les collections permanentes (j’avais déjà consacré un billet à la question), mais pas dans les expositions temporaires. Il rejoint par là de nombreux établissements qui ont fixé des règles similaires, en entrouvrant seulement le droit à la photographie individuelle.

Il m’est déjà arrivé à plusieurs reprises de me retrouver confronté à ce genre d’interdictions lors d’une visite et de demander quel en était le fondement au personnel du musée. Généralement, on me répond que la règle est fixée par le règlement intérieur de l’établissement auquel je dois me plier en tant que visiteur et d’autres fois, on m’a indiqué que l’interdiction avait été en fait imposée par les prêteurs d’oeuvres figurant dans l’exposition et qu’une interdiction générale avait été mise en place pour faire respecter leur volonté.

Juridiquement, ces deux fondements invoqués m’ont toujours paru extrêmement fragiles. Or il se trouve que ces dernières semaines, un guide juridique « Photographier au musée » a été publié, qui examine dans le détail ces questions. Il a été produit par Pierre Noual, docteur en droit et diplômé en histoire de l’art, dont je tiens à saluer le travail de clarification effectué avec ce guide. guide

Il ressort de la lecture de ce document que l’exposition Vermeer au Louvre bafoue en réalité les droits des visiteurs en leur refusant la possibilité de prendre en photo les oeuvres exposées. Ni la propriété (publique ou privée) des supports des oeuvres, ni le règlement intérieur de l’établissement ne peuvent justifier valablement une telle restriction.

L’impossibilité d’invoquer la propriété des supports des oeuvres

 Comme je le disais plus haut, les musées se dédouanent souvent sur les prêteurs des oeuvres qu’ils rassemblent dans leurs expositions pour justifier les interdictions de photographier. Mais Pierre Noual montre bien que ce prétexte est en réalité inopérant, en raison du principe d’indépendance des propriétés intellectuelle et matérielle :

[…] le prêteur privé qui entend inclure une clause restreignant la prise de vue est illégale puisqu’il ne dispose que d’une propriété corporelle ne lui octroyant aucun droit sur l’image de son bien. En revanche, s’il possède une propriété incorporelle, d’autres actions peuvent lui permettre de fonder son interdiction. Il y a là un travail d’éducation juridique envers les propriétaires privés que les musées doivent développer pour respecter le droit.

De surcroît remarquons que si le prêteur de l’œuvre est étranger, il ne peut valablement restreindre la photographie au sein de la convention de prêt puisque celle-ci est soumise à la loi française et se trouve donc soumise au raisonnement juridique précédent.

Pour ce qui est de cette exposition Vermeer, la question de la propriété incorporelle ne se pose pas, car les oeuvres présentées appartiennent toutes au domaine public et devaient donc pouvoir être reproduites librement. Le fait que des propriétaires privés possèdent les supports des oeuvres ne leur permet nullement de supprimer cette liberté.

Par ailleurs, Pierre Noual montre que la propriété publique ne peut pas non plus être invoquée pour interdire aux simples visiteurs de prendre en photo les tableaux. Le Louvre détient en effet plusieurs des toiles présentées dans l’exposition Vermeers et il s’est fait prêter d’autres oeuvres par des musées publics étrangers. En France, une jurisprudence du Conseil d’Etat, rappelée dans un arrêt rendu en décembre dernier (auquel j’ai consacré un billet sur ce blog), considère qu’un musée peut s’appuyer sur la propriété publique pour interdire à des professionnels de photographier des oeuvres. Mais il n’en est pas de même pour les simples visiteurs :

[…] depuis 2012, le Conseil d’État estime que « la prise de vues d’œuvres relevant d’un musée, à des fins de commercialisation doit être regardée comme une utilisation privative du domaine public mobilier impliquant la nécessité, pour celui qui entend y procéder, d’obtenir une autorisation » (CE, 29 oct. 2012 ; CE, 23 déc. 2016).

[…] Dès lors, si un propriétaire public peut interdire la prise de vue de ses œuvres par un photographe professionnel dans un but commercial, rien n’est indiqué quant à une quelconque restriction pour l’usage privé – non commercial – du visiteur photographe. Au regard du droit positif et de la jurisprudence du Conseil d’État, une œuvre issue des collections d’un musée public ne peut se voir soumise à une interdiction de prise de vue à l’égard du visiteur-photographe. On ne comprend donc pas sur quel fondement de la propriété corporelle s’appuient les musées pour restreindre la photographie des œuvres au sein des expositions temporaires ou des espaces permanents.

De la même manière, si un musée public entend prêter une œuvre à une autre institution publique ou privée, il ne peut assortir sa convention de prêt d’une clause restreignant la prise de vue puisqu’il n’est qu’un propriétaire corporel dont les droits sont limités […].

L’impossibilité d’interdire la photographie par le biais du règlement intérieur

Si le droit de propriété sur les supports ne constitue pas un fondement sur lequel un musée peut s’appuyer pour instaurer une interdiction de photographier, il lui reste peut-être possible de s’appuyer sur son règlement intérieur. En entrant dans l’espace d’un musée, on se retrouve en effet soumis aux règles déterminées par ce règlement, mais celles-ci doivent respecter des conditions pour être valables. Or Pierre Noual montre bien qu’un musée n’a pas la faculté de restreindre le droit de photographier des oeuvres, y compris dans les espaces d’exposition temporaire :

Si nous avons vu que la restriction des prêteurs publics ou privés en raison de leur propriété corporelle ou incorporelle ne peut limiter la prise de vue, le règlement intérieur le pourrait-il ? En précisant que la photographie peut être interdite lors d’expositions temporaires, les musées ont tendance à entériner leur décision en invoquant le règlement intérieur du musée.

Cependant, cette disposition méconnaît les principes de la propriété intellectuelle car le règlement nierait à tout visiteur l’exception de la copie à usage privé. Aussi, cette disposition est illégale en raison de la hiérarchie des normes. En effet, un règlement intérieur qui fait une mauvaise application de la loi ne peut primer celle-ci.

C’est pourquoi, le visiteur pourrait ainsi actionner les juridictions administratives et attaquer ce règlement intérieur – puisqu’il lui est opposable – afin que les dispositions légales de la propriété intellectuelle soient respectées et appliquées dans l’enceinte du musée.

Ce passage du guide se réfère au cas où des visiteurs voudraient photographier des oeuvres encore protégées par le droit d’auteur, ce qu’ils peuvent faire sur le fondement de l’exception de copie privée (à condition d’en respecter les conditions). Mais il vaut aussi a fortiori pour une exposition comme celles des oeuvres de Vermeer au Louvre, car celles-ci appartiennent au domaine public et on devrait donc pouvoir les photographier librement, sans même avoir à recourir à une exception au droit d’auteur.

Pierre Noual conclut son analyse sur les règlements intérieurs en faisant remarquer que le seul motif légitime que les musées pourraient invoquer est celui de la sécurité des oeuvres (qui leur permet d’interdire par exemple les photos avec flash pour des raisons de conservation). Mais il ne lui paraît pas recevable qu’un musée puisse invoquer le « confort de visite » ou la « tranquillité » pour justifier une interdiction de photographier :

De fait, le simple visiteur-photographe qui tient son appareil photo dans la main ne peut porter volontairement atteinte à une œuvre. Cela s’expliquerait davantage par une mauvaise régulation du public par le musée incapable de protéger ses œuvres.

Photographier quand même, malgré les interdictions ?

En réalité (comme cela fait plusieurs années que des militants le revendiquent auprès des autorités), il n’existe aucun fondement juridique valable sur lequel un musée pourrait s’appuyer pour interdire la photographie à ses visiteurs (voir l’excellent schéma ci-dessous que Pierre Noual a inséré dans son guide pour synthétiser ses analyses).

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Les musées comme le Louvre, qui continuent à le faire, sont donc purement et simplement dans l’arbitraire administratif. La question qui se pose est de savoir ce que l’on risque à enfreindre ces interdictions et à prendre quand même les oeuvres en fonction pour exercer son droit légitime.

Là encore, le guide Pierre Noual s’avère très utile, car il montre qu’un musée dispose en réalité d’une marge de manoeuvre très limitée, même quand un visiteur enfreint le règlement intérieur :

Le règlement intérieur précise généralement que « sa non-application expose les contrevenants à l’expulsion de l’établissement et le cas échéant à des poursuites judiciaires ». Or, l’infraction au règlement intérieur est contraventionnelle – et non pénale. Aussi il conviendrait de faire constater cette infraction par des agents assermentés (police nationale et gendarmerie), ce que ne sont pas les agents de sécurité et surveillance des musées. Aujourd’hui, il semble qu’aucune procédure n’ait été mise en place par les musées. Si celle-ci venait un jour à être instaurée, il serait également possible de s’interroger sur sa conformité au regard des droits individuels des visiteurs.

De manière pratique pour tenter de dissuader la prise de vue, les agents ne peuvent pas demander à un visiteur de voir ses papiers d’identité car seul les agents assermentés sont habilités à procéder à un contrôle d’identité, tout autant qu’ils ne peuvent pas retenir le visiteur-photographe puisqu’il ne commet pas un flagrant délit au règlement intérieur (il s’agit d’une contravention). Si les agents retenaient le visiteur-photographe dans l’enceinte du musée, ce flagrant délit ne serait pas justifié et ce dernier pourrait porter plainte puisqu’il y aurait eu atteinte à sa liberté de circulation selon l’article 73 du code de procédure pénale.

De la même manière, les agents ne peuvent ni prendre de force l’appareil photographique ni demander à supprimer ou à voir les clichés d’œuvres qui ont été pris : il s’agit d’un acte de violence contre lequel le visiteur peut porter plainte.

Ce sont donc en réalité les musées qui se trouvent dans une situation délicate et qui risquent assez gros en imposant des restrictions à la liberté de photographier, au-delà de ce que leurs pouvoirs leur permettre.

