Pepper et Carrot : une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat

Aujourd’hui, le premier tome d’une nouvelle série de bande dessinée intitulée « Pepper et Carrot » paraît chez l’éditeur Glénat et c’est un événement intéressant, qui montre comment la Culture Libre et l’industrie culturelle mainstream peuvent arriver à entrer en synergie, avec des bénéfices mutuels à la clé.

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Couverture de l’album « Pepper et Carrot : potions d’envol », chez Glénat.

Voici la manière dont Glénat présente ce nouveau titre sur son catalogue :

Au sein du monde merveilleux de Hereva, la jeune Pepper vit avec son chat Carrot dans une petite maison au fin fond de la forêt de Bout-un-Cureuil. Leur spécialité : faire des potions magiques ! Une activité qui comporte pas mal de risques étant donné que, chez eux, les préparations, incantations et autres invocations ont vite tendance à dégénérer… Partagez le quotidien mouvementé de cette Mélusine d’aujourd’hui dans une série d’histoires courtes au cœur d’un univers de fantasy fun et décalé fait de potions, de créatures, de magie… mais surtout d’humour !

Avec Pepper et Carrot, David Revoy a développé à l’origine un webcomic libre, gratuit et open-source, financé directement par ses lecteurs. Avec Glénat, ce projet original parait pour la première fois en livre, initiant une série d’albums au prix très attractif : 80 pages de BD pour moins de 10 euros !

Il y a maintenant un peu de plus de 2 ans que Pepper et Carrot est né sous la forme d’un webcomic publié par épisode sur un site internet par le français David Revoy. Le Framablog a consacré en décembre dernier une longue interview à cet auteur, qui se propose de sortir des sentiers battus et de bousculer les règles de l’édition traditionnelle, avec une certaine réussite comme vous allez pouvoir le constater.

Une BD Open Source en phase avec son public

Tous les épisodes de Pepper & Carrot sont publiés en libre accès sur Internet via le site de David Revoy et ils ont été placés depuis l’origine sous la licence Creative Commons BY (Paternité). Celle-ci est très ouverte, puisqu’elle autorise toutes les formes de réutilisation (y compris à caractère commercial) à condition de citer le nom de l’auteur. Non content de donner a priori son accord aux réutilisations, David Revoy les encourage et les facilite le plus possible, notamment en mettant à disposition l’ensemble des sources utilisées pour réaliser la BD (planches, croquis, artworks, scénarios, etc). Tous les fichiers qu’il offre ainsi en téléchargement sont en formats ouverts, ce qui est facilité par le fait qu’il utilise uniquement des logiciels libres  dans son travail.

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Comme pour un logiciel, les « sources » de Pepper & Carrot sont à télécharger pour être réutilisées.

L’auteur favorise également les usages transformatifs et les adaptations de son oeuvre et le public est au rendez-vous, car les reprises créatives sont déjà nombreuses. Pepper & Carrot a ainsi déjà été déclinée en dessin animé, en jeu vidéo, en puzzle, en fanarts, en application, en albums imprimés et même en personnages à réaliser en crochet ! A noter que certains de ces projets s’appuient sur la liberté d’usage commercial accordée par David Revoy, comme par exemple cette déclinaison en jeu vidéo qui s’est financée par un crowdfunding sur KickStarter, en toute légalité.

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Une page dédiée aux nombreuses adaptations de Pepper & Carrot sur le site de David Revoy.

C’est donc toute une communauté qui s’est fédérée peu à peu autour de Pepper & Carrot et son activité est particulièrement importante dans un secteur très utile pour l’auteur : celui de la traduction. Le site de David Revoy est ainsi disponible en 13 langues, grâce aux contributions de nombreuses personnes qui ont aidé à le traduire (y compris en hongrois ou en coréen). Concernant les épisodes en eux-mêmes (18 disponibles à ce jour), 468 traductions ont été réalisées en 33 langues, ce qui assure une diffusion extrêmement large à l’oeuvre, que peu d’auteurs doivent pouvoir revendiquer !

Un modèle économique « en circuit court »

Concernant son modèle économique, David Revoy s’est tourné vers le financement participatif par le biais de sites comme Patreon ou Tipeee. Ses lecteurs peuvent ainsi s’engager à lui verser une somme d’argent à partir de 1 € par épisode pour devenir « mécènes » du projet. L’auteur s’engage de son côté à ne pas publier plus d’un épisode par mois et cette formule lui permet de savoir à l’avance ce que l’épisode suivant lui rapportera. En décembre 2015, David Revoy expliquait au Framablog que les choses n’étaient pas simples et qu’il touchait « un petit SMIC pour autant d’heures de travail par semaine qu’il en est humainement supportable (sans congé, sans arrêts maladies, sans retraite)« . Mais la situation semble meilleure aujourd’hui avec 2430 dollars garantis chaque mois sur Patreon (soit 2170 euros environ).

Une page du site de David Revoy explique la philosophie de son projet, avec la volonté notamment d’établir des relations plus équitables entre l’auteur et son public, en passant par dessus les intermédiaires.

Or de tels revenus mensuels sont loin d’être négligeables dans un secteur comme celui de la bande dessinée, où la condition des créateurs se dégrade graduellement et où beaucoup ne peuvent plus compter sur leurs droits d’auteur pour assurer leur subsistance et se consacrer à leur art. La BD paraît pourtant florissante en France, mais elle connaît en réalité une véritable crise de surproduction, bien décrite dans cet article de FranceTV dont j’extrais ce passage :

Un auteur est payé en « avance sur droits » qui représentent 8 à 10% du prix hors taxe d’un album. Dans le cas où un album compte un dessinateur, un scénariste, un coloriste, ce pourcentage doit être partagé. Par le passé, les avances étaient versées régulièrement, en fonction de l’avancement de l’album. Désormais, face à la masse de nouveautés (plus de 500 nouveaux albums par mois), de plus en plus d’éditeurs versent des forfaits, où la notoriété de l’auteur est prise en compte. Les forfaits alloués sont de plus en plus maigres (moins de 5000 euros pour les jeunes blogueurs-auteurs) et ne tiennent pas compte de la durée de réalisation d’un album qui est souvent supérieur à un an et demi.

Une fois l’album publié, l’éditeur se paie sur la vente des albums. Et pour que l’avance sur droits soit remboursée, il faut vendre près de 15 000 albums. L’auteur, lui touche entre 0,50 à 1 euro par albums vendus. Pas de quoi s’enrichir…

Résultat : près de deux tiers des auteurs touche moins que le smic, voire le RSA, pour un métier qui mobilise quinze heures par jour, sept jour sur sept. Et quand l’album est sorti, il faut faire la tournée des salons pour aller dédicacer gratuitement des albums dans toute la France. Ajoutez à cela, la hausse des cotisations retraite (voire article en lien) et on comprendra que la coupe est pleine !

Du coup, on se rend compte que David Revoy, bien qu’ayant renoncé à toucher des droits d’auteur avec la licence pour laquelle il a opté, s’en tire plutôt bien en termes de rémunération grâce aux donations directes du public. Et la publication d’un album chez Glénat va encore contribuer à améliorer sa situation, même si elle ne va pas emprunter non plus le chemin classique d’un contrat d’édition.

Un partenariat éditorial d’un genre nouveau

Comme on l’apprend dans ce billet publié par David Revoy sur son site en juillet dernier, l’éditeur Glénat, un des poids lourds du secteur de la bande dessinée, va procéder à un tirage en 10 000 exemplaires d’une compilation des 11 premiers épisodes de la série (soit un album de 80 pages). Il s’agit d’un tirage conséquent, quand on sait que la moyenne en France se situe plutôt autour des 3000 exemplaires pour une BD de ce type. J’imagine que beaucoup de jeunes auteurs doivent rêver de se faire remarquer par un éditeur comme Glénat et il est incontestable ici que la libre diffusion sur Internet a aidé David Revoy à se faire connaître, tout en montrant à l’éditeur qu’il existait un public pour les histoires qu’il racontait.

Artwork de Pepper & Carrot. CC-BY.

Ce qui est intéressant avec ce projet, c’est que l’auteur comme l’éditeur ont entièrement accepté de jouer le jeu de la licence libre sous laquelle Pepper et Carrot est diffusé. La publication chez Glénat intervient en effet sans signature d’un contrat d’édition classique : ce sont les clauses de la licence Creative Commons BY qui régleront entièrement les aspects juridiques. Cela signifie que Glénat a pu librement reprendre les contenus publiés par David Revoy sur son site, sans autorisation préalable et sans obligation de lui reverser un pourcentage du prix de vente des albums, comme c’est le cas lors d’une cession de droits classique d’un auteur à un éditeur. Mais de l’autre côté, Glénat accepte que l’oeuvre reste sous licence Creative Commons CC-BY, sans exiger l’octroi d’une exclusivité. Cela veut dire que les fans pourront toujours continuer à bénéficier des libertés octroyées par la licence et que des tiers commerciaux pourront aussi réutiliser ces contenus, soit directement pour les publier en albums, soit pour en réaliser des oeuvres dérivées.

Jusqu’à présent, j’avais déjà vu des exemples d’auteurs qui utilisaient les licences Creative Commons pour diffuser en ligne leurs créations, tout en parvenant à les faire publier chez des éditeurs traditionnels. C’est le cas par exemple de l’auteur canadien Cory Doctorow, qui depuis des années diffuse de cette manière les versions numériques de ses romans sur Internet, dont certains ont reçu des prix internationaux importants. Les versions papier sont dans le même temps publiées par des éditeurs classiques, par exemple Gallimard en France. Mais Doctorow utilise pour ses livres la licence Creative Commons BY-NC-ND (Pas d’usage commercial – Pas de modification). Elle lui permet d’autoriser la libre diffusion des fichiers par les particuliers, tout en continuant à accorder des exclusivités à des éditeurs pour la publication commerciale ou pour les traductions. Du coup, on reste finalement dans un schéma relativement classique, où l’éditeur fait jouer vis-à-vis de l’auteur un contrat d’édition, ce qui n’est pas le cas ici avec Pepper & Carrot.

Dans la dèche au Royaume enchanté, traduction française de « In and Out In The Magic Kingdom » par Cory Doctorow. L’ouvrage est publié chez Gallimard dans la collection FolioSF, alors que la version originale est diffusée par l’auteur sous licence Creative Commons sur son site.

Pour être tout à fait exact, Glénat va reconstituer une petite couche d’exclusivité sur l’album qu’il va publier. En effet David Revoy précise dans son billet que l’éditeur a effectué un travail d’adaptation graphique, en produisant une couverture originale, en modifiant les polices d’écriture et en ajoutant d’autres éléments pour conférer une identité visuelle propre à cet album. Ce faisant, il a produit une version dérivée de l’oeuvre et la licence choisie par David Revoy ne comportant pas de clause Copyleft (Share Alike ou Partage à l’identique) , Glénat va être en mesure de revendiquer un copyright valide. C’est ce qui fait la différence entre la philosophie de l’Open Source et celle du « Libre » au sens fort du terme, qui exige que toute version dérivée de l’oeuvre soit laissée sous licence libre. La marge de manoeuvre ici laissée à Glénat va lui permettre de s’opposer à ce qu’un concurrent reprenne à l’identique l’album qu’il a fabriqué. Mais les contenus originaux resteront bien sur le site de David Revoy sous CC-BY et pourront être librement utilisés, y compris par d’autres éditeurs.

Personnellement, je ne trouve pas que la démarche de Glénat visant à « re-propriétariser » le produit fini de l’album soit choquante, du moment que les sources restent par ailleurs libres et disponibles. Le comportement de l’éditeur reste éthique et vous allez voir qu’il l’est même encore davantage.

Un modèle d’édition équitable pour toutes les parties

Glénat a en effet choisi d’aller encore plus loin, en devenant volontairement mécène de David Revoy sur Patreon, avec 350 dollars versés chaque mois à la parution d’un nouvel épisode. Du point de vue juridique, l’éditeur serait absolument libre de ne pas faire ce geste, mais pourtant, il a choisi de soutenir financièrement l’auteur pour sa production à venir. Gageons qu’il ne s’agit pas seulement de philanthropie : Glénat a sans doute envie de pouvoir publier un tome 2 des aventures de Pepper et Carrot et la maison d’édition a donc décidé « d’investir » dans cet auteur en lui donnant de meilleures conditions de création. Ces 350 dollars versés par épisode chaque mois sont en réalité assez proches – sinon supérieurs – aux avances pratiquées généralement dans le domaine de la BD.

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Glénat figure à présent en tête des remerciements à la fin des épisodes de Pepper & Carrot, en raison du don mensuel qu’il effectue à l’artiste.

Ce mécénat volontaire vient bien sûr s’ajouter aux sommes versées par ailleurs par les individus qui soutiennent David Revoy sur Patreon ou sur Tipeee. Et le public finira aussi par s’y retrouver pour la version imprimée publiée par Glénat : l’éditeur a choisi en effet de la vendre à un prix de 9, 99 €, au lieu des 14,50 € généralement réclamés pour des BD de 80 pages. Il a donc choisi de déduire du prix de vente le pourcentage revenant normalement à l’auteur (et même plus, renonçant ainsi à grossir artificiellement sa marge). C’est une attitude éthique vis-à-vis de l’auteur et du public, qu’il faut aussi saluer.

Je dirais d’ailleurs que le financement participatif est particulièrement bien utilisé de manière générale en ce qui concerne Pepper & Carrot. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire à ce sujet, en faisant remarquer que dans le secteur culturel, le crowdfunding constitue hélas souvent un véritable « piège à gogos », faute de recours aux licences libres. Généralement dans ce genre d’opérations, le public est invité à financer une création, qui sera distribuée ensuite sous « copyright : tous droits réservés » (quand ce n’est pas avec des DRM…). Or quand le public a donné en amont, en amortissant au passage une grande partie des risques financiers liés à la création, il serait juste en aval que lui reviennent des droits d’usage élargis sur l’oeuvre, qui ne peuvent être garantis que par le biais d’une licence libre. Il est hélas rare que ce soit le cas, mais c’est la formule choisie pour  Pepper & Carrot, et le fait que Glénat puisse aussi bénéficier des libertés offertes par la licence va permettre d’apporter une valeur ajoutée supplémentaire, à la fois pour le public et pour l’auteur.

***

Au final, ce partenariat entre David Revoy et Glénat montre qu’il peut exister une relation intéressante, voire même « symbiotique », entre la production d’oeuvres sous licence libre et une industrie culturelle mainstream. Or c’est souvent une faiblesse pour la Culture Libre de ne pas pouvoir bénéficier des circuits de distribution traditionnels (voir par exemple le cas du film Le Cosmonaute, qui n’avait hélas pas réussi à se raccrocher à la diffusion en salle). L’auto-publication via internet est bien sûr une atout majeur pour les auteurs indépendants, mais les circuits commerciaux restent importants pour toucher un large public, spécialement dans un domaine comme celui de la BD où la matérialité des ouvrages imprimés compte encore beaucoup, malgré la progression du numérique.

Je ne peux donc que vous encourager à acheter cette BD en version imprimée pour conforter l’éditeur Glénat dans sa démarche et soutenir ce type de comportement éthique, mais aussi à aller soutenir David Revoy directement sur Patreon ou sur Tipeee (comme j’ai choisi de le faire), les deux gestes étant complémentaires. Il y a d’ailleurs une chose qui m’a particulièrement frappé : sur Patreon, qui s’adresse plutôt à un public anglophone, David Revoy est soutenu par 738 personnes, contre seulement 28 sur la plateforme Tipeee, plutôt tournée vers le public francophone. Heureusement que grâce à la traduction collaborative dont il a pu bénéficier, David Revoy n’a pas été obligé de compter uniquement sur le public français… Il reste manifestement des verrous culturels importants en France vis-à-vis de la Culture libre et plus généralement du renouvellement des rapports entre le public et la création.

Espérons que l’aventure de Pepper & Carrot puisse contribuer à faire bouger les lignes, car au final tout le monde sera gagnant : artistes, public et éditeurs.


168 réflexions sur “Pepper et Carrot : une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat

    1. Merci pour ce lien. C’est en effet une source très intéressantes de statistiques.

      On y apprend notamment que 53% des auteurs interrogés ont des revenus inférieurs au SMIC et 36% sont même au-dessous du seuil de pauvreté (avec de terribles inégalités en défaveur des femmes, de l’ordre de 25%). Plus de 28% déclarent ne jamais toucher d’avances sur droits. 71% des auteurs de BD sont obligés d’exercer un travail en parallèle à leur activité de création pour pouvoir subvenir à leurs besoins. 64% estiment que la promotion faite par leur éditeur est mauvaise. 66% pensent que leur situation va se dégrader encore dans les années à venir.

  1. Merci pour ce bel article, très documenté.
    Juste une remarque sur une citation:

    « Mais de l’autre côté, Glénat accepte que l’oeuvre reste sous licence Creative Commons CC-BY, sans exiger l’octroi d’une exclusivité. »
    Glénat n’a pas le pouvoir de prendre Pepper&Carrot exclusivement, donc il n’y a pas eu d’offre ni de négociation sur ce point. Ils ont du le prendre ‘tel quel’. En effet, un travail ‘libéré’ en CC-BY l’est de façon irrévocable et permanente. Aucune entité ne peu exiger une quelconque exclusivité dessus. Exemple: pas moyen pour un ou une artiste de retourner sa veste en changeant un contenu qu’il ou elle a libéré vers le monde fermé de la licence propriétaire. Ce serait soudainement mettre en porte-à-faux tous les acteurs ayant contracté avec lui ou elle par le passé. Ainsi, la licence protège de ce cas de figure par l’irrévocabilité. C’est donc une sacrée responsabilité de libéré un contenu :-)

    1. Bonjour David,

      Merci pour votre lecture et votre commentaire. Bravo pour votre démarche extrêmement stimulante et pour votre travail de création. Ça fait vraiment du bien de voir ce type d’exemples, cohérents de bout en bout.

      Concernant la licence CC-BY, vous avez tout à fait raison et je me suis mal exprimé. Mais j’apporterai un bémol. Il est clairement spécifié dans le texte de la licence que l’auteur peut choisir de changer de licence ou même d’arrêter de mettre à disposition l’oeuvre sous CC. Ces changements ne vaudront néanmoins que pour l’avenir : l’auteur ne peut pas remettre en cause des usages passés qui auraient eu lieu dans le passé, ni empêcher que circulent des versions de son oeuvre sous CC qui se seraient diffusées.

      Mais il y a quand même une certaine forme de « réversibilité » admise avec les CC, qui peut d’ailleurs être un peu problématique.

    2. Bien que très documenté, l’article semble ne pas vérifier tout ce qu’il dit, s’arrêtant à la surface de ses recherches.

      Si l’on suit le lien fournit dans « comme par exemple cette déclinaison en jeu vidéo qui s’est financée par un crowdfunding sur KickStarter, en toute légalité. » et que l’on poursuit, un malheureux petit clic, sur la page kickstarter du dit projet on s’aperçoit qu’il a été annulé. Si le projet n’a pas été interdit par l’auteur, et qu’il en a même fait la promotion sur son site, celui-ci n’a pas du tout rencontré le succès escompté à l’inverse de ce qui est dit dans l’article.

      Je n’ai ni la patience, ni le temps de vérifier chacune des autres infos ou sources, et je suis peut être tombé sur l’exception qui confirme la règle, mais cela amène à douter du reste de l’article.

      1. Merci pour cette vérification attentive, mais j’ai utilisé cet exemple pour montrer que des réutilisateurs utilisaient la liberté d’usage commercial accordée par la licence. Pas pour mettre en avant une réussite ou un échec.

        On en trouve un autre exemple ici avec ce projet de crowdfunding lancé sur IndieGogo qui cherche à réunir une somme pour réaliser une adaptation en animé d’un des épisodes http://www.peppercarrot.com/fr/article380/motion-comic-project-by-nikolai-mamashev

        Et qui donc là aussi, va s’appuyer sur la liberté de réutilisation commerciale découlant de la licence.

        1. Je me délecte d’être prise pour une idiote. Effectivement, je ne sais pas lire et le fait d’écrire « qui s’est financé » n’est pas du tout une formulation affirmative impliquant la réussite du dit projet.

