YouTube et les Creative Commons : ce qui change vraiment

La nouvelle a été saluée par plusieurs articles et commentaires (jusque sur le Monde.fr) : le site de partage de vidéos YouTube permet enfin , depuis cette semaine, de placer ses créations sous licence Creative Commons (uniquement la CC-BY 3.0). On pouvait auparavant charger sur YouTube une vidéo précédemment placée sous licence licence  libre (voyez ici par exemple), mais la plateforme intègre maintenant cette possibilité comme une fonctionnalité à part entière.

Cette décision de Google – propriétaire de YouTube depuis 2006 – marque sans doute une étape importante dans l’évolution des médias sociaux et une opportunité pour la diffusion de la Culture Libre. Néanmoins, j’aimerais prendre un moment pour essayer de cerner ce que ce passage aux Creative Commons va changer exactement. L’infrastructure juridique de YouTube est en effet très particulière, comparée par exemple à une autre plateforme  autorisant l’usage des Creative Commons comme Flickr, et cela n’est pas sans incidence sur l’effet des licences.

(Ci-dessous, la première vidéo en Creative Commons créée sur YouTube sous licence Creative Commons – émouvant !)

YouTube : entre Copyright, Copyleft et (surtout) Copydown

Vous êtes nombreux déjà à reprendre des vidéos de YouTube sur vos sites et sur vos blogs, en faisant des embed, c’est-à-dire en copiant un bout de code HTML pour visualiser la vidéo en streaming à partir du lecteur de YouTube sur votre propre site (c’est une fonctionnalité de base proposée par YouTube). Mais j’imagine que rares sont ceux parmi vous à s’être demandés de quel droit on peut procéder à un tel acte, et surtout, sur la base de quel fondement juridique…

C’est pourtant une question fort intéressante, car a priori, les vidéos postées sur YouTube sont des objets protégés par le droit d’auteur, et l’embed, qui réalise un acte de représentation des oeuvres (par le biais du streaming), devrait être soumis à l’autorisation préalable des titulaires de droits.

C’est en fait en direction des CGU (Conditions Générales d’Utilisation) de YouTube qu’il faut se tourner pour s’apercevoir que l’embed de la plateforme repose sur une base contractuelle, indépendante des Creative Commons, et ce depuis fort longtemps.

On y apprend que l’utilisation de YouTube fait naître entre vous et la plateforme un contrat, précisant à son article 8 que :

Lorsque vous soumettez du Contenu sur YouTube, vous concédez […] à chaque utilisateur du Service, le droit non exclusif, à titre gracieux, et pour le monde entier d’accéder à votre Contenu via le Service et d’utiliser, de reproduire, de distribuer, de réaliser des œuvres dérivées, de représenter, d’exécuter le Contenu dans la mesure autorisée par les fonctionnalités du Service et par les présentes Conditions.

Or dans la liste des fonctionnalités du service figure (dès l’article 1) le « Lecteur YouTube »  permettant de réaliser les embed. Autant dire que les CGU de YouTube utilisent le procédé contractuel pour « neutraliser » le jeu classique des règles du Copyright et étendre les droits d’usage sur les contenus.

J’ai déjà eu l’occasion de décrire ce phénomène à plusieurs reprises sur S.I.Lex (ici par exemple pour les images) et proposé de lui donner le nom de Copydown, pour le distinguer justement de l’effet des licences libres comme les Creative Commons (Copyleft). Le Copydown est un élément important de l’architecture des médias sociaux, agrégeant des User Generated Content. André Gunthert avait déjà fort bien montré à propos des images comment ce mécanisme contractuel, combiné avec la technologie de la lecture exportable, conduit à une forme de « mort du copyright« . En général, le Copydown comporte deux faces distinctes : d’une part, la plateforme utilise ses CGU pour se faire céder une licence non exclusive très large, lui permettant de « s’approprier les contenus » (Twitpic a fait parler de lui récemment à ce sujet) et d’autre part, la plateforme peut élargir les droits d’usage sur les contenus, en prévoyant des dispositions spéciales dans ses CGU, au bénéfice de ses utilisateurs.

