Avertissement préalable : suite à la publication de ce billet, Alexandre Astier est venu discuter sur Twitter et l’échange fut constructif et intéressant, ce qui est très rare sur ces questions. J’insère ci-dessous certains des tweets d’Alexandre Astier. La suite du billet doit être lue à la lumière de ces déclarations, qui sont sensiblement différentes des propos qui ont pu être tenus lors de l’émission Ce soir (ou jamais !) ou qui les éclairent autrement (« K » veut dire Kaamelott). Alexandre Astier autorise les usages pédagogiques de son oeuvre ; il autorise aussi les fanfictions s’inscrivant dans son univers et on peut discuter avec lui d’une éventuelle réduction de la durée du droit d’auteur.
[tweet http://twitter.com/sgtpembry/status/409456962624323584] [tweet http://twitter.com/sgtpembry/status/409458214779252736] [tweet http://twitter.com/sgtpembry/status/409472026760720385] [tweet http://twitter.com/sgtpembry/status/409474033814896640] [tweet http://twitter.com/sgtpembry/status/409474198541963264]***
Vendredi dernier, j’ai participé à Ce soir (ou jamais !) sur France 2, dans une émission intitulée « Tintin, Astérix, James Bond, Yves Saint Laurent : y a t-il une vie après la mort du créateur ?« . Frédéric Taddeï a souhaité en effet rebondir sur le débat suscité en octobre dernier par les déclarations parues dans le Monde de Nick Rodwell, mari de la veuve d’Hergé et gestionnaire des droits sur Les Aventures de Tintin via la Société Moulinsart. Celui-ci avait en effet annoncé son intention de publier un nouvel album de Tintin en 2052, pour essayer d’empêcher que l’oeuvre d’Hergé n’entre dans le domaine public (contre la volonté exprimée par l’auteur de son vivant). Pier-Carl Langlais avait réagi à ces propos sur Rue89 et je l’avais fait aussi de mon côté sur Slate, car il peut paraître assez choquant de voir un héritier chercher à arracher une oeuvre du domaine public et cela rappelle funestement l’allongement de la durée des droits votée en 1998 aux États-Unis sous la pression de la Walt Disney Company, juste avant que le personnage de Mickey n’entre dans le domaine public.

Le débat sur le plateau de Ce soir (ou jamais !) a bien confirmé que Rodwell avait l’intention de tenter quelque chose, sans que l’on puisse savoir exactement quoi. Mais une autre personne était présente parmi les invités, qui était directement concernée par cette question du domaine public. Il s’agissait d’Alexandre Astier, auteur-réalisateur-acteur de la série télévisée Kaamelott, s’inscrivant dans l’univers de la Légende arthurienne et de la quête du Graal. A vrai dire, on ne pouvait trouver meilleur exemple de ce que permet l’ouverture du domaine public en terme de réutilisation de personnages préexistants pour créer une nouvelle oeuvre. Et Alexandre Astier est aussi allé puiser dans le domaine public à l’occasion de son récent spectacle « Que ma joie demeure !« consacré au compositeur Jean-Sébastien Bach.
Or lors de l’émission – et il me semble que ce furent les échanges les plus intéressants de la soirée -, Alexandre Astier a tenu des propos contradictoires sur le domaine public. D’un côté, il a admis que les oeuvres comme les Aventures de Tintin avaient une dimension particulière et qu’elles tendaient à devenir des « mythologies » destinées à être « remâchées comme du chewing-gum » à travers les époques (métaphore qui fait furieusement penser au mashup). Mais lorsqu’on lui a fait remarquer que lui-même avait réutilisé des éléments du domaine public pour créer à son tour, il s’est subitement raidi, allant jusqu’à dire « si vous écrivez, écrivez vos trucs, les gars. Ne venez pas chercher les autres« . Et lorsqu’on lui oppose que c’est pourtant ce qu’il a fait avec Kaamelott, il répond que la Légende arthurienne n’est « pas une oeuvre« , mais « un mythe » et qu’on ne peut pas la comparer avec les Aventures de Tintin.
N’ayant pas eu le temps de répondre sur le fond à Alexandre Astier pendant l’émission, je voulais le faire dans ce billet, pour montrer que cette conception minimise certains fondements profonds de la création, qui puise toujours à des degrés divers dans ce qui a existé auparavant (« Nous sommes des nains assis sur les épaules des géants« ). Alexandre Astier illustre ainsi le fait qu’une grande partie des créateurs aujourd’hui oublient la dette fondamentale qu’ils ont vis-à-vis du domaine public et c’est l’une des sources majeures du déséquilibre du système de la propriété intellectuelle.
Ecouter la légende aux portes des oeuvres et les oeuvres aux portes de la légende
La distinction qu’Alexandre Astier fait entre « l’oeuvre » et le « mythe » ou la « légende » me paraît contestable. Il n’y a qu’une différence de degré, mais pas de nature entre les deux, car c’est finalement le travail du temps, au fil des réutilisations d’une oeuvre qui transforme les créations en légende ou en mythe.
La page Wikipédia « Liste d’oeuvres concernant le cycle arthurien » montre bien ce lent processus d’alluvionnement, qui fait que l’accumulation successive des oeuvres reprenant les mêmes histoires et les mêmes personnages transforment leur nature. Tout comme la droite est une succession de points, le mythe est bien une succession d’oeuvres créées par des auteurs, même si leur nom finit par disparaître avec le temps. Issu de la synthèse entre des légendes celtiques et bretonnes et d’élements issus du Christianisme, le « fonds commun » de la légende arthurienne a été ensuite cristallisé par des auteurs médiévaux, avec un rôle particulier joué par Chrétien de Troyes au XIIème siècle. Les personnages, les événements et les lieux du la Quête du Graal sont ensuite sans cesse repris, modifiés, augmentés par des auteurs successifs, jusqu’à l’époque contemporaine où la Légende arthurienne continue à alimenter l’imaginaire des créateurs. Notre appréhension de l’histoire d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde est aujourd’hui par exemple indissociable du film Excalibur de John Boorman, de l’Enchanteur de Barjavel, des Dames du Lac du Marion Zimmer Bradley, du Merlin de Disney ou encore, bien entendu, de Sacré Graal des Monthy Python dont la veine parodique a plus d’un lien avec Kaamelott.
Kaamelott est l’un des maillons d’une longue chaîne d’oeuvres qui ont forgé au fil du temps le cycle du Graal et nul doute que la légende continuera encore longtemps, augmentée de l’apport d’Alexandre Astier. Dans la dynamique de la création, il y a donc un lien profond entre les oeuvres et les mythes. Les oeuvres vont souvent chercher leurs inspirations dans des mythes et les mythes sont régénérés et augmentés périodiquement par les oeuvres, sans quoi ils tomberaient dans l’oubli.
Le cycle de la création
Il se trouve que ce grand « cycle » de la création a très bien été décrit par l’américain Joseph Campbell dans son ouvrage de 1949 « Le héros aux mille et un visages« , dont j’ai eu déjà l’occasion de parler dans S.I.Lex. Campbell soutient qu’un très grand nombre d’histoires peuvent se ramener à un schéma narratif archétypique, qu’il nomme le « voyage du héros ». Cette structure constitue à ses yeux un « monomythe » qui constitue la matrice de la plupart des grands récits de l’Humanité.
