Crowdfunding sans licences libres = piège à gogos ?

J’ai déjà écrit à plusieurs reprises sur le financement participatif (crowdfunding), notamment pour montrer qu’il pouvait constituer un modèle économique intéressant pour financer la création d’oeuvres placées sous licences libres ou de libre diffusion. Le financement en amont permet en effet de lever tout ou partie de la réservation des droits, le créateur s’engageant à mettre en partage son oeuvre si l’opération est réussie. C’est un modèle équitable où le public reçoit en retour de ce qu’il donne et on trouve déjà des cas extrêmement intéressants d’articulation entre les licences Creatives Commons et des plateformes de crowdfunding comme Kickstarter ou Ulule.

Le crowdfunding, toujours un cercle vertueux ? Voire ! (Par Rocio Lara. CC-BY-SA. Source : Flickr)

Le crowdfunding connaît par ailleurs un véritable essor en ce moment. Kickstarter vient encore d’enregistrer une nouvelle année record aux États-Unis et le décollage paraît également se manifester en France, à tel point que le gouvernement envisage un encadrement législatif du financement participatif. Mais j’ai vu passer ces derniers temps un certain nombre d’exemples qui me font m’interroger sur les liens entre le crowdfunding, le droit d’auteur et les licences libres, dans le cadre de la production d’oeuvres de type livres, films, musique, jeux vidéos et autres créations culturelles. Certes le crowdfunding est intéressant pour financer des oeuvres libres, mais est-il à l’inverse logique, ou du moins équitable, qu’une oeuvre financée grâce aux dons du public soit ensuite diffusée de manière propriétaire sous un régime de « copyright :  tous droits réservés » ? N’y a-t-il pas là une sorte de perversion de ce système, si ce n’est même d’arnaque fondamentale, dans la mesure où la notion de risque financier associée à la création s’estompe et parfois même disparaît complètement ?

Ce sont des questions qui méritent à mon sens d’être posées.


L’information qui m’a fait tiquer à propos du crowdfunding est celle du succès considérable de la campagne de financement du film « Veronica mars » sur la plateforme Kickstarter. L’opération a permis de lever près de 6 millions de dollars auprès d’une communauté de fans qui souhaitaient voir cette héroïne revivre sous forme de film, alors que la chaîne The CW avait décidé en 2007 de mettre fin à la série la mettant en scène. Grâce à cette manne, un film a pu être produit et il sortira aux États-Unis en mars prochain.

Jusque là, on pourrait penser qu’il s’agit d’une belle histoire. Mais ce film n’a rien d’une production indépendante. C’est Warner Bros qui est aux commandes du projet et les fans qui ont très largement contribué à ce qu’il se concrétise vont devoir payer pour voir le film en salle ou ensuite sur Internet. Sollicité en amont du processus de création, le public le sera aussi en aval lors de la diffusion. Et pire encore, les fans français devront se contenter d’une sortie en VOD, Warner Bros. ne voulant pas « prendre le risque » de faire paraître en salle le film dans un pays où Veronica Mars est peu connue. Mais où est la prise de risque puisque le financement a déjà été assuré en amont ? Par ailleurs, le film sortira sous copyright, aussi propriétaire que toutes les oeuvres produites par la Warner. Il ne sera pas partageable en ligne et restera protégé pendant des décennies.

Ce qui me paraît assez dérisoire dans ce type de processus, c’est le « miroir aux alouettes  » constitué par les contreparties offertes aux contributeurs en échange de leurs dons, détaillées ici par Numerama :

Alors qu’il demandait « seulement » 2 millions de dollars, Thomas a obtenu 5,7 millions de dollars de la part des 91 600 internautes qui pouvaient précommander un tshirt de Veronica Mars, une copie du script, une copie téléchargeable du film (quelques jours après la sortie en salle), une entrée à une conférence dédiée aux fans, une vidéo personnalisée enregistrée par un acteur de son choix, ou encore un accès au tournage.

