Kindle Unlimited d’Amazon : une licence globale privée en gestation

L’annonce du lancement par Amazon de son offre Kindle Unlimited a déjà alimenté beaucoup de commentaires depuis quelques jours. En proposant dès la rentrée 2014 en France l’accès à plus de 600 000 ouvrages en streaming pour 9, 99 dollars par mois, Amazon fait une proposition potentiellement disruptive pour tous les acteurs du livre numérique. Certes le modèle du streaming de livres sur abonnement existait déjà sur d’autres fournisseurs de contenus comme Oyster, Scribd ou Youboox en France, mais le Kindle Unlimited marque l’entrée d’un géant dans ce type d’offres, avec sa force de frappe en matière de catalogue couplé à son écosystème propriétaire.

Fermer les bibliothèques ?

Rapidement, on a vu un certain nombre d’articles arriver, estimant qu’avec ce modèle de streaming illimité, Amazon se rapprochait du service rendu par une bibliothèque dans l’environnement physique. Cette métaphore a déjà été aussi utilisée dans l’autre sens en soulignant qu’une bibliothèque était en somme une sorte de « Netflix pour les livres ». Mais l’assimilation fonctionnelle la plus provocatrice entre les bibliothèques et Kindle Unlimited est venue du site anglais Forbes, sur lequel le chroniqueur Tim Worstall propose de fermer toutes les bibliothèques publiques du pays pour acheter avec les économies réalisées un abonnement à l’offre d’Amazon :

Fermons toutes les bibliothèques de prêt et payons à tous les citoyens un abonnement Kindle Unlimited d’Amazon […] Notre pays dépense plus d’un milliard par an (en fait presque 1,7 milliards) pour soutenir le système des bibliothèques. Il y a soixante millions de citoyens en Angleterre, ce qui signifie que nous pouvons pour cette somme dégager peut-être 20 livres […] pour chaque abonnement. C’est beaucoup moins que ce qu’Amazon demande en ce moment, mais je suis prêt à parier qu’une réduction importante pourrait être négociée pour une telle masse d’utilisateurs.

[…] Plus de titres, un accès plus simple et même la possibilité d’économiser des fonds publics. Pourquoi ne pas tout simplement nous débarrasser des bibliothèques physiques et acheter une abonnement Kindle Unlimited pour tout le pays ?

Le système ici proposé ressemblerait à une version extrême de licence nationale, système qui existe déjà pour les ressources électroniques dans les bibliothèques universitaires et de recherche : une somme d’argent est payée en bloc par un État pour donner accès à une ressource à l’ensemble des habitants sur son territoire.

Évidemment, une telle proposition repose sur un raisonnement biaisé, car elle revient à réduire les bibliothèques à une simple fonction de fourniture de documents, en oubliant complètement les bénéfices sociaux qu’elles produisent au-delà (externalités positives dont j’ai parlé ici). Certains bibliothécaires américains ont déjà réagi avec ce type d’arguments pour réfuter cette assimilation de l’offre Kindle Unlimited avec une bibliothèque et Neil Jomunsi l’a aussi fait de son côté, de son point de vue d’auteur.

Mais j’aimerais ici montrer qu’en comparant cette offre illimitée à une bibliothèque, on tombe dans un « piège métaphorique » qui nous fait manquer la nature réelle du Kindle Unlimited. Tout comme Spotify ou Deezer pour la musique, tout comme Netflix pour la vidéo (et Youtube également dans une certaine mesure), l’offre illimitée d’Amazon constitue en réalité une licence globale privée en gestation.

Licences globales privées

C’est d’ailleurs une évolution à laquelle on pouvait logiquement s’attendre, car il s’agit d’une pente que suivent les « offres légales » dans tous les secteurs. D’abord vendus en téléchargement à l’unité, les produits culturels font de plus en plus l’objet d’offres sous forme d’abonnement. Et une offre d’abonnement qui s’étend jusqu’à couvrir progressivement une grande partie du catalogue des oeuvres finit fatalement par ressembler à une « licence globale privée ». C’est ce qu’expliquait de manière lumineuse Philippe Axel dans cet article il y a deux ans :

L’abonnement illimité est une forme de licence globale, mise en place par les acteurs les plus puissants du marché, à leur seul profit, et dont très peu de responsables de cette filière, très étrangement, ne contestent les modes de redistribution des recettes en fonction des usages aux créateurs, alors qu’ils expliquent par ailleurs que ce serait impossible à accomplir dans le cadre d’une contribution globale dans l’abonnement Internet. Ce modèle va de pair avec une logique de marketing ciblé et donc d’espionnage à grande échelle de nos moeurs culturelles. Et il va de pair aussi, avec l’interdiction des échanges non marchands ; et donc une surveillance et une répression de ces usages sans quoi rien ne sera possible, que ce soit par une Hadopi ou directement par le juge.