Qu’en est-il maintenant de YouTube et du passage au Creative Commons ? Pour donner une comparaison, quand j’utilise Flickr, je prends toujours garde à vérifier que les images soient bien placées sous Creative Commons avant de les reprendre sur ce blog ou de les intégrer à un support de formation. Pour les vidéos de YouTube, on pourra désormais faire de même, en cherchant des vidéos sous CC, mais à vrai dire, rien n’empêchera de faire comme avant, et d’aller piocher dans l’immense réservoir de YouTube, à condition d’utiliser le lecteur de la plateforme. La réutilisation est possible en vertu de la « magie noire » des CGU de YouTube… et du Copydown qui court-circuite la règle de l’autorisation préalable.

Pour le commun des utilisateurs de YouTube (comme moi), le passage aux CC ne change donc pas grand chose. C’est plutôt pour les amateurs de remix que le recours aux licences libres ouvre de nouvelles perspectives… mais là encore, prudence !

Une base légale pour la pratique du remix vidéo, mais…

C’est à partir de l’éditeur vidéo de YouTube que l’on a accès à la bibliothèque d’oeuvres sous Creative Commons de YouTube. L’interface permet de rechercher des vidéos réutilisables à partir d’un moteur, de les enchaîner en une seule oeuvre et de les associer à un morceau de musique, bref de réaliser un mashup ou un remix. Il est clair que l’existence de cette nouvelle source de contenus sous licence libre va se révéler précieuse pour tous les amateurs désireux de se livrer à ces pratiques. La réalisation d’oeuvres dérivées ou composites constitue en effet, en principe, un acte relevant des droits patrimoniaux de l’auteur (droit d’adaptation) et nécessitant son autorisation préalable. Les Creative Commons sur YouTube vont donc contribuer à fluidifier les pratiques, en fournissant un matériau a priori réutilisable.

Néanmoins, il faut sans doute relativiser la portée du passage aux licences Creative Commons sur YouTube, qui ne pourront à elles seules régler le problème légal posé par le remix.

Dans sa FAQ consacrée aux Creative Commons, YouTube prend ainsi bien garde de rappeler des consignes essentielles d’usage de ces licences, et notamment le fait que l’on doit être titulaire de TOUS les droits sur une œuvre pour pouvoir la placer valablement sous CC.

Please understand that you may ONLY mark your uploaded video with a Creative Commons license if it consists ENTIRELY of content licensable by you under the CC-BY license.

Some examples of such licensable content are:

 * Your entirely originally created content

* Other videos marked with a CC-BY license

* Videos in the public domain

Or pour une large part, les amateurs de remix apprécient de pouvoir réutiliser non pas seulement des contenus produits par des anonymes, mais également des oeuvres  commerciales populaires, pour en créer des adaptations, les détourner ou susciter des collisions inattendues.

Ainsi par exemple, quand DJLobster veut fusionner en un même objet musical improbable un morceau de Nirvana et un autre de Lady Gaga (Nirgaga !), il réalise certes un mashup, mais aussi une contrefaçon, et dans ce cas les Creative Commons ne peuvent être d’aucun secours, car les droits sur ces musiques appartiennent à une major (EMI en l’occurence) fort peu encline à l’usage des licences libres. Résultat : si vous allez sur YouTube pour écouter l’oeuvre dérivée de DJLobster, vous constaterez qu’elle a été retirée suite à une plainte des titulaires de droits  et qu’il ne reste qu’une coquille vide, ou plutôt, muette. (voir ci-dessous ou là).