Les plus généreux (8 000 dollars de « don ») pouvaient aussi choisir le nom d’un personnage du film, être figurant dans une scène, et déjeuner avec l’équipe du film. Pour 10 000 dollars, un donateur a même pu jouer une scène avec une ligne de dialogue à dire, dans laquelle il (ou elle) incarne un serveur apportant l’addition au couple formé par Veronica Mars et son petit ami.

Aucun des internautes-contributeurs ne sera cependant intéressé financièrement au succès du film.

Il existe en effet des formes de financement participatif où les contributeurs deviennent véritablement co-producteurs et acquièrent des parts dans le projet, avec un retour financier au cas où des bénéfices seraient réalisés (MyMajorCompany ou TousCoProd en France). Dans ce cas, on reste dans un schéma de prise de risque relativement classique. Mais lorsque l’on est dans une logique de dons, les contreparties apparaissent plutôt comme de la « verroterie », destinée à satisfaire l’égo des individus, mais qui « dupe » littéralement le public d’un point de vue collectif, puisque l’oeuvre reste verrouillée.

J’avoue que cette question du caractère équitable du financement participatif m’a aussi traversé l’esprit à propos du plus gros succès français en la matière : l’adaptation en films de la websérie « Noob », qui est parvenue à lever plus 680 000 euros sur la plateforme  Ulule.  Voilà typiquement le cas d’une oeuvre diffusée à l’origine en ligne sur YouTube dans un cadre amateur, qui aura été littéralement portée par sa communauté de fans pour atteindre une nouvelle étape. Mais au final, les trois films prévus suite à l’opération resteront sous un régime classique de droit d’auteur, sans que le public obtienne un juste retour.

Dans le domaine de la production de films ou de musique, comme dans celui de l’édition de livres, la protection au titre de la propriété intellectuelle est en partie liée dans sa légitimité au fait qu’un risque économique soit assumé par un acteur pour que l’oeuvre advienne à l’existence. Avec le crowdfunding, on n’est pas en présence d’oeuvres « à compte d’auteur », mais d’oeuvres « à compte du public ». Et il paraît incohérent que les créations, au terme des opérations de crowdfunding réussies, rentrent comme les autres dans une logique propriétaire.

A titre de contre-exemple dans le domaine du cinéma, je voudrais citer à nouveau l’exemple du film Le Cosmonaute du producteur espagnol Riot Cinema, paru l’an dernier.

Financé en partie par le biais du crowdfunding, ce film a été diffusé dès sa sortie directement en ligne sous licence Creative Commons et les créateurs de cette oeuvre avaient nettement pour intention que les droits du public, parce qu’il avait participé au financement de l’oeuvre, devaient être élargis en retour :

Nous croyons que notre public/nos utilisateurs/nos fans devraient avoir le droit :

  • D’être en mesure de décider quand, comment et où ils veulent voir le film ;
  • D’avoir au moins une option pour le regarder gratuitement (pour leur laisser décider par eux-mêmes si cela vaut la peine de payer pour cela ou non) ;
  • De pouvoir le partager avec leurs amis et le copier autant de fois qu’ils le voudront ;
  • De pouvoir le projeter en public avec des gens qu’ils connaissent ou d’autres personnes ;
  • De pouvoir le modifier s’ils le souhaitent, créer leurs propres versions, de nouvelles narrations et d’autres projets à partir d’éléments du film.

Le Cosmonaute prouve d’ailleurs que les choses peuvent ne pas être toute noires ou toute blanches. Le film a été financé seulement en partie par du crowdfunding sous forme de dons. Les internautes pouvaient aussi prendre des parts dans la production avec intéressement à partir d’un certain seuil versé et, grâce à la réservation de l’usage commercial (licence CC-BY-NC-SA), Riot Cinema n’a pas renoncé à la diffusion en salle de cinéma ou sur les chaînes de télé, ni à vendre des produits dérivés tirés de l’univers du film. Il n’en reste pas moins que ce modèle économique hybride fait une large place aux droits du public et au partage.