Un cas flagrant d’enclosure publique

Au vu de ce qui précède, on peut donc conseiller aux visiteurs de l’exposition Vermeer, qui auront payé 15 euros (ou 17 même en réservant en ligne) et fait des heures de queue d’attente, de ne pas se laisser démonter et de photographier les chefs-d’oeuvre qu’ils y verront, car cela revient pour eux à exercer un droit légitime dont les musées ne devraient pas pouvoir les dépouiller impunément.

On notera également que si les droits du public sont bafoués sur place, ils le sont également en ligne, puisque ni le Louvre, ni la Réunion des Musées Nationaux, ne mettent à disposition sur leurs sites des reproductions en Haute Définition des oeuvres, librement réutilisables. On n’a droit qu’à des images de mauvaise qualité et copyrightées, à la différence de ce que pratique le Rijksmuseum d’Amsterdam par exemple, qui propose des reproductions HD sous CC0 sur son site.

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Le Géographe de Vermeer en HD sur le site du Rijksmuseum (CC0), dans le respect des droits du public.
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L’Astronome du Louvre, avec un copyright de la RMN, qui bafoue ces mêmes droits et m’interdit même théoriquement de le reproduire sur ce blog.

Et telle est d’ailleurs la morale que l’on pourrait retenir de cette exposition. Les deux versions du tableau L’astronome/Le Géographe de Vermeer y sont présentées ensemble pour la première fois. Celle du Rijksmuseum est bien devenue un bien commun de la connaissance, grâce à la politique d’ouverture de l’établissement. Au contraire, celle du Louvre est « séquestrée », physiquement et numériquement, ce qui nous montre que les enclosures peuvent être le fait des établissements publics autant que du secteur privé.

***

En 2014, le Ministère de la Culture a pourtant publié une charte « Tous photographes ! » qui recommandait aux musées de faire évoluer leurs règlements en faveur de la photographie individuelle, mais ce document n’est toujours pas respecté. Une mission « Musées du 21ème » a été lancée en mai dernier par le Ministère de la Culture, qui devrait être un endroit où ce type d’enjeux liées aux droits du public et à la politique de diffusion des établissements sont discutés. On y parle notamment de musée « éthique, citoyen, inclusif et collaboratif ». Mais les membres de cette mission sont en réalité quasi-uniquement des directeurs de grands établissements et il y a fort peu de chances que la question des droits du public sur la Culture y soit abordée impartialement par un tel aréopage…

PS : suite à la publication de ce billet, plusieurs personnes m’ont écrit pour signaler qu’elles avaient été prises à partie de manière agressive par les vigiles de l’exposition Vermeer qui font appliquer l’interdiction de photographier et vont jusqu’à exiger que les personnes effacent les images de leurs appareils. Tout ceci est grossièrement illégal. 

[Mise à jour du 27/02/2017] Didier Rykner de la Tribune de l’art signale sur Twitter un autre abus commis par le musée du Louvre. Le dossier de presse de l’exposition restreint les usages des photos des toiles de Vermeer pourtant disponibles par ailleurs sous CC0, comme s’il s’agissait d’images sous droits. C’est un cas exemplaire de copyfraud (fraude de droits d’auteur).

[Mise à jour 27/02/2017] En réaction à ce billet, une personne fait sur Twitter une proposition qui me paraît très intéressante. Celle de proposer un modèle de clause « Tous photographes » que les musées emprunteurs pourraient insérer dans les conventions de prêt pour résister aux éventuelles pressions des propriétaires d’oeuvres. Voilà un moyen de commencer à avancer concrètement sur cette question.


85 réflexions sur “Vermeer au Louvre : une exposition qui bafoue vos droits !

  1. Parce qu’on ne peut visiter une exposition, simplement, sans la photographier ? Personnellement, je suis dérangée par tous ces visiteurs qui ne regardent plus les expositions qu’à travers de leur appareil photo ou de l’écran de leur téléphone portable…
    Cette intrusion permanente d’écrans qui s’interposent entre le tableau et moi me parasite et sabote le plaisir d’y être.
    En outre, je m’interroge toujours : combien de visiteurs regardent vraiment ces photos ensuite ?
    Mais j’imagine que le débat n’est pas là…

    1. Bonjour Nathalie,
      D’une part le débat n’est pas là. D’autre part, en quoi est-ce que ces écrans s’interposent entre vous et les oeuvres ? A moins bien entendu que vous regardiez ces derniers ? Dans quel cas je ne comprends pas non plus votre grief.

      1. Virgil R. : n’êtes-vous jamais parasité par la présence de ces écrans ? Portés à bout de bras (je parle là surtout des téléphones), oui, il m’est souvent difficile de les éviter. Hélas !
        Mais je ne veux pas polémiquer…

      2. Bonjour, je partage l’avis de Nathalie : je suis gênée dans un musée par tous les gens qui photographient les tableaux , bien que j’essaie de ne pas les regarder je les vois … ( ils sont souvent peu discrets) et entend les « clics » incessants
        Il y’a maintenant beaucoup de reproductions des tableaux consultables sur écran , alors que le musée reste cet endroit de proximité physique avec l’œuvre ,où l’on peut être face à face avec elle , et simplement la regarder ….
        MArtine

        1. Hélas, comme je le dis à la fin de ce billet, il y a très peu d’établissements culturels, particulièrement en France, qui mettent à disposition des reproductions de bonne qualité sur Internet, et ce simplement pour protéger leur monopole sur la revente des images. Difficile dans ces conditions d’en vouloir aux gens qui réalisent leurs propres clichés.

          Et quand bien même on pourrai trouver en ligne des substituts numériques de qualité, la pratique de la photographie personnelle n’en resterait pas moins légitime, mais surtout entièrement légale et ne pouvant pas être interdite valablement par les musées.

          Vous pouvez ne pas partager ce point de vue, mais alors militez pour que la loi change…

          1. Personnellement, je ne conteste pas le caractère légal de ces photos (je suis particulièrement légaliste, par nature !)

            J’interroge davantage l’usage de ces photographies, car si d’aucuns – comme vous – souhaitent les utiliser pour illustrer blogs ou autres, ou même pour une consultation personnelle, combien n’en font rien ? Et alors, me direz-vous ?

            Ben, reste qu’au musée ou ailleurs, la question du sens de nos actes m’intéresse…

            1. Je trouve que dans ces débats (les commentaires qui s’accumulent sous ce billet en sont encore une fois la preuve), on monte facilement en épingle des cas limite d’expositions très fréquentées ou d’oeuvres très connues, où effectivement, les forêts de bras brandissant des téléphones portables deviennent problématiques pour la complémentarité des usages.

              Mais pour être un visiteur assidu de musées, j’ai pu constater à de très nombreuses reprises qu’hormis ces cas-limites, l’usage photographique et l’usage contemplatif peuvent tout à fait co-exister paisiblement.

              A titre personnel, je pratique les deux. Il y a des moments et des oeuvres devant lesquelles j’éprouve le besoin de me poser pour les regarder, sans sortir mon portable. Mais il y a parfois des expositions où je ressens le besoin de documenter ma visite en prenant des photos, pour garder une trace du moment, pour pouvoir revenir plus tard sur des tableaux que je n’ai pas eu le temps de regarder, pour construire mon propre parcours au sein des oeuvres exposées, pour aider à la mémorisation d’une idée, pour entamer une discussion sur les réseaux sociaux à partir d’une photo partagée, etc.

              Bref, on ne peut caricaturer l’usage photographique comme le font beaucoup des gens qui viennent commenter sous ce billet. Il y a une grande variété des usages possibles de la photo personnelle.

              La discréditer en bloc revient à exercer une forme de violence symbolique et vise à produire un effet de « distinction sociale » (pour parler comme Bourdieu…).

              1. Merci de cette réponse morale, qui me parait très justement écarter l’orientation que prenait les commentaires de Natalie, eut égard aux règles de savoir-vivre me semble t-il.

              2. Parfaitement d’accord !
                J’ai l’habitude de visiter les musées avec un réflex de qualité et j’archive ce qui pourra me servir pour mon travail théâtral. Des sources inspirantes, en quelque sorte, et j’enrage souvent quand les musées interdisent cette pratique d’autant plus que ces derniers ne disposent jamais d’un catalogue avec la collection iconographique complète (quand il yen a une en vente).

        2. Tout le monde n a pas la chance de vivre au quotidien à proximité des musées et des lieux de culture et les réflexions de ceux qui sont gênés par les appareils photo des « touristes » tiennent du snobisme le plus ridicule.

          1. Personne n’a dit que les personnes qui prennent des photos ds les musées sont des touristes . Toute catégorie de population est susceptible d’être sans gêne et de venir à une exposition sans regarder les oeuvres.

            1. Il faudrait selon vous, avoir « le bon comportement » face aux œuvres exposées dans les musées, une façon d’être, l’attitude adéquate, le style … oui c’est du snobisme de bobos, parfaitement ridicule. Venir à une exposition sans regarder les œuvres ! Et pourquoi pas ? On peut venir pour y être vu regardant les œuvres, et là, on est assurément plus attentif à ce qui se passe devant les tableaux, que sur la toile, je constate qu’ici vous êtes plusieurs dans ce cas à nous abreuver de détails sur le comportement inqualifiable des « touristes », des photographes du dimanche, des incultes, à croire que vous n’avez gardé au final que ces désagréments en mémoire. On peut aussi vouloir apprécier les œuvres dans un contexte plus serein, et à l’heure du numérique, une belle photographie visionnée sur grand écran permet de capter de multiples détails de l’œuvre, que l’on ne pourrait pas observer à distance, parmi une foule hétéroclite de visiteurs. Ne me dîtes pas que vous n’appréciez les reproductions numériques sur écran, et qu’elles n’offrent pas plus de plaisir que des reproductions papier ! Mais ceci est un autre problème.

            2. A remarquer qu’ un touriste n’ est pas forcément  » un étranger  » à notre pays.
              Les habitants de nos belles provinces ont les mêmes droits que les parisiens.