Il se reproduit dans le secteur du livre ce que nous avions déjà vu se mettre en place pour la musique et le cinéma. Les industries culturelles ont refusé la légalisation des pratiques de partage entre individus pour appeler au contraire les États à durcir la répression à leur encontre. Elles l’ont refusé malgré les propositions de mettre en place avec la licence globale un système de financement mutualisé sur la base d’un surcoût à l’abonnement Internet réparti ensuite entre les titulaires de droits.  Le discours légitimant cette position était que le partage en ligne aurait tué la possibilité de développer des « offres légales » payantes.

Schéma de la licence globale, par Galeop. CC-BY-SA. Source : Wikimedia Commons.

Mais vu les phénomènes de centralisation et de concentration à l’oeuvre sur Internet, on voit bien que ce concept même d’offre légale bénéficie au final aux acteurs les plus puissants, capables d’agréger un large catalogue et d’en proposer l’accès par le biais d’une offre illimitée sur abonnement. Spotify, Deezer,  Amazon –  YouTube sans doute bientôt aussi pour la musique – suivent cette voie de l’illimité, qui est celle leur garantissant à terme le plus efficacement d’emporter la mise, en contrôlant l’essentiel du marché.

Depuis plusieurs années, des acteurs comme Apple ou Nokia ont tenté de lancer des offres qui ont été comparées à des licences globales, sans qu’aucune n’ait réellement rencontré le succès. Mais les choses sont à présent en train de changer. Au final, comme le résume très bien l’image ci-dessous, issue du blog CommitStrip, la licence globale publique, que nous aurions pu instaurer par la loi dès 2006, risque d’être remplacée par des « licences globales privées », dont l’effet sera de renforcer encore la position dominante des plus gros acteurs, au détriment des titulaires de droits eux-mêmes.

licence globaleCôté utilisateurs, la perte est aussi très forte, car malgré son apparente commodité, l’offre d’Amazon fait courir le risque d’une réduction drastique des droits essentiels du lecteur. Alors qu’avec la légalisation du partage, les internautes auraient pu retrouver un contrôle souverain sur les fichiers échangés, ils perdent avec le streaming d’Amazon toute maîtrise sur le système. Comme le dit Neil Jomunsi dans le tweet ci-dessous, le streaming n’est nullement une sortie en dehors de la logique restrictive des DRM. C’est au contraire une version perfectionnée du Droit de Regard de la Machine, avec une régression des droits culturels sur les contenus à une simple licence d’utilisation :

https://twitter.com/NeilJomunsi/status/489451791135047680

De l’intérêt de se déguiser en bibliothèque…

On le voit, le Kindle Unlimited constitue donc bien une licence globale privée en gestation, déguisée sous les traits en bibliothèque. Pour Amazon, il y a une raison « tactique » supplémentaire à se présenter sous les traits d’une bibliothèque de prêt, pour contourner la loi sur le prix unique du livre numérique, comme l’explique Guillaume Champeau sur Numerama :

Le service Kindle Unlimited d’Amazon est officiellement présenté comme une bibliothèque privée, qui propose à ses adhérents d’emprunter jusqu’à 10 livres numériques en simultané. Ou plutôt 10 fichiers, que les utilisateurs doivent « retourner » lorsqu’ils n’en ont plus l’utilité.

C’est dire toute l’hypocrisie générée par le montage juridique imaginé par Amazon. Le géant américain a ouvert aujourd’hui aux Etats-Unis son service Kindle Unlimited, qui permet d’avoir un accès illimité à une sélection de plus de 600 000 livres électroniques à lire sur un écran, pour 9,99 euros par mois. Mais officiellement, il ne s’agit pas d’un service de location. Il s’agit d’une bibliothèque privée, avec son propre règlement.

C’est ainsi qu’Amazon espère détourner en France la loi sur le prix unique de vente des livres électroniques, et son décret d’application qui ne laisse pourtant aucun doute sur le fait que la fourniture de fichiers de livres électroniques sous DRM est bien visé par le législateur.