Malgré ces potentialités, des informations qui ont circulé ces derniers jours me font hélas penser que l’on risque d’assister de plus en plus à une dérive « propriétaire » du crowdfunding. Le rapport Bonnell est en effet paru hier, portant sur la question du financement du cinéma français, très attendu après les polémiques allumées l’an dernier par Vincent Malaval à propos des dysfonctionnement de la filière. Or parmi les 50 mesures avancées, l’une d’elles recommande de faciliter le recours au financement participatif (sans rien dire bien entendu des licences libres, à cet endroit ou à un autre). Mais dans le même temps, une autre étude réalisée par BFM Business a révélé une information assez sidérante : seulement un film français sur 10 aurait été rentable en 2013. J’avoue avoir été frappé par ce chiffre, car cela signifie dans une certaine mesure que 90% du cinéma français n’a tout simplement pas de modèle économique viable… Il est clair que ce qui fait tenir le cinéma dans ce pays, ce sont avant tout les subventions massives d’argent public et les redirections de taxes diverses et variées que reçoit ce secteur très protégé. Mais cela veut aussi que le modèle classique du droit d’auteur en réalité N’EST PAS un modèle économique, malgré le discours sans cesse rebattu qu’il est indispensable que la protection du droit d’auteur soit maximale pour permettre le financement de la création. Le rapport Bonnell a même le culot de recommander encore un surcroît de mesures répressives du partage en ligne

J’ai souvent entendu dire que la faiblesse de la Culture libre était de ne pas permettre de rémunérer les créateurs. Mais la vraie différence entre le cinéma libre et le cinéma propriétaire tient au fait que les subventions pleuvent sur le second, alors que le premier doit trouver ses financements à partir de zéro. Dans ce contexte, voir le rapport Bonnell recommander le recours au crowdfunding me paraît assez cocasse, surtout si l’appel au public se traduit par des films cadenassés par le droit d’auteur. Et plus largement, on devrait même se demander s’il ne serait pas justice qu’un secteur aussi dépendant de l’argent public que le cinéma français aboutisse au moins en partie à des oeuvres placées sous licences ouvertes ! Ce serait logique et légitime qu’une filière spéciale au CNC par exemple soit dédiée au soutien du cinéma libre.

Un dessin qui vaut mieux qu’un long discours : le financement du cinéma en France…

Pour revenir au crowdfunding, j’ai également relevé cette semaine le beau billet de Jean-Noël Lafarge sur son blog, intitulé « pourquoi donner ». Grand adepte du financement participatif, il y explique que le crowdfunding correspond pour lui à une forme de consommation éthique, lui permettant de soutenir des projets incarnant des valeurs qu’il souhaite défendre :

Chaque fois que l’on achète un poireau ou un céleri au maraîcher-producteur qui fait pousser ses légumes à dix kilomètres (j’en ai un comme ça), on échappe au circuit complexe de la grande distribution, à son impact écologique et au coût social souvent exorbitant de ses bas prix. Quand on donne dix euros à un ami d’ami qui monte sa petite boite, on réduit la puissance de grosses sociétés, et on participe au succès de quelqu’un qui viendra peut-être nous aider le jour où nous aussi nous aurons un projet. Faire un don à une société qui développe les logiciels libres que nous utilisons chaque jour, c’est aussi un moyen de leur permettre de vivre et de prospérer, non pas au sein du contexte commercial concurrentiel auquel ils veulent échapper, mais dans l’intérêt des utilisateurs. Chaque fois qu’on investit dans quelque chose que l’on trouve bien, on améliore le monde.

Dans le domaine de la création d’oeuvres culturelles, il me semble essentiel de faire le lien entre le crowdfunding et les licences libres, sous peine que l’apparente générosité de la démarche ne se transforme en un véritable piège à gogos, permettant au système de perdurer avec tous ses défauts. Le public a des droits culturels qui devraient être reconnus de manière générale par la législation. A fortiori lorsqu’il est sollicité en amont pour participer au financement des oeuvres, une ouverture devrait être mise en place pour rendre au public ce qui lui revient, et pas seulement sous la forme de quelques récompenses « gadgets » à destination des individus…

Pour terminer ce billet, je voudrais vous inciter à donner pour deux projets intéressants qui s’inscrivent dans des rapports équitables entre les créateurs et leur public.