              Qui eux mêmes découvrent très souvent les musées grâce à leurs familles de  » touristes provinciaux  » qu ‘ils accompagnent, et découvrent ainsi, même la Tour Eiffel.

    2. Tout à fait d’accord, ras-le-bol des maniaques de la photo et du selfie dans les expos qui courrent de tableau en tableau sans les regarder juste pour enregistrer et poster ensuite sur les réseaux sociaux, on pourrait aussi élargir le problème aux sites touristiques et tout lieu remarquable pollué par cet hystérie moderne.

    3. pour répondre un peu à votre question soulevée ici, personnellement j’adore visiter musées et expositions souvent et chaque fois que c’est possible je fais de nombreuses photos sans que cela m’empêche de profiter des oeuvres exposées; c’est une question d’envie et d’état d’esprit mais si je visite un musée il m’arrive souvent d’y passez 5 ou 6 heures; je découvre, je prends le temps et ensuite les photos sont là pour les revoir à nouveau ou les montrer à ceux qui n’ont pas la chance d’y avoir été; je suis déçu quand les photos sont interdites.

    4. Parfaitement d’accord avec ça ! Nul besoin de photographier et de tout voir toujours à travers un objectif !

      1. « Toujours » dites-vous… c’est intéressant. Comment savoir que votre voisin de musée est « toujours » en train de photographier, peut-être que ce jour là c’est exceptionnel pour lui. Je vous laisse réfléchir, et si besoin, répondre.

    5. je suis d’accord avec vous. les appareils font du bruit, et prennent de la place, surtout les smartphones et les tablettes n’ont rien arrangé. vous avez deja essayé de regarder tranquillement des tableaux derriere un mur de tablettes, vous avez deja essayé de regarder en tete un tete un tableau avec les remarques desagreables des gens qui veulent que vous degagiez pour pouvoir photographier (parce qu’en plus, ces photographes qui ne regardent même pas le tableau sont pressés). ce n’est pas le cas de tous les photographes, bien sur. mais les photographes qu’on denonce sont vraiment assez envahissants pour qu’on reve de plages interdites aux photographes !

    6. Je me demande pourquoi tellement de personnes sont dérangées par les photographes. Pour ma part, il m’arrive de visiter une exposition qui me plaît, 2 voire 3 fois. Quand je vais voir une exposition, j’aime prendre mon temps. Mais je prends soin aussi de ne pas déranger les autres visiteurs.
      Lors de mes visites, je suis souvent beaucoup plus dérangée par les personnes qui se croient seules au monde et qui restent très longtemps devant une oeuvre, au beau milieu de l’oeuvre, sans se soucier des autres. Ou encore les groupes ou les visites guidées. Pourtant, c’est tout à fait leur droit et je ne les critique nullement. J’attends patiemment qu’ils aient fini pour retourner voir le tableau en question. C’est tout. Je respecte leur droit de visite.
      Par contre, qu’on montre parfois de l’énervement parce que je photographie les oeuvres, cela je le ressens beaucoup plus souvent! Et la photo prend 1 quart de seconde, l’appareil photo est silencieux… Qu’on décrie l’acte photographique me semble d’un grand égoïsme (d’autant plus qu’il me paraît très méprisé, selon les termes employés par certaines personnes ici).
      Est-ce que, parce que je prends des photos, je regarde « moins bien » que les autres?! Peu importe la manière de visiter ou de regarder les oeuvres. Chacun sa manière.
      Personnellement, je prends plaisir à voir les oeuvres, mais j’estime qu’une visite de quelques heures ne suffit pas du tout. Trois, cinq visites mêmes ne suffisent pas! J’ai besoin de revoir les oeuvres tranquillement (je ne les ai pas à domicile!!!), j’ai aussi de la famille ou des amis qui sont, soit malade et ne peuvent pas se déplacer (visiter une exposition bondée est un challenge pour qui a la santé fragile, n’oubliez pas qu’on n’a pas tous la chance d’être en bonne santé), soit à l’étranger, à l’autre bout du monde et n’ont pas la chance d’être sur place et de pouvoir visiter l’exposition en question. Des années après la visite, je prends aussi plaisir à revoir les photos que j’ai prises des oeuvres d’une expo visitée auparavant.
      J »avais d’ailleurs lu que Daniel Arasse photographiait beaucoup les oeuvres, les détails, pour mieux les étudier chez lui après.
      Les étudiants, les chercheurs en histoire de l’art doivent-il aussi subir le mépris de ces personnes qui ne « supportent pas » les photographes dans les musées, les expos???

  2. Tout à fait d’accord avec Nathalie !! Il est insupportable de voir tant de gens -de plus en plus- photographier tableaux et cartels sans même regarder les oeuvres. Ils se placent devant le tableau, prennent leur temps, s’interposent entre les autres spectateurs et le tableau. Que font-ils de ces photos ? Ne se rendent-ils pas compte qu’ils gênent énormément les autres spectateurs, les vrais, ceux qui REGARDENT les tableaux ? Il existe des catalogues si l’on veut revoir les tableaux. Faire un article si long pour défendre les photographes du dimanche !!! au lieu de parler du scandale des conditions de réservation de cette expo Vermeer.

    1. Votre commentaire présuppose que votre manière de regarder les oeuvres serait plus légitime que celle des gens qui photographies les tableaux. C’est une forme de hiérarchisation des usages des oeuvres, qui vous fait même dire qu’il y a de vrais spectateurs et d’autres qui seraient des… faux ! C’est assez violent comme jugement et on ne peut s’empêcher de penser à la notion de « violence symbolique », dont les musées sont hélas trop souvent les vecteurs…

      Il doit y avoir de la place pour tous les types d’usages dans un musée, sans porter de tels jugements moralisateurs. L’appropriation des oeuvres passent par de multiples canaux aujourd’hui, y compris celui de la photographie personnelle.

      Pour vous en convaincre, peut-être commencer par lire le chercheur André Gunthert, qui est un de ceux qui cherchent à penser finement les usages photographiques au musée : http://histoirevisuelle.fr/cv/icones/1416

      Tous ceux qui prétendent que l’opération photographique dresse un écran entre le spectacle et le spectateur n’ont jamais observé les visiteurs d’un musée. L’acte photographique, quoique rapide, n’en est pas moins réfléchi. Devant une œuvre célèbre, il faut entre une et deux secondes à un visiteur pour élever l’appareil à hauteur d’oeil. Cela pour au moins trois raisons. La première, c’est que le regard marche vite et bien. Le spectateur n’a besoin que d’une seconde environ pour identifier ce qu’il voit. L’instant d’après est celui de l’acte photographique, qui intervient de façon parfaitement synchronisée, comme un prolongement et une confirmation du regard. Oui, ce que je vois est suffisamment important pour mobiliser l’opération photographique. Oui, je veux conserver le souvenir et prolonger le plaisir de cet évenement scopique.

      PS : et quoi que vous pensiez de la photographie personnelle, il n’en reste pas moins qu’elle correspond à une pratique légale que le musée ne saurait interdire sans exécéder son pouvoir, comme ce billet le démontre. Dura Lex, Sed Lex.

      1. Votre long commentaire – que je respecte, attention ! – suscite alors chez moi une nouvelle interrogation : comment faire cohabiter ces deux approches de la visite du musée (puisque les deux façons de faire sont a priori respectables) ?

        Merci de votre réponse, si vous avez un avis sur la question.

        1. C’est à la rigueur au personnel du musée d’intervenir pour organiser cette cohabitation dans les usages, mais certainement pas par le biais d’interdictions brutales (et illégales).

          Après les horaires d’ouverture des musées sont généralement suffisamment étendues en France pour permettre à ceux qui veulent faire des visites plus contemplatives de choisir des créneaux moins fréquentés pour pouvoir bénéficier de davantage de calme.

          Le problème de cette expo Vermeer, c’est que photo ou pas photo, il y a tellement de monde que de toutes manières, il doit quasiment être impossible de regarder les oeuvres sereinement.

          Mais cela pose d’autres questions que celle de la photo personnelle, notamment l’intérêt de telles expositions conçues comme des « blockbusters », destinées surtout à attirer le public en masse dans des conditions où le musée n’est même plus en mesure de faire face à l’afflux…

        2. Les deux approches sont en effet compréhensibles, mais je ne vois guère de solution au problème de milliers et de milliers de gens qui défilent devant 12 Vermeer en quelques semaines!

      2. Vous parlez de ma manière de regarder un tableau. Vous confondez regarder et photographier, deux actes différents.
        Le premier principe est le respect de l’autre. On ne passe pas devant une personne en train de regarder un tableau. On ne s’approprie pas l’espace. QuestIon d’éducation . Un photographe de tableau n’est pas un spectateur.
        Vous dites qu’il faut de la place pour tous les types d’usage !! Ce pluriel est inquiétant.
        Et non ces gens qui ne regardent pas les tableaux mais les prennent en photos n’agissent pas en une ou deux secondes comme vous le laissez entendre.
        C’est étonnant comme on ne voit ce genre de personnes que dans les expositions médiatisées et jamais dans des salles désertes contenant pourtant des chefs d’oeuvre !! On peut les associer à ceux qui racontent leur dernier dîner chez les machin ou la première dent de Kevin à voix haute ou répondent au téléphone.
        Vive la culture de masse. Oui ces gens là sont violents tout court.