          À moins que l’utilisation de la forme affirmative sur l’ensemble de l’article ne le soit qu’à titre d’exemple impliquant d’aller quérir le complément d’information soi-même ?

          Je remercie chaleureusement du reste l’ensemble des personnes qui ont pris le temps de commenter l’article car ils m’auront apporté plus de matière que celui-ci.

          Cordialement :)

      2. @Anonyme: Vrai. Ce projet ‘Chaosah Ball’ de jeu vidéo sur Kickstarter ne s’est pas auto-financé. Les créateurs de cette dérivation ont préféré annulé le projet avant l’échéance. Un autre projet de jeu dérivé https://github.com/WinterLicht/PepperAndCarrotRunningGame va bientôt sortir.

        Puisque ce billet prends de l’importance. Je vais reprendre plus méticuleusement les détails:

        1. « y compris en hongrois ou en thaïlandais »
        Hongrois oui, Thaïlandais non. Mais j’ai Chinois, Japonais, Coréen si l’effet était de cité une langue asiatique : http://www.peppercarrot.com/en/static6/sources&page=translation

        2. « L’auteur s’engage de son côté à publier un épisode par mois  »
        Je m’engage simplement à ne pas publié *plus* qu’un épisode par mois (de toutes manières, ça m’est techniquement impossible de faire plus d’un épisode par mois). C’est aussi un garde fou contractualisé pour assurer à mon audience et mes soutiens que je ne taperai pas dans la tirelire plus d’une fois par mois.

        C’est tout.

  2. L’éditeur a choisit de devenir mécène…
    Tout est dit…
    Donc, si j’ai bien compris, non seulement l’auteur a financé tout seul l’investissement jusqu’à obtenir l’équivalent d’un salaire et un public et il a abandonné tout droit sur ses créations.
    L’article donne à penser qu’il y a eu l’auteur, son public et un gentil éditeur qui paie sans y être obligé… Mais les sites de crowdfundig n’existeraient pas sans le travail de milliers d’auteurs qui resteront des crève la faim, Les maisons d’édition également se construisent jour après jour avec des centaines d’auteurs qui ne gagnent pas leur vie… Les éditeurs et le sens commun disent que ce sont les succès qui financent les bouquin qui se vendent à perte, mais en réalité, c’est l’inverse. C’est l’engouement, la passion, le travail de tous qui permet à quelques uns de tirer les plus gros bénéfices, … Lises le sociologue Pierre Michel Menger…
    Le recul il est là : la concurrence est telle que les auteurs réussissent à foutre en l’air le seul outil qui leur permettait de faire respecter quelques droits. Il ne faut pas se leurrer, c’est la fin du droit d’auteur. On voit que pour l’éditeur ça ne change rien, juste, c’est lui qui décide s’il verse une somme… ou pas! Sous couvert de « modernité », on risque de revenir à la situation d’avant le droit d’auteur.

    1. J’ai vraiment du mal à comprendre la rationalité de ce type de réactions, dont j’ai pu voir quelques exemples aussi sur Twitter depuis que j’ai posté ce billet.

      Essayons de prendre les choses dans l’ordre.

      Vous accusez donc cet auteur de « foutre en l’air le seul outil qui permettait de faire respecter quelques droits« .

      Mais visiblement, l’outil en question est déjà bien mal en point, si on observe les choses en écartant le voile idéologique dont ces questions sont entourées… Si l’on prend par exemple les derniers chiffres issus des Etats généraux de la BD (http://www.etatsgenerauxbd.org/etat-des-lieux/enquete-auteurs/), on apprend que 53% des auteurs interrogés ont des revenus inférieurs au SMIC et 36% sont même au-dessous du seuil de pauvreté. Plus de 28% déclarent ne jamais toucher d’avances sur droits. 71% des auteurs de BD sont obligés d’exercer un travail en parallèle à leur activité de création pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Et les inégalités hommes/femmes en matière de rémunération sont juste atroces (25% de déséquilibre…).

      C’est cela, « l’outil » miraculeux qu’il faudrait défendre ?

      Face à cela, nous avons un créateur qui a réussi à tisser une relation avec son public, lui assurant un revenu mensuel largement supérieur à la moyenne du secteur (et même 500 euros de plus que le salaire moyen en France de manière générale).

      Notez que je ne dis à aucun moment dans le billet que cette solution devrait être généralisée. Il appartient à chaque auteur de choisir le mode de gestion de ses droits qu’il estime le meilleur.

      Mais l’exemple de David Revoy devrait sérieusement inciter les créateurs à explorer d’autres voies, plutôt que s’en remettre au seul « Copyrightus Ex Machina »…

      ET il suffit que 800 personnes soutiennent directement un artiste pour lui assurer une rémunération régulière et décente, avec plus de sécurité et de prévisibilité que ce que l’on trouve dans le système traditionnel.

      Par ailleurs, étant donné que le crowdfunding, par définition, repose sur le don d’un grand nombre et non de quelques uns seulement, il est abusif de le décrire comme un « retour à la situation d’avant le droit d’auteur » (les artistes soutenus par quelques grands mécènes puissants – l’Eglise, des seigneurs, le roi – ce qui bridait leur liberté d’expression).

      Bref, ce serait bien d’arriver à voir cet exemple simplement pour ce qu’il est : une réussite dont on devrait se réjouir, car elle ouvre des perspectives positives, là où toutes les tentatives de rééquilibrage du droit d’auteur en faveur des créateurs ont pour l’instant échoué…

      1. je dis que ce système est plus injuste que l’actuel.
        Je ne suis pas conservateur, je serais prêt à changer de système demain matin si les représentants des différentes composantes de la filière se mettaient d’accord sur un nouveau système qui ne serait pas plus injuste que l’actuel.
        Malgré le droit d’auteur actuel, oui, les inégalités de traitements sont immenses. Contrairement à la « croyance » (lire Bourdieu, la fabrique de la croyance – sur l’économie artistique) ce sont les petites mains mal rémunérées qui font en sorte que l’économie soit rentable pour quelques « grands » artistes. Avec l’abandon du droit d’auteur, ce sera pire. C’est tout ce que je dis. Encore une fois, je suis bien content si ces auteurs sont contents. Je ne leur en veut pas personnellement.
        Ici, en l’occurrence, je fustige l’éditeur qui se dit « mécène » alors qu’il vient se faire du beurre sur des auteurs et un public qui a investi bien du temps et de l’argent.

        1. En quoi exactement Glénat se « fait-il du beurre » sur le dos du public et de l’auteur ici ?

          L’article de FranceTV que je cite dans le billet explique que les auteurs de BD touchent en moyenne entre 0,5 et 1 euros par exemplaire vendu.

          Ici, au lieu de vendre la BD 14,5 euros (prix moyen qu’il pratique pour une BD de ce type), Glénat baisse le prix à 9,99 euros. Cela signifie donc qu’il a baissé sa marge et même davantage que ce qu’il aurait dû faire.

          L’éditeur fabrique par ailleurs 10 000 exemplaires de la BD, ce qui constitue un tirage trois fois supérieur à la moyenne du secteur et il n’y a rien d’illégitime à ce qu’il rentabilise cette opération.

          Le public n’est donc aucunement spolié, ni l’auteur non plus, puisque Glénat participe au financement participatif à hauteur de 350 euros par mois.

          Le public pourra désormais bénéficier de la possibilité de lire ces histoires en format papier de qualité, sans pour autant perdre la liberté d’y accéder gratuitement en ligne, et – plus important encore – la liberté de partager cette oeuvre légalement et d’en faire des adaptations.

          La volonté de l’auteur que son oeuvre reste libre est par ailleurs respectée. Il gagne aussi une forte exposition en librairie, qui fera découvrir son oeuvre à davantage de personnes, avec sans doute de nouveaux soutiens financiers en crowdfunding.

          Toutes les parties gagnent et je ne vois rien qu’on puisse contester sur le plan de l’éthique des pratiques dans cette opération.

          1. Il se trouve que c’est l’une des premières fois, sinon la première fois qu’un éditeur de bande dessinée va pouvoir publier un livre sans verser un pourcentage sur les ventes ni en avoir financé la création.
            Maintenant vous pouvez habiller cette histoire avec autant de rubans colorés que vous voudrez, ce sont bel et bien l’auteur et le public qui auront financé la création en lieu et place de l’éditeur. Si l’éditeur fait un pari en vendant son livre moins cher en moyenne que les autres livres, c’est bien parce que quelqu’un a payé ce qui manque! Je ne vais quand même pas vous apprendre à faire des additions. Le tirage et le prix de vente sont toujours fixés par les éditeurs, il résulte d’un calcul complexe. là, en l’occurence, il fait plutôt le pari d’un tirage final élevé. Faisant des économies sur le tirage, il espère se rattraper sur les ventes aidé en cela par le fait qu’il n’aura que 350 euros à payer, et encore, parce qu’il le veut bien.
            (c’est éventuellement là que l’auteur aurait pu par éthique, refuser ce « mécénat », lui qui se prévaut de n’être payé que par ses lecteurs)
            Je ne remets aucunement en cause les motivations de l’auteur (c’est un combat qui s’apparente au mieux à une révolte contre l’économie du livre tel qu’il est, ou à une résistance au marché, au pire à un sacrifice à la passion ou une servitude volontaire)
            Deux choses me révulsent dans l’attitude de l’éditeur – Il enfonce un coin dans le bon vieux droit d’auteur qui sent le rance (et qu’il s’emploie avec d’autres à pourrir depuis une vingtaine d’année) – et il se targue de faire le « mécène » dans un renversement des valeurs qui est la signature des fripouilles.

    2. Donc, si j’ai bien compris, « 2016, un webcomic d’une petite sorcière et de son chat publié sous une licence Creative Commons suffisent à semer le chaos en France après qu’un éditeur décide de l’imprimer: plus de droit d’auteur c’est le retour d’une ère d’avant la convention universelle sur le droit d’auteur adoptée en 1952 » ?

      1. trois auteurs qui se posent des questions et vous en déduisez que c’est le chaos en France ? on se demande qui exagère…

  3. Je suis un peu consternée par cet article qui témoigne quand même d’une méconnaissance de l’économie du livre assez monumentale, malgré quelques articles picorés à droite à gauche. Vous établissez des biais qui faussent le résultat.
    Reprenons.
    D’un côté, un a un auteur qui a créé un univers et qui bosse comme un fou pour pas grand chose, malgré son succès (je n’imagine même pas le nombre d’années investies où il a dû bosser gratuitement) et de l’autre côté on a un éditeur qui compte parmi les plus grosses fortunes de France (il y a 4 ou 5 éditeurs dans ces 40 fortunes-là, pas un seul auteur, mais c’est sûrement un hasard) et dont le nom a été très largement cité dans les Panama Papers.
    Là, le « gentil » éditeur (qui a souvent maille à partir devant les tribunaux face aux auteurs, sûrement un autre hasard) balance une demie cacahuète à l’auteur (pour le tome 2 pas pour le tome 1 faut pas pousser) et se fait un gros pactole à côté, mais bien sûr, le système est équitable !
    Apprenez que 350 dollars, c’est moins que le prix d’une planche (et non pas d’une histoire complète !) versé traditionnellement pour le scénario/dessin/couleur par un gros éditeur, surtout sur ce genre de planche où il y a quand même beaucoup de travail. Comptez, pour un jeune pas tout à fait débutant (donc comme notre ami s’il était un poil moins connu), 80 euros pour la couleur, idem pour le scénario et 200 pour le dessin. Les tarifs pour du roman graphique ou du blog sont différents, c’est vrai. Et les petits éditeurs payent moins. Mais il faut comparer ce qui est comparable.
    Du côté de l’éditeur, n’allez pas imaginer qu’il n’est pas très largement gagnant sur l’affaire. La marge libraire se balade entre 30 et 35%, le distributeur prend 10 à 15 en moyenne. Glénat est son propre diffuseur, donc Glénat récupère environ 50% du prix. Un bouquin de 80 pages ne coûte pas beaucoup plus qu’un bouquin de 46 surtout pour une impression de 10 000. Calculons large : 1,5 par bouquin. Allez, j’arrondis gentiment : avec les taxes, on va dire que l’éditeur se récupère tranquillou 3 par bouquin (je pense qu’on est plus proche de 3,5 ou même de 4).
    L’éditeur ne court pas un gros risque : la BD a déjà son public ! Le rêve pour tout éditeur ! Et il va se faire une marge entre 15 000 (s’il manque de chance) et 40 000 euros les doigts dans le nez.
    Mais à part ça, le système est équitable, naturellement.
    Le pire dans cette histoire, ce n’est même pas l’auteur floué ou l’éditeur floueur (après tout, c’est plus ou moins dans l’ordre des choses), c’est qu’il y a des gens qui se posent en expert alors qu’ils n’y connaissent rien pour applaudir l’opération des deux mains !

    1. Merci beaucoup pour ces belles leçons. Je vous conseillerai cependant de lire attentivement avant de laisser ce type de commentaire enflammé… Glénat ne paie pas 350 dollars pour l’histoire complète. Il s’est engagé à verser 350 dollars par mois à David Revoy, qui en contrepartie s’est engagé à publier un épisode seulement des aventures de ses personnages. Or un épisode correspond grosse modo à une planche (parfois plus, parfois moins). Voilà déjà pour l’arithmétique… Et comment dire ensuite que l’éditeur ne prend ici aucun risque ? Il tire à 10 000 exemplaires une œuvre déjà disponible gratuitement sur Internet, donc pour laquelle personne n’est obligé au fond de payer. Et il le fera sans obtenir de droits exclusifs sur l’œuvre. Incontestablement, c’est une prise de risques. Ce qui me choque le plus dans les commentaires outrés qui sont postés sous ce billet, c’est qu’ils révèlent avant tout un grand mépris pour le choix fait à la base par l’auteur. Le droit d’auteur est autant un droit d’autoriser que d’interdire. David Revoy a fait un choix conscient et argumenté pour autoriser les usages commerciaux de son œuvre, en accord avec ses valeurs et ce qu’il voulait pour son œuvre. Glénat utilise en retour cette liberté qui lui était donnée. Quelle étrange conception du droit d’auteur, celle qui consiste à contester à un auteur le droit de décider ce qui peut être fait de son œuvre !

      1. Delcourt s’était déjà fait (avec d’autres) une spécialité de publier en papier des blogs gratuits qui étaient suivis par beaucoup d’internautes. On a donc un recul sur le fait que ces lecteurs n’enlèvent pas d’acheteurs de l’album. L’éditeur n’a pas les droits exclusifs sur plein de licences, ce n’est pas non plus un problème.
        Ensuite, j’ai lu l’interview que l’auteur a donné à Glénat
        http://www.glenatbd.com/actu/-interview-david-revoy-pepper-carrot-bd-open-source.htm
        l’une des hypothèses soulevées sur mon post FB est confirmée, celle d’un investissement sans limites de cet auteur passionné doublé d’un combat quasi politique pro « Open Source » (alors que sous couvert de modernité, on est juste revenu sur la place du marché en plein moyen âge quand les saltimbanques essayaient de vivre des pièces jetées par les passants).
        Personnellement je n’ai aucun mépris pour cette attitude, chacun entre sur le marché comme il peut. En revanche, j’en ai pour l’éditeur qui pourrait parfaitement verser une rémunération proportionnelle aux ventes. Mais voilà l’occasion est trop belle… Un album de BD publié en 2016 sans versement de droits d’auteurs ni proportionnels à la vente, ni forfaitaire… quelle aubaine!

        1. Ha oui, bien sûr ! Où avais-je la tête ? Cette glorieuse rémunération proportionnelle aux ventes tellement irréprochable que 53% des auteurs vivent avec moins qu’un SMIC et 36% au-dessous du seuil de pauvreté… Ce que vous dites en substance, c’est ceci : que l’auteur crève de faim, pourvu qu’il soit rémunéré à la proportionnelle, car c’est ce qui importe ! Et vous accusez ensuite l’auteur d’agir ici pour des motifs idéologiques ? Prenez donc un miroir ! Et au passage, c’est à présent pour le public que vous vous montrez plein de mépris, en comparant les dons que font les personnes qui soutiennent l’artiste tous les mois à des pièces que l’on jette à un saltimbanque. Désolé mais à ce stade, il va falloir commencer à parler de DRM mental…

          1. ne vous emballez pas, j’ai déjà dit que le système actuel est très injuste, j’ai déjà dit que je trouve la passion et le combat de cet auteur louable. Et en quoi aurais-je dit qu’une pièce jetée serait méprisable ? Elle n’est pas méprisable, elle est juste moins sûre qu’un pourcentage. Avec le système actuel tous les auteurs touchent un pourcentage sur les ventes. Et là, c’est la première fois qu’un auteur ne touchera pas de pourcentage… Si Glenat est revendu à Trucmuche, est-ce que Trucmuche versera ses 350 dollars?? Je ne défends pas mordicus le système actuel, je dis juste que ce coin enfoncé par Glénat est mortifère.

            1. De la discussion que j’ai eu avec l’auteur, il ressortait qu’un épisode n’était pas « une page » mais « un chapitre », soit une dizaine de pages. Donc non, votre calcul n’est pas bon.

              Et je rejoins Béhé sur le fond.

              Les problèmes que rencontrent les auteurs pour vivre de leur travail ne sont pas tant liés au paiement proportionnel qu’à un emballement de la profession qui a abouti à une baisse énorme des avances liées à une surproduction.
              Des règles de bonne conduite sur la pratique d’avances décentes pourraient décourager la surproduction et revaloriser la profession, mais les auteurs se prennent des portes dans la gueule dès qu’ils l’évoquent.

              En revanche on encourage ce genre de démarche qui se résume à: « abandonne tout, regarde les gens devenir riche sur ton dos, serre les dents et souris, et passe avec un chapeau. »

              1. Désolé, mais il suffit d’aller sur le site de l’auteur pour voir que les épisodes peuvent avoir des longueurs variables et certains sont largement plus du côté de la planche que du chapitre http://www.peppercarrot.com/en/article237/episode-2-rainbow-potions

                Par ailleurs, je trouve vos propos extrêmement inquiétants, car au fond, ils reviennent à dénier à un auteur le choix d’utiliser les licences libres et d’autoriser en connaissance de cause les usages commerciaux de son oeuvre, ce qui revient à nier le droit d’auteur que vous défendez par ailleurs, celui-ci étant autant un droit d’autoriser que d’interdire.

            2. > Je ne défends pas mordicus le système actuel, je dis juste que ce coin enfoncé par Glénat est mortifère.

              Ho le classique « le libre est mortifère »… On l’a aussi dans le logiciel libre, avec les mêmes pseudo-arguments.
              Si, en pratique vous défendez ce système que vous semblez adorer et ne pouvez quitter (vous le critiquez pour sa faible rémunération mais vous l’utilisez et ne voulez pas applaudir une personne qui casse vos préjugés genre « regarde les gens devenir riche sur ton dos » qui est vraiment des plus ridicules car si une personne est riche « sur votre dos » c’est juste que VOUS avez merdé), et le pire est que comme vous n’arrivez pas à comprendre l’éco-système du libre vous l’insultez plutôt que de chercher à le comprendre (comment une personne gagne de l’argent autrement que comme vous faites? Ca n’a pas l’air de vous intéresser, et tapez sur Glenat qui lui fait son taf et même plus).

              C’est triste qu’on en soit encore la.

              Longue vie à l’art libre, et j’espère qu’il arrivera à terme à rendre le non-libre inintéressant pour les acheteurs (qui y récupèrent si peu de droits, droits jalousement gardés par vous-même qui ne voudraient pas du tout laisser le soin à d’autres d’améliorer suivant leurs idées).

              PS : je ne suis pas objectif, je suis un « intégriste » qui fait du libre et parle de libre, tout en gagnant (plutôt bien) ma vie avec (certes pas dans l’art libre, mais le logiciel libre reçoit les mêmes insultes « vous êtes mortifères », et oui c’est une insulte, pas direct mais en sous-entendu).
              Au passage @bouletcopr votre site est sous WordPress et Linux, des logiciels « mortifère » que vous n’avez pas payé (c’est libre! et gratuit! Les auteurs crèvent la faim par votre soutien à du mortifère), vous devriez vous flageller et changer de logiciel si vous pensez vraiment ce que vous dites, sinon ça voudrait dire que vous avez une position « faites ce que je dis pas ce que je fais », et êtes en fait bien content du libre tant que vous pouvez l’utiliser gratos mais hors de question de faire pareil qu’eux quand c’est vos sous, comme par hasard…

              1. C’est le fait que Glenat n’octroie pas de rémunération proportionnelle que je trouve « mortifère ».
                Ce n’est pas parce que David ne demande pas de rémunération proportionnelle que Glenat ne peut pas lui verser. Si les auteurs publient sans demander d’argent, ça m’est complètement égal. Ici, c’est l’attitude de Glenat qui n’est pas moral.