Mais loin d’être limité aux mythes et aux contes traditionnels, le pouvoir explicatif de la théorie du monomythe s’applique en réalité à de très nombreuses créations contemporaines. Georges Lucas par exemple reconnaissait sa dette vis-à-vis de l’ouvrage de Campbell pour l’écriture de Star Wars et de plusieurs analyses ont mis en évidence la présence de la même structure sous-jacente dans de nombreux récits contemporains, que ce soit Harry Potter, Le Seigneur des anneaux ou même… Le monde de Nemo !
Avec Kaamelott, ce jeux des influences est encore plus riche et complexe, car la série puise bien plus largement que dans la Légende du Graal. On y retrouve des traces de l’Univers fantasy des jeux de rôles (Donjons & Dragons, Warhammer) ; des références plus ou moins directes à l’univers d’Astérix, de Star Wars ou de Stargate, des liens avec Sacré Graal ou la série La Vipère noire, de Rowan Atkinson (Mister Bean). Tout ceci fait de Kaamelott un grand mélange et un carrefour entre beaucoup d’influences : un amalgame d’éléments légendaires et d’oeuvres, pour former quelque chose de nouveau.
Loin de moi l’idée d’insinuer que Kaamelott n’est pas une création originale, au sens que le droit attribue à ce terme (portant l’empreinte de la personnalité de l’auteur) ou de diminuer le mérite d’Alexandre Astier. Mais l’originalité n’est justement pas la nouveauté et ce qui fait l’intérêt de Kaamelott, c’est précisément la manière dont des figures immémoriales (Arthur, Guenièvre, Lancelot, Perceval, Merlin, etc.) ont été « télescopées » par Astier de manière complètement anachronique avec des références récentes et notre langage d’aujourd’hui. Du coup, entendre quelqu’un comme Alexandre Astier dire : « si vous écrivez, écrivez vos trucs, les gars. Ne venez pas chercher les autres« , a vraiment du mal à passer, car il est l’exemple même de ces auteurs qui ont « recyclé » au sens le plus noble du terme des éléments préexistants.
Et tout cela n’a été possible que grâce à l’existence du domaine public.
Tintin au pays du Folklore
Faut-il maintenant faire une distinction entre la Légende arthurienne et les Aventures de Tintin ? Bien sûr, Tintin n’est pas né dans la « vallée du Floklore » pour reprendre cette belle expression inventée par Aymeric Mansoux, à une époque où les oeuvres naissaient et restaient dans le domaine public. C’est une oeuvre moderne, issue du travail créatif d’Hergé et elle porte la marque d’un seul auteur. Mais si nous le voyons ainsi, c’est aussi parce que nous ne pouvons pas encore connaître l’avenir et savoir si Tintin accèdera un jour au statut de mythe. A vrai dire, certaines oeuvres créées au 20ème siècle par des auteurs uniques ont rapidement acquis une dimension qui les rapproche des mythes d’antan. C’est le cas par exemple de Star Wars de Georges Lucas ou du Seigneur des Anneaux de Tolkien (aussi peut-être des comics américains). C’est le cas en réalité des « oeuvres univers », qui font davantage que raconter une histoire et dessinent un « monde » avec une galerie de lieux et de personnages. Or l’univers de Tintin présente de telles caractéristiques.

Juridiquement, Tintin et Arthur n’ont pas une nature différente : ce sont tous deux des personnages que les juges acceptent de considérer comme protégeables en eux-mêmes par le droit d’auteur lorsqu’ils ont suffisamment de caractéristiques originales. La différence, c’est bien qu’Arthur est dans le domaine public, ce qui le rend disponible pour toutes les réutilisations, alors que Tintin reste protégé par le droit d’auteur, et fait l’objet d’un contrôle féroce exercé par la société Moulinsart. C’est ce qui m’a fait dire au cours de l’émission que nous sommes en réalité la première époque dans l’histoire qui se refuse à elle-même que ses oeuvres accèdent au statut de mythes, à cause d’une conception déséquilibrée de la propriété intellectuelle. Si Rodwell parvient artificiellement à prolonger les droits sur Tintin, alors il n’entrera pas dans le domaine public et il ne pourra pas faire l’objet d’appropriations et de réinterprétations libres, à l’image de celle qu’Astier a pu faire à partir de l’histoire de la Quête du Graal. Et le cas de Rodwell n’est pas isolé, puisque d’autres ayant droits s’efforcent en ce moment d’empêcher des oeuvres majeures du 20ème siècle d’entrer dans le domaine public (Sherlock Holmes, Zorro, Tarzan).
Ce faisant, on s’éloigne d’ailleurs complètement de l’esprit originel du droit d’auteur. En 1791, à la Révolution, lorsque le droit d’auteur fut créé en France, il durait seulement pendant 10 ans après la publication de l’oeuvre, ce qui permettait rapidement qu’elle accède au domaine public et que le public s’en empare. Le Chapelier, le représentant qui fut le rapporteur de cette première loi sur le droit d’auteur, concevait les oeuvres comme des propriétés de l’auteur, mais il ajoutait : « Lorsqu’un auteur fait imprimer un ouvrage ou représenter une pièce, il les livre au public, qui s’en empare quand ils sont bons, qui les lit, qui les apprend, qui les répète, qui s’en pénètre et qui en fait sa propriété. » Et c’est préciser cette appropriation par le public, qui constituait un mécanisme essentiel dans la création des contes et des mythes, qui est bloqué aujourd’hui à cause des restrictions imposées par le droit d’auteur, ainsi que par la durée très longue des droits. Ce qui était libre au bout de 10 ans ne l’est aujourd’hui qu’après presque un siècle et demi…

Harry Potter a déjà des milliers d’auteurs…
Lors de l’émission, il n’a finalement été question que des suites que des auteurs professionnels pouvaient donner à des oeuvres après la mort de leur créateur, mais nous n’avons pas pu parler des productions amateurs, qui constituent pourtant un aspect important de la créativité aujourd’hui sur Internet. Il en existe sans doute sur Tintin, mais elles sont obligées plus ou moins de se cacher, étant donné que la Société Moulinsart a déjà attaqué en justice des sites de tintinophiles.
Mais d’autres titulaires de droits n’ont pas la même attitude et c’est le cas par exemple de J.K. Rowling, l’auteur de Harry Potter, qui accepte assez largement les fanfictions s’inscrivant dans son univers et reprenant ses personnages. Elle a posé des limites, comme le fait de ne pas faire d’usage commercial ou de mettre en scène ses personnages dans des situations pornographiques, mais en dehors de ces restrictions, les créations dérivées réalisées par les amateurs foisonnent sur Internet et forment des communautés d’écriture et de partage (fandoms). Cela signifie donc que Rowling accepte qu’Harry Potter ait des milliers d’auteurs partout dans le monde, dès maintenant de son vivant, sans attendre le passage de l’oeuvre dans le domaine public. Elle accepte aussi que l’univers dont elle a planté le décor s’enrichisse de nouveaux personnages, de nouveaux lieux, de nouvelles histoires, qui s’inscrivent dans les « creux » qu’elle a pu laisser. L’univers d’Harry Potter se développe ainsi, en dehors de son auteur, d’une manière qui rappelle beaucoup la génération des mythes.