Avant Amazon, Google avait déjà usé de la métaphore de la bibliothèque pour masquer ses intentions réelles. Le projet Google Books se présentait à l’origine comme un programme de bibliothèque numérique universelle, alors que la firme de Mountain View a cherché à le faire évoluer en une librairie monopolistique, avant d’être contré par la justice américaine.

L’illimité n’est que le revers de la guerre au partage

Il n’en reste pas moins que l’irruption de l’offre Kindle Unlimited soulève de vraies questions pour tous les acteurs de la filière. Pour les éditeurs et les auteurs, elle interroge en profondeur le concept « d’offre légale », qui s’avère de plus en plus être un piège que les industries culturelles se sont tendues à elles-mêmes… Pour les bibliothèques, elle interroge la mise en place d’offre d’eBooks à leur lecteurs, type PNB, qui paraissent grevées de désavantages très lourds par rapport à la fluidité de ce que pourra offrir Amazon.

Mais c’est surtout le refus obstiné de légaliser le partage d’oeuvres entre individus qu’il faut reconsidérer à la lumière de l’arrivée de ces offres illimitées massives, dans la musique, dans la vidéo et maintenant dans le livre. La France pourra bien essayer de brandir ses lignes Maginot légales pour essayer de contenir cette progression, mais on sent bien de plus en plus que le seul contrepoids réellement efficace réside dans le partage décentralisé entre individus.

Si vous voulez vous en convaincre, allez tester Popcorntime par exemple, logiciel de streaming en P2P pour la vidéo.Vous comprendrez vite que pour lutter contre un Netflix, les bricolages type raccourcissement de la chronologie des médias sont dérisoires, alors que la puissance du partage en réseau peut encore contrer les Leviathans numériques. Mais comme par hasard, les titulaires de droits s’acharnent contre ces dispositifs d’échanges décentralisés, au nom de la lutte contre le « piratage » en faisant par ailleurs directement le jeu des plateformes centralisées…

Le Kindle Unlimited d’Amazon n’est pas une bibliothèque ; il est un sous-produit de la guerre au partage, qui empêche Internet d’accéder à sa vraie nature de bibliothèque universelle…


19 réflexions sur “Kindle Unlimited d’Amazon : une licence globale privée en gestation

  1. Pour info, je ne suis pas certain que les fichiers « prêtés » par AMZ soient sous nécessairement DRMs. Va falloir que je teste le service pour vérifier ;-)

    Mais se pose la question de l’utilisation/allocation des recettes vis-a-vis les usagers qui utilisent le service en dehors des clous en sortant les livres de l’écosystème Kindle : comment s’assurer qu’ils sont lus 10% du livre ? On ne peut pas.

      1. Oui. Au niveau des Indés (via KDP) c’est paramétré titre par titre à la première publication de chacun (non modifiable).
        Au niveau des éditeurs, c’est plus compliqué je crois, car ils n’ont (en principe) qu’un paramétrage global sur l’ensemble des titres qu’ils diffusent.

        Les éditeurs peuvent donc vendre sur Amazon sans DRM, mais à condition que l’ensemble de leur catalogue le soit :-(
        Si les éditeurs veulent du Watermark, Amazn ne sait pas faire et verrouille plus, par DRM. (Logique:-( )

        A UN éditeur près, il est « facile » de vérifier la présence ou non de DRM sur un ebook : la présence des mots clés « Simultaneous Device Usage: Unlimited » (ou traduction équivalente selon la langue) dans la description produit.

        exemple : http://www.amazon.com/Honor-Queen-Second-Harrington-Book-ebook/dp/B00BBIAB0Y/ref=sr_1_2?s=digital-text&ie=UTF8&qid=1406105867&sr=1-2&keywords=honor+harrington

        Exception : les livres publiés par Tor, pour lesquels la mention est différente (dans la description produit) : « At the publisher’s request, this title is being sold without Digital Rights Management software (DRM) applied. »

        exemple : http://www.amazon.com/Little-Brother-Cory-Doctorow-ebook/dp/B003X27L7M/ref=sr_1_1?s=digital-text&ie=UTF8&qid=1406106099&sr=1-1&keywords=little+brother

        Il faut noter qu’il s’agit là du verrouillage technique. Car c’est aussi verrouillé au niveau des conditions d’utilisations/licence d’accès aux oeuvres, qui interdisent tout export des fichiers en dehors des plateformes de lectures Amazon.