C’est le même processus qui avait conduit au retrait massif l’an dernier de tous les détournements réalisés à partir de la fameuse scène de l’accès de rage d’Hitler, tirée du film « La Chute ». En un sens, ces exemples montrent que si les licences Creative Commons peuvent bien sûr apporter une contribution importante pour faciliter la pratique du remix, le champ de bataille fondamental reste celui de la loi sur le droit d’auteur et, plus particulièrement, des exceptions et limitations au copyright. Le vrai combat consiste à faire reconnaître dans la loi un droit d’usage des oeuvres, avec une force équivalente au droit d’auteur, sur la base de la liberté d’expression et de participation à la vie culturelle. Aux Etats-Unis, le fair use (usage équitable) constitue un point solide pour livrer ce combat en faveur de la Culture Libre, comme le fait EFF depuis des années. En droit français, il reste énormément de travail à accomplir, car on se trouve immédiatement rejeté sur le terrain des maigres exceptions de parodie ou de courte citation, qui ne peuvent constituer le support de réelles libertés créatives.

Pour maximiser l’effet de la combo YouTube + Creative Commons, il faudrait à présent que de gros fournisseurs de contenus acceptent de verser dans la bibliothèque de la plateforme des masses importantes de vidéos en les « libérant » sous licence CC-BY. Des chaînes de TV comme Al Jazeera, C-Span ou Voice of America ont déjà réalisé des apports conséquents de contenus sur YouTube ; il faut espérer à présent que d’autres suivent, et pourquoi pas (soyons fous !) que des organismes comme l’INA par exemple participent à ce mouvement ?

Dernière limite que je perçois à l’usage des CC dans le domaine de la vidéo : la grande complexité de la chaîne des droits en matière d’audiovisuel (voyez ici). Utiliser les licences Creative Commons sur une plateforme comme Flickr est relativement simple, car une photographie possède en général un auteur unique qui va concentrer les droits au moment de la prise du cliché. Le droit des images a bien sûr ses subtilités, mais la photo n’en reste pas moins un support relativement favorable à l’usage des licences libres. Pour la vidéo, les choses sont beaucoup plus complexes, avec des multitudes de titulaires de droits de nature différente (droit d’auteur, mais aussi droits voisins des interprètes et des producteurs). Complexité encore redoublée lorsque des musiques sont associées aux images animées, comme l’avait fort bien montré Michèle Battisti dans ce billet.

On trouve parmi les photos de Flickr des usages fautifs des licences Creative Commons (ici par exemple) et il y a fort à parier que ces problèmes seront également fréquents sur YouTube, même si la plateforme a pris quelques précautions pour faciliter l’emploi des licences.

(La YouTube Copyright School a quand même de beaux jours devant elle… attention, la vidéo qui suit est navrante…)

La licence CC-BY 3.0 US comme seule option (et ses conséquences)

Flickr propose à ses utilisateurs toutes les options des Creative Commons, permettant d’aboutir à 6 licences différentes, élargissant plus ou moins les droits d’usage. Sur YouTube, le choix a été limité à la seule licence Creative Commons Paternité (CC-BY 3.0 US) et cette décision est sans doute liée à la complexité du droit de la vidéo pointé plus haut.

La licence CC-BY permet la réutilisation de manière très large, en permettant la réalisation d’œuvres dérivées et l’usage commercial, à la seule condition de mentionner le nom de l’auteur de l’œuvre originale (droit de paternité). Ce faisant, YouTube évite les problèmes épineux posés par la condition NC (pas d’usage commercial) : la délimitation de ce qui est commercial ou ne l’est pas sur internet est très difficile à tracer (un rapport de CC International réalisé en 2009 n’avait d’ailleurs pas apporté de réponse définitive). D’autre part, YouTube évite également les problèmes posés par la clause SA (Share Alike – Partage à l’identique des conditions initiales), chère aux défenseurs du Copyleft, mais bien complexe à mettre en oeuvre comme a pu le démontrer la récente affaire Houellebecq/Wikipédia.