Le premier est celui des manuels scolaires sous Creative Commons de Yann Houry, professeur de français, qu’il diffuse gratuitement sur son site « Ralentir Travaux« . Ayant choisi à l’origine une licence Creative Commons comportant une clause NC (Pas d’usage commercial), Yann a décidé à présent d’aller plus loin dans le sens de l’ouverture en faisant passer ces manuels de français sous la licence libre CC-BY-SA. Mais il a besoin pour continuer à produire des contenus de qualité de renouveler son matériel informatique et il a lancé à cette fin un appel aux dons. Vous pouvez d’ores et déjà donner sur le site, mais un projet de crowdfunding sur une plateforme spécialisée est visiblement en cours de lancement. A suivre !

Le second projet que je vous recommanderai de soutenir est celui de l’auteur de nouvelles fantastiques Neil Jomunsi. Celui-ci s’est lancé le défi un peu fou d’écrire une nouvelle chaque semaine pendant un an, soit 52 pièces au final. Intitulé « Projet Bradbury » en hommage à l’auteur des Chroniques martiennes, le projet de Neil peut être suivi au jour le jour sur un site hébergé par Actualitté. Neil vend ses nouvelles sur différentes plateformes et il propose aussi une souscription de 40 euros pour s’abonner à l’ensemble du projet et recevoir un texte toutes les semaines. Ce qui est très intéressant dans sa démarche, c’est que bien que s’inscrivant à l’origine dans le cadre du « copyright : tous droits réservés », Neil en est venu au fil des semaines à réfléchir sur le partage et sur son propre modèle économique, pour placer son projet sous licence Creative Commons (CC-BY-NC-ND). L’expérience change à présent de nature pour s’inscrire dans la mouvance de la Culture libre. Il ne s’agit pas à proprement parler de crowdfunding, mais je vous incite vivement à soutenir cet auteur en souscrivant un abonnement. Vous ne le regretterez pas, car ces nouvelles sont excellentes et sa plume ne fait que gagner en qualité à mesure que le projet avance.

Je soutiens ces deux projets, car je pense comme Jean-Noël Lafarge qu’il importe en matière culturelle de « voter avec notre porte-monnaie ». A vous de jouer également ! Mais n’oubliez pas la prochaine fois que vous participerez à une opération de crowdfunding de vous demander si les droits du public sont bien respectés ou si on est en train de vous prendre pour des gogos !

Mise à jour du 17/03/2014 : Ce qui se passe autour du film « Veronica Mars » cité dans ce billet confirme qu’il y un véritable problème dans le crowdfunding « propriétaire ». Les fans qui ont soutenu financièrement la réalisation de ce film se sont vus retourner des fichiers numériques assortis de DRM, qui ont empêché certains de pouvoir le visionner dans de bonnes conditions. Un exemple encore qui prouve l’importance de développer, pour les internautes comme pour les plateformes, un crowdfunding « éthique » et cela passe par le recours aux licences libres ou de libre diffusion.


29 réflexions sur “Crowdfunding sans licences libres = piège à gogos ?

  1. Merci pour cet article, je suis en tout point d’accord
    si l’on veut que cette solution alternative de financement s’installe dans la durée et devienne viable et concrète doit aller au-delà du don, de la souscription ou préachat ..en particulier sur des projets d’aussi grandes envergures. Pour recevoir, il faut d’abord s’avoir donner, faire confiance et surtout savoir demander en créant un lien fort.

  2. Je ne saurais être plus d’accord avec toi ! La communauté ne devrait financer que ce qui lui revient, par le biais des licences. Comme je l’écrivais en aout, c’est un probleme existant aussi dans le crowdsourcing.
    Merci pour cet article !

  3. Petite correction : « les fans qui ont très largement contribué à ce qu’il se concrétise vont devoir payer pour voir le film en salle ou ensuite sur Internet. »

    Ayant contribué à ce financement participatif, à hauteur de 35$, je vais recevoir, entre autres, une copie digitale du film dès sa sortie, je n’aurai donc pas à repayer pour le voir sur Internet ni à acheter le DVD.