Ce phénomène des fanfictions, qui explose avec Internet, nous ramène directement à la citation de Le Chapelier. Il manifeste cette propension du public à « répéter« , « se pénétrer » des oeuvres et « en faire sa propriété« , par l’activité créative. Et c’est là que l’on se dit aussi qu’Alexandre Astier passe à côté de quelque chose de fondamental dans la dynamique actuelle de la création, en disant « si vous écrivez, écrivez vos trucs, les gars. » Une des différences majeures entre Tintin et Harry Potter, c’est que le second peut disposer d’une communautés de fans créatifs qui font vivre dès aujourd’hui cet univers et qui participent à son élévation au rang de mythe moderne, tandis que la protection tatillonne de Nick Rodwell fait que Tintin n’a quasiment plus aujourd’hui que des consommateurs passifs. Et c’est à mon sens un facteur d’appauvrissement et de dévitalisation de l’oeuvre, beaucoup plus que de protection.

Le domaine public protège, surtout de l’oubli…
Lors du livetweet de l’émission vendredi soir, l’auteur de nouvelles Neil Jomunsi a fait un lien très pertinent entre le sujet de l’émission et le cas de H.P. Lovecraft, l’auteur du mythe de Cthulhu :
[tweet http://twitter.com/NeilJomunsi/status/409097659283427328] [tweet https://twitter.com/NeilJomunsi/status/409098578968473600]Lovecraft est en effet un exemple d’auteur qui a délibérément laissé d’autres écrivains reprendre de son vivant les personnages et l’univers qu’il avait créés afin qu’ils le développent et l’enrichissent. Et sans doute n’est-ce pas étranger au fait que Lovecraft avait d’emblée eu la volonté de créer une mythologie moderne, avec sa cohorte de Dieux et sa cosmogonie. Ce choix de l’ouverture eut une importance capitale dans la destinée de son oeuvre, car Lovecraft rencontra durant toute sa vie les plus grandes difficultés à se faire publier et à toucher un lectorat. Ce n’est que parce qu’il réussit en somme à créer de son vivant autour de son oeuvre une communauté de « fans » créatifs que celle-ci a pu ensuite être reconnue comme une des créations majeures du XXème siècle. D’une certaine manière, Lovecraft a choisi de faire comme si son oeuvre était déjà dans le domaine public avant sa mort. Pourtant ironiquement après sa disparition, certains de ses collaborateurs ont essayé de se réapproprier son oeuvre et de la placer sous copyright, ce qui a d’ailleurs perturbé son entrée définitive dans le domaine public à la fin des années 2000…
Dans le cas de Lovecraft, l’ouverture l’a protégé de ce qu’il peut peut-être y avoir de pire pour un auteur : l’obscurité et l’oubli.

***
Écrivez vos propres histoires ! Ne volez pas celles des autres ! J’avouerais avoir été terriblement déçu par ces propos d’Alexandre Astier, moi qui ait passé des heures et des heures à voir et revoir les saisons de Kaamelott. Il faut que nous ayons perdu beaucoup en sagesse pour oublier à ce point la dette que nous avons vis-à-vis du domaine public. Suprême ironie au début de l’émission, Frédéric Taddeï a demandé à Alexandre Astier où en était son projet d’adaptation de Kaamelott en film, dont on parle depuis un certain temps. Et Astier a répondu qu’il était toujours bloqué « à cause de problèmes de droits d’auteur« …
On lui souhaite qu’il n’ait pas à attendre l’entrée de Kaamelott dans le domaine public pour pouvoir porter à l’écran sa propre création. Car il sera mort à ce moment et avec lui, tous ses fans…
PS : @_Quack1 m’a signalé sur Twitter qu’Alexandre Astier a utilisé pour écrire Kaamelott une méthode développée par l’américain Christopher Vogler, qui travaille avec Hollywood. Or celle-ci repose en partie sur les travaux de Joseph Campbell dont j’évoque plus haut. Je l’ignorais lorsque j’ai inséré cette référence dans ce billet. Astier en parle dans cette vidéo :
je partage ta déception sur le « écrivez vos histoires », et encore plus sur le moment où il s’est dit très heureux que ses enfants puissent être rentiers pendant 70 ans.
J’en hésiterais presque à enlever le DVD de « Que ma joie demeure » de ma lettre au père Noël :)
Mais bon, son talent n’a rien à voir avec ses opinions.
J’ai l’impression que l’on aurait pu se parler autrement avec Astier. En fait, c’est l’intervention de l’avocate de Rodwell, qui a sorti l’artellerie lourde des gros poncifs sur le droit d’auteur et la création qui a fait partir la discussion en vrille. Avant Alexandre Astier avait fait une intervention intéressante sur les oeuvres « mythologies » que l’on « remâche d’époque en époque comme du chewing-gum« . J’avais l’espoir de pouvoir le faire parler de son rapport à la légende arthurienne. On a aussi échangé quelques mots plus apaisés et intéressants après la fin de l’enregistrement.
C’est aussi le problème de la télévision, qui simplifie les débats et empêche de creuser les questions complexes.
Mais quand même, j’ai été vraiment déçu…
Il faut également se remettre dans le contexte duquel parle Alexandre Astier.
Il semblerait, d’après ses dires, qu’il ait (ou ait eu) énormément de mal à initier la production du/des films Kaamelott suivant directement la fin de la série, pour des questions juridiques, financières, ou de voir son oeuvre pervertie ou dénaturée, etc. (semble-t-il, je ne veux pas dire de bêtises, mais en suivant ses interventions en vidéo, c’est ce qu’il laissait entendre).
Je veux simplement rappeler qu’il ne parle pas « de nulle part ». Et son intervention à #CSOJ a peut-être vu son raidissement pour les raisons pré-citées. Avant qu’une production comme Kaamelott sorte, il faut contenter des tas de gens.
Il est le premier à reconnaître qu’il utilise non seulement le domaine public, mais également un nombre assez incroyable de références SF/Fantasy.
Personnellement, je n’ai pas été totalement choqué par son intervention, ayant cette histoire en tête. J’avais une « petite idée » de ce qu’il sous-entendait.
Bonjour, les invités sur le plateau visiblement étaient de mauvaise foi, se contredisant parfois, mais tous d’accord pour gérer leur patrimoine commercial. Qu’importe si cette loi sur le droit d’auteur est elle même l’héritage d’une démocratie. Rien ne doit venir contrarier le marché. Alors pourquoi des musées, des bibliothèques, des télés, des services et des biens publics … Merci pour votre engagement. J’ai laissé un commentaire sur le site de l’émission, avec des fautes d’orthographes, (post Emma). Courage à nous tous.
Et c’est typiquement parce que Lucas a laissé explicitement ses fans s’approprier l’oeuvre pour produire du contenu littéraire en accès gratuit, des fanfilms, des costumes, etc – et même la compléter sous licence commerciale (mais sous son contrôle, là, avec « l’Univers étendu ») que SW a accédé aussi rapidement au statut de mythe. Il a vendu à Disney et je me demande bien quelle va être leur politique à ce sujet.
Autre sujet qu’il serait intéressant de creuser : le piratage de quelques amateurs de séries méconnues et le bouche à oreille qui s’ensuivit a fini par transformer le très british Dr Who en star mondiale. La BBC, après avoir beaucoup pleuré sur ce « pillage »… vient de toucher le gros lot au moment du 50e anniversaire, avec des dizaines de pays qui demandaient une diffusion simultanée et une quantité industrielle de bénéfices en produits dérivés :-)
Oui, merci pour ce commentaire. Je n’ai pas eu le temps de le faire, mais il y aurait beaucoup plus à dire sur ce rôle actif du public dans l’évolution du statut des oeuvres, et surtout aujourd’hui avec les moyens d’expression et de création que donnent Internet.