La Licence CC-BY (celle que j’ai choisie pour S.I.Lex) possède en revanche un effet libérateur très puissant sur les contenus. En réalité, elle permet la réutilisation dans des conditions plus libres même que si l’oeuvre était dans le domaine public « naturel ». Car en droit français, une oeuvre dans le domaine public est toujours soumise au droit moral, et notamment au droit à l’intégrité, empêchant qu’on la modifie ou qu’on l’adapte sans autorisation des titulaires de droit. On peut donc dire que  grâce à la CC-BY, YouTube va devenir un nouveau lieu de cristallisation des « Biens Communs Volontaires » et c’est une très bonne nouvelle.

Une autre bonne nouvelle, c’est que la licence CC-BY est compatible avec les usages collectifs des oeuvres (usage par des institutions, usage pédagogique et de recherche, etc), alors que le Copydown des CGU de YouTube était assez ambigu sur ce point, se réfèrant souvent à la notion vague « d’usage personnel non commercial », pas exactement superposable avec l’usage collectif (une analyse ici).

Relevons cependant que YouTube va proposer seulement l’emploi des CC-By 3.0 en version américaine et cela peut poser quelques problèmes en droit français, comme l’a relevé fort justement Michèle Battisti sur Twitter :

@Calimaq @paul_keller Oui, mais sous licence CC 3.0 US. Seule licence possible ? De quoi commenter, non ?

Certes le contrat est la loi des parties, et on peut théoriquement choisir n’importe quelle licence Creative Commons pour ses oeuvres, mais certaines particularités du droit français (comme la loi Toubon, Art. 5  notamment) font que la validité des contrats est mieux assurée lorsqu’ils sont traduits en français. Or seules les licences CC 2.0 ont fait l’objet d’une traduction (et d’une adaptation dans une certaine mesure aux particularités du droit français). On attend toujours celle des licences 3.0 de la part de Creative Commons France

Une bataille, mais pas la guerre…

Malgré les réserves que j’émets dans ce billet, l’adoption des Creative Commons par YouTube constitue un changement notable, à saluer dignement comme un jalon pour la promotion de la Culture Libre. Ses effets concrets dépendront à présent de la manière dont les vidéonautes alimenteront la bibliothèque sous licence libre de YouTube et des partenariats qui pourront être noués avec de grands fournisseurs de contenus.

Mais comme je l’ai dit, selon moi, le combat décisif pour la Culture Libre ne peut se limiter à la sphère contractuelle, et c’est dans la loi qu’un véritable droit à la réutilisation créative doit être inscrit, à l’égal du droit d’auteur.


19 réflexions sur “YouTube et les Creative Commons : ce qui change vraiment

  1. Précision quant au Copyleft, si je ne me trompe, ceci pour relever l’ambiguïté que peut laisser planer la phrase :
    « des licences libres comme les Creative Commons (Copyleft) »

    « Le copyleft est la possibilité donnée par l’auteur d’un travail soumis au droit d’auteur [..] de copier, d’utiliser, d’étudier, de modifier et/ou de distribuer son œuvre *dans la mesure où ces possibilités restent préservées*. »
    Définition provenant de wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Copyleft

    Dès lors, toutes les licences issue de Creative Commons ne sont pas copyleft.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Licence_Creative_Commons#Vue_g.C3.A9n.C3.A9rale

    De même, chez Creative Commons, certaines licences sont libres mais pas toutes, puisque certaines restreignent l’utilisation de l’oeuvre dans certains cas (le cas commercial, par exemple).

    Vous le soulignez correctement plus loin dans l’article, mais ce passage laisse planer un doute.

    Enfin, je pense qu’un de vos articles précédents l’évoquait également, il n’y a pas de licences Creative Commons, puisqu’il s’agit d’une organisation.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Creative_commons

    Mais vous le soulignez plus loin correctement :
    « permettant d’aboutir à 6 licences différentes »

    Je trouve important de marquer (que vous marquiez) la différence entre l’organisme et les licences elles-mêmes, sinon, cela à tendance à mésinformer les gens. Par exemple, ceux-ci vont déclarer proposer du contenu sous licence Creative Commons, pensant bien faire, sans préciser laquelle (CC-by ? CC-by-sa ? CC-by-nc-nd ? …).