    Au ciné oui (c’est logique), mais vu qu’apparemment il sortira en France directement en VàD…

  4. De très bons arguments. En complément :

    – Nous manquons encore de concepts pour penser le financement participatif. Nous avons, il faut le dire, une grosse catégorie fourre-tout pour le moment.
    Alors qu’il s’agit bien sur d’un large ensemble de relations sociales nouvelles (ou actualisées) et non pas *d’une* nouvelle relation.
    Exemples:
    * Contribution aux communs (j’ai financé 2 projets open source sur Kickstarter cette année et un livre en CC),
    * mécénat de foule (comme à la renaissance. j’ai financé The Illusionists car je voulais que ce documentaire existe. J’ai payé pour soutenir financièrement la réalisatrice.),
    * investissement dans des projets entrepreunariaux purs avec ROI (avec les plateformes de crowdseed qui démarrent),
    * pré-achat de produit (qui permet aux designers de tester l’existence d’un besoin et donc de couvrir des niches)

    Il me semble qu’il faut évaluer chacun de ses modes selon leurs propres critères internes.
    Au niveau le plus général, basique, nous pouvons le définir comme de l’accès au capital via le web, c’est à dire une étape de plus après l’accès aux documents, l’accès aux personnes et l’accès aux espaces de travail commun. Ces accès ont des modes très variés aujourd’hui. L’accés au capital devrait suivre le même chemin.

    – La puissance de la GPL et des Creative Commons est de n’avoir pas eu besoin que *tout* soit libre pour modifier la relation auteur/utilisateur.
    Mieux encore, tout en étant optionnelle, choisies par une fraction des créateurs eux même, elles ont profondément changé notre rapport respectivement aux logiciels et aux créations de l’esprit. La GPL a 12 ans d’avance sur les CC, et donc on sent bien plus l’impact dans le monde logiciel. Mais il est déjà réel dans la création visuelle et sonore.
    Soutenir l’émergence d’une minorité de beau projets de films en licences libres, totalement à côté des circuits existants, mais en flux constant, peut suffire à recomposer progressivement le paysage, en particulier en faisant affluer vers ces nouveaux circuits tous les créateurs qui n’accèdent pas aux subventions mais dont les œuvres sont « Aux Frais des Artistes ». Un FundCamp communautaire pour préparer et apprendre à lancer une campagne de financement participatif permettrait par exemple de lancer 10 ou 20 projets à chaque session (sur un modèle s’inspirant des hackathon, des séminaires pour activistes et des accélérateur de startup).

    Car, souvent, donner aux créateurs la *possibilité* de mettre leurs contenus en CC fait basculer les choses (exemple classique, Flickr !).
    J’ai demandé par exemple il y a quelque mois à Leanpub de rendre plus simple et plus visible le fait qu’un livre est sous une CC. Fait ! Le badge CC est actif chez eux.

    Nous pourrions simultanément demander aux plate-formes de financement d’intégrer le badge CC avec microformat. Ainsi les projets en Creative Commons serait plus facilement identifiables.

    TooLong;DidntRead: Il y a et aura une grande variété de mode de financement participatifs. Créer de bons exemples et de bons précédents permet de changer le sens commun.

    1. Oui, tu as raison, il faut bien distinguer selon plusieurs formes différentes de crowdfunding. Mon billet porte sur les système de financements par des dons, pas des formules d’investissements.

      Je suis d’accord avec toi également sur le fait qu’il faudrait faire apparaître plus clairement sur les platformes de crowdfunding les conditions de réutilisation des oeuvres financées par les dons. Kickstarter a un espace pour les projets en CC: http://www.kickstarter.com/pages/creativecommons Mais ce n’est tout de même pas très clair.

      On pourrait aussi également envisager des plateformes entièrement dédiées à des projets libres, pour lever toute ambiguïté. C’est le cas sur le site espagnol Goteo par exemple : http://goteo.org/lang=en

      Il manque d’ailleurs cruellement un « noeud Goteo » en France.