Nous vivons en fait une époque écartelée et contradictoire. En témoigne par exemple ce cas d’une communuaté de fans qui avaient recréé toute la Terre du Milieu du Seigneur des Anneaux à partir d’un mod pour Skyrim http://korben.info/merp.html
Mais Warner bros, détenteur des droits sur l’oeuvre suite au film a demandé à ce que soit retiré tous les noms de lieux et de personnages de la carte, parce qu’il les protège par le copyright et le droit des marques contre toute réutilisation, même les hommages non-commerciaux.
A côté de ça, WB (et Saul Zentz Company, l’acheteur initial des droits) est en procès avec la famille Tolkien, parce qu’ils ont outrepassé – et de loin – la licence qui leur avait été concédée.Qui ne comprenait pas les jeux vidéos, par exemple (ni les machines à sous, et c’est là que ça a clashé). Les Tolkien sont des gens intelligents, des universitaires, qui continuent d’ailleurs à effectuer un gros travail sur l’incroyable désordre que l’aïeul a laissé (des caisses et des caisses remplies de papiers griffonnés, en vrac). Christopher, son fils, y a passé sa vie entière, après avoir été le secrétaire de son père. Bref, ce ne sont pas des héritier passifs qui se contente de palper. Et la majorité de l’argent qu’ils tirent de ça va à une fondation humanitaire.
Depuis des années, ils ont tenté de discuter avec Warner. Rien à faire. La compagnie continue à s’acharner sur les fans de Tolkien, tout en prétendant que les films de Peter Jackson n’ont finalement rien rapporté et que donc… on ne peut rien reverser à la Fondation Tolkien au titre de la licence. Plus c’est gros…
Bref, les Tolkien en ont marre de se faire arnaquer et même intimider à plusieurs reprises, ils sont allés en justice. Warner a contre-attaqué en engageant un avocat qui est connu comme le « pit-bull » d’Hollywood, qui a déjà commencé à mettre son boxon.
Moralité : ceux qui défendent le copyright avec le plus d’acharnement ne sont pas forcément des exemples au point de vue de leurs propres pratiques. Affaire à suivre…
qui se contentENT … (rah ^^)
Très bon article. J’en profite pour copier-coller la déclaration d’Astier sur Twitter (qu’il a d’ailleurs fini par effacer) à propos de ses emm**des autour des droits d’auteurs:
Tres intéressant,merci.
Une seule ENORME erreur ! Dans le tableau « comedia dell arte » hollywoodienne : Vader n’est pas un ennemi mais un shapeshifter ! C l’empereur l’ennemi !
;-)
Non non c’est bien Vader ennemi, tu le vois en shapeshifter car tu connais la trilogie mais dans le déroulement narratif seul le twist final fait de lui un shapeshifter. ce tableau prend en compte la perception des personnages et des spectateurs nouveau et ne tiens donc pas comte d’un twiste final qui ne change rien au déroulement global, ni a la perception des personnage au fil du temps. Pas si ÉNORME hein?
Très belle analyse et expérience forte. Il me semble que ce qui se dessine derrière ceci est un glissement du droit d’auteur vers une politique industrielle des marques sous couvert d’un dispositif jugé plus vertueux…
J’ai publié à l’instant, les réflexions d’un auteur de SF américain, issu de l’auto-publication, sur ce sujet :
http://numerique.actualitte.com/autre-sens-du-mot-partage-un-univers-open-source/
Il a complètement épousé le principe du partage, ouvrant largement son univers « Wool » aux autres auteurs, pour un usage commercial ou non.
Par contre, et ça n’apparait pas dans cette partie de l’interview, il protège jalousement l’intégrité de ses textes, par exemple il a refusé des contrats de publication qui auraient changé le titre de ses livres.
Bonjour et merci pour cette référence. Hugh Howey est effectivement un exemple très intéressant d’auteur qui a choisi de laisser sa création ouverte aux autres. Il va plus loin que Rowling ou Astier, car il accepte que les personnes qui rédigent des fanfictions dans son univers puissent ensuite les vendre.
Par contre, il a connu une évolution sur ce sujet, qui mériterait d’être analysée en détail (je voulais le faire, mais je n’ai pas eu encore le temps). Il est en effet l’un des premiers auteurs indépendants à être entré dans le programme Kindle Worlds lancé par Amazon. En gros, Amazon propose à des créateurs de licencier un « univers » afin d’autoriser des auteurs à réaliser des fan-fictions s’y déroulant. Ces fanfictions sont ensuite vendues, mais avec une exclusivité pour Amazon et l’auteur de l’univers original touche un pourcentage http://rlbrody.com/2013/07/31/fanfic-hugh-howey-the-silo-saga-amazon-worlds/
Ce programme présente certain avantage (donner de la sécurité juridique à l’ensemble des acteurs et créer une chaîne de diffusion et de monétisation). Mais d’autres côtés, certains y voient un risque de renforcement de la position dominante d’Amazon, ainsi qu’une possible fragilisation des pratiques amateurs non-marchandes.
En tous cas, l’exemple de Hugh Howey est vraiment intéressant et merci pour ce billet, que je vais tweetter de ce pas.
Oui, c’est un peu de ça dont je parlais lorsque j’incluais le marchand dons ses autorisations. merci de le remettre en contexte, je n’aurais pas aussi bien fait :)
J’ai trouvé l’émission très intéressante, et chacun, dans son rôle, a défendu sa cause ; j’ai trouvé PPDA un peu en retrait, en effet, lui qui est pourtant très impliqué « amicalement » dans la succession de St-Ex (autre pactole financier avec « Le Petit Prince », qui doit « s’élever » il me semble très bientôt dans le domaine public).
Je n’ai pas compris en revanche cette volonté de contrôle de la part de Nick Rodwell : il faudrait qu’on m’explique ce que pourrait être le droit d’auteurs ad vitam eternam (c’est ce qu’il voudrait dans l’absolu, non ?). Si l’on se projette dans le futur, cela me paraît impossible, dans la mesure où le nombre d’ayants-droit deviendrait trop important au bout d’un moment et la situation ingérable (déjà que souvent, dès le départ, il y a des conflits entre créateur-enfants, frères et sœurs dans la succession, etc.). Créer une entreprise qui gèrerait cela ? Mais dans la plupart des cas celle-ci s’effondrerait très vite, et en outre il serait très difficile pour un Nick Rodwell d’être certain que les futurs gestionnaires seraient à la hauteur ! Non, M. Rodwell, si vous avez ce besoin obsessionnel de contrôler l’héritage de Tintin, ne le confiez pas à quelques personnes ; confiez-le à l’Immortalité, et l’immortalité c’est le domaine public ; alors, ceux qui feront perdurer le mythe de Tintin seront forcément des individus sortis de nulle part, mais passionnés, créatifs, et surtout très bien intentionnés la plupart du temps, et qui ne se prendront pas la tête avec des intérêts financiers, quelque pression que ce soit.
JKR a tout compris : le meilleur moyen de contrôler une œuvre, c’est de voir le plus vite possible ce qu’elle peut devenir dans le futur, pour s’en donner une idée.