        1. OK, merci pour ces précisions. Je pense quand même que le streaming en lui-même jouera comme une forme de restriction puissante, mais il faut effectivement tester pour le mesurer. N’hésite pas à nous dire ce que tu en auras pensé, une fois que tu auras essayé ! ;-)

    1. Bonjour

      Ce n’est pas une licence globale, c’est juste pour la copie privée de vos propres données. Ou une copie de Sauvegarde d’oeuvres qui vous appartiennent.
      Vous ne pouvez pas distribuer ces oeuvres à vos amis ou connaissances, ce que permettrait une licence globale.

      Belle somme quand même. ;-)

      Bien cordialement
      B. Majour

    2. Certains ont en effet proposé que la redevance pour copie privée servent de base pour constituer un système de licence globale. La grande différence, c’est que là où la copie privée ne permet que de faire des reproductions pour usage personnel, la licence gloabale permet de partager les oeuvres entre individus.

      Certains – dont je suis – pensent néanmoins que ce serait une très mauvaise idée de partir de la redevance pour copie privée pour légaliser le partage, car cela conduirait à répartir ensuite des sommes très importantes à travers le système actuel de gestion collective des droits, qui posent de très lourds problèmes.

      Cela a conduit à faire évoluer la proposition originale de licence globale vers d’autres solutions comme la contribution créative imaginée par Philippe Aigrain et défendue par La Quadrature du Net : http://www.laquadrature.net/fr/elements-pour-la-reforme-du-droit-dauteur-et-des-politiques-culturelles-liees

      La grande différence est que la contribution créative n’est pas liée à un préjudicie causé aux titulaires de droits et n’a donc pas à être répartie selon le système traditionnel.

  2. Tim Wortsall présente son billet comme « this little, not entirely and wholly serious, thought on public policy. » (cette petite réflexion, pas entièrement sérieuse). Le présenter comme une proposition qu’il veut voir aboutir dépasse probablement son intention.

  3. Et qu’est-ce que 600 000 titres comparé aux millions de titres disponibles en papier ?
    Moi qui lis énormément, j’ai certainement le malheur de ne pas lire « ce qu’il faut » puisque je n’ai quasiment jamais trouvé ce que je cherchais en version « fichier ».
    Par ailleurs, le kindle ne serait-il pas comme obligatoire pour « profiter » de cette offre mirobolante ?

    1. Non, l’usage du Kindle ne sera pas obligatoire, car Amazon propose une application pour IoS et Android, qui permet d’accéder aux contenus sur des appareils qui ne sont pas les siens.

      Néanmoins, il garde un très gros avantage en ce qui concerne les liseuses.

  4. Honnêtement je ne comprend vraiment pas l’atteinte à l’utilisateur. Peut-être faut-il critiquer la rémunération des auteurs, la consommation de masse de blockbusters au détriment de pépites cachées ou je ne sais quoi mais là, tout comme Spotify m’a convaincu d’arrêter le téléchargement illégal, tout comme Netflix aurait pu s’il avait réussi à contourner la chronologie des médias pour son arrivée en France, payer $10 pour avoir accès à ce que j’ai déjà mais avec la conscience tranquille ne me semble pas une aberration. Je télécharge à volonté et tout le monde est payé (correctement ou non j’en sais rien). De l’article ai-je donc, peut-être à tort, compris que les solutions alternatives seraient une licence payée par l’État comme mon abonnement aux journaux à ma bibliothèque universitaire ou le p2p ? Si c’est bien ça, je n’ai pas envie de payer des impôts sur un média que je n’utiliserais pas (ex: tv) et qui serait biaisé par un gouvernement qui en culture jusqu’à présent n’a jamais bien su être à l’écoute des users consommateurs de culture choisie (programmes TNT ? pop française ? films français type Camping etc. ?). Et pour le p2p, j’espère que c’est une blague, ou alors n’ai-je vraiment rien compris.