      1. Bonjour,
        Avant tout, merci pour cet article qui m’a permis de mieux comprendre ce que je pensais ! :D Merci aussi aux commentaires (y compris celui qui rappelle que selon la somme, la consommation peut être comprise : place de ciné, DVD, livre, etc.).
        J’ai participé à/soutenu différents projets… Au début, relatifs à l’indépendance (Nolife, NOOB…) ensuite, vu que j’apprécie énormément le monde libre, je me suis concentré sur les projets qui nous profitent à tous (roman de Pouhiou, manuels Debian et Ralentir Traveaux, recherche d’emploi Lolix, jeu Plee the Bear…).
        Tout ceci juste pour dire à Julien Dorra que j’ai demandé à Ulule d’ajouter un filtre pour la recherche de projets libres et qu’ils m’ont répondu que cette demande était trop faible pour qu’il la prenne en considération (c’était dit autrement), donc n’hésite pas à y ajouter ta voix ! ^^ Et Calimaq, OpenFunding est français (même si peu francophone) mais manque de projets intéressant et du coup, de financeurs… Ce serait bien que l’amélioration de Gimp ou le jeu Plee the bear soit financer afin d’attirer de nouveaux porteurs de projets.
        Actuellement, sans les appels de Framasoft, Linuxfr et autres toi, je trouve difficilement les projets libres sur Ulule car il n’y a pas de filtre à cet effet, du coup ce serait sympa que la communauté du libre s’axe un peu plus sur OpenFunding pour que cette dernière ne disparaisse pas et soit plus stricte sur les nouveaux projets (licences libres obligatoirement visibles sans avoir besoin de demander, par exemple) et multilingue (une traduction prise en charge par OpenFunding, par exemple) !

  5. Mais Veronica Mars est une superbe réussite pour tout le monde ! Vous écrivez à ce propos :

    « Mais lorsque l’on est dans une logique de dons, les contreparties apparaissent plutôt comme de la « verroterie », destinée à satisfaire l’égo des individus, mais qui « dupe » littéralement le public d’un point de vue collectif, puisque l’oeuvre reste verrouillée. »

    Du point de vue des fans : la vraie contrepartie est la création d’un film, qui n’aurait pas vu le jour sans leur don. Contrairement à ce que vous écrivez au sujet de leur égo (merci pour eux), la « verroterie » leur est aussi probablement assez indifférente, car des goodies pour fan de Veronica peuvent être achetés n’importe où. Aussi, les fans n’ont a priori aucun intérêt pour le succès ou l’échec commercial de Veronica Mars, du moment que le film voit le jour – il est donc quelque part logique qu’ils ne cherchent pas à capter les revenus potentiels de la diffusion du film.
    -> Bilan positif pour les fans.

    Du point de vue de Warner Bros : on parle d’une entreprise lucrative à qui on fait un cadeau. De leur point de vue, c’est du pain béni.
    -> Bilan positif pour Warner.

    Du point de vue du « public d’un point de vue collectif », dont je fais partie car je suis parmi les 99% des gens qui sont indifférent à Veronica Mars, mais qui veulent globalement encourager la création : pour une fois on n’a pas sponsorisé via des subventions la création d’une oeuvre ! C’est une amélioration pour nous aussi, du moins par rapport au modèle sous perfusion du cinéma à la Française…
    -> Bilan positif pour le public, qui pour une fois n’a pas eu besoin de financer la création d’un film à fonds perdus.

    Sinon, d’accord avec vous et les précédents commentateurs, le crowd-funding pourrait potentiellement permettre des modèles économiques avec une meilleure ouverture des droits… Mais il faut être content avec ce qu’on a déjà, et je vois dans l’exemple de Veronica Mars, une belle réussite pour tout le monde :)

    1. Je peux comprendre votre réaction, mais il y a deux choses à distinguer : le point de vue subjectif du fan qui veut qu’une oeuvre existe (et c’est bien sûr une motivation puissante et légitime), mais aussi le point de vue objectif global, qui fait que Warner, sans assumer de risque, va pouvoir ajouter une oeuvre protégée à 100% pour cent par le droit d’auteur, protégée pendant des décennies.