                Si les nouveaux outils de diffusion et les licences CC permettent de se faire connaître du public, de se faire rémunérer – comme dans le système classique, très peu pour la plupart, beaucoup pour quelques uns – s’il permet également, via le crowdfunding, d’imprimer des albums et de les vendre directement d’auteur à lecteur sans intermédiaire, il ne permet pas d’accéder à la librairie. L’accès à la librairie est le seul verrou dont la clé est le bon vieil éditeur papier.
                Pour avoir son album papier en librairie il faut qu’un éditeur papier accepte de diffuser votre oeuvre (je ne parle pas de quelques exemplaire qu’un librairie sympa vous achète) mais d’une sortie nationale avec diffusion classique.
                Et nous voilà tous les auteurs, les anciens et les modernes sur un pied d’égalité. Pour tous se pose la question « que faut-il céder à l’éditeur papier pour accéder à la librairie ? »

                Vous pouvez avoir des dizaines de milliers de lecteurs sur le web, vous pouvez gagner votre vie grâce à des milliers et même des millions de donateurs, si vous voulez être dans le catalogue d’un éditeur renommé, si vous voulez avoir une diffusion dans le réseau des librairies vous devez obtenir l’accord d’un éditeur papier.
                Et cet accord, dites vous bien qu’il en est le seul décisionnaire et qu’il ne le donne jamais pour rien.

                La différence ici, c’est que l’assise économique conquise sur le net permet de baisser ses prétentions pour obtenir le feu vert de l’édition papier. Économiquement parlant, l’édition papier diffusé en librairie devient un support publicitaire qu’on peut alors brader ou même payer s’il le faut.

                1. > C’est le fait que Glenat n’octroie pas de rémunération proportionnelle que je trouve « mortifère ».

                  Ce que vous avez du mal à comprendre est que des gens, genre des gens qui font du libre ou qui en utilise, trouvent que la rémunération proportionnelle n’est pas la bonne méthode. Vous n’essayez même pas d’imaginer qu’on puisse penser différemment de vous.
                  Le fait que ce ne soit pas proportionnel est très bien! C’est l’intérêt du libre : on ne paye qu’une fois pour un travail.

                  Vous n’aimez pas et voulez rester dans le vieux modèle (que vous critiquez, c’est quand même bizarre; décidez-vous), soit. Mais pas la peine d’agresser à coup de « mortifère » un modèle qui ne vous plait pas. Vous pensez que votre modèle est mieux? Ben facile utilisez le (et arrêtez de le critiquer alors)! Et laissez les autres se planter (et si ils ne se plantent pas et gagnent leur vie avec le non proportionnel, c’est que vous vous êtes planté dans vos idées)

                  > Ici, c’est l’attitude de Glenat qui n’est pas moral.

                  La morale, c’est ce qui permet à des gens de contrôler les autres. C’est un outil de manipulation pour imposer aux autres.
                  Ici, c’est **votre** morale que vous voulez imposer à d’autres.
                  L’attitude de Glenat est 100% morale. Elle ne vous plait pas, soit (interdisez la pour vois), mais elle est morale (arrêtez avec votre morale que vous faites en synonyme de « ne me plait pas »). Glenat verserait 0€/mois que ça serait toujours moral.

                  Vous ne comprenez pas du tout la notion derrière le libre, vous devriez peut-être vous renseigner dessus avant de balancer vos préjugés dessus. Ici, un auteur est payé pour faire son art, un éditeur est payé pour faire son taf de diffusion à une autre échelle, tout est bien comme prévu par le libre (ou chacun ajoute une pierre à l’édifice, et où chaque entité peut être remplacée si elle fait trop cher). Ca n’a rien d’immoral, juste différent de vos préjugés.

                  Alors arrêtez de mélanger ce que vous pensez avec « la seule bonne méthode et le reste est immoral / mortifère ». D’autres ont d’autres méthodes, elle ne sont pas pires que les vôtres, elles sont juste différentes. J’ai peur que ce qui vous dérange est que ça remette en cause vos préjugés et que d’autres fassent mieux que vous.

                  Note : vous n’inventez rien, le logiciel libre subit ces préjugés depuis 20 ans (je subis personnellement les mêmes réactions quand j’explique que je fais du logiciel libre et que ça me va qu’on le vende sans rien me reverser et surtout pas en proportionnel), c’est juste que ça commence à arriver dans l’art libre et il y a une réaction au changement; je trouve juste dommage qu’en 2016 des utilisateurs de logiciel libre (Béhé n’utilise peut-être pas WordPress, Linux, Firefox, Chrome ou autre choses qui utilisent du logiciel libre, mais on sait que Boulet le fait et pas qu’un peu; j’ose espérer que vous vous interdisez d’aller sur Wikipedia, ce projet tueur d’Universalis) arrivent à dire que ce qu’ils utilisent est mortifère, comme si ils n’avaient pas cherché à comprendre comment fonctionnent le business des logiciels qu’ils utilisent. Oui, on est en 2016 et encore des réactions comme celles-ci quand on parle de libre alors qu’il y a beaucoup de prose sur le sujet, c’est vraiment triste.

                  > Économiquement parlant, l’édition papier diffusé en librairie devient un support publicitaire qu’on peut alors brader ou même payer s’il le faut.

                  On vous a jamais parlé de l’inversion pour les chanteurs où avant les concerts étaient de la pub pour les CD et maintenant les CD/streaming sont de la pub pour les concerts? le monde change, les business models aussi. Rien de mal à ça.
                  Votre phrase peut être exacte qu’elle ne pose pas de problème (ni moral, ni je ne sais quoi).

                  1. Quelques mises au point pour que l’on me comprenne bien :
                    Je fais la différence entre un logiciel (ou un service qui vise au bien commun) et une oeuvre d’art, naturellement sans faire de jugement de valeur entre les deux (il y a des logiciels formidables et des oeuvres pourries). Je me doute bien que les partisans du libre vont considérer qu’une oeuvre d’art est une oeuvre de l’esprit et devrait être « comme » un logiciel « libre », c’est à dire qu’elle devrait être faite pour être transformée, réutilisée, voire même qu’elle peut être finalement « comme » un outil pour en faire autre chose. Pas moi. Vous me direz que le libre permet d’interdire de toucher à l’oeuvre, mais elle sera du coup entachée d’égo, de volonté de blocage, bref, elle lorgne du côté de la propriété, c’est « mal ». Mais vous vous n’êtes pas moralistes n’est-ce pas?
                    J’ai dit, (mais votre biais de confirmation le rend invisible aussi). que je serais le premier à applaudir un système qui serait moins injuste que l’actuel. Pour l’instant, le libre a exactement le même défaut que l’actuel, beaucoup d’appelé, peu d’élus. Et les élus qui peuvent en vivre, le doivent à l’abnégation des crève la faim (que serait une plate forme sans des milliers de projets). La différence étant qu’un auteur qu’on exploite n’est pas intéressé aux bénéfices. Naturellement, je pense bien que ça n’intéresse personne du coté du « libre » de se mettre autour d’une table pour en discuter et négocier quoi que ce soit. Ca obligerait les partisans du libre à se constituer en groupe (j’imagine les hauts cris). L’échange, ça va quand on ne s’occupe pas des autres. C’est aussi en cela que le « libre » rejoint le marché (mais c’est un autre débat)
                    Personne ne répond à l’argument de la librairie et de l’inscription dans le catalogue d’un éditeur reconnu. (David Revoy le dit lui même dans une réponse à Boulet sur un autre blog) C’est un impensé. Oui, l’attractivité d’une vraie diffusion « à l’ancienne » fait rêver les auteurs qui ne diffusent que par le web et tout autant les auteurs qui impriment à la demande ou qui font du financement participatif. Or pour la première fois dans leur « carrière du libre », ces auteurs ne peuvent plus décider seul… Pour avoir leur album papier en librairie, Ils ne sont plus maître de leur devenir, leur système se heurte à un mur, ils doivent obtenir l’accord d’une société, d’un directeur de collection, ils se retrouvent en compétition égale avec tous les auteurs. Ils ne peuvent s’imposer de leur propre chef. L’offre et la demande fait que l’apport d’un public pré-acquis plus l’abandon du paiement proportionnel devient attractif pour un éditeur papier quand bien même il n’avait pas sélectionné le projet avant.
                    Même cette compétition là je l’accepte (je ne sais pas combien de fois je dois le répéter). Mais du coté du libre, ce n’est pas présenté ainsi. Ce deal avec l’industrie privée n’est pas affirmée comme une soumission au marché (David Revoy veut changer le monde de la BD, sortir les auteurs de leur enfermement, je n’invente rien) La seule chose que je trouve néfaste c’est L’attitude de Glenat envers 99,99 des auteurs qui lui ont apporté argent et renommée. Il aurait pu satisfaire David en ménageant ses auteurs, mais il a préféré envoyer un signal à la communauté des auteurs toute entière, y compris les auteurs du libre « Sachez que la rémunération proportionnelle n’est plus la règle » C’est tout. Vous pensez que les auteurs du libre sont au dessus du marché, je pense qu’en matière d’oeuvre d’art les auteurs du libre sont les victimes du marché. Mais je vous lis, ça m’intéresse!

                    1. > sans faire de jugement de valeur entre les deux

                      Ben si vous le faites, vous différenciez.
                      Quitte à me répéter, rien de nouveau, même arguments contre le logiciel libre « moi c’est différent ».
                      vous avez d’ailleurs pas mal de soutiens (faut voir les réaction sur ma prose à ce sujet https://linuxfr.org/users/zenitram/journaux/pourquoi-l-art-libre-est-aussi-important-que-le-logiciel-libre ) donc vous pouvez vous conforter dans votre rigidité.

                      > Pas moi.

                      Voila le problème. **Vous**, vous êtes différents des autres. Pourquoi? Mystère…
                      Notez que votre discours n’a absolument rien de nouveau, on a exactement le même dans le logiciel libre (« ok du libre pour une petite application, mais c’est impossible pour un OS entier ». dommage Linux est la).
                      Vous avez les mêmes préjugés sur le libre que les pourfendeurs du logiciel libre. vous pensez que vous êtes différents? Désolé mais non, vous n’inventez rien dans la détestation du libre (logiciel y compris). Prenez un peu de recul, regardez, et vous verrez que les libristes subissent les mêmes critiques infondées que ce soit dans l’art ou le logiciel.

                      > Pour l’instant, le libre a exactement le même défaut que l’actuel, beaucoup d’appelé, peu d’élus.

                      Oui, le libre est de la méritocratie et tout le monde n’est pas « bon » (mais je sais que dans le domaine de l’art, n’importe qui faisant les dessins de ma fille de 3 ans hurle qu’on ne le comprend pas et qu’il n’est pas rémunéré pour son art).
                      C’est normal d’avoir « peu d’élu » quand il y a beaucoup de candidats à la qualité débattable…
                      Aucun problème la dessus, à part pour les gens pas assez bons.

                      Vous accusez Glenat de tous les maux, mais vous oubliez une chose : Glenat n’a **aucun** monopole contrairement au contrat que **vous** vous signez. Ca veut dire que si Glenat fait trop cher ou abuse réellement, un autre le remplace demain. Vous voyez Glenat comme le mal, alors qu’il s’embarque vers un truc nouveau, lui (il accepte de ne plus avoir de monopole, il fait moins cher).
                      C’est exactement le but du libre, qu’il soit logiciel ou art (c’est pareil sauf pour ceux voulant trouver des différence pour leur truc à eux).

                      > je pense qu’en matière d’oeuvre d’art les auteurs du libre sont les victimes du marché.

                      Le problème est bien la : vous vous posez en victime. Vous ne cherchez pas comment faire autrement, vous vous engouffrez dans le business model que vous détestez et vous plaignez sans rien changer.
                      C’est déjà ce comportement de victimisation qu’il faut changer : vous n’êtes pas victime, vous êtes acteur de votre vie. Si vous ne gagnez pas assez, vous êtes libre de changer (trouver un autre éditeur, un autre qui va vous filer plus de sous, les éditeurs n’ont aucun monopole) et si vous n’y arrivez pas le seul fautif est vous (vous n’êtes pas assez bon pour intéresser).

                      Je sais que le libre pose beaucoup de problème à des gens car il force les gens à voir leur compétences en face. Glenat ne vous plait pas? vous êtes libre de le remplacer et proposer à l’auteur libre autre chose! bizarrement vous ne le faites pas alors que l’auteur vous laisse libre. Si vous ne le faites pas, c’est peut-être parce que Glenat n’est pas si horrible et que vous ne savez pas faire mieux finalement.
                      Voila : le libre permet de virer les gens qui profitent d’un monopole (que ce soit celui de l’éditeur que de… l’auteur, soit dit en passant, car vos oeuvres, elles, je ne peux rien en faire car non libre, vous êtes nul en édition et je pourrai faire votre travail de ce côté que vous me l’interdisez), et ça pose des réaction épidermique. Posez vous, regardez Glenat qui accepte la perte de monopole, et demandez-vous pourquoi vous éprouvez le besoin d’interdire de votre côté (avec votre licence non libre).

                      > Mais je vous lis, ça m’intéresse!

                      Je prend espoir! :)
                      Regarder l’art libre arriver, comprenez le business model différent (orienté vers un contact direct sans garder des droits pour vous), et s’il vous plait en attendant arrêtez de critiquer une chose que vous ne comprenez pas. le libre est différent, pas facile à appréhender, mais il permet beaucoup de choses (y compris faire vivre les auteurs)

                    2. Une petite aparté sur l’art libre : l’art libre est intéressant car il évite ce genre de psychodrame : http://www.chron.com/news/politics/article/Gary-Johnson-uses-changes-Chronicle-editorial-9222736.php
                      « If you change it, I’m immediately not friendly, »

                      On voit tout de suite la différence de point de vue entre ceux priorisant l’art libre et ceux voulant garder leurs « droits » : les uns souhaite qu’une oeuvre vive par d’autres quand les autres veulent figer l’oeuvre et autoriser que ce qui leur plait (esthétique ou financier). Et non, l’art libre n’a aucune différence avec le logiciel libre, on a déjà entendu « Mais le libre autorise à construire une bombe nucléaire avec Linux, Les développeurs de Linux ont des millions de morts potentiels sur la conscience », c’est bon on connait le refrain). C’est difficile pour les auteurs (autant en art libre comme on le voit ici qu’en code libre, voir les attaques identique dans du logiciel libre ici http://dev.aseprite.org/post/149797781837/new-source-code-license bref vraiment aucune différence entre code et art libre contrairement à votre préjugé quand on touche à ce que vous faites vous)

                      Le problème financier est un problème, mais n’est pas le seul : désolé mais quand vous gardez tant de droits sur vos oeuvres, je trouve que c’est peu utile au bien commun (si je reprenais votre façon de penser, je dirais que votre façon de montrer une oeuvre mais de dire ensuite « pas touche » est immoral. Mais non, je ne dirai pas ça car j’estime que c’est votre choix et que nous sommes juste en désaccord sur comment ça devrait fonctionner, et trouve tout autant « moral » ce que vous faites bien que je trouve que vous gardiez bien beaucoup de droits pour vous seuls). Et la durée du monopole est de plus en plus étendu (le domaine public prend mal), et vous-même ne vous dite pas « bon c’est bon pour mon taf d’il y a 10 ans, c’est illégitime de gagner dessus donc domaine public ». Vous gardez tout. Et souvent ça n’a rien à voir avec la finance (même pour du non commercial vous interdisez, même pour des trucs vieux de 10 ans, pensez au maçon d’une maison qui fait payer une fois puis ne demande pas un pourcentage).

                      Bref, 2 façons de penser différentes, et pas que financière. Laquelle est la meilleure? ça dépend sans doute, comme le logiciel libre n’a pas remplacé le logiciel proprio.

                      Rappelez vous que vous êtes libre de faire comme avant, à votre manière. Glenat n’envoie absolument aucun message, il dit juste qu’il teste une autre approche (donnant donnant : pas de pourcentage mais tout le monde est libre de faire son taf donc il a intérêt à bien le faire et pas cher). Et ça n’a rien de mauvais contre les auteurs, c’est juste différent et traiter les gens qui ne sont pas d’accord avec vous d’idiot (« auteur qu’on exploite » et j’en passe) ne vous grandit pas. Si Glenat pense que votre oeuvre mérite un pourcentage seul modèle que vous vendez il continuera à le faire; si il pense que ça ne mérite pas un pourcentage le problème est chez vous (vous n’êtes pas assez bon pour l’intéresser).
                      Bref, le libre n’empêche rien, et dit juste : que le meilleur gagne.

                      De plus demandez vous si le fait que les « auteurs ont du mal à vivre de leur art » n’est pas aussi dû à la surabondance d’auteurs (tout le monde peut se dire auteur, et du coup se plaindre de ne pas gagner assez. Comme ceux qui codent et qui disent « je dois faire un autre taf à côté pour survivre », au passage, vous différenciez art et code mais les remarques sont étonnamment exactement le mêmes).

                      Bref, il n’y a peut-être pas autant de différence entre code libre et art libre que vous ne le pensez, la différence est plutôt entre ceux aimant le libre même pour ce qu’ils font car ne change pas d’avis suivant qui est « touché » et ceux aimant le libre quand les autres le font seulement et « c’est différent » pour eux (oui, on peut parler des gens n’aimant pas du tout le libre mais ils sont rares, la plupart des gens utilisant Firefox ou Chrome, Linux, VLC… Que du libre « pas bien ça fait souffrir les pauvres codeurs qui ne peuvent pas en vivre » car oui on entend aussi ça dans le code, encore une fois vous n’inventez pas cette critique pas limitée à l’art)

      2. C’est bien mignon de refaire une lecon d’arithmetique à Audrey A. mais à moins d’être une véritable quiche aussi dans ce domaine, quand je lis que ce tome 1 est « une compilation des 11 premiers épisodes de la série (soit un album de 80 pages) » , je suis désolée mais un épisode ne correspond pas grosso modo à 1 planche (parfois + parfois -) mais plutot à 7 (parfois +, parfois -).
        Et 350$ pour 7 planches, bah hum comment dire… c’est limite donné vu les tarifs normalement pratiqué chez Glénat.

        Je ne pense pas qu’il y ait une veritable prise de risque de la part de l’editeur, entre le fait que ca n’a pas du lui couter tant que ca d’en faire imprimer 10000 plutot que 3000, que le webcomic a deja un public susceptible d’acheter la version papier, qu’il y aura evidemment d’autres acheteurs, qu’il n’a pas payé l’auteur pour creer l’album (ok il est mecene mais depuis quel episode? sans rappeler que c’est son mécénat c’est peanut par rapport aux prix habituellement pratiqué…) et que de toute maniere, il sera remboursé de ce qu’il a pu avancer bien bien avant la vente de 10000ex.

        Et ne vous meprenez pas, y’a pas de mépris sur le choix de l’auteur, il fait bien ce qu’il veut avec qui il veut comme il le veut. On peut tout de même trouver cela fort dommage qu’une grosse boite d’edition puisse potentiellement se faire autant d’argent sur son oeuvre sans qu’il ne touche d’autres kopeck qu’un bas mecenat au mois et le support de potentiels nouveaux tippeur/patrons ayant decouvert son webcomic grace à eux.
        En fait, je pige pas en quoi le concept de la licence CC choisi aurait empeché Glénat de maintenir un versement d’un % de droit d’auteur. Ah si… ptetre parce qu’apres avoir fait un taf d’adaptation (le taf limite de base pour un editeur qui traduirait un titre…), l’éditeur est maintenant consideré comme l’auteur donc il touche le % dedié… rhalalala c’est bien pratique pour se faire encore + de sous ça… XD

        Bref. Limite, quitte à defendre le principe, je trouverai cela + acceptable de la part de Glénat de se servir des bénéfices (ou un grande partie) pour mécéner d’autres auteurs sur tipee/patreon (que cela aboutisse ou non sur une publication).