        1. Cadiq, moi-même je fais partie de « ce genre de personnes » dont vous parlez. Je photographie autant que possible les expos, et pourtant je ne me sens pas du tout inculte en matière d’histoire de l’art (au contraire c’est souvent moi qui donne des explications sur les oeuvres, les périodes et les influences des peintres entre eux). Je ne suis ni étudiante en histoire de l’art (j’ai passé l’âge d’être étudiante), ni chercheuse, mais je suis passionnée d’histoire de l’art et j’estime que j’ai tout à fait le droit de visiter à ma manière (tout en respectant les règles des musées et salles d’expo). Le fait que je prenne en photo les oeuvres ne signifie nullement que je ne regarde pas les oeuvres: comment pouvez-vous savoir si je les regarde ou pas?!
          Donc effectivement je fais partie de ces visiteuses que vous ne supportez pas car je visite les expos, les musées avec mon appareil photo, et pourtant « je ne passe pas devant une personne en train de regarder un tableau » comme vous dites; c’est au contraire certains visiteurs-non-photographes qui dérangent beaucoup plus les autres visiteurs car ils sont en groupe, bruyants, nombreux ou se croient tout simplement seul au monde (ce qui n’est pas le cas de beaucoup, beaucoup, de visiteurs-photographes).
          Je ne comprends donc pas votre mépris pour ma pratique de l’histoire de l’art.

  3. La défense de la culture ne se grandit pas lorsqu’elle s’appuie sur le préjugé. Les stéréotypes sur la photographie sont démentis de la manière la plus ferme par la recherche, qui montre que l’enregistrement photographique correspond à une intensification de l’expérience vécue, notamment au musée.
    Kristin Diehl, Gal Zauberman, Alixandra Barasch, «How Taking Photos Increases Enjoyment of Experiences», Journal of Personality and Social Psychology, 2016, vol. 111, n° 2, p. 119-140.
    http://imagesociale.fr/3837

  4. Bonjour,
    A propos de l’interdiction de photographier des oeuvres prêtées dans des expositions : Même si elles n’en n’ont pas le droit, certaines institutions qui prêtent ne posent-elles pas comme condition le fait que ces oeuvres ne soient pas photographiées lors de l’exposition ? Dans ce cas, l’institution qui expose n’a pas vraiment le choix, sauf à renoncer à l’oeuvre… N’est ce pas une partie du problème ? savez vous ce qu’il en est précisément, sur l’expo au Louvre ?

    1. Bonjour,

      Ce type de pressions (voire chantage…) existe sans doute de la part de certains prêteurs. Mais cela ne change pas le fond de la question sur le plan juridique. Le musée n’a tout simplement pas le droit d’interdire la pratique de la photographie individuelle et un prêter, public ou privé, ne peut contraindre un établissement comme le Louvre à imposer une telle interdiction.

      Un musée comme le Louvre possède un poids important : ils sont dans une position qui leur permettrait de faire comprendre aux prêteurs la teneur de la loi française et l’impossibilité d’interdire les photographies.

      Imaginons qu’un prêteur dise : « OK pour avoir mon oeuvre, mais uniquement à condition que l’exposition soit interdire aux femmes ». Tout le monde hurlerait et ferait valoir que c’est illégal.

      Or c’est exactement la même chose avec l’interdiction de photographier.

      Sauf que comme les institutions publiques françaises pratiquent très largement elles-mêmes le copyfraud et ne reconnaissaient pas l’existence du domaine public, elles font preuve de bien peu de zèle pour remettre en cause les prétentions abusives des prêteurs…

  5. Je fais partie de ceux qui aiment photographier dans les musées. Je reviens sur les temps du regard lorsqu’on va (ou ne va pas photographier)
    1) le premier moment (comme déja dit plus haut) où on est tellement touché par un oeuvre que l’on veut que cela fait partie de sa collection
    2) au moment de photographier on focalise sur l’oeuvre et rien d’autre au musée. En ce moment je remarque souvent des details que ne n’ai pas vue au premier vue.
    3) re-regarder l’oeuvre en directe dans la recherche des détails manqués
    4) le plaisir de revoir ces photos où je revis le moment devant la toile, que les photos du catalogue ne me fait pas ressentir.

    1. Hi,

      I just noticed you follow ferdyonfilms, too. She’s my cousin and I’m glad to see someone else in France is following her. Her work deserves it.

      Btw, you’ll find me under « Marlene spoke » in snow days, alois Nebel & King of England.

      As to your blog on photographing in museums, do you think we should go in with a printed copy of the law when we visit a museum?

      Keep up the good work on your own blog.

      msd

  6. Je comprends assez Nathalie et ceux qui sont gênés par les preneurs de photo. Le problème se pose aussi sur les sites touristiques. Ce n’est pas le sujet du post, mais c’est assez lié, car une mauvaise pratique de la photo en musée peut servir de fondement aux interdictions des musées.

    A mon avis, ce n’est pas le droit de prendre la photo qui doit être remis en cause, mais les règles de politesse entre visiteurs.

    Il est normal de ne pas se poster devant quelqu’un qui regarde une oeuvre ou un paysage. De même, on a tendance à rester en dehors du champ de la photo. Or ce champ qui prend bien plus de place que le regard : le photographe se place assez loin, et bloque ainsi, durant plusieurs secondes, un large espace, obligeant les autres visiteurs à rester davantage à distance qu’il n’est confortable pour contempler l’oeuvre. Imposer ce recul est pour moi aussi impoli que se placer devant un autre visiteur.

    Quand je veux regarder un tableau de très près, et totalement boucher la vue aux autres, j’attends qu’il n’y ait plus personne. De la même manière, c’est au photographe qui veut prendre du champ d’attendre le bon moment pour prendre la photo, plutôt qu’imposer cette attente aux autres.

    Pour ma part, si je fais toujours attention aux personnes qui regardent, j’hésite de moins en moins à couper le champ d’une photo. Je considère que cette pratique, tout aussi respectable qu’elle puisse être, doit se plier à la même politesse que les autres. J’accepte la photo, mais pas qu’elle impose un large cercle vide autour de l’oeuvre, plus étendu que s’il n’y avait pas de photographe.

    Les pratiques des selfies ou de photos de famille à côté de l’oeuvre sont pour les mêmes raisons très dérangeantes, et doivent se limiter aux moments où il y a peu de visiteurs.

    Ainsi, plutôt qu’interdire les photos, il faudrait rappeler ces règles de politesse, et demander aux gardiens de les faire respecter, en les expliquant, sans remettre en cause la pratique elle-même. Cela implique évidemment que l’exposition soit elle-même organisée pour donner aux visiteurs le confort minimal qu’il est en droit d’attendre.

    On retombe dans la problématique de la politique des musées, qui est de faire de l’argent, pas de donner au maximum de personnes une approche de l’art didactique et agréable. C’est un problème plus général dont Didier Ryckner parle très bien.

    (pardon Calimaq de déborder du sujet, mais je n’ai rien à ajouter sur ta très intéressante démonstration)

    PS : j’ai des problèmes de connexion, j’espère que ce message n’est pas en double

    1. Comme je l’ai déjà exprimé dans d’autres réponses, je souhaite juste insister sur un fait: personnellement, j’ai remarqué que les visiteurs non photographes qui ne respectaient pas cette règle de politesse (ne pas déranger les autres) sont bien plus nombreux que les visiteurs photographes…

  7. Au-delà de la propriété intellectuelle et de la gêne causée ou non entre visiteurs, il y a une question très peu abordée (de façon très succincte en tout cas) dans cet article. Comme l’a justement fait remarquer Anne , certains prêteurs ont des exigences dont l’interdiction de photographier fait souvent partie. Même si cet exigence reste discutable, je l’entends, elle figure souvent dans les contrats de prêt et lorsqu’un contrat est signé par le musée emprunteur , il se doit de respecter cette clause/ S’il la discute, c’est au risque de renoncer à une œuvre majeure de l’exposition. Comparer une clause d’un contrat qui peut certes être juridiquement non fondée mais qui demeure souvent éthiquement valable à celle d’interdire une exposition aux femmes est assez outrageant. D’autant plus qu’on ne pose quasiment pas ici la question de la conservation des œuvres : au-delà des droits de propriété intellectuelle et autres, de nombreuses œuvres seraient réellement endommagées par une exposition continue à des flashs d’appareils photos pendant 4 mois. Je sais que le public de musée est respectueux et éteint son flash, mais combien de fois, avec des milliers de visiteurs qui passent et repassent devant l’œuvre, un flash sera oublié ou simplement délibérément activé. Et un dessin du 17ème siècle soumis à une luminosité qu’il ne peut pas supporter de façon continue est conduit à sa dégradation…. Peut-être que les règlement intérieurs des musées dérivent d’une raison très juste pour donner à cette interdiction des justifications un peu brouillonnes, mais le résultat est que cette interdiction de photographier reste une réelle nécessité quand on expose des chefs-d’œuvre – très souvent fragiles- du 17ème siècle. Une utilisation d’utiliser le flash serait suffisante, me direz-vous, mais elle est souvent inefficace est très difficile à surveiller au milieu d’un flux très important. On revient donc à la question de la gestion des flux qui est tout de même centrale.

    1. J’ai du mal à comprendre la logique que vous suivez ici. Comme démontré dans le billet ci-dessus, les musées ne peuvent pas interdire la photographie individuelle. Point barre. Vous pouvez trouver cela regrettable, mais alors, il faut prendre votre bâton de pèlerin et aller convaincre des députés de changer les lois. Dura Lex, Sed Lex.

      Si des oeuvres fragiles ne peuvent supporter le flash, la seule réponse possible pour le musée est d’organiser une médiation suffisante pour éviter que cela se produise. Mais le recours à l’interdiction générale n’est pas possible.

      Et si un musée n’est pas capable d’accueillir un flux très important de visiteurs dans de bonnes conditions, à la fois pour le public et pour les oeuvres, alors il faut se poser la question de la légitimité d’organiser de telles expositions.

      Dans tous las cas, vous parlez d’éthique dans votre commentaire, mais je trouve très peu éthique de justifier des pratiques illégales de la part d’un établissement public, pour quelque raison que ce soit…

  8. Je me demandais sur quel fondement légal vous vous reposez pour dire qu’il y a un droit à photographier qui serait reconnu au visiteur : interprétation a contrario des décisions du Conseil d’Etat sur le caractère non commercial de l’exploitation ? Liberté d’expression dans sa composante droit du public à l’information ?