Je pense enfin que dans la plupart des cas les auteurs ne sont pas contre l’entrée de leur œuvre dans le domaine public, et qu’ils espèrent la voir devenir mythique ! Goscinny, dans une vidéo que j’ai vue sur Youtube, disait il y a plus de 30 ans d’Astérix, en substance : « Nous avons créé du folklore ; Astérix existe comme s’il avait toujours existé dans l’esprit des gens, comme s’il n’avait pas eu de créateurs à l’origine » ; voilà, je trouve, une très belle définition du mythe, et cela Goscinny le dit sans la moindre amertume.
Bonjour et merci pour ce commentaire. Pour le Petit Prince, il n’est hélas pas prêt d’entrer dans le domaine public. St-Exupery est mort en 1944, mais comme il a été déclaré « Mort pour la France », ses oeuvres sont protégées pendant 30 ans en plus des 70 ans après la mort de l’auteur. Cela veut dire que Le Petit Prince n’entrera dans le domaine public qu’en 2045 !
La citation de Goscinny, que vous mentionnez à la fin de votre commentaire, est particulièrement intéressante et elle reflète vraiment des choses que j’ai essayé d’exprimer dans ce billet, notamment le lien entre les oeuvres et le folklore.
Sinon, je pense hélas que Rodwell tentera bien d’obtenir un droit d’auteur perpétuel pour Tintin. A mon sens, l’histoire d’un nouvel album en 2053 est fantaisiste et juridiquement, cela ne permettra pas de faire renaître des droits sur toute l’oeuvre d’Hergé. Par contre, je pense qu’il peut essayer de faire pression sur le législateur belge pour obtenir une exception pour les Aventures de Tintin, comme cela a été le cas pour Peter Pan en Angleterre : https://scinfolex.com/2010/06/29/la-tortueuse-destinee-juridique-de-peter-pan/
Merci beaucoup pour votre réponse ! Le cas de Peter Pan pourrait faire jurisprudence en effet. Je serais curieux de savoir, si l’on faisait un sondage auprès du grand public, la différence entre le pourcentage de personnes qui savent qu’à l’origine « Alice au pays des merveilles » est un livre, et le pourcentage répondant à la même question pour Peter Pan. Plusieurs facteurs sans doute peuvent expliquer cela, mais je suis persuadé qu’il y a beaucoup plus de gens qui connaissent le livre « Alice au pays des merveilles », en grande partie grâce au fait qu’il soit dans le domaine public sans la moindre restriction de quoi que ce soit. Et encore, cet hôpital ne semble pas ultra regardant quant à la créativité qu’il y a autour, ce qui a permis le développement du mythe malgré tout (et ce sont ces adaptations, ces variantes, ces extrapolations imaginaires, ces interprétations qui ont fait le mythe, et non le livre directement !) ; qu’en sera-t-il de Tintin, si en plus le contrôle est omniprésent, omnipotent, si les autorisations sont quasi inexistantes, je n’ose même pas l’imaginer.
Bravo pour cette synthèse !
La contradiction de nos contemporains en matière de droit d’auteur suit la logique de notre époque caractérisée par l’individualisme profond et le mercantilisme exacerbé. Nous sommes malheureusement dans une société qui veut que tout s’achète et se vend, où le long terme et l’éternité ont laissé place à l’immédiat (n’y voyez aucune connotation religieuse).
Les partisans du droit d’auteur et de son allongement ont une logique refermée sur eux-même où leur intérêt (souvent financier) prime avant la valeur culturelle et intellectuelle des œuvres produites, sans parler bien sûr des héritiers et opportunistes qui touchent des rentes à vie sur un travail qui n’est pas le leur. Il est cependant heureux de voir que certains auteurs (et non des moindres) pensent en dehors de la logique purement commerciale et infirment ce que leurs pairs tentent d’imposer pour leur unique profit.
N’oublions cependant pas que la dimension éternelle et humaine d’une œuvre surpassera toujours les mesquineries et bassesses de quelques hommes qui raisonnent au nom d’un dieu nommé argent. Le domaine public est et sera toujours l’héritage éternel des Hommes ; aux Hommes de le protéger et de le transmettre.
Tout-à-fait d’accord avec vous, il me semble que l’éternité (le domaine public) l’emportera TOUJOURS sur les petits aléas des réalités contemporaines. Cette émission (et le blog de calimaq) m’ont fait prendre conscience toutefois que le domaine public, que je pensais « acquis » depuis longtemps, peut en fait être remis en cause. C’est nouveau pour moi, et c’est triste. Je me rassure en me disant qu’au pire nous aurons droit à des exceptions, et que dans l’ensemble le domaine public perdurera ; je me rassure en me disant qu’il y a déjà des personnes qui se sentent très concernées par le problème, qui sont vigilantes, et qui se battent (un grand merci à eux). Devoir se battre pour le domaine public paraît aberrant, mais c’est comme ça.
Pas si aberrant que ça si on considère que le libre accès à la culture (dont le domaine public en un des plus grands symboles) est un droit fondamental humain. Dans leur histoire, les Hommes ont toujours eu à se battre pour préserver leurs droits fondamentaux et la lutte pour la préservation du domaine public s’inscrit dans cette ligne.
Mince, j’avais un truc en tête et impossible de le retrouver. Il m’a bien semblé à un moment qu’il parlait de la veuve de Bach qui s’est retrouvée sans le sou.
Ça me perturbait qu’il confonde le droit d’auteur avec une caisse de retraite.
Et comme souvent… on le retrouve juste après avoir posté : https://twitter.com/sgtpembry/status/409464829863542784
Je parle bien sûr dans le cas où tout ou partie de la retraite est transmis à la veuve (ou au veuf).
Rodwell affirme que la défense du droit d’auteur s’exprime au nom de la « protection de l’œuvre », comme si les imitations dégradaient l’original. Nous voyons bien avec les œuvres du passé que c’est leur célébrité et leur postérité qui donnent envie d’aller voir l’original, le premier critère n’étant pas suffisant pour créer une mythologie et une communauté de fans. Ce n’est pas protéger l’œuvre que de brider l’inspiration qu’elle suscite. Il est probable que les lecteurs des parodies de Tintin connaissent les albums originaux, improbable que ces lectures les dissuadent de retourner vers Hergé. Le domaine public aide donc bien à la protection de l’œuvre, en l’aidant à mieux pouvoir s’inscrire dans l’imaginaire.
Quelques maigres pistes sur les sources (iconographiques ou littéraires) d’Herge :
http://www.naufrageur.com/1boulamatari.htm
http://www.naufrageur.com/1influences.htm
Je cite : « Les parodieurs et ceux qui sont victimes de la rigidité des ayant-droit ne manquent pas de souligner qu’Hergé lui-même ne se privait pas de pomper chez les autres toutes sortes d’idées d’idées ou de documents. »
http://fr.tintin.com/albums/show/id/3/page/0/0/tintin-en-amerique
Une inspiration plus évidente est liée au simple usage de l’actualité. Quant aux intrigues, s’apparentant souvent à des enquêtes de détective, quel thème plus consacré ?
En outre, l’œuvre commence déjà à être marquée par le temps. Ce n’est en la sanctuarisant que la société Moulinsart la fera vivre.