        1. « je pige pas en quoi le concept de la licence CC choisi aurait empeché Glénat de maintenir un versement d’un % de droit d’auteur »

          Cette partie de votre commentaire montre à elle seule que vous n’avez tout simplement pas compris ce que sont les licences libres… Ce sont des instruments qui permettent à des auteurs d’accorder des libertés de réutilisation. Du coup, vous ne pouvez pas d’un côté dire que vous respectez le choix fait par l’auteur et de l’autre côté reprocher à Glénat d’utiliser la liberté de réutilisation qui lui a été conféré. Ce sont les deux faces indissociables d’une même pièce.

          Et c’est ce qui me dérange le plus avec les commentaires qui s’accumulent sous ce billet. Bien que vous vous en défendiez formellement, on voit bien en réalité que vous remettez en cause le choix fait par l’auteur d’utiliser les licences libres.

          En ce faisant, vous tombez dans une contradiction mortelle, car cela revient à remettre en cause la racine même du droit d’auteur, qui accorde à l’auteur et à lui seul la possibilité de décider ce que l’on doit faire de son oeuvre.

          Bref, je trouve ce genre d’attitudes très inquiétant, car il n’y a pas loin avec le fait d’interdire aux auteurs d’utiliser des licences et c’est hélas une position extrémiste que l’on trouve parfois.

  4. En tout cas j’ai acheté un album pour encourager Glénat à continue sa démarche. Et je pense également devenir tipeur pour l’auteur.

    Merci de m’avoir rappelé l’existence de cette bd que j’avais découvert à ces débuts (mais que j’avais totalement oublié, mis dans un coin de ma tête).

  5. Voilà ce que j’ai écrit à l’auteur en question en juillet (et qui corrige l’énormité dite dans l’article concernant le mécénat qui serait « supérieur à ce qu’il aurait touché en avances « normales » »):

    « Je suis un peu perplexe, j’essaie de comprendre en quoi c’est une bonne nouvelle pour toi en tant qu’auteur…
    Un tirage à 10000 pour un premier album, c’est énorme. En contrat classique d’édition tu aurais pu le négocier facile à 15000€ d’avance. Puis 8 à 10% de droits sur les ventes qui auraient été pour toi une fois l’avance remboursée.
    Là on me souffle que Glénat participe à l’album à hauteur de 350$ par épisode, ce qui correspond donc à un « fixe » (somme forfaitaire) de 3850$, soit moins de 3500€ pour l’album entier.

    Donc, ce que tu dis c’est que Glénat va gagner la part éditeur -15%- sur ton travail, plus la part auteur 8% puisque tu ne la prends pas, soit 23% sur l’ensemble de l’album (qui est du coup un peu moins cher, d’accord.)

    Voyons… 23% sur 10000 albums à 10€, 23% de 100 000€= Glénat va donc gagner en théorie 23 000€ sur ton travail (et beaucoup plus en cas de retirage) quand toi tu auras gagné 3500€ (et rien de plus s’il se vend à 30000, 50000, 100000, un million).

    Je trouve la démarche de la gratuité très belle, et je suis toujours heureux quand quelqu’un arrive à contourner le système (comme Laurel avec son Ulule et Maliki avec Tipee) mais là encore une fois, je suis TRÈS confus sur le côté « je ne vais rien gagner, tout en enrichissant un des plus gros éditeurs d’Europe ».

    J’aimerais que tu m’expliques un peu davantage ta vision des choses, si possible. Je ne demande qu’à être convaincu du bien-fondé de cette démarche :) »

    Je précise que l’auteur m’a très gentiment répondu et que je respecte sa démarche et son idéalisme. Il a l’air sympa et talentueux. Mais je ne crois pas une seconde que ce soit une alternative viable au droit d’auteur.

    Déjà parce qu’il faisait sa BD comme un à côté de son « vrai travail », donc que fait-on des gens qui n’ont pas de « vrai travail » à côté? Le principe de l’avance sur droits où on présente un projet et on a de l’argent pour le réaliser permet aux auteurs de se professionnaliser, de ne faire que ça! Là en gros on dit aux jeunes (et aux autres): bossez au McDo et la nuit faites en plus des BD, et peut-être, PEUT-ÊTRE qu’on vous publiera.

    En plus les avances n’étant remboursables QUE sous forme de droits d’auteur (Oui, même si tu n’en vends que deux à ta mère en tout et pour tout, l’éditeur ne peux pas te réclamer de rendre l’avance sous une autre forme), le risque éditorial était partagé: l’éditeur engageait sa responsabilité, son jugement sur la publication d’un album. Là il se baisse et ramasse ce qui marche déjà. ET SANS PAYER.

    Comme le dit l’article, pour le coup, l’éditeur devient mécène. Il a le choix ou non de donner trois francs six sous à l’auteur. L’auteur est donc suspendu au bon vouloir… D’un éditeur qui s’enrichit sur son travail? Et on est censé le trouver sympa de donner moins d’un quart de ce qu’il paierait d’habitude « parce qu’il n’est pas obligé »? Mais quel modèle sympathique!

    Oh et le lecteur, autre gentil mécène? Ah bah il paie deux fois. Une fois pour lire en ligne, et une fois pour lire le livre. Sachant que la deuxième fois, pas un centime ne va à l’auteur.

    Personnellement je suis pour un système qui rappelle aux éditeurs que les auteurs ne sont pas des employés, et encore moins des bénévoles qu’on entretient par caprice. Ce sont des PARTENAIRES, ils sont le pilier central de cet industrie culturelle et méritent un traitement décent et respectueux de leur travail.

    Cet auteur s’en sort très bien, et tant mieux pour lui, vraiment. Mais celui qui s’en sort le mieux reste l’éditeur. A mon avis ils doivent crever de rire chez Glénat.

    1. Il n’est soutenu à aucun moment dans le billet que la démarche de David Revoy constitue une alternative globale au droit d’auteur. Je constate simplement que cet auteur a trouvé une formule qui lui permet d’avoir des conditions de vie plus décentes que la moyenne de la profession des auteurs de bande dessinée. Ce système demande des compétences particulières que ne possèdent sans doute pas l’ensemble des auteurs (notamment tout ce qui concerne la construction d’une communauté) et il n’est pas certain non plus que le financement par les dons du public puisse résister à un passage à l’échelle. En attendant, cette formule peut constituer une alternative viable pour certains auteurs et c’est déjà pas si mal vu l’impasse dans laquelle se trouve le système général.

      Pour le reste de votre commentaire (comme je l’ai déjà dit plusieurs fois en réponse à des commentaires sous ce billet), il traduit une incompréhension profonde de ce que sont les licences libres et une remise en question indirecte du droit de l’auteur à décider des usages de son oeuvre, ce que je trouve très inquiétant.

      « Il faut protéger les gens contre eux-mêmes »… On a de nombreux exemples des dérives auxquelles ce type de logique peut aboutir…

      1. Aaaah le fameux argument de la « pente glissante ».
        Détendez-vous donc et ne venez pas me reprocher les dérives d’une logique que VOUS me prêtez, Je n’ai même pas évoqué l’idée de lui dicter sa conduite, ça n’est arrivé que dans votre imagination visiblement surmenée.

        Je vais vous rassurer tout de suite: je ne veux pas protéger cet auteur contre lui-même ni lui imposer quoi que ce soit. Comme on ne cesse de le répéter: il fait bien ce qu’il veut. Je ne vois pas bien en quoi mon AVIS (qui n’est que ça, un avis) serait une obligation.

        J’ai été un des premiers auteurs de BD en France à défendre la présence en ligne gratuite et accessible à tous, sans publicité, et bien avant les Patreons et autre Tipees, et ce même après publication en livre. Et ça dure depuis presque douze ans. Donc vos leçons, merci bien.

        Et on se tue aussi à vous le répéter, Béhé et moi: on ne reproche strictement RIEN à cet auteur, juste à Glénat qui ne fait que plumer un pigeon. Perso je ne reproche pas à l’auteur sa belle idéologie, je reproche à Glénat d’abuser de cette belle idéologie. On retombe exactement sur le schéma précédent: les riches gagnent plus, les auteurs ont les miettes.

        Je réponds dans la foulée à votre autre réponse plus haut: c’est l’AUTEUR LUI-MÊME QUI A DIT que l’album représentait 11 épisodes. Soit une moyenne de 8 pages.
        De plus, je ne suis pas sûr que vous compreniez bien la définition du terme « planche », vu que le lien vers la page que vous m’envoyez pointe vers une histoire en cinq planches et non une seule comme vous semblez le croire. Une planche, ce n’est pas « une petite histoire », ça représente l’équivalent de « une page de livre ». Là par exemple vous pouvez même voir les séparations entre les pages.

        Donc vous pouvez vous armer de toute la mauvaise foi que vous voulez: c’est payé (à l’obole qui plus est) une misère, par un éditeur qui va gagner beaucoup parce qu’il aura juste remaquetté la couve et mis une page-titre. C’est du foutage de gueule intégrale de la part de Glénat.

        Alors je ne rebondis pas sur votre gluante apologie des licences libres érigées en glaive de pureté et d’idéalisme face aux méchants et archaïques droits d’auteur, je n’ai en fait rien contre les licences libres, je trouve même que c’est une très bonne idée. À condition qu’il n’y ait pas une troisième partie qui s’enrichisse sur le travail de l’auteur.

        Comme vous semblez aimer ses petits dessins à base de bouboules et de petits chats, avec l’argent qui va directement de la foule heureuse à l’auteur, je me permets de vous décrire un peu mieux ce qui se passe ici avec le même procédé:

        1. C’est assez amusant de vous voir tourner en rond dans vos propres contradictions logiques et on va dire que le dérapage vers un ton insultant doit traduire une forme de frustration…

          Vous ne pouvez pas reprocher à Glénat d’utiliser la liberté donnée par la licence sans reprocher à l’auteur de l’avoir conférée (vous allez même à présent jusqu’à le traiter de pigeon…). Et vous ne pouvez pas reprocher à l’auteur d’avoir placé son oeuvre sous licence libre sans remettre en cause le fondement même du droit d’auteur.

          Le reste n’est que paralogisme…

          PS : vous pouvez d’ailleurs remercier l’auteur d’avoir placé son oeuvre sous licence libre, sinon votre petit dessin si spirituel aurait constitué une violation du droit d’auteur…

          1. Oui, je maintiens pigeon. Dindon de la farce, ce que vous voulez.

            Et je ne vois pas en quoi mon ton a été plus insultant que vos sous-entendus sur nos prétendus « dérapages idéologiques ». (Le superbe « On a de nombreux exemples des dérives auxquelles ce type de logique peut aboutir » qui n’est qu’à un orteil du point Godwin sur des propos que nous n’avions même pas tenus). Mais bon soit, après la « pente glissante » nous voilà dans « l’ad hominem », on passe par toutes les « fallacies » de débat, c’est super. C’est donc moi qui suis frustré.)

            Il n’y a aucune contradiction logique dans ce que je dis: j’entends parfaitement ce que vous dites sur le libre et je le comprends, je dis simplement que cette licence-là (il y a plusieurs licences CC possibles, dont « usage non-commercial ») dans ce cas précis, est une erreur de jugement de sa part. Elle ne fait qu’enrichir des très riches sur son travail. Dans le cadre d’un partage en ligne, d’une création commune, je trouverais ça beau et stimulant, dans le cas d’une utilisation commerciale où un mastodonte de l’édition maquette juste un peu pour pouvoir utiliser gratuitement, je trouve que cette licence montre ses limites. Je la trouve stupide et dangereuse.
            Je pense que l’argument du « ça va me rapporter des lecteurs qui vont participer au Patreon » est fallacieux, il ne vaut guère mieux que le « on ne peut pas vous payer mais ça vous donnera de la visibilité » qu’on entend à longueur de journée de la part de tous les esclavagistes en herbe qui nous réclament des boulots gratuits.

            Je ne lui reproche pas d’être idéaliste et de vouloir faire du libre, je dis juste qu’il y avait d’autres solutions que de laisser ça en pâture aux fauves. Et je reproche à Glénat de s’être engouffré dans cette brèche idéologique. Je vois « les deux faces de la pièce » comme vous dites, et je vois aussi que la pièce va dans la poche de Glénat.

            Donc je vous retourne le compliment, vous tournez en rond avec votre belle apologie du libre: il y a deux FAITS très simples, que vous avez été bien incapable de contredire dans toutes vos réponses hargneuses:

            -Glénat va gagner beaucoup sur son travail (oui, beaucoup. Un tirage à 10000 de nos jours c’est énorme, et ça démontre que l’éditeur a de très bons espoirs concernant les ventes)
            -L’auteur ne va presque rien toucher sur la richesse générée par son travail. (Que les gens donnent au Patreon est une question différente: le livre lui-même va générer de la richesse)

            Vous pouvez draper ça d’autant d’élégances et de théories libristes que vous le voulez, vous pouvez trouver ça super, il reste qu’il l’a profond et que Glénat a le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière.

            Sur ce, j’ai dit ce que j’en pensais, et je sais que les chances de vous voir dire « oulala oui je n’avais pas réfléchi » sont assez faibles, alors je ne vous dérange pas plus longtemps.

            1. PS: le petit dessin n’avait aucune vocation à être spirituel, il décrit très exactement la situation et là encore je ne vous vois nulle part le nier ou arguer que ce n’est pas vrai. Vous vous contentez de botter en touche.

              1. Je ne botte pas en touche. J’ai déjà indiqué dans l’article et en commentaire, que David Revoy a une meilleure situation qu’une majorité de créateurs de BD, qui suivent pourtant le principe de la rémunération proportionnelle que vous lui reprochez d’avoir abandonné. Je rappelle les chiffres tirés des États généraux de la BD : 53% des auteurs de BD en dessous du SMIC et 36% en dessous du seuil de pauvreté. Que faut-il dire de plus ?

                1. Juste un point.
                  Votre argument est que l’auteur, youpi pour lui, a une très belle situation financière. Ok. Mais vu que c’est grâce à Patreon + Tipeee, il me semble qu’il l’aurait de la même manière sans Glénat. Non ?
                  Ok, à 350$ près par mois (payé que parce qu’ils éditent la BD, faut pas déconner, c’est pas des vrais mécènes non plus).

                  1. 350$ sur 2450 ne représentent pas non plus une proportion négligeable. Mais tant mieux si l’auteur peut être indépendant rien qu’avec les dons individuels, ce qui est quasiment le cas ici et devrait l’être encore plus à l’avenir.

                    1. En fait, dès ses 2 premiers commentaires, Boulet était très clair. Calimaq cherche systématiquement à embrouiller, en déplaçant la discussion voire en faisant dire au commentateur ce qu’il ne dit pas. C’est un comportement (une rhétorique) assez exécrable.
                      Par ailleurs, auteur moi-même (pas de BD) chez un grand éditeur, j’apprécie chez ce dernier (Actes Sud pour le citer) son engagement dans son rôle d’éditeur. Je reprends ici ce qu’évoquait Boulet : un éditeur n’est pas censé être un rentier (ce que devient Glénat dans cette affaire) mais un entrepreneur, un créateur, un découvreur, bref quelqu’un qui a des goûts et qui prend des risques.
                      Le premier rôle de l’éditeur est d’être subjectif, de choisir, de mettre en avant. Sans la subjectivité des libraires et des éditeurs, ou s’ils abdiquent ce rôle comme Glénat ici, la « création » tombe inévitablement dans le suivisme, le populisme ou la complaisance. Un éditeur qui ne prend aucun risque n’est plus un éditeur, c’est un rentier. C’est ça, le but des libertariens ?
                      NB : Toutes mes conférences sont sous licence libre… non-commerciale. J’espère donc que Calimaq ne nous fera pas l’injure de détourner encore une fois les propos de celui qui le contredit et ne ressortira pas son couplet démagogique sur les licences libres.

                    2. Les lecteurs de ces commentaires pourront constater qu’on a déformé les propos de ce billet pour leur faire dire n’importe quoi et que je dois sans cesse intervenir pour rectifier. Donc vos accusations de démagogie et de rhétorique me laissent absolument de marbre.

                      Sur le fond à présent, certes le rôle traditionnel de l’éditeur est de choisir et de sélectionner. Mais il y a ensuite pour la société un prix très lourd à payer. Car ce filtre éditorial organise mécaniquement une « rareté des auteurs » : seule une petite minorité des personnes désirant se consacrer à une activité de création pourront le faire effectivement, et parmi cette minorité, seule une minorité encore plus réduite pourra en vivre décemment.

                      C’est précisément ce qu’internet permet de contourner. Des personnes qui veulent créer peuvent arriver à toucher un public grâce à la mise en ligne directe.

                      J’aime beaucoup rappeler cette citation de Benjamin Bayart : « L’imprimerie a permis au peuple de lire ; Internet lui permet d’écrire ». Et cela provoque une situation sociale nouvelle, historiquement inédite : celle d’une abondance des auteurs, que par définition le système éditorial classique ne peut prendre en charge.

                      Je ne dis pas que l’activité de sélection des contenus par les éditeurs est illégitime. Mais le public a aussi désormais un rôle dans cette sélection. Et c’est pour cela qu’on voit émerger des modèles comme celui du crowdfunding et des licences libres.

                      Dans un tel système, l’éditeur peut encore avoir un rôle. Celui de faire un investissement que ni l’auteur, ni le public ne peuvent assumer et faire en sorte que l’oeuvre bénéficie d’un circuit de distribution supplémentaire, nécessitant une infrastructure physique.

                      C’est ce que Glénat fait ici avec ce tirage. Et contrairement à ce que vous dites, il reste une part de prise de risque, puisque l’éditeur investit pour ce tirage important sans bénéficier en retour d’une exclusivité et en laissant subsister la BD gratuitement accessible en ligne.

                      Ce qui place à nouveau le public en position d’arbitre. Libre à chacun d’acheter ou pas cette BD, de soutenir ou pas l’auteur en ligne, ou de faire les deux (c’est mon choix).

                      J’imagine à présent que vous allez hurler à la démagogie ou à la rhétorique, alors que je viens de prendre le temps de répondre en détail à vos arguments. Mais j’écris ces lignes pour ceux qui accordent encore un peu d’intérêt à la discussion rationnelle par rapport au lynchage de groupe.

            2. Merci à nouveau pour vos belles leçons, mais vous confirmez encore une fois directement ce que je dis. Vous contestez explicitement à l’auteur le droit de choisir la licence qui lui convenait pour son oeuvre, en lui reprochant de ne pas avoir choisi une CC comportant une clause NC. Tous les lecteurs de ces commentaires pourront le voir puisque vous l’écrivez noir sur blanc. Et je maintiens que c’est grave de contester à un auteur la possibilité de décider ce qui doit être fait de son oeuvre, car c’est l’essence même du droit d’auteur. Que certains se sentent remis en question par ce type d’approches ne devrait pas conduire à ce type d’extrémités. Pour votre information, il y a désormais plus de 1,2 milliards d’oeuvres volontairement places sous licence Creative Commons et plus le temps passe, plus les créateurs choisissent des licences sans clause NC (elles sont même majoritaires aujourd’hui : https://stateof.creativecommons.org/2015/)

              1. C’est un dialogue de sourds.
                Je le redis une dernière fois:

                -Je ne lui conteste pas son droit. Je dis que c’est un choix qui n’est pas judicieux. C’est la différence entre « interdire » et « émettre un avis ». Elle est fondamentale. Et « conduire à ce type d’extrémité » parce que je donne un avis? Vraiment? Pouvez-vous être encore plus mélodramatique?

                -La comparaison avec le niveau de revenu moyen des auteurs ne s’applique pas à un tirage à 10000. Si Glénat tire à 10000 c’est parce que l’auteur vient avec un projet porteur, avec qui plus est une solide base de lectorat. C’est un contrat qui se serait négocié facile à 15000€ d’avance comme je le dis plus haut, avec des droits d’auteur à 8% qui plus est (puis 10% au delà de 15000 ventes). Et si l’album marchait, le tome 2 aurait pu se négocier encore plus haut.