    1. Ce que montre l’analyse de Pierre Noual, c’est qu’il n’y a pas, en l’état de la législation et de la jurisprudence, de fondement sur lequel un musée puisse s’appuyer pour interdire la photographie personnelle : ni le droit de propriété (privée ou publique) sur les supports des oeuvres, ni la propriété intellectuelle (que ce soit pour une oeuvre du domaine public ou encore partagée par le droit d’auteur).

      Nul besoin d’en passer en définitive par l’affirmation d’un droit positif : il suffit juste de constater que les interdictions formulées seraient constitutives d’un excès de pouvoir.

      Si l’article 8 sur les Communs de la connaissance dans la loi République était passé, nous aurions en plus un fondement positif à opposer, étant donné que l’interdiction posée par le musée constitue à l’évidence une « restriction de l’usage commun à tous » que ce texte entendait protéger : http://www.republique-numerique.fr/projects/projet-de-loi-numerique/consultation/consultation/opinions/section-1-les-communs/article-8-definition-du-domaine-commun-informationnel

      Et nul doute que que c’est la raison pour laquelle in fine cet article n’est pas passé, du fait de l’intense lobbying interne et externe qu’il a déchainé, car les pratiques abusives des institutions culturelles auraient été grandement fragilisées…

  9. Et si les collectionneurs privés, face au terrorisme des Communs, se gardaient les œuvres d’art et ne les prêtaient plus, serait-ce un excès de pouvoir ?

    1. « Terrorisme » des Communs ? Voilà une expression dont je trouve l’emploi particulièrement déplacé, mais aussi irresponsable, car vous ne devez pas être sans savoir qu’un cortège de lois sécuritaires récentes attachent des conséquences pénales extrêmement graves à la qualification de « terrorisme ». Vous contribuez de plus à une tendance particulièrement détestable qui consiste à banaliser l’emploi du mot « terrorisme » et à assimiler toute forme d’engagement militant à du terrorisme… Surtout qu’ici, il ne s’agit que de demander à ce que des établissements publics respectent la loi…

      Je trouve inquiétant que l’on puisse se laisser aller à écrire des choses pareilles et je pense que vous devriez prendre un moment au calme pour y repenser…

      1. Désolé pour le mot terrorisme : je le retire bien volontiers et vous prie de ‘m’excuser. Mais ce mot malheureux vous permet d’éluder la question posée.
        Je dirai autrement : abandonnez donc un instant votre côté Robespierre des Communs et du droit d’auteur pour regarder en face cette vérité première, le public a besoin des collectionneurs privés, l’inverse beaucoup moins.

        1. Vous le dites autrement, mais encore une fois pour me comparer à quelqu’un qui a du sang sur les mains… Dans ces conditions, vous pouvez vous asseoir sur ma réponse.

            1. Il y a des tas de réponses possibles au (faux) problème que vous soulevez. L’une d’elle, qui a été suggérée par quelqu’un sur Twitter cette après-midi, consisterait à ce que le Ministère de la Culture soit un peu cohérent avec la Charte « Tous photographes » qu’il a lui-même adoptée et qu’il propose aux musées-emprunteurs une clause-type à insérer dans les contrats de prêts pour protéger les établissements des pressions exercées par les propriétaires d’oeuvres.

              Il est certain que tous les musées n’ont certainement pas un poids nécessaire pour résister, mais une politique déterminée pourrait le faire. Et le fait que la France s’y engage peut contribuer à faire évoluer les pratiques.

              Une autre solution, encore plus simple : considérer que les restrictions, même acceptées par les musées, sont nulles en non avenues, même acceptées par les musées, ce qui est le cas juridiquement.

              Notez enfin que le Code de Propriété Intellectuelle reconnaît aussi la notion « d’abus notoire du propriétaire empêchant l’exercice du droit de divulgation » qui permet de saisir le tribunal de grande instance pour prendre les mesures appropriées : https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=F411FC35DC2A83CEF5909929CC3C154D.tpdila22v_3?idArticle=LEGIARTI000006278870&cidTexte=LEGITEXT000006069414&dateTexte=20170227

              L’article n’a pas été explicitement fait pour lutter contre les restrictions abusives du droit de photographier, mais cela pourrait être intéressant de demander à un juge de l’interpréter de façon dynamique, en le reliant à la jurisprudence sur le droit (très limité) que les propriétaires ont sur l’image de leurs biens.

            2. C’est amusant que vous parliez des prêteurs privés, car il y a en ce moment une exposition au Louvre à partir des oeuvres de la collection Leiden, appartenant à un riche Américain, M. Kaplan. Il considère qu’il est de son devoir de permettre la diffusion de ses oeuvres et propose un splendide site internet, où on peut non seulement voir mais réutiliser toutes les images, téléchargeables en haute définition.
              Ce n’est pas les prêteurs privés, le problème…

  10. Le mémorial acte en Guadeloupe vous oblige à effacer (sur place et devant agent) les photos prises. En cas de refus on vous met dehors. L’interdiction de tout appareil téléphone compris est totale et scrupuleuse.

  11. En ce qui me concerne, je documente souvent mes visites (en particulier lors d’expos photos) par la prise de notes et la prise de photographies. Pas de prise de vue systématiques, donc, et toujours sans flash et sans bîp, mais plutôt des clichés ciblés en fonction de ce qui attire mon attention et de ce que je souhaite approfondir, parfois beaucoup plus tard. La France a globalement avancé dans la bonne direction (les musées belges interdisent souvent purement et simplement les photos, voir encore récemment l’exposition William Klein à Bruxelles) et cette possibilité de documenter me motive globalement à aller voir de nouvelles expositions car cela alimente mon travail. Je les rediffuse rarement, si ce n’est parfois pour illustrer un point particulier lorsque je donne une formation ou un atelier sur un sujet précis.

  12. Passionné de photos, en principe j’évite… Mais pas du tout par altruisme. Parce que la « sordida plebs » est tout autour et que 4 fois sur 5, si ce n’est 5 sur 5, ce sont les gueules d’un ou plusieurs bipèdes que je retrouve sur ma photo. Pas du tout l’œuvre d’art. Ca suffit de les voir en vrai, et d’entendre leurs commentaires débiles. Nul besoin de garder le souvenir de leurs gueules d’abrutis sur mes clichés. Pour les photos,; je me contente du catalogue…
    Dont acte

    1. Si comme vous dites vous êtes passionné de photo, vous devez estimer que reproduire une œuvre d’art n’est pas vraiment un acte de création photographique. Les quelques « pas trop mauvaises images » que je me flatte d’avoir produit dans des musées ou des expositions n’ont jamais été des photos des œuvres exposées, mais des photos de « visiteurs regardant ».
      Sur le fond de la question, autant je suis d’accord pour exiger le droit de photographier, autant je suis critique sur la pratique de la majorité des visiteurs qui s’imaginent pouvoir faire avec leur téléphone une image meilleure que ce qu’ils trouveront sur le catalogue officiel, le web ou même une simple carte postale.

  13. Je suis d’accord avec le Louvre. Marre des hipster 2.0 avec leurs smarts bidules qui font des selfies avec les grandes Oeuvres au lieu de les admirer.
    Les photos en haute qualité sont disponibles je ne voit pas à quoi ça sert de refaire une photo avec un smartphone a part la partager sur les réseaux sociaux pour faire croire au monde qu’on est cultivé ? Ces gens ont besoin de prouver quelque chose ?
    Marre de cette culture du droit partout, droit à ceci, droit à cela, moi moi moi. Les gens ont aussi des devoirs ! Respectez les autres non de dieu.

    1. Les photos en haute qualité sont disponibles, mais pas toujours.
      Personnellement, j’ai besoin de prendre en photo les oeuvres d’une expo pour (en partie) mieux revoir l’expo chez moi, en prenant tout mon temps.. sans être dérangée. Ou encore pour en parler et la partager avec un membre de ma famille qui serait à l’hôpital et ne pouvait pas aller voir l’expo, ou pas en assez bonne santé ou trop âgé pour affronter la foule parisienne, ou des amis à l’autre bout du monde. Bref.
      Une comparaison très simple. J’ai visité il n’y a pas très longtemps l’expo « Les bas-fonds du baroque » au Petit Palais. Photos autorisées. J’ai visité l’expo 2 fois. J’ai passé une soirée (moins de 2 heures) pour faire l’album photo commenté de l’expo et la partager avec ma famille. Auparavant, j’avais visité l’expo des dernières années de Raphaël au Louvre. Photos non autorisées. J’ai visité l’expo 3 fois, en prenant des notes. J’ai passé 10 fois plus de temps (soit une dizaine de soirées au moins) pour aller chercher les reproductions des oeuvres qui m’intéressaient sur Internet (qualité parfois médiocres, couleurs non fidèles) et refaire un semblant d’album commenté de ma visite de l’expo…
      Non je n’ai rien à prouver, je ne me sens pas plus cultivée qu’un autre (au contraire j’ai soif de voir et apprendre), je n’utilise pas les réseaux sociaux, par contre mon temps est précieux, comme tout le monde je n’en ai pas beaucoup. Et je consacre beaucoup de mon temps à voir, revoir des tableaux et en discuter avec mes proches.

    1. Bonjour,

      Merci pour ce témoignage intéressant. Mais encore une fois, vous mettez en avant seulement certains types d’usages photographiques constatés dans les musées, qui n’épuisent pas la question.

      Un livre très intéressant a été publié sur la question : « Visiteurs photographes au musée » faisant intervenir des professionnels et des chercheurs http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/9782110092120/index.shtml Il dresse un tableau bien plus nuancé et met notamment bien en lumière la très grande variété des usages photographiques. On ne peut réduire le sujet aux seuls touristes traversant les musées au pas de charge pour aller prendre en photo les chefs-d’œuvre…

      Par ailleurs, je tiens à faire remarquer aux personnes qui viennent commenter ce billet que mon propos n’était pas de lancer un débat sur la légitimité ou non de la photographie au musée.