      Et là, je dis qu’il y a un problème et que si ce genre de choses se généralise, on aboutira à une dérive du crowdfunding.

      C’est un peu comme si la même chose que si quelqu’un disait : « j’adore les gros 4*4, je suis fan, je vois pas le problème à en acheter ».Sans voir les dommages collatéraux que sa « passion » provoque au niveau global.

  6. Bonjour Calimaq

    Mais au final, les trois films prévus suite à l’opération resteront sous un régime classique de droit d’auteur, sans que le public obtienne un juste retour.

    Au sujet de Noob, il me semble que le public a déjà obtenu un juste retour.
    Utilisation et visualisation gratuite de plusieurs saisons de Noob, sans aucune contrepartie.

    C’est tout à fait le modèle du shareware.
    On utilise, on teste, on paye si on est satisfait.

    Ce qui n’est pas le cas avec Veronica Mars, les gens ont payé d’abord, puis sont devenus fans.

    Pour le reste, d’accord avec toi, le crowdsourcing devrait avoir une contrepartie libre au niveau de l’oeuvre.
    Mais on sait bien que ce n’est pas le cas dans la majorité de la création artistique. L’époux ou l’épouse de l’artiste n’est pas crédité de quoi que ce soit. Même s’il y a soutien financier pendant les longues années de vaches maigres de l’artiste.

    Et je crois que tu ne vas pas assez loin non plus quand tu dis
    Le public a des droits culturels qui devraient être reconnus de manière générale par la législation.

    Comme pour les scientifiques, tout financement public devrait voir l’oeuvre produite passer en licence libre de manière automatique.

    Si c’est vrai pour la communauté scientifique, ce doit être vrai partout.

    Fin des perfusions, fin des soutiens financiers pour le seul profit du monde privé.
    L’Etat (et l’Etat, c’est nous) acquiert des licences libres.

    A se demander si une telle loi ne pourrait pas être rétroactive. :-)
    B. Majour

    1. « Comme pour les scientifiques, tout financement public devrait voir l’oeuvre produite passer en licence libre de manière automatique. »

      Aux États-Unis c’est le cas. Toute œuvre créée par un fonctionnaire dans le cadre de son travail est dans le domaine public (sauf timbres et médailles). C’est pour cela que sur Wikimedia Commons beaucoup d’œuvres viennent de services public américains (NASA, Maison Blanche, US Navy…). J’ai pas de statistiques mais je ne serais pas étonné que l’état américain soit le plus gros contributeur de Wikimedia Commons.

  7. Pour afficher ce que libère un projet, les marqueurs de Goteo sont bien pratiques. Surtout dès que l’on sort du crowdfunding de productions immatérielles. Il y a aussi les marqueurs développés par movecommons qui sont chouettes : http://movecommons.org
    Une belle évolution du financement participatif vers du financement régulier de projets et de personnnes est à suivre du côté de gittip.com. Le projet se défini comme la première entreprise ouverte (100% transparente et aux productions libres, service le moins cher possible, tout le monde a le droit de travailler à améliorer l’outil et demander une rémunération). Chose rendue possible car Gittip se fait lui-même financer par du don régulier en utilisant son propre service :)

  8. Attention, TousCoProd ne fonctionne plus sur la base d’une avance sur recettes, on parle toujours de « coprods » pour désigner les internautes qui font des dons, mais ils sont en réalité plutôt co-créateurs et n’acquièrent plus de parts dans les projets auxquels ils participent.
    Certains projets peuvent le proposer mais cela reste exceptionnel (ex: film « Thelma, Louise et Chantal »).

    1. Merci pour ces précisions. Est-ce que vous connaissez les raisons qui ont motivé TousCoProd pour changer ainsi de fonctionnement ?

  9. Il existe en effet des formes de financement participatif où les contributeurs deviennent véritablement co-producteurs et acquièrent des parts dans le projet, avec un retour financier au cas où des bénéfices seraient réalisés

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