                Donc oui, il gagne plus que la plupart des auteurs, mais il gagne moins, BEAUCOUP MOINS que ce qu’il aurait dû normalement gagner avec le système classique, tout en envoyant un message extrêmement toxique au monde de l’édition, à savoir qu’ils n’ont pas forcément à payer les auteurs, à une époque ou c’est déjà difficile pour eux.

                Alors oui, je maintiens mon commentaire: ce choix du CC NC, je le trouve non judicieux, je le trouve dangereux, je le réécris noir sur blanc:
                « MAUVAISE. IDÉE. »
                Après je ne force personne, c’est effectivement l’essence du droit d’auteur de faire ce qu’on veut. Mais si je voyais un peintre jeter ses toiles par la fenêtre et de riches bourgeois les ramasser pour les revendre des fortunes, sans lui contester son droit à le faire, je dirais aussi « mauvaise idée ».

                1. Je suis mélodramatique, parce qu’il existe des précédents où des représentants d’auteurs se sont ligués pour imposer la monétisation d’oeuvres placées sous licence libre (et même la captation des sommes ainsi générées par des sociétés de gestion collective sans retour aux créateurs d’oeuvres sous licence libre). C’est ce qui est en train de se passer avec la récente « taxe Google Images » votée dans la loi Création sous la pression des photographes. Ce dispositif va englober les oeuvres sous droit d’auteur classique, mais aussi les images sous licence libre, ce qui revient à neutraliser la volonté des auteurs d’images libres d’autoriser les usages commerciaux http://www.nextinpact.com/news/100309-en-france-on-restreint-liberte-panorama-on-taxe-moteurs-recherche-dimages.htm

                  Donc certes, vous émettez peut-être « un avis », mais les avis agglomérés font souvent les lois stupides dans ce pays…

                  Et oui, il vaut mieux cesser ce dialogue de sourds. Car vous terminez cette fois encore dans le mépris le plus total de la volonté de l’auteur, en comparant le fait de placer une oeuvre délibérément sous licence libre et la jeter à la poubelle… sans voir à quel point cette métaphore bancale peut être violente…

                    1. Une interview qui confirme effectivement tout ce que disait Boulet.

                      Je ne sais que penser de cette démarche, les premières idées qui me viennent à l’esprit sont : dévalorisation de votre travail et très grande naïveté (un terme que vous utilisez vous-même).

                      Tant mieux pour vous si vous y trouvez votre compte, d’une manière ou d’une autre, mais c’est assez peu réjouissant pour ceux qui essayent tant bien que mal de vivre de leur travail. Vous créez un précédent qui est de nature à réduire leurs chances de concrétiser leurs ambitions.

                    2. Dévalorisation du travail ? Les nombreux usages de l’oeuvre (et pas seulement celui de Glénat sur lequel tout le monde se focalise en oubliant le reste) augmentent au contraire la valeur de l’oeuvre. Il n’y a qu’à voir les dizaines de traductions, la réalisation d’applications pour mobile et tablettes, etc.

                      Et comment peut-on dire que cet exemple doit être vu comme « peu réjouissant pour ceux qui essaient de vivre de leur travail » vu que c’est précisément ce que l’auteur arrive à faire, alors que c’est hélas très loin d’être le cas pour beaucoup dans la profession.

                      On a l’impression que les personnes qui dénoncent l’usage de la licence libre ont peur d’une sorte de « contagion ».

                      Mais encore une fois, l’adoption de la CC-BY reste entièrement soumise à la décision de l’auteur. Elle n’a absolument rien d’obligatoire. Libre à chacun de rester dans le régime classique ou d’utiliser une CC-BY-NC (j’en parle d’ailleurs explicitement dans le billet en donnant un exemple concret), s’il veut continuer à soumettre les usages commerciaux à son accord préalable).

                  1. De confession open-source en informatique, je lis l’article, hum pas tout a fait d’accord mais… intéressant ce site…

                    Puis je lis les commentaires et je vois la façon de répondre de l’auteur de l’article aux commentateurs qui ne sont pas d’accord avec son avis pro-libre….

                    Ouai en fait non, je n’apprendrai visiblement rien d’intelligent ici…

                    1. Dans un changement de paradigme comme celui-ci, il faut en effet faire beaucoup d’efforts pour comprendre le point de vue de l’autre.

  6. Ne pouvant répondre directement sous le commentaire concerné je copie/colle ici :

    calimaq: « Et comment peut-on dire que cet exemple doit être vu comme « peu réjouissant pour ceux qui essaient de vivre de leur travail » vu que c’est précisément ce que l’auteur arrive à faire, alors que c’est hélas très loin d’être le cas pour beaucoup dans la profession.

    On a l’impression que les personnes qui dénoncent l’usage de la licence libre ont peur d’une sorte de « contagion ». »

    Ma réaction :

    J’estime qu’il n’y a pas lieu de se réjouir car cette démarche contribue à accréditer l’idée que les dessinateurs de BD n’exercent pas un « vrai métier » méritant d’être rétribué par un « vrai salaire », qu’il est donc acceptable de les payer au lance-pierre (voire même de ne pas les payer du tout) et de leur imposer des contrats précaires (voire même léonin).

    Concernant le cas d’espèce, si l’auteur s’estime satisfait de sa situation grand bien lui fasse. Pour ma part il me fait penser à un trader qui liquiderait son portefeuille d’actions la veille d’un crash boursier : à titre individuel il tire son épingle du jeu et on pourrait l’en féliciter mais si on adopte un point de vue plus large on réalise qu’il contribue à accélérer un processus qui laisse tous les autres sur le carreau.

    1. Vous projetez sur ce cas précis des craintes, certes entièrement légitimes, mais qui n’ont rien à voir avec la situation. Ici, par exemple, aucun « contrat précaire ou léonin » n’a été imposé par l’éditeur, étant donné que c’est l’auteur à la base qui a accordé l’autorisation par le biais de la licence.

      Ce sont des conditions structurelles du marché de la BD qui laissent sur le carreau un nombre important d’auteurs (multiplication des titres, baisse du nombre moyen d’exemplaires à chaque tirage, etc.) et les licences libres n’ont rien à voir là-dedans.

      1. L’auteur a expliqué lui même qu’il avait été éconduit par les éditeurs qu’il avait contacté tout au départ. Ces refus l’ont amené vers d’autres formes de publication. Pour cela, il s’est imposé un investissement personnel conséquent. Au terme de ce travail acharné il s’est constitué un auditoire qui lui verse des dons. Ce tour de force réussi, il est contacté par un éditeur qui le publie mais sans lui verser de droits d’auteurs. Nous avons là un joli retour à la case départ, il est bien publié (son souhait de départ) mais à quel prix? Seule consolation, l’éditeur n’a pas l’exclusivité en droit, il l’a juste de fait…

        1. C’est faux (et cela montre bien au passage les projections qui sont « plaquées » artificiellement sur cet exemple). L’auteur explique dans cet article qu’il ne voulait surtout pas justement proposer son oeuvre à un éditeur traditionnel et c’est la raison qui l’a conduit à se tourner vers le financement participatif : https://framablog.org/2015/12/25/le-poivre-la-carotte-et-la-sorciere-une-interview-de-david-revoy/

          Extrait : « J’y suis venu car je ne voulais pas proposer Pepper&Carrot aux éditeurs papier. L’édition est un milieu en crise que je connais assez bien grâce à mes années de travail dans l’illustration. Un univers ou la loi du marché prime sur tout. Pepper&Carrot aurait été sans doute dénaturé, standardisé, aseptisé et réduit au bon vouloir des commerciaux, des distributeurs, des actionnaires… du pognon pour le pognon. »

          Et c’est aussi une grossière déformation de soutenir que l’auteur a utilisé une licence libre « pour se faire éditer ». Il explique très bien dans le même article qu’il possède tout un parcours ancien dans le Libre qui l’a conduit par principe à vouloir adopter ce type de licences pour son oeuvre.

          Il faudrait peut-être essayer d’arriver à admettre que certains cherchent à emprunter des voies alternatives… et y arrivent !

          1. Vous pensez bien qu’à ce stade de la conversation je n’invente rien :
            Voilà ce que l’auteur dit dans les commentaires sur son blog à lui, en réponse à Boulet :
             » De plus, il serait malhonnête de ma part de penser que j’aurais pu faire éditer une BD chez un éditeur en France via le circuit classique du dossier d’édition. Je le sais puisque je fais parti des recalés de ce système. »
            et sur le lien que vous mentionnez :
            « J’aime beaucoup les jeux vidéos et le cinéma d’animation, mais être auteur de bande-dessinée c’est mon rêve d’enfance »

            1. Encore un raccourci absolument fantastique ! Nous parlons ici de Pepper & Carrot, une oeuvre née explicitement comme un webcomic, avec la volonté affichée de ne pas entrer dans le circuit traditionnel de l’édition. Vous nagez en plein procès d’intention.

              Je ne sais pas pourquoi je m’escrime à répondre à ce type de commentaires en essayant de rester sur le terrain de l’argumentation, vu que manifestement un groupe a décidé de basculer dans une forme de lynchage public.

              Permettez-moi de trouver cela particulièrement moche (et inquiétant).

              1. Vous répondez parce que vous essayez de nous convaincre de quelque chose. Et quand un gros éditeur exploite un auteur (même avec son assentiment), c’est une tâche difficile.
                Personnellement je ne cherche à convaincre personne. Je dis que Glénat Mécène, c’est une belle tartufferie.

                1. Non, il répond parce qu’il ne veut pas que le gars qui publie le 100 ème commentaire n’ait que votre argumentation comme référence. Donc par acquis de conscience il remet le débat dans le sens de l’article et non dans le sens que vous et quelques autres avez décidés de lui donner et qui dénature l’article. Votre procédé est usant parce que malhonnête. Vous êtes de mauvaise foi et si j’étais l’auteur du blog il y a longtemps que je vous aurais forcé à aller publier ailleurs.

      2. Les conditions structurelles de la BD conduisent les auteurs à rechercher toutes les solutions possibles pour se faire éditer, y compris le détour par la licence libre.

  7. Sans remettre en question le choix de l’auteur sur la diffusion commerciale de son succès, je comprends qu’avec le (peu rémunérateur) système actuel il aurait gagné beaucoup plus et l’éditeur aurait gagné pareil.

  8. Les commentaires de l’auteur de ce pamphlet imbuvable et bourré d’utopie malsaine sont à mourir de rire. J’ai rarement vu, hormis quand il est question de politique, autant de mauvaise foi.
    Je ne suis pas pour l’ancien système, mais je suis contre le fait de mépriser les auteurs en leur donnant des cacahuètes, ce que Glénat fait manifestement.
    Je pense qu’un employé de Glénat n’aurait pas autant à coeur de protéger sa boite.

    1. Bien sûr, d’ailleurs j’ai oublié de préciser que Glénat me versera dorénavant 500 dollars par mois comme mécène de ce blog. On croît rêver…

  9. Calimaq, vous appuyez votre argumentation sur les chiffres des États Généraux de la Bande Dessinée :
    « On y apprend notamment que 53% des auteurs interrogés ont des revenus inférieurs au SMIC et 36% sont même au-dessous du seuil de pauvreté … »

    Seulement l’enquête parle d’un SMIC annuel brut à 17 100 € environ par an en France, à ce montant brut s’ajoute le salaire indirect des cotisations patronales ( qu’on oublie trop souvent de considérer comme un salaire ) ce chiffre de 17 100 € augmente donc de donc 40 à 50 %. On arrive donc à environ 24 000€ pour un SMIC en France, donc 2000€ par mois. Le « salaire » de l’auteur David Revoy dépasse donc à peine le SMIC Français, tout du moins pour l’instant. On lui souhaite de continuer de réussir à fédérer de plus en plus de mécène derrière son travail, mais pour l’heure on ne peut pas parler encore de réussite.

    De plus dans ce plaidoyer pour les nouveaux systèmes de financement parallèles, vous prenez un exemple de réussite, mais c’est sur le global qu’il faut regarder. Imaginez que quelqu’un défende le système de droit d’auteur actuel en prenant pour exemple des auteurs pour qui il fonctionne bien – au hasard Loisel, Sfar, Laufray, Marjane Satrapi – tout en omettant les 53% qui vivent avec des revenus inférieur au SMIC, on aurait là une vision tronquée de la réalité. Quel pourcentage d’auteur ayant recourt au financement participatif arrivent à gagner plus que le SMIC ? C’est une vrai question et vous me donnerez peut-être la réponse, même si j’émets des doutes sur la possibilité de 47% des inscrits touchant plus de 1100€ (2000€ me paraissant carrément hors d’atteinte). Je sais bien que ces systèmes sont nouveaux et l’avenir me donnera peut-être tord, on verra !

    Autre chose, faites attention, ce qui est nouveau n’est pas forcément bon pour tout le monde et c’est normal d’en discuter et d’argumenter avec des contres arguments. Personnellement, je ne vois dans les critiques de Boulet et Béhé qu’un partage de point de vue (un point de vue d’auteurs en l’occurrence donc directement concernés) et non la volonté d’imposer une vision contrairement à ce que vous semblez suggérer.
    Je vais prendre mon exemple personnel, à l’époque, j’ai vu arrivé d’un bon œil le statut d’auto-entrepreneur (naïveté de la jeunesse…) même si j’ai préféré rester simple salarié. Aujourd’hui, je constate que ce statut a conduit mon secteur à un dumping social énorme, conduisant certains employeurs à refuser les salariés non auto-entreprenneur. Ainsi au lieu de donner de l’emploi au plus grand nombre, cette nouvelle solution à l’emploi à fait dégringoler une grande partit de ma branche dans la précarité. Je ne dit pas que c’est ce qui va se passer avec les CC BY (puisque les auteurs y sont déjà dans la précarité), mais il faut juste être prudent et envisager toutes les possibilités par le dialogue et en écoutant les points de vue de tous les protagonistes de l’équation.

    Autre point flou, un revenu généré par le don doit-il être soumis aux cotisations de protection sociales et retraite (agessa) ? Auxquels cas il est aisé de dire que quelqu’un s’en sort mieux alors qu’ il ne participe pas à l’effort collectif.

    Bref, j’espère que vous répondrez à toute mes questions et vous souhaites bonne continuation.

    1. Merci déjà pour le ton posé de votre commentaire, qui contraste avec les vociférations (sinon pires…) dans lesquelles certains tombent en venant réagir à ce billet. Surtout que votre commentaire pointe certains points qui soulèvent de vraies questions.

      Concernant le montant du SMIC, j’avoue ne pas voir le sens de votre argument. Mon propos est de comparer ce que touche l’auteur dans un système et dans l’autre. Le SMIC en France est à 1466, 62 euros et c’est la base pertinente à rapprocher de ce que touche ici l’auteur via le financement participatif.

      Par contre, votre question sur les cotisations de protection sociale et de retraite (Agessa) touche un point à prendre en considération. Les revenus du financement participatif ne sont pas des droits d’auteur, étant donné qu’ils ne sont pas liés à une exploitation de l’oeuvre mettant en cause le droit patrimonial. Donc ils ne rentrent pas dans le dispositif de l’Agessa. Par contre, ils sont bien sûr imposables, ce qui fait qu’on ne peut pas dire que l’auteur ne participe pas à l’effort collectif (au niveau national). Et l’auteur peut aussi cotiser pour sa retraite via un statut comme celui d’auto-entrepreneur. Ceci étant dit, comme vous le soulignez à raison dans votre commentaire, ce statut reste fragile et qu’il y a beaucoup à faire pour améliorer la condition des travailleurs indépendants (dont la proportion explose).

      Vous soulevez aussi un point important : ce n’est effectivement pas parce qu’un auteur réussit en financement participatif que cela veut dire que c’est un moyen viable pour qu’une majorité des créateurs puissent vivre décemment de leur activité. Mais relisez mon billet : je n’ai jamais soutenu qu’un système devait se substituer à l’autre. Je ne dis pas que tous les auteurs doivent opter pour une licence libre et passer par du financement participatif. Je dis juste que c’est une voie supplémentaire pour un créateur d’arriver à gagner sa vie. Si l’on se place au point de vue global, cela permettra à plus d’auteurs de tirer un revenu de leur activité de création. Mais le financement participatif croit de manière exponentielle ces dernières années et il est certain qu’il existe encore une forte marge de progression pour le secteur de la création.

      Enfin, vous plaidez pour rester prudent par rapport à ces nouveaux modes de financement, ainsi que vis-à-vis des licences libres. Là encore, je ne peux qu’être d’accord avec vous. Mais notez que dans mon billet, j’indique bien qu’il existe plusieurs voies qui peuvent être suivies, et pas seulement la CC-BY. Les auteurs peuvent utiliser la CC-BY-SA s’ils veulent éviter qu’un tiers ne reconstitue une couche d’exclusivité sur l’oeuvre (comme l’a fait Glénat). Ils peuvent aussi utiliser une CC-BY-NC s’ils veulent continuer à autoriser classiquement les usages commerciaux (et je cite l’exemple de Cory Doctorow). Pour moi, toutes ces voies sont légitimes en fonction des objectifs de l’auteur, de sa situation et de ce qu’il veut pour son oeuvre. Un auteur peut donc choisir des licences lui assurant plus de contrôle d’une CC-BY et je n’ai rien à redire à ça.

      Juste un « détail » avant de finir, depuis que j’ai posté mon billet la semaine dernière, David Revoy est passé de 2430 dollars par mois à 2645 dollars, soit une augmentation de une augmentation de presque 9%…

      1. 2645 dollars de recettes commerciales (merci aux intervenants précédents, je n’avais même pas pensé à cet argument) ne sont pas taxées comme des droits d’auteur, loin s’en faut. Compte tenu de la législation actuelle (RSI CFE, …) si l’auteur est en règle vis à vis de la loi, il faut compter pas loin de 55% de frais et prélèvements de toutes sortes (versus 30% si ce sont des droits d’auteur).
        Vous feriez donc mieux de parler de 1190 euros si vous voulez être crédible.
        Le succès de l’auteur ne change rien au fond de l’affaire.
        Le problème n’est pas (pour la énième fois) que cet auteur ait réussi, le problème est que Glenat exploite une oeuvre sans rien payer. Le signal est « L’éditeur n’est pas obligé de vous payer quoi que ce soit » s’il le fait, c’est parce qu’il le veut bien.
        Vous pensez bien que dans une concurrence aussi féroce, les uns et les autres vont chercher toutes les solutions y compris le sacrifice pour entrer sur le marché. L’abandon des droits d’auteurs peut faire partie de cette stratégie.

        1. Si vous saviez de quoi vous parlez, vous sauriez que le droit d’auteur ne peut pas être abandonné par celui qui le détient. Ce n’est pas possible. Vous confondez avec le droit anglosaxon et le copyright qui lui peut être cédé. Donc l’abandon du droit d’auteur en France ne peut pas être une stratégie de dumping social. A moins de modifier la loi.

  10. Juste une question: Les auteurs cotisent TOUS sur leur travail (donc un album, des planches…etc…) pour assurer une couverture sociale à eux et leur famille (ainsi qu’un semblant de retraite…) auprès des AGESSA (pour faire simple). Là, avec ce système, l’éditeur ne met aucune obole au système social (ce qui est déjà un scandale…), l’auteur non plus ( si ? non ?… Non, vu qu’il ne touche rien…). Aucune solidarité ne rentre en jeux. Au final, en cas « d’accident de la vie », il se passe quoi ? Glénat devient mécène de nos soins médicaux ?

    1. Calimaq va vous répondre qu’il est scandaleux de protéger les gens contre eux-mêmes, et qu’il faut laisser un auteur crever sans protection sociale si c’est son choix. Le discours libertarien dans toute sa splendeur abjecte (qui prouve bien, sur ce genre de sujet, que les libertariens sont à l’opposé des libertaires : la pensée libertaire est fondamentalement collective et soucieuse du bien commun, cf. ses inventeurs Proudhon, Bakounine, Tropotkine, Reclus, etc., tandis que la pensée libertarienne revendique le chacun-pour-soi, la loi de la jungle et l’ultralibéralisme).