      Ce que j’ai voulu montrer, c’est qu’un musée n’a tout simplement pas juridiquement le droit d’interdire ces usages de manière générale, en l’état du droit positif. Dans un Etat de droit, les administrations sont limitées dans ce qu’elles peuvent mettre en place comme réglementation. Si elles vont au-delà, elles commettent un excès de pouvoir.

      Et donc la question se pose en tous autres termes lorsqu’on l’examine sous l’angle de la légalité : car la pratique de la photo personnelle ne pouvant être valablement interdite, comment faire en sorte que les différents types d’usages puissent coexister ?

      Je pense qu’on avancerait dans le débat si on partait déjà sur des bases saines, en prenant acte de ce que les musées peuvent ou non interdire…

      1. C’était juste un petit billet d’humeur rédigé d’après mon expérience personnelle. Et il m’est arrivé d’être obligé d’interdire à un visiteur de prendre en photo une oeuvre du Louvre car elle était installée dans le cadre d’une exposition temporaire, alors qu’elle peut être photographiée une fois de retour dans les collections permanentes. Bref, un casse-tête pour l’agent d’accueil et de surveillance ( pas « vigiles » merci!) chargé par sa hiérarchie de faire respecter un règlement qui n’a pas vraiment de sens je vous l’accorde bien volontiers. Mais il est vrai que depuis l’arrivée du numérique, pas mal de gens photographient à tort et à travers mais ne prennent plus le temps de REGARDER l’oeuvre originale. Vaste débat.

  14. les musees protegeent leur vente de catalogue papier
    vous ne trouverait aucun catalogue sur dvd
    pour vermer il semblerait que le temps de regard a l’oeuil soit meme limité ;-)

  15. Bonjour.

    je tenais juste à remercier Calimaq pour son article et pour la patience de saint dont il fait preuve à répondre à la plupart des commentaires laissés ici.

    Je suis d’ailleurs étonné qu’un pourcentage majeur semble s’offusquer de la pratique photographique dans l’espace des musées sous la seule autorité du jugement moral lui-même inféodé à leur seul et unique vécu, lui-même laissant assez peu de bénéfice du doute au reste de l’humanité, forcément détestable, fatalement moins éduquée que soi, méprisable… avec une petite tendance au dégoût 2.0.

    Alors, pour leur apporter un peu de cette paix appelée de leurs zemmouristes vœux, accordons: oui le public est chiant, oui l’autre est notre Enfer, oui le visiteur autre que soi nous est totalement inférieur moralement car nous sommes les seuls à valoir le coup, etc. Etc.

    Mais je remercie Calimaq pour son article, pour le texte qu’il en a tiré ici, pour le lien « photographier au musée » et pour sa patience, encore.

    Je suis auteur et dessinateur. J’ai découvert cet article sur un « réseau social » (cette sorte de bête haïe par tous les aigris des Arrière-Mondes nietzschéens) grâce à un ami lui-même dessinateur et auteur qui me propose de faire un collectif d’auteurs et d’artistes pour aller en groupes dans les musées-censeurs, appareils photos dans une main et ce guide dans l’autre, afin de faire pression pour faire respecter la Loi comme Calimaq nous y encourage.

    Car, non, le visiteur-photographe n’est pas qu’un touriste débile avec sa canne à selfie venu se tirer le portrait devant la Joconde (personnellement, quand je vais au Louvre, j’évite soigneusement cette peinture surcotée à laquelle je préfère infiniment le portrait d’Anne de Clèves d’Holbein ou le portrait de François 1er de Clouet, tous deux dans le même petit couloir à l’étage de la peinture française du XVIe siècle, salles généralement totalement vides ou même les grandioses Noces de Cana qui s’y opposent) en bousculant les autres, en s’interposant devant lui, en s’en moquant et en finissant par demander où sont les toilettes aux heures de fermeture. Non. Le visiteur-photographe, dont je suis, n’est pas que ce crétin remontant les escalators tel un saumon. Il peut-être un professionnel de l’image, un artiste aussi, qui a autant besoin de la méditation et de la solitude, comme les autres, face à une œuvre, que de la prolonger par la photographie pour son ethos personnel et sa praxis.

    Pour ma part, je prends énormément de photographies. Et cette espèce de soupçon post-platonicien sur l’image, forcément écran, forcément copie au 3e degré du Monde des Idées, toujours entaché du condamnable Commandement de ne « point faire d’image taillée » (on n’en est là, encore là, et tous les contempteurs de la photographie n’en sont finalement que là) m’a toujours prodigieusement hérissé.

    Je ne compte pas que je prends aussi des photos en musée par défaut. Par défaut de quoi? Simplement par défaut de pouvoir se poser tranquillement dans une salle pour DESSINER les œuvres (ce que je fais aussi quand c’est possible et que j’ai le temps) car, autant que l’abusive interdiction de photographier, les règlements intérieurs de musées quant aux divers outils et matériaux qu’un artiste peut utiliser sont devenus à la fois ubuesques et aberrants… et tout cela au nom de la sacro-sainte « sécurité ». Je dessine au crayon puis à l’encre de Chine. Or, l’encre de Chine est interdite en musée. À des fois que le hooligan qu’un artiste peut être projette son pot sur les toiles dans un geste iconoclaste et psychotique (une amie qui travaille sur la conservation des œuvres m’a expliqué qu’il existait des protocoles autant que des produits, dans ces cas extrêmes, pour nettoyer une œuvre possiblement tacher ainsi, du reste)… comme si on ne pouvait pas projeter sa bouteille de soda planquée dans un sac sur le Radeau de la Méduse, attaquer les Saisons avec un crayon de papier pointu (permis, lui) ou sauvagement barbouiller un Enguerrand Quarton à la craie grasse… Enfin, bon. Ce que j’en retiens, c’est que l’esprit sécuritaire qui règne et qui plane derrière tous ces interdits, empêchent désormais la praxis artistique traditionnelle qui faisait des musées le lieu même de l’étude pour les artistes contemporains ou les étudiants.

    Je ne compte pas qu’allant au musée dès que je peux, ce ne sont pas tant les autres visiteurs qui me gênent, ces « autres » toujours moins esthètes que soi, avec leur absence de regard derrière leurs écrans ou simplement leur manque de culture et de goût quand ils viennent aussi dire des âneries plus grosses qu’eux, même sans appareils photos. J’en ai entendues, hein… j’ai fait quatre ans d’écoles d’art et je peux affirmer que l’absence d’appareils-photo ne fait pas la qualité du visiteur pour autant ni davantage son « respect de l’autre »… j’en ai vu des pseudos contemplatifs se foutrent devant vous au moment où vous souhaitez prendre une toile en photo, lors que vous avez bien pris soin de ne gêner personne, sans « clic » et sans flash, et précisément parce qu’ils s’estiment être des visiteurs Label Rouge, supérieur à vous, misérable que vous êtes avec votre coupable appareil. Donc, là-dessus, un point partout la balle au centre. Et je les mets au défi, ces contemplatifs au-proclamés, de venir comparer la finesse de leur regard avec le mien.

    Mais, comme le dit Calimaq, le débat n’est pas LÀ. le débat n’est pas moral. Après tout, l’éthique de ceux qui veulent que les autres se plient à leurs exigences… alors qu’on sait que, quoi que l’on fasse, leur misanthropie intrinsèque sera toujours plus forte que tous les efforts du monde pour leur plaire; le débat n’est pas moral, disions-nous, il est juridique. Je suis moi aussi misanthrope. Moi aussi j’aimerais que les musées soient tout entier offerts à moi et à moi seul. Mais j’affirme que je m’arrange avec ma misanthropie (et Dieu sait que tout m’agace, hein, les chewing-gums, les touristes qui parlent forts, les butors, les malotrus, les bourgeois, les ploucs…) et qu’effectivement j’organise mes visites aux moments les moins fréquentés et, pour le cas du Louvre, je ne croise quasiment jamais âme qui vive vues les salles que j’investis (encore une fois, l’étage de la peinture française ou hollandaise du XVe au XVIIIe est quasiment toujours vide). Ce qui me gêne, moi, c’est bien ces p……s de règlements intérieurs abusifs.

    Donc préparez-vous, contempteurs abrités derrière vos écrans accusant d’autres écrans, nous allons être quelques-un/e/s, bientôt, à débarquer en collectif dans les musées, armés de tous nos matériels d’artistes pour faire respecter la Loi. Et ceux grâce à ce texte. Et je suis prêt à répondre à tous les critiqueurs d’appareils-photos qui se jugent moralement supérieurs aux autres qu’à jouer à ce jeu là, c’est nous, mes collègues auteurs, dessinateurs et artistes, qui pourrions bien venir réclamer la primauté morale de notre usage des musées sur eux. Quitte à squatter des salles entières, carnets, tablettes, crayons et stylets en main, pendant des heures, pour la pérennité de notre pratique artistique, comme on voyait autrefois les peintres investir ces mêmes musées, chevalets encombrants et odeur de térébenthine en main… chose qui a presque totalement disparue aujourd’hui, et bien à cause des « règlements » plus que des visiteurs indélicats.

    Merci Calimaq.

  16. Merci Calimaq pour cet excellent article dont la rigueur formelle et l’esprit ne vont pas manquer d’être un phare pour ceux qui considèrent que la liberté de l’accès à l’art et sa disponibilité comme patrimoine de l’humanité, sont un sujet sérieux !

    Sans doute serait il pertinent d’envisager la création de collectifs d’artistes et de photographes qui pourraient investir les musées pour prendre des photos et présenter les textes garantissant la légalité de leur pratique afin que ce phénomène d’enclosure de la culture soit endigué.

  17. Bonjour et merci Calimaq.
    Nous entendons toujours nos chers ministres parler du respect de la loi. Je n’arrive donc pas à comprendre pourquoi notre ministre de la culture « incite » les directions des musées publics à plus de compréhension envers les photographes alors qu’il suffirait qu’il leur impose de respecter la dite loi. Ces directeurs, payés par nos impôts, doivent se soumettre ou se démettre sans avoir la possibilité d’appliquer leurs stupides règlements illégaux.