    1. J’étais certain que quelqu’un viendrait faire ce commentaire…

      Personnellement, je ne suis pas attaché à une définition aussi rigoureuse du Copyleft. Je sais bien qu’il y a des tenants « durs » de cette conception, mais ce n’est pas la mienne.

      Le terme « Copyleft » devrait être à mon sens associé à l’ensemble des licences replaçant l’auteur au centre du dispositif et lui permettant, par le biais de contrats spéciaux, d’accorder des autorisations d’usage a priori. Le Copyright part du postulat « Tout ce qui n’est pas autorisé est interdit » (sauf exception législative). Le Copyleft renverse la proposition « Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé ».

      En ce sens, j’aime beaucoup l’expression qu’utilise Michel Briand : « les droits d’usage élargis« .

      Vous aviez donc raison de pointer ce « doute », car je m’autorise à faire un usage plus large de l’expression Copyleft que celle qui a cours généralement dans la communauté du libre.

      Je dois avouer que je n’apprécie pas tellement l’arrière-plan moralisateur que l’on retrouve derrière cette police de l’emploi du terme « Copyleft ». On m’a déjà reproché par exemple d’employer sur mon blog (et pour tous mes supports) la licence CC-By et non la licence CC-By-SA. Or il relève de mon choix d’auteur d’utiliser la licence qui me paraît la plus appropriée à mes oeuvres, et mon intention est de placer mes créations aussi proches que possible du domaine public (et voire même au-delà, si l’on se place du point de vue du droit français).

      Je ne jette pas non plus la pierre à ceux qui emploient la clause NC et je pense même que la clarification de la distinction entre usage commercial et non-commercial constitue un enjeu majeur pour l’évolution du système juridique dans l’environnement numérique.

      Doit-on pour cela me refuser l’emploi du terme « Copyleft » ?

      Il y a également derrière tout cela de vieilles querelles entre les défenseurs de la licence française Art Libre et ceux des Creative Commons ; débat qui ne m’a vraiment jamais passionné, à l’image de beaucoup de querelles qui agitent la communauté du libre en France, et qui à mon sens, bien au contraire, nuisent beaucoup à la diffusion de la Culture Libre dans ce pays.

      Voilà donc pourquoi je m’exprime ainsi et continuerai à le faire.

      Cordialement,

      Calimaq

  2. A propos de Youtube, et en marge de cette réflexion, je me pose une question relative à ses fonctionnalités de réseau social. Une bibliothèque (ou plus généralement, une institution culturelle non commerciale) peut-elle ouvrir un compte sur Youtube, pour y composer des playlists : c’est à dire pour y sélectionner des contenus pré-existants, pour les commenter, pour les tagguer. Dans la mesure où les contenus présents bien sûr on fait l’objet d’un accord avec les ayants droits, il ne semble pas y avoir d’atteinte au droit d’auteur. Cette question peut se poser dans des termes très similaires pour toute plateforme de streaming audio ou vidéo (DailyMotion, Deezer, Spotify), ou même réseau social culturel (Babelio, Sens Critique, etc). Y a-t-il à votre avis un risque juridique (en dehors de contrevenir aux CGU du site) pour une bibliothèque à investir ainsi en tant que simple membre utilisateur ce type de sites ?

    1. Michèle Battisti avait fait sur le site de l’ADBS une analyse des CGU de YouTube et de Dailymotion, dans laquelle elle montre que l’usage dans un cadre collectif soulève des difficultés.

      Aussi bien YouTube que Dailymotion indiquent qu’on ne doit pas accéder au contenu « pour toute raison autre que qu’une utilisation personnelle non-commerciale ».

      Si le terme non-commercial ne pose pas de problème, celui de « personnel » s’oppose à l’usage collectif, et on peut considérer qu’une bibliothèque fait par définition un usage collectif des oeuvres.