  11. Bonjour à tous et paix sur vous !

    Ce débat est intéressant mais j’ai du mal à comprendre en quoi la Licence Libre est un avantage pour la BD, en général… Un auteur peut très bien céder gratuitement ou à moindre coût des droits d’exploitation au cas par cas, non ?
    Parce que là, il se fait déposséder de revenus que son oeuvre va générer, il perd un certain contrôle dessus (je conçois le Libre comme un combat éthique, contre les dérives commerciales. Du coup, c’est une autre forme de contrôle.)… Et ça profite en plus à milieu éditorial qu’il voulait d’abord éviter ou sur lequel il avait une petite rancoeur (si j’ai bien lu les propos rapportés).
    C’est finalement dommage : quel intérêt ICI du Libre si ça profite encore plus aux mêmes ? Et en le leur servant sur un plateau !

    D’un point de vue oeuvre/public/soutien financier, David Revoy a réalisé une bonne chose : un webcomic qu’il dirige comme il veut, un lectorat qui le soutient (quasi) directement. Un bel exploit, et indéniablement mérité ! Jusque là, ça donne envie.
    Mais après, on revient aux mêmes intermédiaires et PAF, du coup l’argent de ceux qui achèteront l’album ira encore moins dans la poche de l’auteur.

    Glénat vient après la bataille et se rince sur la bête : investissement minime, certains coûts déjà indirectement un peu amortis (belle communication, réalisation des pages/délais, lectorat potentiel; pas d’avance…). Niveau trésorerie, c’est un cadeau ! Normal qu’ils y aillent. Mais l’avenir, c’est de faire des cadeaux aux éditeurs en s’amputant soi-même de ces parts qu’ils essayent déjà de nous sucrer ?
    Je comprends que ce soit attirant de se faire éditer si c’est son premier album et qu’il rêve de le voir imprimé, de dédicacer, rencontrer ses lecteurs, d’avoir plus d’exposition de son travail, etc… C’est comme ça qu’on se fait tous un peu avoir, en fait. Il n’est pas plus naïf que bon nombre d’auteurs. Il saisit une occasion, il choisit son rêve quitte à passer à côté d’une meilleure entente contractuelle. C’est son choix. J’ai cru lire aussi qu’il avait un travail en parallèle.
    Ça créé par contre un précédent éditorial qui laisse les autres perplexes. On ne critique pas : on se dit juste qu’il méritait plus et qu’il était en position de force, ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’auteurs.
    DONC, je ne pige pas en quoi ça serait un modèle viable ou même noble.

    PS : on peut comparer son cas avec ceux qui galèrent dans le système classique . Pour moi, David Revoy avait réussi LE truc avant même que Glénat entre en jeu. Donc, c’est point encourageant en faveur du système lecteur-auteur. Après, il se brade à un éditeur et ça me laisse le goût d’un essai non transformé.

    Bonne soirée !

    1. Bonjour,

      Le principe du Libre, c’est d’accorder des libertés (au sens fort du terme) et pas seulement des autorisations, mais dans un périmètre volontairement délimité par l’auteur et exprimé envers tous par les clauses de la licence. Lorsqu’on utilise les CC (et je rappelle que cela n’a rien d’obligatoire), on accepte d’arrêter d’exercer un contrôle a priori sur une partie des usages de l’oeuvre, plus ou moins étendue selon la licence choisie.

      Les CC ont été créées pour favoriser la circulation des œuvres en ligne, la production d’oeuvres dérivées et les usages collaboratifs. Et l’exemple de Pepper & Carrot montre à quel point ça fonctionne. L’exemple des traductions de l’oeuvre est une parfaite illustration de ce qui peut advenir de positif lorsque qu’on lève l’autorisation préalable.

      Vous dites ensuite que toute cette histoire retombe dans le système éditorial classique, à cause de l’intervention de Glénat. Mais c’est faux et j’ai déjà expliqué en détail dans le billet pourquoi.

      C’est faux, parce que Glénat n’obtient pas (grâce à la licence Creative Commons) une exclusivité générale sur l’œuvre. David n’a pas cédé ses droits à titre exclusif pour une durée de toute sa vie et 70 ans après sa mort. Cela signifie que les libertés attachées à l’oeuvre restent intactes. David Revoy peut continuer la libre diffusion sur son site et surtout, le public peut continuer à bénéficier de la liberté de partager l’oeuvre et de produire des créations dérivées.

      On n’est donc pas retombé dans le système classique et c’est la raison pour laquelle je réaffirme ce que j’ai dit dans mon billet. Ce partenariat est bénéfique pour toutes les parties : l’auteur, l’éditeur et le public.

      1. Vous voulez dire qu’à tout moment de la durée de sa propriété littéraire, il pourra arrêter l’exploitation par Glenat ?? j’ai comme un doute, là!

        1. Comme si un auteur qui cède ses droits à titre exclusif à un éditeur via un contrat d’édition pouvait demander en claquant des doigts à arrêter l’exploration ! Merci d’essayer d’être un minimum constructif en commentaire et de pas balancer impulsivement des arguments qui n’en sont pas.

          1. De nombreux dispositifs peuvent arrêter le droit d’exploitation quand bien même le contrat a été signé pour toute la durée d’exploitation. Une négociation par exemple, la non disponibilité de oeuvre et surtout, de manière aujourd’hui automatique, la non réédition des comptes. En Allemagne, l’usage veut que les droits sont cédés pour des durées limitées. Les auteurs à succès, qui parviennent à négocier ne cèdent pas leurs droits pour toute la durée non plus…

      2. Oui, on est d’accord sur la logique des CC. ;)
        Cependant, je trouve qu’elle ne s’applique pas efficacement au domaine de la BD… à partir du moment où on veut rentabiliser son travail. De fait, un auteur a déjà la propriété intellectuelle de ses oeuvres et peut choisir d’en faire ce qu’il veut. C’est pour les droits patrimoniaux que ça me semble coincer (ici, en tout cas).
        Vous avez raison, on ne retombe pas dans le système classique : on tombe dans un système inversé, avec l’éditeur se retrouvant avantagé mais pas spécialement l’auteur, ni ses lecteurs en fait. L’auteur a déjà travaillé, diffusé, trouvé un lectorat financeur, créé une communauté, développé son oeuvre, suscité fidélité et envie, monétisé sa propre « avance », produit des pages,…

        Ce partenariat avec Glénat (juste 350 dollars/mois au bon vouloir, si j’ai bien lu) n’est pas folichon. Largement en dessous du système classique. C’est un choix mais pas un modèle économique ou éthique. Votre article est trop hâtivement élogieux sur la synergie. Elle existe entre l’auteur et sa communauté, elle est plus bancale avec l’éditeur. Je ne trouve pas les réactions très virulentes mais sainement critiques. Et c’est l’article qui engage sur le terrain du « modèle gagnant-gagnant ». C’est peut-être la joie de voir ce projet aboutir et grandir qui a guidé votre écriture, et je pense qu’avec les réactions, vous avez matière pour un article plus complet sur les attraits et les failles de cet arrangement.

        Pour l’exclusivité, il y a une contradiction : de fait, en publiant en premier un album à 10 000ex, Glénat s’octroie une sorte d’exclusivité, largement en dessous des contraintes d’investissement pour un album classique. Et il pose ses billes pour le tome 2. Il réalise un coup. En échange de ce cadeau, l’auteur est encore plus spolié que dans le système classique. Bien sûr, il peut aussi aller le faire éditer ailleurs et en même temps mais bon…(les termes du contrat nous renseigneraient).

        Je pense que Boulet est assez légitime à témoigner au vu de son parcours dans le blog puis l’édition de celui-ci. Sa lettre à l’auteur pose la question cruciale : pourquoi se brader ?

  12. Il n’y a pas deux univers, l’un dans lequel toutes les parties bénéficieraient de l’abandon des droits, l’autre dans lequel, sous couvert de règles, les auteurs se feraient arnaquer. Quel que soit le système, y a la création et l’exploitation. Des gens qui doivent manger en imaginant des oeuvres et des gens qui doivent manger en diffusant ces oeuvres. Parfois ce sont les mêmes, parfois non. Dans votre monde idéal, il n’y a plus de rémunération proportionnelles pour les oeuvres de l’esprit, il n’y a plus que des dons ou du commerce.
    Le droit d’auteur protège les auteurs « en cas de succès », précisément. Ici, l’auteur doit absolument compter sur les dons.

    1. Vous avez parfaitement résumé le problème : « le droit d’auteur protège les auteurs – en cas de succès -« . Mais combien arrivent à obtenir un succès tel qu’ils puissent en vivre décemment ? Les chiffres en la matière sont éloquents, et pas que dans le domaine de la BD, même s’il est particulièrement affecté. Cet article de Rue89 est particulièrement frappant : « Le droit d’auteur ne fait vivre qu’une infime minorité d’auteurs » http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2015/04/08/droit-dauteur-fait-vivre-quune-infime-minorite-dartistes-258577

      Évidemment pour ceux qui « ont du succès », le système est profitable, mais les autres ?

      Comment on assure des conditions de vie décente aux auteurs avant qu’ils aient du succès et comment on le fait pour la grande masse qui n’en aura jamais. Sachant par ailleurs que le nombre des créateurs explose dans la société (ce qui est un bien, mais renforce le problème de la rémunération).

      Voilà les vraies questions qui sont posées et clairement, la rémunération proportionnelle indexée sur les ventes ne peut plus à elle seule y répondre.

      Et une précision importante, que je me tue à répéter. Mais ce sera sans doute inutile pour vous, car vous avez visiblement décidé de me caricaturer.

      Je ne dis à aucun moment dans le billet que les licences libres et/ou le financement participatif doivent se substituer au système classique du droit d’auteur.

      Je dis juste qu’ils sont davantage du côté de la solution que du problème.

      1. Dès ma première intervention, je disais déjà que le système actuel est bien pourri. De même, le système du don et des licences libres nécessitent également qu’il y aient beaucoup de créateurs qui ne gagnent rien. Il n’y a pas de site de dons ou de financement participatif s’il n’y a pas une masse critique de projets. L’intérêt d’une plateforme de financement est de se conformer à la loi de Pareto, cad en faisant monter en épingle les projets qui marchent. L’abandon de la rémunération proportionnelle, s’il permet actuellement à certains de s’en sortir, n’est pas plus une solution qu’un problème. Une chose seulement est irréfutable, il permet aujourd’hui à Glenat de publier un album sans verser un centime de droits d’auteurs. Jacques ne doit pas être peu fier de cette première et de ce signal envoyé aux auteurs.

        1. Vous oubliez un truc, mais c’est toujours le cas quand on se prend la tête sur les artistes et leur rémunération. Ce truc s’appelle le public. Le public est ultra sollicité par la profusion de produits culturel, profusion en hausse. Seulement voilà son porte-monnaie lui il ne grossit pas, c’est même plutôt l’inverse. Donc ce public il est obligé de faire des choix et souvent ses choix sont orientés par le marketing, c’est pourquoi les petits labels, les petits studios et les petits auteurs ne survivent pas en jouant avec les règles conventionnelles.

          Autrement dit dans une société où le public a un budget limité pour acheter des produits culturels et où en même temps ces produits culturels sont de plus en plus nombreux – bd, romans, films, jeux vidéos -, la rémunération au pourcentage est juste un moyen comme un autre pour l’éditeur de ne prendre aucun risque puisqu’il ne sort de sa poche que de l’argent que lui a versé le public et non de la sienne dont il ne reverse qu’une très petite part à celui qui a fait la plus grande partie du boulot, l’auteur. Comme en plus les libraires sont obligés de s’engager sur un nombre de volume en stock, l’éditeur « baise » tout le monde dans les grandes largeurs.

  13. Ma question sur la couverture sociale n’a absolument pas été prise en compte. David Revoy est couvert comment ? Le système AGESSA est un système solidaire. En refusant les droits afférents à son travail (que je ne dénigre absolument pas), il laisse « aux autres » le soin d’être solidaires tout en prélevant, de fait, une part des revenus qui devraient revenir à l’assiette de cotisation générale. Car je répète et je signe: un éditeur ne cotise en rien à la couverture sociale des auteurs.

  14. Et même pour un auteur « sans succès », les AGESSA malgré ses insuffisances, permettent une prise en charge administrative de la couverture maladie de tous les auteurs.

  15. Question pour Boulet. Quand tu publies la version anglaise de ton blog :

    – tu rédiges personnellement la VO ?
    – c’est de l’entraide de la part de certains potes/lecteurs ?
    – tu fais appel à un traducteur professionnel que tu rémunères à la planche ?

    Si on considère l’argument « c’est tirer une balle dans le pied de la profession » et que tu ne fais pas appel à un pro pour tes trads, alors :

    – les lecteurs/traducteurs sont des « pigeons » qui ne recevront pas directement les fruits de leur travail (à part peut-être une binouze au comptoir du troquet du coin)
    – et c’est une balle tirée dans le pied des traducteurs professionnels, qui galèrent bien aussi.

    Je demande, hin, c’est pas pour juger. Je me demande si tu considères que c’est pas du tout la même chose.

    1. Ah, je repasse quelques jours après et je découvre votre question.

      Pour y répondre simplement: je le traduis moi-même. Le blog anglais ne génère pas de revenus (il est gratuit, pas de pub, pas de partenariat que quelque sorte que ce soit) donc aucun traducteur n’a été privé d’argent dans la démarche.)

      Il y a eu des tentatives de traductions « collaboratives » sur la base du volontariat au début (genre « dix notes traduites en échange d’un dessin original à l’aquarelle » (que je facture d’ordinaire beaucoup plus cher qu’une bière au bistrot du coin) mais ce système me donnait trop de travail en plus pour des résultats très mitigés et je l’ai très vite abandonné. Je me suis dit que tant qu’à avoir des résultats mitigés, autant en prendre la responsabilité seul.

      Quant à l’adaptation en livre, une traductrice a été embauchée par l’éditeur anglophone pour corriger mes traductions. Je n’ai pas touché un centime sur le travail déjà fait de mon côté.

      Est-ce que ça répond à vos interrogations passives-agressives?

  16. Les auteurs qui ne sont pas aux AGESSA sont … ? … Au RSA ? Si c’est le cas, c’est la solidarité nationale qui s’exerce. C’est la CSG et la CRDS que nous payons TOUS (hormis ceux qui font de l’optimisation ou de la fraude fiscale dans des paradis fiscaux) même les auteurs affiliés. Donc, si ce n’est pas dans un système solidaire… c’est où et quoi ?

    1. :
      Exactement comme les personnes touchant des revenus via le financement participatif, qui sont comme les autres soumises à l’impôt et participent à cette solidarité nationale. Ce qui ruine cet argument, comme tant d’autres avant lui…

  17. Je dois mettre un point d’interrogation à la fin de ma précédente phrase, ou tout le monde à compris ?

  18. Sans compter que je posais une vraie question et ne posais pas d’argument. Ceci dit, je laisse à chacun le soin de s’informer sur le lièvre soulevé précédemment. Mais ce n’est pas mon sujet.

    Et vous répondez donc que  » les personnes touchant des revenus via le financement participatif, qui sont comme les autres soumises à l’impôt et participent à cette solidarité nationale »…

    Mais ce n’est pas ma question. Moi aussi, je paie mes impôts sur le revenu, mon boulanger aussi, mon papi aussi, même mon voisin radin… cela paie les routes, les écoles… pas la couverture sociale.

    Je ne parle pas « des personnes », mais du cas présent, d’un auteur, qui édite un livre papier sur un marché « a minima » régulé par des prélèvements sociaux. Abonde-t-il aux AGESSA ? C’est simple, c’est Oui ou Non.

    C’est une question qui fait sens car elle est systémique. Je n’ai pas de réponse et pas de jugement préconçu.

    Si c’est non, expliquez-moi comment est/sera financée la couverture sociale des auteurs ?

    Si, vous êtes ministre des affaires sociales et que vous m’assurez qu’elle sera pris en compte par la solidarité nationale (c’est votre argument). Faisons-nous la bise et stoppons là.

    Si vous êtes président du SNE et que vous m’assurez que les éditeurs vont prendre en charge cela. Faisons-nous la bise et stoppons là.

    Mais si vous n’êtes ni l’un, ni l’autre, expliquez moi comment une caisse qui ne sera abondée par personne (Je rappelle les éditeurs ne contribuent à rien) va pouvoir prendre en charge les auteurs malades, en retraite, enceintes, en congés paternité…

    C’est une QUESTION simple. Pas un argument. Et je ne suis pas franchement un fan des AGESSA, ni n’est hostile sur le principe à l’open source. Juste : Expliquez-moi cela sur ce cas bien précis. Merci.

    1. C’est à l’Agessa qu’il faut poser cette question et pas à moi. Elle a déjà accepté qu’on lui déclare des revenus non directement liés à l’exploitation d’une oeuvre, comme par exemple avec les ateliers d’écriture. Elle pourrait faire de même avec les revenus tirés du financement participatif et le problème que vous pointez serait résolu.

  19. OK. Votre réponse est claire. Vous bottez en touche. Cela a du sens. Du moment que l’argent rentre, les conséquences de vos actes ne vous intéressent pas.
    Chacun pour sa gueule et dieu pour tous.
    Pourquoi pas. Je ne juge pas. Vous êtes certainement plus en adéquation avec l’air du temps que moi.
    Mais si c’est votre modèle de société pour vous et vos enfants, je vous le laisse.
    Cordialement.
    TG

  20. Je connais un peu le milieu de la BD, et je peux vous dire que j’ai pu me rendre compte que l’album BD papier est, pour la plupart des auteurs ou aspirant auteurs un Graal pour lequel beaucoup sont prêts à parier leur chemise, à suer sang et eau en échange de cacahuètes. Moyennant quoi, les éditeurs puisent à volonté, sans aucun état d’âme dans un vivier de talents qu’ils prennent et jettent s’ils ne s’avèrent pas rapidement, très rapidement rentables. Tout le problème est là, à mon avis : les auteurs sont en partie responsables de leur situation précaire en raison du « dumping » qu’ils s’infligent souvent à eux-mêmes. Ce qui risque de changer la donne, c’est que nous n’en sommes probablement qu’au début d’une révolution numérique qui va, à coup sûr, totalement bouleverser les modèles économiques actuels, peut-être dans le sens d’un rapport plus direct entre les auteurs et le public, d’une certaine interactivité, d’une plus grande liberté des créateurs, et sans doute, au final, d’une obsolescence, à moyen ou long terme du système d’édition classique. David Revoy aurait probablement dû aller jusqu’au bout de sa logique en refusant de traiter avec Glénat. Pourquoi l’a-t-il fait? Sans doute à cause du « Graal » de l’album papier. C’est étrange. C’est son choix, mais cela ne paraît pas très cohérent, et on a le droit de commenter, de contester et de critiquer cette démarche. Pour finir, je ne vois pas bien moi non plus en quoi Glénat peut être qualifié de mécène. C’est un épithète qui peut difficilement s’appliquer à un éditeur, qui est d’abord et dans une écrasante majorité de cas, un commerçant, voilà tout.

    1. Il ne pouvait pas « refuser de traiter avec Glénat ». Encore une fois – et c’est que je me tue à répéter dans ces commentaires – le principe même des licences libres est d’accorder des libertés. La CC-BY donne a priori la liberté de réutilisation commerciale et David Revoy ne pouvait pas empêcher Glénat d’imprimer sa BD. Glénat a juste utilisé une faculté qui lui était ouverte par la licence, conformément à la volonté de l’auteur. J’ajoute que si on veut garder un pouvoir de contrôle sur les réutilisations commerciales, c’est tout à fait possible avec les licences Creative Commons. Il suffit de choisir une licence comportant une clause « Non-Commercial » (NC). J’en parle d’ailleurs dans le billet avec l’exemple de Cory Doctorow.

      1. Même si l’auteur cède ses droits et le contrôle de son oeuvre, il n’est obligé d’accepter un paiement. Glenat n’est pas un de ses « lecteurs ». Si encore il avait remercié « Jacques Glenat » on resterait vaguement dans son combat éthique, mais là, c’est l’intervention de l’éditeur qui vient bouleverser sa donne.
        Eperdu d’admiration devant l’exercice de la liberté et le sacrifice consenti de cet auteur, vous manquez de recul pour comprendre l’autre point de vue. Vous avez du mal à percevoir la stratégie de Glenat

        1. Donc maintenant, il aurait en plus fallu que l’auteur refuse le soutien financier de Glénat ! Ben voyons ! Dites donc, heureusement que le ridicule ne tue pas, parce c’est largement la plus grosse énormité qui aura été laissée en commentaire sous ce billet… Et c’est pas peu dire ! Et vous parlez ensuite de « comprendre l’autre point de vue » ?