    Nota: FIY je suis fervent défenseur du libre etc. etc. et c’est bien de façon réfléchie que je plonge dans les offres unlimited

    1. Je télécharge à volonté et tout le monde est payé (correctement ou non j’en sais rien).

      Hélas non, il est notoire que les services de streaming illimité ne permettent qu’un retour très faible aux créateurs eux-mêmes. Certains artistes sont me^me complètement exclus de ce type de rémunération, comme les musiciens interprètes par exemple. Des services comme Spotify ou Deezer n’assurent qu’une rémunération dérisoire aux auteurs. Voyez cet article par exemple http://www.journaldunet.com/media/expert/56678/spotify–deezer—-quel-modele-economique-pour-le-streaming-musical.shtml ou celui-ci http://www.nextinpact.com/news/85700-revenus-streaming-pour-artistes-propositions-spedidam.htm

      Par ailleurs, il y a un autre très gros problèmes avec ces plateformes de streaming : c’est qu’il s’agit de services centralisés qui ont un effet « toxique » global sur l’écosystème d’Internet. Netflix par exemple est si consommateur de bande passante que cela pousse les FAI a vouloir remettre en cause le principe de neutralité du Net pour le faire payer afin d’avoir un débit suffisant. c’est déjà ce qui est arrivé aux Etats-Unis et c’est juste une catastrophe pour l’ensemble d’Internet…

      Enfin, il y a bien une régression énorme pour l’utilisateur. Cela n’a rien à voir de télécharger un fichier en P2P ou en torrent et de le consulter seulement streaming. Quand j’ai les fichiers « en dur », je peux les transférer, les manipuler, les modifier même à ma guise. J’ai un contrôle souverain sur ces objets culturels, tout comme nous l’avions avec nos collections personnelles de livres. Avec le streaming nous n’avons plus que le droit de consommer passivement, en étant soumis aux conditions contractuelles des fournisseurs et point barre.

      C’est pourquoi à tous les niveaux, une légalisation du partage couplée à une formule de financement de la création de type contribution créative serait infiniment préférable à ces « licences globales privées » que sont les Deezer, Spotify, Netflix, Kindle Unlimited (et Youtube également, même si cela fonctionne autrement que par abonnement). Et ce point 3 raisons :

      – un vrai retour financier pour les créateurs, si la répartition est bien organisée ;
      – un retour à des formes décentralisées d’échange entre individus et pas d’énormes plateformes centralisées ;
      – un vrai contrôle sur les fichiers et pas seulement du flux sur lequel on n’a aucune prise.

      1. « Je télécharge à volonté et tout le monde est payé » ==> « Des services comme Spotify ou Deezer n’assurent qu’une rémunération dérisoire aux auteurs. »
        Je connais plusieurs artistes qui sont sur Spotify ; ils n’ont absolument RIEN touché. Nada… si des gens avaient des doutes au moins maintenant c’est clair.

  5. @Calimaq

    Moi, ce qui m’intéresse, c’est quand même de savoir si Amazon va être assujetti aux droits de prêts, pour rémunérer les ayants droits.

    Parce que si Amazon ne l’est pas, pourquoi les bibliothèques continueraient-elles à l’être ?

    En tout cas, je vois plusieurs corollaires à l’application de cette offre :

    – C’est la fin du libre prix fixé par les auteurs pour leurs ouvrages sur Kindle. En particulier tous ceux qui dépassent 10 euros ou mieux 10 dollars.

    A ce niveau, quelle rémunération peut espérer un auteur d’un abonnement Kindle.

    Si Amazon reverse la totalité des sommes aux auteurs :
    10 * 12 mois = 120 euros.

    Soit 1,20 euros par livre si le lecteur lit 100 oeuvres par an
    Soit 2,40 euros par livre si le lecteur lit 50 oeuvres par an (tous genres confondus, surtout BD ou album, c’est possible)

    Bref, ça veut bien dire que tous les livres numériques ne valent pas plus de 2,40 euros. Dans le meilleur des cas.

    Et on parle de prendre l’abonnement en euros, lorsqu’il sera possible de passer par Amazon.com pour payer en dollars.

    – D’ailleurs, il vaudra mieux prendre un abonnement via Amazon.com (10 dollars = 7,40 euros en juillet 2014)

    – C’est la fin de toute offre d’un montant supérieur (qui proposerait les mêmes oeuvres). Fin de la concurrence ? (But d’Amazon : éliminer la concurrence. Par du dumping ?)

    – C’est à plus ou moins long terme, la fin des sociétés d’auteurs, si Amazon rémunère lesdits auteurs directement. (Meilleure répartition ? ça reste à voir)

    – Est-ce la fin des bibliothèques ?
    Comme si les bibliothécaires étaient assez cons pour ne pas prêter des Kindle !
    « Gratuitement » qui plus est ! Ou pour le prix d’un abonnement modique bien inférieur à celui d’un abonnement Kindle.