  18. Bonsoir,

    Je reconnais faire partie des personnes qui prennent assez régulièrement des photos dans les expos. Pourquoi … ?
    Bon, tout d’abord, je tiens à préciser, mais vous êtes libres de ne pas me croire naturellement, que je fais en sorte de ne JAMAIS couper le passage, la vue d’un spectateur, ne suis jamais posté devant un amateur assis ou en pleine réflexion/parcours de l’œuvre ou autre.
    .
    Pourquoi les photos ? Car il y a du monde ; mon appareil est certes un simple compact, mais avec sa résolution, il me permet ensuite, rentré chez moi, de zoomer sur un détail comme jamais je ne pourrai le faire avec un mon œil, malgré la qualité quand même dégradée en luminosité du fait de mon absence de matériel professionnel.
    Je pourrai certes rester plus longtemps devant l’œuvre, et j’en meures d’envie, mais s’il y a 60 personnes qui le veulent aussi à la même minute, et autant à la minute suivant, je ne peux plus rester le temps de mon appréciation (variable bien sur) devant des toiles qui me fascinent sans devenir un mufle pour l’ensemble du public (et je le comprends). Il faudrait donc revenir chaque jour au lieu de 4 heures « rapides ». J’adore l’art flamand et/ou religieux, je peux passer « beaucoup de temps » devant un panneau, une miniature comme sur le double d’une affiche, au grand dam de proches, moins sensibles à tel style mais plus à d’autres. Au prix de l’entrée et de la carte postale représentant un détail de l’œuvre, je ne le peux pas.
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    Mais je suis tout à fait d’accord : faire des selfies devant une œuvre est juste stupide (en psychanalyse c’est surtout surtout : soit essayer de gratter de la notoriété de l’artiste pour en avoir les retombées, soit avoir un ego si démesuré qu’on veut éclipser l’œuvre), car dans les deux cas ça se fini au mieux sur un réseau social avec un commentaire de type « MOI devant telle œuvre… MOI à tel endroit… » sans jamais dire « j’aime », au pire ça ne sera effectivement jamais revisionné). Et les forêts de perches sont aussi méprisantes pour le public amateur que si on protégeait les œuvres avec trois épaisseurs de grillage à poules.
    Les comportements déviants et/ou pénalisant sont à proscrire : ça ne couterait pas plus cher, puisqu’il y a déjà un/e gardin(ne) assis toute la journée pour nous dire « no pict » en bon français. Ils pourraient servir à dire « dégage avec ta selfie ».
    .
    Le bon compromis serait effectivement de « dissuader » de prendre des photos, en mettant en ligne des reproductions en haute qualité (pas des timbres-poste) nous permettant d’apprécier les œuvres au rythme de chacun en complément : car voici ma proposition : que chaque billet de musée donne accès SIMULTANÉMENT à une partie du site web du musée où seraient reproduites numériquement les œuvres en très haute qualité (pas du 2x, hein…)
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    Pour dire l’hypocrisie du « système », j’ai déjà du, à Aachen / Aix La Chapelle, payer forfaitairement un euro pour utiliser mon appareil photo, mais ils n’arrivent pas à appliquer cette dîme de fait pour les smartphones qui font pourtant des photos de belle qualité – probablement car leurs lois distinguent comme nous un appareil de télécommunication d’un appareil photo, plus ou moins propriété inaliénable.
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    Concernant la perte de chiffre d’affaire des musées avec les reproductions en carte postales qui ne représentent qu’un détail, parfois « ils cherchent bien », en mettant des éclairages si forts ou si mal placés que de toute façon le tableau ne devient qu’un vaste reflet… sauf que le billet, je l’ai payé ! pour voir ces œuvres qui sont dans le domaine public !
    De toute façon, un grand constructeur de smartphone américain a déposé un brevet permettant de bloquer la mise au point de tous les appareils utilisant l’infra-rouge (donc smartphones et appareils photos). Ainsi, plus de photo en concert, plus de photo en musée (NOTRE patrimoine, qui appartient à tous). Pas encore commercialisé, mais attendez un peu. Ainsi, la carte postale du détail en carton de la Crémière, tramée quadrichromie comme dans le journal, redeviendra vendue 4€ pièce en plus de votre billet.

    1. Pardonnez-moi pour le nombre incalculable de fautes, j’ai écrit rapidement (ce n’est pas réellement une excuse), mais surtout, je ne me suis pas relu. D’où, répétition de mots, fautes de frappe et de syntaxe. Un festival peu glorieux…

  19. l’Astronome du Rijksmuseum est certes disponible en reproduction HD sur le site du musée, mais il s’agit d’un dessin d’Abraham Delfos d’après Vermeer, une œuvre postérieure de 100 bonnes années … ceci n’enlève rien à la qualité de l’article, c’est juste pour le respect du droit moral! très bonne fin de journée, Annette

  20. Perso, si je ne comprends pas l’utilité de prendre en photo des tableaux anciens dans un musée, je ne vois pas pourquoi l’interdire. Ce qui me pose vraiment problème, c’est le nombre de lasers rouges qui apparaissent sur l’oeuvre juste avant la prise de vue de ces photographes amateurs. C’est infernal.
    Moi je viens voir un tableau original, pas un truc décoré façon boule à facettes de boîte de nuit.
    Car même si ces lasers ne durent pas longtemps, ça fait ch… surtout si la finalité de ces photos ne sert qu’à frimer le lendemain au bureau en disant « j’y étais » (wouahhh, quel exploit !).
    Laissez-moi m’échapper et rêver pendant les quelques secondes où je suis devant l’oeuvre et que j’admire quelque chose d’exceptionnel. Sans flashs, sans clics, sans lasers, sans selfies.
    C’est trop demander ?

  21. Faire appliquer une loi liberticide comme celle d’interdire de photographier des œuvres dans les musées aura plusieurs effets néfastes : c’est interdire l’appropriation diverse, la diffusion, l’analyse d’anthropologues, d’historiens, d’historiens d’art, d’amateurs, l’apport d’autres regards par de nouvelles disciplines. Réduire la photographie à de la « barbarie » et à du selfie comme l’ancien président du Musée d’Orsay le prétend, c’est un mépris total du public dans sa diversité et sa différence. Ces œuvres furent créées il y a plus de 70 ans, interdire de photographier est une méconnaissance totale du droit et un mépris des communs.

    On a tous une raison de photographier des détails d’une œuvre, selon nos spécialités, métiers, sensibilités. Il y a mille manières d’utiliser son appareil et c’est très réducteur de résumer la photographie à du flash et à du selfie.

  22. Flash, lasers, n’ont ils pas une influence sur l’œuvre, c’était je crois les causes d’origine. Peut-être pour cacher l’intérêt de revente de droits photo.
    Par contre les photos reprises sur les blogs, beaucoup associés à des pages publicitaires, n’est-ce pas un détournement de la notion de clichés d’amateurs?
    Et si le propriétaire prêteur ne peut obtenir de la garantie qu’il demande au musée, ne risque t’on pas des refus de prêts?

    1. L’argument des flashs qui risqueraient de porter atteinte aux supports des oeuvres constitue en réalité surtout un prétexte à l’interdiction, qui a été démenti par plusieurs études réalisées en matière de conservation : http://www.exponaute.com/magazine/2012/08/21/le-flash-ne-presente-aucun-risque-pour-les-oeuvres/

      Par ailleurs, lorsque les oeuvres prises en photo sont dans le domaine public, il n’existe aucun argument juridique pour venir limiter leur réutilisation sur des pages comportant des publicités, mais plus largement pour toutes les réutilisations à caractère commercial, que ce soit dans l’édition, dans la presse, dans des documentaires, dans la mode, le design et tout ce que l’on peut imaginer. Le domaine public existe précisément pour favoriser ce type de réutilisations qui participent pleinement de la diffusion culturelle, ce que tendent à lier les restrictions imposées par le musées.

      Enfin, comme on l’a dit plusieurs fois, les prétentions des prêteurs à contrôler l’usage de l’image des oeuvres sont sans fondement juridique. Et là encore, c’est sans doute surtout un prétexte avancé par les musées français. On ma signalé par exemple que les photos étaient actuellement interdites dans l’exposition « Valentin de Boulogne » du Louvre, alors qu’elles étaient autorisées lors du passage de l’expo au MET. C’est donc bien que les prêteurs n’ont rien à voir dans l’histoire…

      1. Merci pour votre attention. L’article que vous citez fait bien ressortir la gène portée par les Flash et le laser. Il s’y ajoute depuis l’article de 2012 les manches pour les autoportraits…
        Il signale malgré tout « faible risque » pas « aucun risque », peut être suffisamment faible pour être compatible avec les moyens de restauration. La mise en place de codes barres avec lien sur une image scannée de bonne qualité pourrait aussi être envisagée! L’accès qu’il mentionne serait de « quelques centimes » dans les reproductions que l’on trouve on est plutôt à des dizaines d’euros. Ce ne sont que des remarques.

  23. Bonjour,
    Notons que lorsque le candidat visiteur acquiert un billet pour l’exposition Vermeer via la plateforme de réservation en ligne proposée par le Louvre, il reçoit une confirmation provenant de l’adresse « Louvre B2C » qui se passe de plus de commentaires.

  24. Bonjour,

    J’ai essayé de bien tout comprendre dans ce billet très instructif. Toutefois, même à l’aide du schéma de Pierre Noual, je n’arrive pas à déterminer si c’est aussi valable pour des œuvres privées, non tombées dans le domaine public (et qui n’y tomberont sans doute jamais).

    Je m’explique : J’ai visité l’exposition « L’Art des studios d’Animation Walt Disney – Le Mouvement par Nature » au musée d’Art Ludique à Paris. On y trouvait des dessins préparatoires, des concept-art et de nombreux autres travaux d’artistes ayant travaillé sur les longs-métrages animés de la firme aux grandes oreilles. Toutes ces œuvres bien que dans un musée appartiennent à Disney et le personnel de l’accueil répétait à chaque visiteur que les photos étaient interdites.