          1. J’ai dit qu’il pouvait le faire pour rester en cohérence avec le lien auteur-lecteur. Le groupe Glenat n’est pas un lecteur. La relation privilégiée auteur/ lecteur est biaisée par l’introduction de l’exploitant. L’exploitant gagne de l’argent grâce aux recettes en provenance des lecteurs et du don sans précédents de l’auteur.
            Il me semble que c’est la dimension « macro » que vous avez du mal à saisir. Glenat aurait parfaitement pu verser un contre-don proportionnel aux ventes (même faible)… Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? posez-vous cette question.

            1. Déjà expliqué plusieurs fois, mais je vais le refaire car je refuse de lâcher face aux commentaires biaisés que vous laissez pour discréditer la démarche de cet auteur.

              Il n’y a justement aucune perturbation de la relation entre l’auteur et la communauté de ses lecteurs, du fait du tirage réalisé par l’éditeur.

              Au cœur de la démarche de l’auteur, il y a la volonté d’autoriser le public, non seulement à accéder librement à son œuvre, mais aussi à la partager en ligne et à en produire des créations dérivées. De faire en sorte par exemple que quelqu’un qui écrit une fan-fiction dans Pepper & Carrot ne soit plus considéré comme un odieux « pirate ». Et David Revoy a aussi voulu permettre les usages commerciaux pour que ces productions dérivées puissent se financer, le cas échéant. C’est ça, le cœur de la philosophie du Libre, au sens fort du terme. Ce n’est pas l’oeuvre qui est libre grâce aux licences, ce sont les personnes.

              En contrepartie, l’auteur offre à son public aussi la possibilité de le soutenir via le financement participatif. Et le public a répondu à cet appel, pour une grande part pour soutenir cette démarche de Culture Libre.

              Or l’intervention de Glénat ne remet nullement en cause cette relation entre l’auteur et sa communauté, et c’est ça pour moi qui reste plus remarquable dans cette affaire. Que la liberté qui a été donnée ne soit pas reprise et/ou capturée.

              Les fans restent libres de réutiliser l’oeuvre et d’en produire des adaptations, tout comme d’autres acteurs qui voudraient faire des usages commerciaux. Le public peut en plus à présent acheter une BD imprimée de qualité, mais cela ne les prive nullement de l’accès gratuit en ligne. J’ai d’ailleurs acheté la BD et il est très clairement mentionné à l’intérieur que les contenus sont accessibles par ailleurs gratuitement en ligne. Nul n’est donc contraint d’acheter, sauf s’il tient à bénéficier de la valeur ajoutée (indéniable) de cette édition en version imprimée.

              Le « pacte de liberté » entre l’auteur et sa communauté de lecteurs est inchangé.

              Et c’est ce que vous n’avez de cesse de travestir ou de passer sous silence.

            2. En quoi le fait que l’auteur accepte un paiement de la part de Glénat vous importe-t-il à vous ?
              Ça vous enlève quelque chose à vous ? Non.
              De quel droit contestez-vous ce droit de l’auteur de recevoir ce don ? Vous n’avez aucune légitimité à le faire et votre avis sur la question ne m’intéresse pas personnellement. En d’autres mots vous pouvez vous le garder votre avis. Les conclusions que vous en tirez sont orientés parce que vous pensez pouvoir en faire un argument du genre : Arf, le gars il accepte le pognon, il est comme les autres, l’idéalisme est de façade, blablabla…

              J’ai envie de vous dire d’aller régler votre Oedipe ailleurs, on vous a assez lu.

        2. Je ne reviendrais pas sur le choix fait par David REVOY d’une CC-BY plutot que CC-BY-NC et qui, de fait, permet légalement à Glénat de publier/adapter Pepper&Carrot sans lui verser un radis.
          Partant de ce postulat où il ne verra pas la couleur du moindre centime sur les bénéfices faits, effectivement je ne vois pas en quoi il aurait à refuser un « mécénat » de la part de Glénat.
          Par contre, si Glénat avait un minimum d’éthique et de décence, quitte à subventionner l’auteur, il aurait pu lui donner tellement + que ce qu’il ne le fait actuellement.
          Même à ne serait-ce que 1000$ par mois, il aurait été encore super méga gagnant dans cette affaire…

          1. C’est vrai qu’il est notoire que tous les éditeurs versent 1000 dollars tous les mois à leurs auteurs, ad vitam eternam… On se demande alors comment les chiffres moyens de rémunération dans la profession peuvent être aussi bas…

            Par ailleurs, Glénat a choisi ce seuil de 350 dollars parce que c’est celui que l’auteur a lui-même fixé sur Patreon comme seuil pour les dons des organisations.

            Et d’ailleurs on constate que depuis la semaine dernière, une seconde organisation a choisi de lui faire des dons mensuels à ce seuil.

            1. « Ad vitam eternam »… Ah bon? Rien que ca?! j’ignorais que lorsqu’on s’engageait à subventionner quelqu’un sur patreon ou tipee, c’était à vie sans moyen de se retracter… tsss….
              Et vous savez, pour peu qu’un auteur dans un circuit « classique » travaille régulièrement avec un tarif planche « classique », cette somme peut être gagnée mensuellement.
              Enfin si je lis bien sur Patreon, c’est « 350$ ou + », y’a rien qui impose aux organisations de ne verser QUE 350$. Tout est une question de philosophie/ethique/moyen.
              Quand à la seconde organisation qui a choisi de lui faire dons, il serait bon de savoir laquelle et si elle commercialise un produit derivé sur lequel elle fait ou va faire des bénéfices…

              1. J’imagine que les fins limiers qui s’agitent dans ces commentaires vont se précipiter pour le déterminer et trouver mille et une raisons de clouer au pilori ce second mécène…

      2. D’accord.
        Désolé d’avoir à vous faire répéter des choses auxquelles vous êtes manifestement plus familiarisé que la plupart d’entre nous.
        Mais l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des créateurs, c’est de revenir à la situation d’avant Beaumarchais, qui créa, je crois, la première société des auteurs. Avant cette époque,si je ne m’abuse, quand un auteur dramatique, par exemple, écrivait une pièce, les comédiens, propriétaires de théâtre et peut-être même aussi les libraires, ne se privaient guère d’exploiter son oeuvre sans qu’il touche d’argent là-dessus. Souvent, même, on coupait, ou modifiait son texte sans son accord.
        Si on revenait à ça, et c’est la crainte exprimée par vos interlocuteurs, ce serait une fantastique régression. Nous vivons une époque de transition, très profitable pour certains « happy few », mais véritablement angoissante pour la plupart des gens, et pas seulement dans le domaine de la création.
        J’avoue ne pas avoir parfaitement compris le mécanisme par lequel les auteurs pourraient arriver à gagner mieux leur vie dans le système qui est en train de se mettre en place que dans l’ancien, mais c’est une question qui préoccupe énormément de monde, à juste titre. Vous semblez avoir du problème une connaissance technique réelle de la question, très supérieure à la nôtre, mais vous ne semblez pas très sensible au fait que les auteurs, déjà très précarisés, craignent que leur situation empire davantage.
        Qui peut prévoir l’avenir? Le système futur risque de ne pas apporter d’amélioration par rapport au système actuel: il favorisera les auteurs qui plaisent le plus au public, qui ont la cadence de travail la plus grande, ou qui seront disposés à tout sacrifier à leur passion, au détriment de leur vie personnelle. Ce qui est à la fois merveilleux, admirable, et effrayant, c’est qu’une personne possédée par la passion se soumet souvent d’elle-même, librement, à des contraintes beaucoup plus violentes que celles qu’un tiers pourrait lui imposer.
        Sur le principe des Licences Creative Commons, je pourrais me faire l’avocat du diable en disant que quelques-unes des plus grandes oeuvres de l’histoire de l’humanité, à commencer par l’Illiade et l’Odyssée sont des créations communes, puisqu’elles relèvent de la tradition orale. Le problème, c’est quand quelqu’un, particulier ou entreprise, met la main sur cette création, met son nom dessus et l’exploite à son seul profit.
        Pour l’instant, nous vivons encore dans un monde où tout est fait pour favoriser celui qui investit un capital FINANCIER. Quand celui-là sera mis sur un pied d’égalité réelle avec celui qui n’investit « que » du TRAVAIL et du TALENT, on aura fait un grand pas dans la bonne direction. Peut-être se dirige-ton vers ça, je l’espère, je n’en suis pas sûr du tout.
        Qui peut prévoir l’avenir ?
        En tout cas, il faudra d’abord que les auteurs deviennent moins candides et apprennent à se défendre.
        Désolé d’avoir été si long.

  21. @Calimaq : Glénat est un éditeur, son boulot est de payer son auteur. Point barre. le système dont vous parlez existe déjà en Afrique – pour bourrer de terre rares vos précieux Aïe-Phone – ça s’appel de l’esclavage. Avec un petit sourire polis pendant qu’on vous sodomise un verre de champagne à la main. Après si l’auteur accepte, pourquoi pas, il est libre, effectivement…

    Reste à savoir comment il fait pour taffer et exécuter ses planches en même temps. Il doit pas avoir un boulot bien prenant comme la plupart des crevards de l’art que je connais.

    Faire un livre, une BD, ça demande du temps, de la documentation – enfin si on veut produire autre-chose que du fan-service de bassement mercantile – de la concentration. Toutes ces choses qui devraient logiquement être prise en compte par l’éditeur. Système qui ne contribuera qu’à paupériser un peu plus les auteurs et à accroitre la masse d’œuvre sans intérêt.

    Les auteurs ont longtemps été une plate-forme d’expérimentation pour le libéralisme sauvage. ici on passe un pas de plus dans le néant abyssal qui nous attend dans le futurs. Sûr que les actionnaires de Glénat éjaculent des litres sur leurs écrans à cette annonce, salivant sur les bénefs’ à engranger.

    Excuser le ton acerbe mais il y a de quoi quand on a conscience des problèmes réels et qu’on est pas un bobo perdu dans les nuages des bisounours. Je rêve de ce moment ou les auteurs poseront enfin le crayon ou la palette graphique pour exiger une refonte entière de la rémunération de leurs putain de TRAVAIL !

    1. Je suis désolé d’en arriver là, mais je vais devoir rappeler quelques règles élémentaires de débat public sur Internet. OK pour répondre à des arguments, ce que je fais patiemment depuis une semaine sous ce billet. Mais rien ne m’oblige à accepter que cet espace de discussion serve de déversoir à des propos injurieux. Donc à moins que vous ne retrouviez le contrôle de votre esprit (et de votre vocabulaire), ce type de commentaires sera supprimé à l’avenir. Je vous renvoie aux mentions légales de ce site et plus largement à la loi, car les propos injurieux constituent un délit https://scinfolex.com/conditions-de-reutilisation/

      Je ne crois pas que vous serviez votre cause en plaçant le niveau du dialogue aussi bas… Je laisse votre premier commentaire en ligne à titre de documentation.

      1. Calipaq, je lis votre blog depuis quelques années maintenant, je suis moi-même utilisateur d’une licence CC By.Sa 2.0 Fr pour mes propres oeuvres dans le domaine musical. Je fais partie de ces auteurs qui sont aux minimas sociaux comme beaucoup d’amis et qui utilisent les licences CC pour permettre au public la copie et la diffusion de mes oeuvres légalement sur le Net. Oui parce que je considère que les CC sont un moyen de protéger mes auditeurs notamment d’Hadopi et que c’est aussi une alternative au système conventionnel. Mais bon, là après avoir lu tous les messages précédents j’ai l’impression de revivre les prises de têtes à rallonge des années en arrière sur les sites spécialisés. Toujours les mêmes boulets – Trolls serait plus juste – qui occupent l’espace avec leurs arguments moisis sans s’être un minimum intéressé aux licences libres ni à ce qu’est la réalité du marché de l’art au préalable. Donc je lâche l’affaire.

        Je ne comprends pas cet acharnement ni cette volonté de faire partir le débat dans tous les sens.

        Bien à vous :)

  22. Bonjour à tous !
    Je viens d’arriver au bout du bout de cette succession sans fin de commentaires, et croyez moi, ce ne fut pas une mince affaire ^^
    Il y a j’ai l’impression plusieurs débats qui se chevauchent ici. D’où le problème de communication.

    1) On est tous d’accord pour dire que c’est son droit le plus strict de publier sa BD sous CC-BY, mais à partir de là les opinions divergent :

    1-A) C’est chouette, il fait du libre, ça profite à tous, (À Glénat aussi ! (Qui, il me semble qu’on est tous d’accord là dessus, respecte la licence), c’est facilement distribuable, ça permet la création d’autre œuvres, etc.
    ->c’est tout benef pour tout le monde.

    1-B) Il est naïf s’il croit que le choix de cette licence est en sa faveur.
    ->C’est tout benef pour tout le monde sauf pour lui.

    1-C) Il crée un précédent dangereux pour les autres auteurs.
    ->Ça n’est bénéfique que pour Glénat (et peut-être les lecteurs du webcomic).

    Ai-je bien résumé les points de vue principaux ?

    Ceci étant dit, je pense que le débat principal reste la situation des auteurs/artistes/concepteurs/etc, qui veulent vivres de leurs travaux. Peut-être pourrions nous orienter plus clairement le débat dans ce sens. Cette question, comme dit précédemment, rejoint la problématique du travail qui disparaît. Le financement participatif ne semble pas être une solution généralisable (tout le monde m’a semblé d’accord la dessus), d’ailleurs aucune solution ne le seras sans doute, mais il y a peut-être d’autres solutions.

    Des propositions d’alternatives/reformes ?

    Bien à vous.

  23. Une question annexe qui a peu à voir avec les précédents commentaires : connaissons-nous l’origine des « patrons » ? « Heureusement que grâce à la traduction collaborative dont il a pu bénéficier, David Revoy n’a pas été obligé de compter uniquement sur le public français… ». Je suis française habitant en France et j’utilise Patreon tout bêtement parce que je lis plus de webcomics que de BD en ligne (au contraire des versions papier). Si je devais financer David Revoy, je pense que je passerais par Patreon. ça a l’inconvénient d’ajouter des frais bancaires €/$ mais puisque j’y ai déjà un compte…

      1. Oui, oui, j’en ai conscience. Ma remarque/question portait sur l’impact de la traduction et sur la possibilité de tirer des conclusions de la proportion de financement tipee/patreon. Je me disais que je n’étais peut-être pas la seule francophone à utiliser un site qui semble destiné aux lecteurs anglophones.

        Pour le reste, respect à l’auteur pour son choix de diffusion conscient et réfléchi ! Et pas d’opinion sur les choix de Glénat quant au financement de l’auteur. Est-ce que les volumes de Pepper et carrot comportent un lien vers le site et un signalement du financement participatif ?

  24. Et bien moi aussi j’ai réussi à lire tous les commentaires !

    Lionel, je trouve les commentaires grossiers comme celui d’Anne O’Nyme (dont vous feignez de vous offusquer) intéressants parce qu’ils s’appuient sur qqch qui semble totalement vous échapper: un minimum de sens moral.

    Oui, votre discours se tient et m’interpelle personnellement, en tout cas sur le plan logique. Ce que les commentateurs qui vous sont hostiles s’echinent à vous faire comprendre c’est que Glenat se comporte en pingre.

    Si vous vous rendez dans une soupe populaire où le tarif est libre et que vous payez le minimum alors que vous êtes très riche, vous êtes ridicule. Si en plus vous êtes le patron du réstau d’en face et que vous venez à la soupe pour faire une microéconomie et ne pas manger vos propres assiettes que vous vendez au prix fort, vous êtes un horrible grippe sou. Comme Glenat.

    Qu’est-ce qui empêchait un groupe aussi puissant de proposer un don un tout petit peu plus élevé et un tout petit peu plus proche du minimum décent ? (dont on est très loin)

    Tout cela n’empêche pas le principe de cette hypothétique soupe populaire – ou la licence Cc By + dons – d’être intéressant. Mais celui qui profite mesquinement du système ne mérite vraiment pas vos éloges. Étonnant que ça vous échappe. Aveuglement du dogmatisme qui « peut faire peur » pour vous reprendre….

    1. Il est complètement fallacieux de comparer ce que verse ici Glénat avec la rémunération classique qu’un auteur retire de l’exploitation de son œuvre par un éditeur suite à la signature d’un contrat d’édition.

      Car (je le répète encore une fois), Glénat n’obtient pas ici une exclusivité sur l’œuvre. Or dans l’équilibre classique du contrat d’édition, c’est bien la cession des droits à titre exclusif qui est le fondement de la contrepartie de la rémunération de l’oeuvre. Et je rappelle que céder que dire vendre.

      Ici, David Revoy n’a justement rien vendu, parce qu’il n’y a plus rien à vendre, vu la licence qu’il a choisi. On ne peut donc pas reprocher à Glénat ni de ne pas verser une rémunération proportionnelle aux ventes, ni de verser une somme mensuelle inférieur à la moyenne des à-valoir. Cela n’a juste aucun sens, car on compare deux situations différentes.

      C’est l’auteur ici lui-même qui a fixé un seuil à 350 dollars pour les contributions des compagnies. Glénat s’est aligné sur ce seuil et il joue le jeu dans le cadre fixé par l’auteur.

      Ce n’est pas du dogmatisme de dire cela, juste un peu de logique et de respect du sens des mots.

      Et cela me fait beaucoup rire de me faire accuser de dogmatisme, vu les torrents d’idéologie mal assumée que charrient la grande majorité des commentaires qui sont laissés sous ce billet.

      1. Je pense que Nicolas a mis le doigt sur un aspect intéressant, mais que votre commentaire répond à côté.
        Ce qui pose problème ici, c’est qu’il y a « création de richesse » quelque part, et que le principal responsable de la création de cette richesse ne reçoit qu’un contribution relativement faible (par rapport à la richesse créée) et même optionnelle.

        Cela rejoint le commentaire de Nicolas:
        ce n’est pas une question de « rationalité », mais une question de « morale ».

        C’est indépendant de ce que dit l’auteur ou que ce qu’implique la licence: peu importe l’avis de l’auteur ou de ce que la licence considère comme produit ou pas. Dans les faits, ce que les gens voient (et c’est un fait, peu importe le changement de vocabulaire opéré), c’est qu’un acteur qui fait un petit travail reçoit la part du lion, alors que l’existence de cette part du lion repose en grande majorité sur le travail de l’auteur de la bédé.

        On pourrait ensuite discuter de l’importance du travail de l’éditeur, mais à ce niveau, le « système traditionnel » s’équilibre pour définir la norme: si le travail de l’éditeur était si important, alors, les auteurs accepteraient que l’éditeur prenne une plus grande part. Or, ici, peu importe comment on tourne le problème, la situation est que Glénat paie proportionnellement bien moins que ce qui est la norme. (pire, en général, on prétend même que l’éditeur est en situation faussée où il est en position de force, qu’il va donc gagner plus que ce qu’il devrait normalement recevoir en cas d’équilibre)

        Peu importe que l’auteur dise qu’il n’a rien à vendre, les personnes qui voient la situation restent des homo sociologicus, et pas des homo œconomicus: ces personnes ont une sensation d’injustice face à une situation où ils voient quelqu’un tirer un grand bénéfice sans récompenser un des acteurs qui a été indispensable à ce bénéfice.
        Lors du jeu de l’ultimatum ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_l%27ultimatum ), certaines personnes peuvent accepter n’importe quelle offre, en prétendant qu’elles n’ont en réalité rien à perdre. Mais peu importe ce que ces personnes pensent: pour le public, la personne qui propose un partage disproportionné reste une personne moralement condamnable.