    Décidément, certains n’ont toujours pas compris l’avantage d’une bibliothèque.
    Rien que pour l’accès libre et gratuit sur le domaine public, les bibliothèques sont une nécessité.

    Enfin, bon, j’attends la réaction des ayants droit et des éditeurs français, dont beaucoup (trop) de titres, sont au-delà de 2,40 euros.

    Bien cordialement
    B. Majour

    1. Les forfaits fonctionnent parce qu’il y a plusieurs clients. Rien n’empêche l’un des clients de recevoir plus que son forfait ne lui a coûté, tant qu’il y a un autre client qui recoit (demande) moins.

      Les bibliothèques (publiques) ne sont nécessaires pour un accès libre et gratuit sur le domaine public que pour les livres matériels. Pour les livres numériques, on peut se passer d’elles (je ne dis pas que c’est désirable, seulement que c’est possible).

      Où puis-je trouver une description des droits de prêts payés par les bibliothèques françaises ?

    2. Non, Amazon ne va pas payer de « droit de prêt », si vous entendez par là le système auquel les bibliothèques sont soumises en France pour leur activité de prêt de livres. La raison est que ce système ne fonctionne que pour les livres papier, parce que les décrets d’application de la loi ne l’ont organisés que pour ce type de supports. Il n’est pas applicable dans l’environnement numérique pour les eBooks. Par ailleurs, je doute fort que l’on puisse assimiler Amazon à un « prêt public ». C’est à mon sens une métaphore dangereuse de considérer même que le « prêt » à un sens dans l’environnement numérique, mais c’est un autre débat.

      Cela ne veut pas dire qu’Amazon ne vas pas rémunérer auteurs et éditeurs, mais ce sera sur une base contractuelle et pas au titre du « droit de prêt ».

  6. @Eric Muller

    Les forfaits fonctionnent parce qu’il y a plusieurs clients. Rien n’empêche l’un des clients de recevoir plus que son forfait ne lui a coûté, tant qu’il y a un autre client qui recoit (demande) moins.

    Si les lecteurs prennent un abonnement, c’est quand même parce qu’il est moins coûteux qu’un achat direct (titre à titre). C’est une question de rentabilité de l’abonnement.

    Sinon, je ne vois pas l’intérêt de prendre un abonnement.

    Les bibliothèques (publiques) ne sont nécessaires pour un accès libre et gratuit sur le domaine public que pour les livres matériels. Pour les livres numériques, on peut se passer d’elles (je ne dis pas que c’est désirable, seulement que c’est possible).

    Je pense que non, se passer des bibliothèques (ou d’une bibliothèque centralisée et garantie par l’état), c’est prendre un très gros risque rien que pour la durée des oeuvres dans le temps et pour éviter les potentialités d’un « 1984 » d’Orwell.

    A ce niveau, on ne s’en rend pas compte (parce que le papier ne peut pas mentir ou être transformé), mais les bibliothèques seront indispensables.

    Après, bien sûr, si les citoyens eux-mêmes mettent en commun leurs bibliothèques de domaine public, on peut avoir le même système sans « bibliothèque publique ».

    Un autre avantage des bibliothèques, c’est la redondance et le nombre d’accès.
    Si Amazon bloque l’accès à une oeuvre (ou la retire à sa guise), plus personne ne peut y accéder. Avec un réseau de bibliothèques, l’accès demeure possible.


    Où puis-je trouver une description des droits de prêts payés par les bibliothèques françaises ?

    Probablement ici :
    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000411828&dateTexte=&categorieLien=id

    @Calimaq

    Merci pour cette confirmation, qui montre bien que les sociétés de protection des auteurs vont avoir quelques problèmes de survie dans l’avenir des ebooks.
    Et qu’il va devenir plus facile de prêter des liseuses, plutôt que des ebooks… parce que là, les sociétés de protections des auteurs demanderont une extension logique du droit de prêt.

    Quand on prête un accès, on ne prête plus des documents.

    Pour la notion de prêt, au niveau du Kindle, c’est bien un prêt puisque le livre est téléchargé. Et que la limite est de dix livres simultanés (10 fichiers), avant « retour » du document.

    En même temps, est-ce un prêt ou un achat « dégradable » ? C’est vrai que la notion est floue.

    Merci pour ces réponses.
    B. Majour

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