La question des droits d’auteur, je crois, est intimement liée à celle de la propriété intellectuelle. De même que la revendication d’un bien matériel me semble difficilement justifiable autrement que par des arguments prosaïques de vie en société, de même la revendication d’une idée repose, à mon sens, sur une illusion, celle selon laquelle une idée qui germe dans mon esprit est mienne. Il me semble que l’œuvre échappe d’une certaine manière à son auteur, parce qu’elle ne peut être analysée que dans la relation qu’elle entretient avec un auteur, certes, mais aussi un destinataire. C’est le destinataire qui fait vivre l’œuvre en ce qu’il lui apporte la compréhension qu’il en fait. Cette compréhension ou cette interprétation est propre à chaque individu qui projette ses connaissances pour donner corps à une suite d’images, de notes, de mots… L’œuvre est un vecteur de communication qui s’établit entre l’auteur et le destinataire. Mais ce dernier peut faire une interprétation biaisée, diminuée ou augmentée de l’œuvre, il devient créateur à son tour et lui refuser ce rôle c’est réduire l’œuvre à une discussion entre l’auteur et lui-même. Le seul statut qu’on puisse reconnaître à l’auteur est celui de guide vers l’idée qui possède son existence propre, mise à la lumière du jour par une interprétation, et donc continuellement réinterprétée.
Pour faire comprendre ma pensée qu’il me soit permis d’établir un parallèle entre les sciences et les arts, même si je ne sais pas s’il est à propos. Je ne sais pas non plus si Newton a une descendance, mais même si tel était le cas, il paraîtrait incongru à quiconque que celle-ci touche un subside à chaque fois qu’un avion vole sous prétexte que sans la compréhension des lois de la gravitation il n’y a pas de vol possible. On pourra m’objecter qu’il existe une différence fondamentale entre le concept de découverte scientifique et celui de création. Que tout fait scientifique existe, et ce, qu’il ait été observé ou non. Que toute démonstration d’une vérité scientifique n’a de paternité que celle du premier qui l’établit, et qu’en ceci n’importe qui pourrait démontrer cette vérité, à la condition près que personne avant lui ne l’eut déjà fait. Que la création aurait ceci de plus qu’elle serait propre à son auteur, unique. C’est à la fois nier la probabilité, même infime, qu’un singe tapant aléatoirement sur une machine à écrire puisse écrire les œuvres de Shakespeare pourvu qu’il ait devant lui l’éternité. Et même si l’argument est volontairement excessif, j’entends par là qu’on ne peut nier aux œuvres les dénominateurs communs qui en font leur force et qui, par définition, ne sont pas l’apanage d’un seul individu. Et c’est aussi nier le processus créatif de toute découverte, qui passe par l’invention d’outils purement artificiels de modélisation, et j’en donne pour preuve les mathématiques qui ne sont pas un phénomène naturel mais bien une création humaine.
Or donc, comment justifier que le travail de l’un (l’artiste) face l’objet d’une protection qui, expurgée de toute hypocrisie, ne vise à rien d’autre que d’assurer ses arrières, et celui de l’autre (le scientifique) soit bafoué ? Sans que cela soulève l’indignation… Le droit d’auteur n’est-il pas l’équivalent, dans une certaine mesure, du brevet qui cautionne que des entreprises commercialisent, à titre d’exemple, des médicaments dont les formules chimiques n’eussent jamais existé sans le concours de la pensée scientifique. L’idée est admise pourtant que cette connaissance est un bien collectif. Pas son exploitation apparemment… Un autre exemple de la conception que certains se font de la propriété intellectuelle est celui de toute une communauté informatique qui sacrifie par pur altruisme des heures de travail considérables pour développer des programmes entièrement gratuits. Et ils sont légions et pas des moindres.
Il ne s’agit pas ici de nier le droit des auteurs à pouvoir vivre de leur art… que toute société qui lui assure décence fait preuve de sagesse. Et la vie en société est probablement un équilibre entre l’utopie et la réalité. On peut mesurer cependant le déséquilibre par l’écart entre les deux.
Différents arguments évoqués au cours du débat m’ont paru fallacieux. A commencer par celui des ayants droits. En quoi, aussi respectable soit-elle, la veuve du dessinateur Hergé est-elle la plus à même de défendre l’esprit de son œuvre ? En vertu de quelle labeur peut-elle réclamer que le travail d’un autre puisse lui rapporter de l’argent, perpétuant ainsi le principe d’héritage, parmi les plus inégalitaires ? Et si la veuve de Bach meurt dans la misère, aussi dramatique que cela puisse être, il s’agit là d’une faillite du système à s’occuper des pauvres ou à reconnaître à sa juste valeur le statut des personnes qui, si elles ne créent pas de richesse directe n’en contribue pas moins à la bonne marche des affaires. Mais en aucun cas cet exemple ne peut accréditer la thèse de l’héritage. Et si, à tout le moins, il accréditait cette thèse, il ne répond toujours pas à la question de la réutilisation des œuvres.
Un autre argument a été celui de la sauvegarde de l’intégrité de l’œuvre. A nouveau je peine à comprendre cet argument. Il ne s’agit pas de cautionner l’acte frauduleux d’apposer le nom d’Hergé à une œuvre, réussie ou pas, qui ne serait pas la sienne. En quoi une réinterprétation, une réutilisation de l’univers d’Hergé salirait son œuvre ? Même s’il s’agit d’une adaptation cinématographique d’une œuvre littéraire, « Casino Royal », détourne l’univers originel de James Bond sans pour autant le salir. L’interprétation faite de cet opus est à mon sens réussie parce qu’elle joue sur l’inversion des codes de la série. Un agent secret ordinairement volage, sûr de lui, usant de gadgets devient successivement hésitant, amoureusement dévoué et évolue dans un monde plus réaliste, inspiré j’imagine par la nouvelle tendance de films d’actions comme ceux de Greengrass. Ce même film tourné dans un univers autre que celui de James Bond ne revêt pas la même signification parce que le nouveau personnage ne peut être comparé à l’ancien. Interdire la réutilisation d’une œuvre à des fins de détournement c’est s’amputer d’une arme puissante et source de création qui est l’appel à la culture du destinataire. Le ressort comique de la série Kaamelott tient dans l’opposition entre l’image classique que l’on se fait du mythe arthurien et le burlesque de la vision de M. Astier. Si l’on transpose l’histoire dans un univers purement fictionnel le décalage s’ébranle et perd de sa saveur, justement parce que les héros du mythe ne sont pas censés se comporter comme des bras cassés, parce que l’âme chevaleresque des protagonistes est tournée en dérision et ressemble davantage aux comportements de personnages ordinaires.
Ensuite, il n’est aucune œuvre qui ne soit un pillage direct ou indirect de qui l’a précédée. Influence consciente ou inconsciente, emprunts visibles ou non, psychologie des personnages, techniques d’écritures. Pourquoi accorder un statut différent aux idées des théoriciens de l’écriture et aux idées d’artistes ?
Pour finir, le cycle du Graal est un mythe et pourquoi donc ne serait-il pas une œuvre ? Même s’il s’agit du produit d’un collectif dont les multiples contributions prennent leurs origines chez des auteurs oubliés, ces derniers ont nécessairement existé. Le nier, sous prétexte que leurs contributions, broyées sous le flot du nombre et du temps, furent mineure c’est salir leur mémoire. Ce qui m’attriste, c’est l’impression que derrière les arguments en faveur de la défense des droits d’auteur ce qui se gâche réellement, c’est l’exclusivité de la paternité d’une œuvre qui, bien qu’humaine n’en demeure pas moins nombriliste.
Merci pour votre commentaire, c’est précisément ce que je voulais dire.