      Il y a là une ambiguïté très gênantedans les CGU de beaucoup de plateformes de contenus, qui fait naître un doute quant à leur « bibliocompatibilité ».

      Peut-être n’y a-t-il pas là une volonté explicite d’écarter les usages par les personnes morales, mais il est certain que certains usages collectifs sont nécessairement exclus (ex: utiliser Deezer pour sonoriser des espaces ou Youtube pour projeter des vidéos sur place). Pour le reste, et notamment le fait de faire des playlists, je dirais qu’il y a une forte incertitude et ce n’est pas satisfaisant.

      Je crois que les CGU sont rédigées ainsi, car dans l’esprit des juristes qui doivent les écrire « personnel » est conçu comme l’opposé de commercial, ou donnant des garanties qu’on ne fasse pas un usage commercial. Mais ce faisant, ils oblitèrent les usages collectifs non-commerciaux, qui peuvent être légitimes et ne pas leur causer dommages.

      Pour le streaming musical, il y a quand même des indices qui me font penser que l’usage par les collectivités est problématique. Dans le cadre de la mise en place du service de streaming avec MusicMe, la BDP du Haut Rhin a bien été obligée de renégocier les droits de manière à ce que MusicMe puisse lui faire une offre en B to B. On peut donc en déduire qu’a contrario, MusicMe (et sans doute les autre plateformes de streaming musical) ne disposent p)as de ces droits et ne peuvent ouvrir de services aux institutions.

      Ceci étant dit, il y a un nombre considérable de personnes morales (entreprises, associations, personnes publiques, etc) qui ont des comptes sur des plateformes de partage de contenus et cela ne pose aucune difficulté (disons plutôt : cela ne déclenche aucune réaction des titulaires de droits).

      Les problèmes commencent quand on utilise des comptes personnels pour mettre à disposition des contenus aux usagers. C’est arrivé aux Etats-Unis avec la plateforme de streaming vidéo Netflix.

      Pour vous répondre, je pense donc qu’il y a bien un risque juridique à utiliser les plateformes de contenus en tant qu’institution, parce que les CGU de ces dernières prennent mal en compte le cas de l’usage collectif.

      C’est vraiment une question qu’il faudrait réussir à faire émerger dans un cadre de discussion avec ces opérateurs, car je suis à peu près persuadé qu’il doit y avoir un moyen assez simple de résoudre ce problème.

  3. Très bon article, même si il y a tempête dans un verre d’eau, mieux vaut en être conscient. Aussi bien pour twitpic le risque est plus grand car de toute façon vous partagez votre contenu sur les réseaux sociaux, autant dropbox peut vous servir de bureau externalisé et là c’est déjà plus sensible…

  4. Les conditions d’utilisation de Youtube interdisent le téléchargement de contenu. Je ne trouve pas d’information contraire en ce qui concerne le contenu diffusé sous licence CC-by.

    Seule la consultation en streaming est autorisée.

    http://www.youtube.com/static?gl=FR&template=terms
    Voir article 5.1 section L…

    Comment peut-on réaliser légalement un remix ou un mashup de contenus sous licence CC-By en utilisant Youtube comme source?

    Je n’ai pas la réponse sauf à utiliser uniquement les outils d’édition proposés par Youtube…

    1. Ce commentaire est très intéressant. Merci pour ces informations.

      Il tendrait à montrer que même lorsqu’elles sont placées sous licence Creative Commons, les vidéos restent « prisonnières » de l’environnement YouTube, qui oblige à passer par son outil d’édition.

      C’est une vraie limite à la politique d’ouverture qui semblait être mise en place…

      Cela dit, si vous cherchez bien, il existe des petits outils assez simples à mettre en oeuvre pour télécharger quand même des vidéos depuis YouTube.

      Mais ce n’est pas une solution satisfaisante. Youtube devrait logiquement autoriser le téléchargement des vidéos sous CC.

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