    Je ne suis pas un serial-photographeur et j’aime bien acheter le catalogue des expos que j’ai visité dans ce musée. Mais comme ce catalogue ne contient qu’une sélection des 400 pièces exposées et ne sachant pas à l’avance si un dessin y figurera ou non (et je ne parle pas du format), j’aurais aimé avoir pu le prendre en photo afin de conserver le souvenir d’une chose que je ne reverrai peut-être jamais.

    Donc, aurais-je dû défier l’autorité (et les nombreuses caméras de surveillance) en prenant autant de photos que je voulais ou, ici, le musée avait le droit de m’empêcher ?

    1. Bonjour,

      Oui, on a bien le droit de prendre aussi des photos de oeuvres encore protégées par le droit d’auteur, du moment que l’on réserve ensuite les clichés à son usage personnel et que l’on prend les photos avec un appareil dont on est le propriétaire. C’est l’exception au droit d’auteur de copie privée qui permet ces usages. Pierre Noual en parle dans son guide et on retrouve ces principes exprimés dans le schéma que j’ai fait figurer dans ce billet.

      1. Oh si j’avais su !!!!

        J’ai effectivement étudié le schéma mais je n’étais pas sûr d’aboutir à la bonne conclusion.

        En tout cas, merci de votre réponse.

  25. Bonsoir,

    Cherchant sur Internet des places à acheter pour l’exposition Vermeer, n’en trouvant d’ailleurs pas aux dates possibles pour moi, Google m’a orienté vers ce blog et cet article.
    L’article est très intéressant, sur un plan juridique et sociologique. Je vous en remercie.
    Les commentaires également, dans leur diversité, leur style.
    À lire l’intégralité des commentaires, on perçoit plusieurs glissements, la possibilité d’entrevoir plusieurs problématiques s’enchevêtrer passionnément autour de l’objectif (!) initial de l’auteur, qui consiste à relever l’impossibilité juridique, pour un musée, d’interdire de photographier pour son usage personnel.
    C’est tout d’abord une argumentation, fondée sur un plan juridique, mais cela finit par prendre l’évidence d’un simple constat: il est interdit d’interdire de photographier pour soi.
    Et c’est précisément à partir de la simplicité de ce constat, sous forme de presque cliché, que des réactions passionnées peuvent surgir en commentaires.
    Car formuler qu’il serait interdit d’interdire de photographier pour soi s’attaque donc, en toute frontalité, à une règle écrite/non écrite toute bête, qui constitue effectivement une interdiction commune, si commune d’ailleurs qu’elle relève souvent de l’auto censure: « mais je ne vais quand même pas photographier… »
    Face à cette première symétrie (il est interdit d’interdire), se dresse en miroir ce débouché étrange, symétrique et redondant: la photographie pour soi, pour son usage.
    Il serait donc permis de faire des photographies qui demeurent à usage personnel, de quoi? d’œuvres d’art dont l’intérêt, la raison et la valeur s’adressent à tous et à l’idée d’humanité.
    La photographie à usage personnel est donc tolérée.
    C’est-à-dire qu’elle est légale, légitimée. Possible. Presque libre…
    Il y a toutefois, dans l’expression « photographie à usage personnel », comme le signe qu’elle s’enferme sur elle-même, qu’elle reste prisonnière du narcissisme de son auteur, face à l’œuvre qu’elle est censée « prendre ».
    Nous savons bien que nous photographions pour nous-mêmes. Pourquoi cette redite, à usage personnel?
    En effet, la prise de photos est toujours un instant qui nécessite, quoi qu’on puisse en dire, une certaine mise en solitude et un recul, à tous les sens du terme.
    Par conséquent, l’usage photographique implique bien déjà cette intimité, que l’on ressent, ce travail sur soi; et l’expression juridique qui consiste à insister sur le fait que la photographie, qui est un usage personnel puisse être, une deuxième fois, ici par obligation, »à » usage personnel est une contrainte posée par la loi sur l’acte individuel personnel.
    C’est ainsi que l’on signifie (et que l’on comprend) que la photographie n’aura aucun débouché autre que celui (mystérieux et libre) qui doit demeurer personnel. La photographie des œuvres d’art n’aura donc aucun objectif commercial. C’est la règle sous jacente et pourtant première.
    Par conséquent, on comprend bien la hiérarchie des valeurs ainsi mise en place: à l’origine il y a l’œuvre, il y a plus tard le fait que l’on puisse la montrer dans un musée (ce n’est pas rien, un musée, c’est un temple), il y a enfin le fait qu’on puisse la photographier pour soi. Mais cela ne signifiera pas que l’on aura le droit d’avoir une exploitation commerciale de l’image prise.

    Mais le droit de la propriété intellectuelle a prévu également, en dehors de l’usage personnel, le fait que l’on puisse informer (ou pasticher).
    Ainsi, certaines accréditations existent pour citer, donner des extraits au public des œuvres dont on attend qu’elle puissent être effectivement visitées. Mais un quidam peut informer. Rien ne l’interdit dans la loi en tout cas.
    Le paradoxe est donc qu’il y aura d’autant plus de monde à l’exposition Vermeer qu’il y aura eu des représentations des œuvres circuler « librement » (mais avec intention) pour donner envie de les voir, qu’il y aura eu tout simplement une réputation de l’artiste qui l’aura précédée.

    Le droit de la propriété intellectuelle (mais également et surtout les artistes « entre eux »), ont bien compris également que l’on pouvait, à partir d’une œuvre d’art, faire de nouvelles œuvres d’art, sans que cela ressorte du domaine de la citation ni du pastiche.
    Pourquoi, dans ces conditions, aucun commentaire n’aborde-t-il la possibilité, pour un visiteur, de faire une photographie d’une œuvre de Vermeer qui prendrait une dimension d’œuvre d’art elle-même? Parce qu’il n’y a pas d’artistes dans les visiteurs? Que visiter n’est pas créer? Que Vermeer est un peintre, pas un photographe?

    Pourquoi presque tous les commentaires abordent-il la photographie comme une gêne possible pour les autres ou bien comme une conquête (sur les autres) d’un droit dont l’origine se cache dans l’absence d’interdiction possible, ce qui est le point de départ de l’article initial?

    En réalité, le glissement qui s’opère à partir de l’article provient de la nature initiale juridique de l’interdiction, sur laquelle on rechigne à demeurer. Cette interdiction relève en outre presque d’un lieu commun, un réflexe acquis (on ne photographie pas, ou alors on demande si on peut, comme si les œuvres dans des temples étaient des personnes vivantes qu’il s’agirait de respecter dans leur refus d’être saisies).
    Et comme cette interdiction manque de base légale, on recherche dans d’autres domaines cette légitimité qui lui manque, ce qui permet de parler rapidement de morale, de hiérarchie, de politesse, de savoir-vivre, de misogynie et de classes sociales.
    C’est révélateur.
    Je suis avocat, notamment en propriété intellectuelle, après avoir passé pas mal d’années à faire de la photographie, et notamment au musée du Louvre.
    Finalement, ce que j’aime retenir de cette interdiction c’est le charme bruyant des gardiens de la Chapelle Sixtine qui crient, à longueur de journées: « No foto. No picture ». Cela fait des années qu’ils crient. Et des années de photos prises. De photos volées. J’ai même vu une fois un Asiatique, qui avait il est vrai un matériel très professionnel, expulsé manu milatari.
    J’y suis allé quelque fois et, la dernière année, il m’a semblé qu’il le disaient moins fort, moins souvent. Un jour sans, peut-être, un accident.
    Jean Michel Portail

  26. La liberté d’expression, ici par la photographie, est une des composantes des droits de l’Homme. A ce titre, repris dans les 3 déclarations des droits de l’homme ( France, Conseil de l’Europe, et Nations Unies ). C’est du reste par parenthèse sur ces mêmes fondements que la photo de rue, même si des gens y sont, est parfaitement licite, de même que la publication ( plus la liberté de la presse).

    Source : avocats spécialisés

    A. Narys.

  27. c’ est tout à fait l’ impression que j’ai eue en ayant la mauvaise idée de vouloir aller à cette expo le premier jour, j ai pris un billet horaire pour 16.30 et il y avait une queue énorme de gens qui se pressaient comme du bétail !
    j avais payé 15€ d’entrée je suis allée voir l’aile Sully pour me consoler .
    faire du fric à tout prix ? aimer l’ art ,oui ,mais pas comme ça.

  28. J’ai assisté à Bruxelles dans un musée, une jeune personne se faisant arracher son carnet à dessin par un vigile, parcequ’il est non seulement interdit de photographier mais également de conserver sous quelque forme que ce soit une reproduction d’un tableau exposé.

    Cet acte est un déni de droit absolu et témoigne que l’enjeu va plus loin que la simple photographie :
    L’État estime qu’il est le seul propriétaire des oeuvres dans son enceinte, et qu’à ce titre, il exerce son pouvoir régalien de propriétaire ; qu’exposer une oeuvre au publique doit être considéré comme une grâce exceptionnelle et que le quidam devrait s’en satisfaire.
    Payez, circulez, il n’y a rien a voir.

    Les artistes se sont toujours inspiré du travail des anciens. L’accès aux oeuvres est la condition nécessaire et indispensable à leur formation.

    La continuité des artistes ne peut se faire que sous cette condition, sans quoi il nous faudra rajouter au désert culturel comme fléau de l’Europe, le désert artistique des prochaines générations.

    Voir le tableau ci-dessous, évidemment qui n’est plus qu’un souvenir.
    L’élève appliquée dans la salle Rubens, 1902 – Louis Béroud

    1. C’est vraiment hallucinant de penser qu’on puisse interdire à quelqu’une de dessiner dans un musée, surtout quand on sait, comme vous le faite remarquer, combien cet usage est important pour la construction des compétences artistiques…

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