Les créateurs d’aujourd’hui ont tendance à croire, probablement par égo, que leurs créations sont purement propres à eux, arrivées comme par magie dans leur esprit par l’incroyable force intellectuelle, surnaturelle et inexplicable qu’est la pensée. Non seulement c’est faux, mais c’est une véritable insulte à tous les créateurs antérieurs.
Et, alors même que ces nouveaux créateurs salissent la mémoire des anciens en oubliant l’influence que ces derniers ont eu sur ces premiers, ils se permettent d’empêcher les futurs créateurs de s’inspirer de « leur » œuvre ? Profondément scandaleux.
Ça me fait penser à la problématique du libre-arbitre soulevée par Spinoza. En résumé (car ce n’est pas le lieu pour faire un cours sur ce philosophe, et j’en serais de toute façon incapable), Spinoza nous dit que libre-arbitre n’existe pas vraiment comme tel puisque nous sommes de toute façon toujours sujets à des affects et des passions qui deviennent alors les causes qui nous déterminent. En plus simple, ce sont notre vécu, notre environnement et nos expériences qui font que l’on agit de telle façon, et non pas le fruit d’une volonté sortie de nulle part.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Libre_arbitre#Pour_Spinoza
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9cessitarisme
C’est aussi l’idée du structuralisme (http://fr.wikipedia.org/wiki/Structuralisme) défendu entre autre par Lévi-Strauss, qui nous dit, en résumé toujours, que ce sont les structures qui nous déterminent.
Donc, pour en revenir aux créations, je pense que c’est exactement la même chose. Il suffit de voir les inventions par exemple (d’aucuns me diront que c’est différent, mais le principe est le même). Peut-on aujourd’hui me citer une seule invention qui n’est pas inspirée soit d’une invention précédente (ou plusieurs), donc qui ne serait pas finalement que l’association de plusieurs idées précédentes, ou qui ne serait pas inspirée de quelque chose de la nature ?
Un petit exemple : le velcro ! On peut y lire sur la page Wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Velcro#Histoire) je cite : « L’idée lui est venue lorsqu’en revenant d’une promenade à la campagne, il remarqua qu’il était difficile d’enlever les fleurs de grande bardane accrochées à son pantalon et à la fourrure de son chien. George de Mestral les examina et découvrit la possibilité de faire adhérer deux matériaux de façon simple et réversible. »
Ironie, voici ce que Wikipedia nous dit immédiatement après : « Il développa rapidement la bande auto-agrippante et breveta son idée en 1951. »
Son idée.
Alors soit, c’est peut-être son idée, mais si on admet ça, on admet qu’une idée peut être l’association de plusieurs autres idées qui ne nous appartiennent pas, formant ainsi une nouvelle idée.
Et si on admet ça, alors qu’est-ce qui nous empêche d’admettre que finalement la copie d’une œuvre pour en faire quelque chose de nouveau, même sensiblement, n’est finalement que l’association de plusieurs idées (l’œuvre originale à laquelle on ajoute l’idée qui rend la nouvelle œuvre sensiblement différente), et est donc une nouvelle idée à part entière ? A partir de là, comment considérer qu’on puisse l’empêcher, que ce soit légalement ou par d’autres moyens ?
Si on ne l’admet pas, en revanche, alors on ne peut pas admettre ne serait-ce que l’existence d’œuvres originales, et les droits d’auteur n’ont alors aucune raison d’être. Puisque toutes les nouvelles idées ne sont que des associations d’idées précédentes ou d’éléments de la nature, alors ces nouvelles idées n’appartiennent à personne, au même titre que les idées précédentes (récursivité mathématique) et que les éléments de la nature.
CQFD ?
Quand aux problèmes financiers, vous avez mon cher G. Duchoquet soulevé aussi la véritable question : pourquoi ne pas définitivement reconnaître le statut d’artistes et de créateurs tout individu, et leur permettre de vivre en conséquence ?
Pas besoin d’en rajouter plus que tout ce qu’on trouve sur la toile, mais si l’on instaurait quelque chose comme le revenu de base (http://revenudebase.info/), le salaire à vie (http://www.reseau-salariat.info/) ou la dotation inconditionnelle d’autonomie (http://www.projet-decroissance.net/?p=841), alors plus personne n’aurait à se demander comment ces artistes doivent vivre.
Et quid de ceux qui ne veulent pas céder au chantage du capitalisme, à la marchandisation de leurs œuvres ? Je suis moi-même créateur, et je n’ai aucune envie de priver celui sans le sou de pouvoir accéder à mes créations, et je n’ai pas non plus envie que celles-ci deviennent des produits.
Sur ce, je termine avec le partage de deux petits articles intéressants sur le sujet :
– « How shall the artists get paid isn’t a question, it’s an insult », en traduit « Comment doivent être payés les artistes n’est pas une question, c’est une insulte » : http://torrentfreak.com/how-shall-the-artists-get-paid-isnt-a-question-its-an-insult-130818/
– « Moby : après la musique gratuite, la musique open source » qui nous raconte que Monsieur Moby en plus de nous proposer sa musique gratuitement nous permet d’en récupérer les projets, d’en faire ce qu’on veut et nous laisse même la possibilité de commercialiser ces nouvelles créations. Voilà un artiste, messieurs-dames : http://www.clubic.com/telecharger/logiciel-musique-et-streaming/actualite-603620-moby-innocents-gratuit-interview-samples-remix.html
Un exemple fascinant : le breakbeat « amen ».
Où il est question de musique, de creation originale, d’appropriation collective et de recuperation commerciale par les « grands groupes » et autres business
» la protection execive des droits d’auteurs est aussi dangereuse pour la creation artistique que sa non-protection »
Un bout d’histoire urbaine et pop a ne pas rater
Mrci pour cet article et les reflexions quil sucite
C’est intéressant de voir la perception différente de la sienne sur des problèmes pareils car pour moi dans le cas de tintin je me pose plus la question: Es-ce normal qu’une oeuvre produite par un ayant droit puisse repoussé les droits d’auteur de quelqu’un qui n’as, ni voulu, ni participé a sa création. Car clairement cet album ne pourrais pas être signé Hergé et donc ne lui appartiens pas. Pourquoi dans ce cas pourrait-il rallongé la rente des ayants droit?
Un hommage posthume attribué a l’auteur c’est pas un peu morbide?
Pour Alexendre Astier, quand il dis: « pas une oeuvre, mais un mythe et qu’on ne peut pas la comparer avec les Aventures de Tintin » je suis entièrement d’accord car une oeuvre pour devenir un mythe a besoin d’une maturité et d’oublie car comment crée quelque chose de nouveau dessus quand tout est déjà défini. Je pense que c’est ce qui explique la phrase « choquante »: « si vous écrivez, écrivez vos trucs, les gars. Ne venez pas chercher les autres »
Selon moi elle est la pour montrer a quel point on peut être flexible dans quelque chose qui existe déjà, sans avoir 2 copie conforme, il n’est même pas contre l’utilisation de sont style (c’est ce qui lui appartiens au final) tant que ce n’est pas a but lucratif.
La différence pour moi avec tintin c’est que beaucoup trop de code correspondent a celui ci et si on ne répond pas a TOUS les codes ce n’est pas du tintin. Avec le temps certains codes disparaissent ou sont préserve. Pour moi la propriété intellectuel correspond a peu prés a la durée pour laquelle ces codes se définissent. car si demain tintin utilise un lance-roquette tous le monde hurlera au sacrilège mais peut être existera t’il des aventure futur ou se seras le cas (exemple alakon je sais).
Dans le cas des mythes le flou est quasiment se qui le défini le mieux car il est souvent impossible de lui établir un auteur ou même une date.
Merci beaucoup pour l’article j’ai appris plein de chose.
Bonjour à tous,
En tant que croyant pratiquant, je considère la recherche du Saint Graal comme une des Œuvres majeures de l’humanité.
Œuvre inaboutie, certes…
Œuvre collective aussi, car touchant au Sacré elle concerne (ou devrait concerner) l’ensemble de la communauté humaine.
Partant de là, je trouve regrettable que que des saltimbanques tels John Boorman, Les Monty Pythons et Alexandre Astier (pour ne citer qu’eux) :
1. s’approprient la chose pour leur propre compte
2. en fassent de vulgaires farces cinématographiques et télévisuelles
Ne serait-il pas judicieux de solliciter le conseil de la société Moulinsart (TM) sur le sujet afin que morale et respect soient enfin de mise en empêchant les enfants de la balle de s’emparer du Saint Graal ?
Cordialement,
Pierre-Yves
PS : j’ajouterai que je me délecte du travail d’Alexandre Astier que je visionne illégalement et sous le manteau. Comme tout fervent pratiquant, j’ai mes honteuses faiblesses…
Merci pour cet article et les commentaires.
Je suis incontestablement naïve et pense qu’une œuvre, une fois diffusée appartient (dans le cœur mais non le porte monnaie) a celui qui la lit/regarde/écoute… Chaque lecture est une réécriture, non ? Ce que je lis se mélange avec ce que je suis a ce moment là, ce qui m’anime ou me préoccupe. En d’autres termes, le Harry Potter que j’aime n’est pas comme le vôtre.
Là où je suis encore plus naïve, c’est de penser que l’auteur sait cela et le désire. Qu’un auteur préfère marquer les gens plutôt que de remplir les poches de ses futurs ayants-droit.
Il y a eu de belles citations, à moi d’en rajouter une, bien naïve également : Montaigne évoquait le miel que l’on se fait à puiser dans les enseignements et les ouvrages des autres.
Bon entre nous, je suis en train de relire tous les Tintin en ce moment pour ma fille, et bien je vous confirme que Tintin ne bouge pas, qu’il vieilli, qu’il pâlit, que le mythe ne prend pas… Faute d’images nouvelles, faites par des fans (et non des requins du commerce), les lourdeurs ou les manques de la série sont moins pardonnés/oubliés par les bons éléments.
Bon, il est vrai que je ne vis pas tout à fait dans un monde où l’argent vaut plus que les gens et que la culture n’est qu’une source de richesse qui s’exprime en dollar. Je suis assez bête pour rêver …
Et si …
Ce qui s’achète, c’est ce qui existe physiquement, que le numérique soit vu comme un moyen d’échange et de diffusion (dans le sens de faire connaître) et qu’on applique le prix libre pour le numérique . Par exemple pour le musique, je télécharge, il y a des artistes qui sont gagnant car je vais les voir en concert, je parle d’eux autour de moi etc, yen a d’autre, que j’aurai pas acheté ni en cd ni en concert, et il y a une autre catégorie : j’aime beaucoup, mais je n’irai pas les voir en concert et je n’achèterai pas les cd (j’ai plus de lecteur), mais ces derniers me plaisent en me nourrissent et bien s’il y avait un moyen de leur reverser des sous en prix libre, je le ferai sûrement de temps en temps…
Naïve, je vous dis.
Bravo pour votre sang-froid lors de l’émission. Mille sabords je ne sais pas si j’aurais pu me retenir devant cet espèce de bachi-bouzouk, ce vieux cachalot, Marin d’eau douce !…Mussolini de carnaval !…Hurluberlu !.. PIGNOUF !.. ZOUAVE !…
Ouha! 2 ans l article? J suis lent à la détente!
Mais le thème sera toujours d actualité…
Le vrai problème de tout artiste professionnel, c est sa remuneration.
Je suis loin de maitriser les references que vous citez, et d ailleurs je viens d en decouvrir un nombre consequent grace a vous.
Cependant, je ne suis pas ignorant de tout…
Tout d abord, je tiens a dire que je comprends parfaitement la crainte principale de l artiste: se faire voler ou spolier son oeuvre. Tant d artistes se sont fait avoir par les si genereux investisseurs… Surtout dans le domaine musical avec des maisons de disque qui magouillaient (magouillent encore?) des contrats juridiquement subtils pour aspirer tout le benefice engendré par l oeuvre de celui qui etait si peu rétribué.
Cependant, le « piratage » ne me choque pas. Deja parce que les oeuvres les plus piratee sont paradoxalement les plus rentables. Ce sont les blockbusters cinematographiques, ou les album de musique classés dans les meilleures ventes. Ou des gens les plus connus… C est pas forcement vrai pour tout, mais quand meme… Comment connaitre un artiste dont on a jamais entendu parler? Comment croît la notoriete d un artiste? Par la critique de presse et sa capacite a plaire ( c est a dire a vendre).
Alors ma question est simple: pourquoi un individu considererait qu il vole un artiste lorsqu il telecharge un son qu il vient d entendre a la radio? Quelle est la difference fondamentale entre le telechargement et l enregistrement sur cassette au moment de la diffusion du titre? En quoi un individu vole t il un artiste en telechargeant un film qui est passé a la television ou qu il est allé voir au ciné?
Parce que c est ca que je trouve dingue dans ce genre de debat: pourquoi certains artistes se sentent ils volés alors meme qu ils vivent plus que bien de leurs oeuvres? Pourquoi un type qui a accepté que son oeuvre soit integralement diffusee (et rediffusee) sur la television publique tousse autant parce que les gens ne veulent pas payer les DVD? Et les gens qui lancent l enregistreur numerique au moment de la diffusion sont ils des pirates a ses yeux? N a t il jamais lui meme enregistré un titre a la radio ou un film a la tele?
Alors maintenant, chacun sa conception des choses, mais la mienne c est qu un artiste ne peut pas vivre ad vitam eternam d un travail qu il a fourni a un instant T sans accepter de fournir un effort supplementaire. Je m explique. Un peintre qui cree une toile a deux options: soit il la garde pour lui, l expose lui meme et se remunere sur la billetterie; soit il vend sa toile et perd le controle de l avenir de son oeuvre. Et tout artiste, dans tous les domaines, est confronté a ce choix fondamental: garder le controle total sur sa creation ou le ceder. Et je ne parle meme pas du fait qu en France, pour ce qui est de la creation audiovisuelle, des aides substancielles sont distribuee a la pelle pour financer tout type de projets, ce qui pourrait en faire, presque de fait, la propriete exclusive… de tous les contribuables^^ (ok, c est tiré par les cheveux)
Bonjour,
Je me nomme Clara, suite au problème vue sur les sites de rencontre, je viens pour intervenir et faire comprendre a toute personne ayant été victime d’une d’escroquerie ou d’une arnaque par e-mail ou par Internet qu’ils peuvent comme moi porter plainte auprès du Service Cybercriminels qui m’a permis de rentrer en possession de mes sous perdu plus un dédommagement sur une courte durée. Je vous laisse l’adresse ci-dessous:
Mail : servicecybercriminels@caramail.com / servicecybercriminels @caramail .com
Vous contribuerez à la lutte contre la criminalité.