        (Ce genre de cas est bien plus rare dans le cadre du logiciel libre, car il est difficile de faire de l’argent en proposant un logiciel libre disponible gratuitement ailleurs sans proposer une valeur ajoutée qui justifie le gain. De nouveau, il ne s’agit pas de dire que l’éditeur n’apporte aucune valeur ajoutée, mais le coût de cette valeur ajoutée est déjà déterminée par la norme du marché, et dans le cas ici présent, on voit bien que cette norme n’est pas atteinte)

  25. C’est un très bel article ! Merci beaucoup !
    Mais je suis plus nuancés par rapports aux commentaires qui ont été faites. Je trouve dommage de critiquer et condamner Glénat pour avoir respecter les conditions d’utilisation de la licence de l’artiste. Cela reviendrait à demander la supression pure et simple de la licence CC BY.
    Si jamais je devais trouver un avantage à cette collaboration entre les deux, c’est l’indépendance de l’auteur : n’ayant pas signé de contrat, il ne dépend pas de l’éditeur. Il peut changer d’orientation dans son histoire sans avoir à rendre des comptes. Certes, Glénat a la possibilité de modifier l’histoire car la licence le permet, mais la version en ligne elle sera toujours libre pour son auteur.
    Si jamais vous n’êtes pas satisfait de la somme versée par Glenat pour Pepper&Carrot, libre à vous d’aller réagir au site de l’éditeur directement afin de faire pression sur lui ! Cela pourrait peut-être l’encourager à donner plus, un équivalent d »une planche » ou plus comme vous le dites.

    Après tout, c’est en s’entraidant que l’on peut améliorer la condition de vie des artistes, et ce quelque soit la licence choisie par chacun. Pas en nous entre-tuant :)

    1. La conclusion de tout cela serait peut-être effectivement qu’il faudrait envisager de supprimer la licence CC BY pour éviter que ce genre de situation se reproduise à l’avenir. Mais je pense qu’il est malheureusement impossible de parvenir à ce résultat, sauf à placer l’auteur sous curatelle pour cause de prodigalité.

      1. Ce commentaire constitue une terrible illustration de la logique poussée à l’extrême qui sous-tend beaucoup des critiques exprimées sous ce billet. Vous voulez faire interdire les licences libres ? Pour protéger l’auteur contre lui-même ? C’est bien ça ? Et en cela, vous ruinez le fondement même du droit d’auteur, qui est une faculté reconnue à l’auteur de décider ce qui peut être fait de son œuvre, aussi bien pour autoriser que pour interdire. C’est juste effrayant ce lire des choses pareilles, mais vu les réactions que je peux lire ici, il y a hélas fort à craindre que ce genre d’attaque frontale des licences libres finissent par se frayer un voie jusqu’au parlement…

      2. Je ne sais pas si je dois prendre votre réponse comme sérieuse ?

        Interdire cette licence reviendrait à interdire à tout auteur une indépendance des éditeurs.
        De manière générale les contrats que l’on signe amène toujours moins de liberté. Dans le cas de l’auteur, cela implique également moins de contrôle sur son propre oeuvre : presque tous les droits patrimoniaux sont gérés par l’éditeur. Seul le droit moral est garantie à l’auteur quelque soit les circonstances.
        Si dans le futur, l’édition d’un livre ne peut se faire exclusivement que par la signature d’un contrat, nous perdons alors un système alternatif conséquent. Et à moins d’être un artiste connu capable de négocier :
        – celui-ci n’a pas une garantie d’avoir un contrôle sur les produits dérivés,
        – il n’a pas pas une garantie de pouvoir continuer son oeuvre s’il souhaite quitter son éditeur.

        Bien sur quand je parle de contrôle, c’est dans les deux sens : celui d’interdire et celui d’autoriser. Et il est important que le droit d’autoriser soit garantie par l’auteur.

  26. Franchement, ces débats me tuent. Le concept licence libre est une damnée bonne idée. La manière dont vous le défendez, Calimaq, semble dogmatique et se disqualifie pour cela. Pour être très sensibilisé et au monde de l’édition, et aux problématiques que soulèvent la quadrature, je suis atterré de votre manière de répondre aux critiques, pourtant constructives, mesurées, et intéressantes, qui sont adressées à votre papier. Vous ne semblez pas admettre la moindre remise en cause de vos postulats. C’est dommage.

    Il faut vous rendre à l’évidence, pourtant : pour moisi que soit le concept de droit d’auteur (on devrait en effet, dans une société équilibrée, pouvoir s’en passer), il demeure le seul rempart qui protège les créatifs du monde du pognon, dont vous conviendrez peut-être qu’il ne s’est pas affaibli ces dernières années.

    Il se trouve, mon ami, que si ce que vous défendez est beau et noble, cela ne fournit pas la bectance au quotidien aux auteurs, sauf l’exception que vous levez dans votre billet. Je le redis, face aux grosses boîtes capitalistes, ce sale truc qu’est le droit d’auteur est le seul drap qui couvre les auteurs par ailleurs à poil. Enlevez ça, en l’état actuel des choses…

    Il manque un monde à vos arguments. Un monde. Un milieu, si vous préférez. En attendant que celui-ci advienne, reconnaissez qu’un intervenant (Glénat), qui n’a à peu près pas foutu une rame dans l’affaire, se sucre (et ses actionnaires avec) sans produire grand-chose (pour ne pas dire « rien », hein). Le truc libéral gagnant-gagnant, excusez-moi, c’est quand même vilainement du flan : d’un côté, un mec gagne des clopinettes de l’éditeur au lieu d’avoir peau de balle (champagne !), de l’autre un éditeur fait du fric en ne payant pas ce qu’il payait avant (champagne, un p’tit Dom Perignon, puis ce sera Petrus et enfin la Romanée Conty sur le dessert). Le progrès, dans votre démarche, il est loin, malheureusement, aussi révolutionnaire que soit le concept du libre. Le libre, il est universel, ou il est de la baise. Et vu le calibre des grosses boîtes, d’édition ou d’autre chose, on est plus proche du fist que de la félicité. Maintenant, hein, si vous me démontrez le contraire, je serai aux anges, sans déconner.

    Parce que la licence libre, ça a de la gueule. Mais enfin, soyez réaliste, surtout quand vous brandissez des statistiques : la paupérisation du milieu de la BD ne risque pas de s’arranger si on trouve le moyen de refiler encore plus de pouvoir aux maisons d’édition, ce qui se passe clairement dans le « deal » dont vous faites l’apologie, pour une raison qui m’échappe.

    J’espère que votre noble passion du libre ne vous aveugle pas au point de ne pas voir combien les gens que vous semblez vouloir déjouer profitent dans cette affaire au détriment des petits.

    Qu’en est-t-il de vos réponses aux questions telles que : 350€, c’est le prix d’1 planche de ce niveau scénar/dessin/couleur, or le mec tient une moyenne de 7 planches/épisode, d’où l’éditeur est-il éthique, au fond ?

    Pourquoi un tiers (l’éditeur) qui est réputé pour se tailler la part du lion dans les contrats classiques devrait avoir la possibilité de se faire encore plus de blé avec une telle licence ? En quoi est-ce juste, ou éthique ?

    Enfin, en quoi cela ne menace-t-il pas les autres auteurs, déjà pas riches comme vous le soulignez, si le rapport de force qui réglemente (au fond) les négociations inclut en plus le fait qu’il y a des mecs qui fournissent gratuit des boulots qu’ils ont déjà fournis, quand on veut vendre un projet « classique » ?
    Question subsidiaire : est-ce à dire que la norme doit être « bosse gratuit d’abord, on verra ensuite » ? (transposez ça chez votre maçon ou plombier, pour saisir la gueule du postulat)

    Merci de m’avoir lu, merci davantage si vous pouvez répondre, Messire Calimaq.

  27. Monsieur Calimaq,

    si je comprends bien, vous souhaitez que la porte du poulailler reste éternellement ouverte pour que n’importe qui puisse aller se servir librement en œufs. Mais si n’importe qui peut entrer, les renards aussi. Et si les renards ne se contentent pas de prendre les œufs mais aussi de dévorer les poules, comment pourrez-vous continuer à avoir des œufs frais ?
    Généreux de vouloir abolir la propriété des autres ! Mais si c’est votre poulailler et que votre vie dépend de la production de votre élevage, comment faire ?

    Votre logique qui se prétend libertaire est en réalité ultra-libérale.

    En défendant Jacques Glénat, vous vous rangez du côté des renards… sauf si vous admettez la nécessité d’apposer un verrou à la porte du poulailler pour éviter aux petits rusés de se goinfrer aussi facilement. Ce verrou existe. En France, il s’appelle le droit d’auteur. Il n’est pas un conservatisme pour vieux privilégiés mais le fruit d’une longue lutte pour défendre et rémunérer la liberté d’expression. Et il serait préférable que ce droit doit reste inaliénable, n’est-ce pas ?

    Sincères salutations,
    f*

    1. vous vous adressez à l’auteur du billet mais je me permets un commentaire : j’ai eu un jardin avec des noisetiers. J’avais mis un panneau incitant les gens à se servir (encore que j’aurai pu consommer tous les fruits et/ou les donner spécifiquement à certaines personnes). Je savais qu’allaient peut-être se servir des gens qui avaient les moyens de s’acheter des noisettes, qui avaient eux-même un jardin voire pouvaient utiliser mes fruits pour en faire des gâteaux et les vendre. Et alors ? Si c’est le choix que je fais. Si je choisis d’ouvrir mon poulailler en sachant qu’une couleuvre avalera peut-être mes œufs, en quoi est-ce que je dérange ceux qui font un choix différent ? L’analogie a ses limites puisque je ne retirais aucun bénéfice de l’ouverture de mon jardin alors que David Revoy tirera peut-être bénéfice de l’usage que fait Glénat de ses fruits (même si ce n’était pas son but originel).
      Cela étant, je crois comprendre la crainte de paupérisation : c’est comme quand un stagiaire accepte d’enchainer 5 stages à peine rémunérés et que le reste de la profession le maudit parce qu’en faisant ça, il décourage l’employeur de recruter pour de bon. Est-ce l’idée ?
      Peut-être que le travail des éditeurs devrait être de sélectionner plus drastiquement ce qu’ils publient et de ne pas donner d’espoir à plus d’auteurs sous-payés que le public ne peut en rémunérer par ses achats.

      1. c’est précisément parce que les éditeurs sélectionnent ce qu’ils publient ET que cet auteur a été éconduit qu’il a publié en CC. Il le dit lui-même dans une réponse à Boulet sur un autre blog (j’ai mis le lien précédemment)
        En réalité, les éditeurs sélectionnent beaucoup moins les auteurs qu’il y a 15 ans, en effet le nombre de publication a fortement augmenté. Ils appliquent la stratégie de l’agriculteur semeur en lieu et place de la stratégie de l’éleveur. Tout cela est fort bien expliqué dans le livre « le travail créateur » de Pierre Michel Menger que je vous encourage à lire pour prendre un peu de recul.
        Or donc, il est naturel, quand un auteur a été retoqué (peu importe les bonnes ou les mauvaises raisons) et qu’il croit fortement en ce qu’il fait, qu’il cherche tous les moyens possibles pour être publié, y compris la gratuité contre d’éventuels dons. Ici, c’est bien l’abandon d’une rémunération proportionnelle, et la consolidation d’un public qui a permi sa publication.
        Dans ce sens la démarche de l’auteur ne peut pas être critiquée en soi. Il a fait ce qu’il a pu pour s’en sortir. C’est un peu un investissement « tout ou rien ».
        Ce n’est pas du tout la même chose que d’ouvrir son jardin pour que d’autre personnes profitent d’un surplus de denrées qu’on ne peut pas manger ou transformer pour x raisons.
        En revanche, là où l’image prendrait du sens, c’est si vous voulez devenir maraîcher et que vous n’arrivez pas à aller sur un marché par manque de place, vous les distribuez gratuitement sur le bord de la route en espérant une obole. Au bout de quelques années, si les maraîchers aux alentours vous laissent faire, vous aurez longtemps travaillé à perte, mais peut-être que, la qualité aidant, vos donateurs vous feront vivre. Entre temps, vous avez aussi permis à un industriel d’utiliser votre jardin pour inonder le marché sans vous reverser quoi que ce soit. Mais au bout du compte, vous êtes maraîcher, votre rêve vous aura coûté cher, mais vous l’aurez réalisé.

        1. « c’est précisément parce que les éditeurs sélectionnent ce qu’ils publient ET que cet auteur a été éconduit qu’il a publié en CC »

          Il y a évidemment un peu de ça, mais je pense qu’il y a aussi surtout beaucoup d’autres choses, qui font que son cas est de toute manière très singulier par rapport au monde de la BD classique. Et en particulier le fait qu’il ait décider de le placer en CC-By n’est pas seulement le fait d’une simple « expérimentation », pour voir ce que ça donnait et espérer être publié, mais surtout le fait qu’il a une expérience particulière très liée au monde du logiciel libre et bien moins au monde de l’édition de BD, ce qui n’est probablement pas le cas de la plupart des auteurs de BD, pour plein de raisons :

          – Il travaille depuis très longtemps avec des logiciels libres, et dans des projets liés de très près aux logiciels libres et à leurs développeurs. Par exemple il a été « concept artist » (rémunéré, déjà par du financement participatif) dans les films de la Blender Foundation (Sintel, sorti en 2010, Tears of Steel, en 2012) : des films faits pour montrer qu’on peut faire de l’animation 3D avec des logiciels libres (essentiellement Blender) et aussi surtout financés (par le public, essentiellement des utilisateurs de Blender) à la fois pour le côté artistique et pour le développement particulier du logiciel Blender pendant la réalisation.

          – Il fait de la « peinture numérique » (je vous recommande d’ailleurs vivement d’aller voir ses œuvres pré-Pepper&Carrot), donc plus des tableaux que de la BD. Je ne suis ni spécialiste du monde de la BD ni du monde des artistes-peintres, et encore moins des « artistes peintres numériques », mais j’ai plutôt tendance à imaginer que ce sont des mondes bien différents… Le fait que son outil de travail soit exclusivement numérique, à base de logiciels libres, et qu’il est un peu « geek libriste » sur les bords (je l’ai déjà vu en conférence à une ubuntu-party à Toulouse où il présenter son travail, sous MyPaint à l’époque si je ne m’abuse), lui a donné un accès à un public particulier. Je pense que la plupart de ses donateurs (dont je fais partie), du moins les premiers, sont fortement issus du milieu du logiciel libre.

          – Pour Pepper&Carrot, c’était nouveau pour lui de faire de la BD. Le site a donc plutôt été conçu comme une expérience de publication web, autour du financement participatif et des licences très permissives, avec volonté que d’autres s’approprient cette œuvre et la transforment. Et je pense que la majorité des lecteurs-donateurs initiaux (bien plus internationaux que francophones d’ailleurs) l’ont fait précisément parce que c’était une licence très libre, et ont donné non seulement parce qu’ils appréciaient l’œuvre, mais surtout qu’ils étaient intéressés pas la démarche (publication de toutes les sources sous github, codes libres, tutoriaux d’utilisation de logiciels, processus de traduction participatif structuré par du code, etc.), et le fait que l’œuvre soit sous une licence si permissive.

          Du coup ce projet est finalement bien éloigné de l’idée d’une BD classique. C’est seulement ensuite (et plutôt tard) qu’est arrivé Glénat. Je conseille vraiment d’aller voir la page où il se présente comme auteur : http://peppercarrot.com/en/static7/author
          Vous y verrez que la « Dream TODO List » (établie au tout début du projet) ne comporte rien sur l’édition papier (mais des trucs beaucoup plus funs).

          Bref, je comprends qu’on trouve que Glénat se fasse plein (trop?) d’argent là-dessus, mais dire que c’est parce que David Revoy n’a jamais été publié qu’il s’est « bradé » en faisant du CC-By et qu’il aurait « dû » choisir autre chose est un peu un très gros raccourci.

          Par contre, si la question est celle du message donné par Glénat : « est-ce que ceci est une incitation à d’autres auteurs à abandonner le système traditionnel (et donc basculer dans un monde différent, forcément source d’inconnu et peut-être d’inquiétudes) ? », c’est une question légitime, et on n’est pas à la place de Glénat pour connaître la réponse… Ceci dit, il me semble que la démarche bien singulière du projet est bien expliquée dans la version papier. Comment ce sera interprété par la suite en terme de message, on ne le sait pas trop, même si on voit déjà plusieurs auteurs prendre position sur cette interprétation. Peut-être qu’un message fort directement de Glénat, à destination des auteurs, serait plus appréciable (du genre « nous utiliserons les bénéfices pour favoriser tel ou tels types de petits artistes, publiant sous tel ou tel type de licences »).

          1. Ma définition de la liberté est celle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789:
            Art. 4. –
            La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

            C’est incompatible avec la loi du plus fort que vous défendez mais compatible avec le droit d’auteur dont nous avons hérité de Beaumarchais et Victor Hugo.

            f*

  28. J’ai vu les différentes réactions et je ne pensais pas que les gens allaient s’énerver comme ça… Je trouve cela bien triste.

    Je n’ai pas d’avis à donner, n’étant pas auteur de BD… Par contre, je soutiens le libre, je soutiens David qui a fait le choix de partager son travail (et je donne via Patreon), je “soutiens” Glenat pour sa prise de risque (et j’ai acheté la version bd).

    Avant mon job actuel, j’ai travaillé un moment dans l’audiovisuel (cadreur monteur). Et avant de devenir “professionnel” et d’en vivre, j’ai été amateur, bénévole, payé au lance pierre, le temps de me faire des contacts, un book, et tout simplement m’améliorer.

    A partir de quel moment on peut se considérer comme pro ? Pour moi ce n’est pas une question de maîtrise de la technique – il y a des “pro” qui bossent comme des cochons et des “amateurs” qui font un boulot de dingue. Pour moi, c’est plutôt une histoire de reconnaissance. Il suffit de faire la comparaison avec les youtubeurs. Beaucoup ne les voient que comme des jeunes qui s’amusent alors qu’ils font (pour certains) un gros boulot d’écriture, de réalisation, de recherche etc… et qu’en plus ils en vivent (pour certains), soient via leurs communauté (Tipeee par exemple) ou via leurs revenus publicitaires. Donc ce sont des pros ? ou des amateurs ? Pour moi la question n’a pas lieu d’être. Et ce n’est pas pour autant qu’ils font du tords aux réalisateurs labellisés par le CNC et autres organismes officiels. Est-ce que youtube fait du tord à la télévision? Pour moi on ne peut pas comparer ces deux systèmes et de toute façon, j’aurais tendance à dire que la société et les usages évoluent.

  29. Démarche intéressante, expliquée avec transparence et clarté par le dessinateur sur le blog de Neil Jomunsi… mais vendue et défendue horriblement par l’auteur de cet article. Faire l’éloge du gros éditeur Glénat, réputé internationalement pour sa pingrerie et ses magouilles Panama-paperiennes, en disant que sa démarche en « encore davantage qu’éthique » est aussi neuneu que si Greenpeace faisait l’apologie du greenwashing des multinationales….

    Si vous voulez convaincre les gens de vos idées Monsieur Scilex, il va falloir apprendre à comprendre les points de vue opposés au vôtre, voir les nuances dans ces points de vue, et descendre de vos grands chevaux de fonctionnaire-blogueur-et-théoricien-du-travail des autres. On ne parle pas de métaphysique mais de la façon de se nourrir soi-même ou sa famille. Un peu de dos-rond et de pédagogie ne fait pas de mal quand on aborde ces sujets…

    1. Bonjour !
      Vous avez tout à fait le droit de ne pas aimer Glénat, et vous avez, j’en suis sûr, de bonnes raisons pour que ce soit le cas. Il n’en demeure pas moins que dans ce cas là, Glénat à respecté la licence/volonté de l’auteur. C’est tout.

      Bien à vous.

      1. Ils ont aussi changé la police d’écriture dans les bulles pour pouvoir déposer un copyright sur l’album considéré comme une « nouvelle oeuvre »

        « Plus qu’éthique »

        Bien à toi

        1. nicolas,

          La publication sur papier de P&C par Glénat est sous copyright traditionnel: ça n’a rien de choquant puisque la licence CC-by l’autorise. Glénat peut bien aussi modifier la typo. David dit aussi que cet album papier comporte moins de détails et de nuances de couleurs. Qu’est-ce que ça peut bien faire puisque les sources d’excellentes qualités nous sont accessibles d’un clic, sans limitations par l’auteur David Revoy?

          Glénat peut changer l’histoire, l’ordre des cadres, etc. Moi aussi, qui ne suis ni auteur, ni éditeur.
          Mais aucun éditeur ne pourra faire pression sur David pour qu’il modifie ses dessins, ni les typos qu’il a choisies.

          Je n’irai pas acheter l’album, c’est sûr. Si Glénat est un rat, que nous importe car il ne possède pas P&C. David n’a pas signé de contrat avec ce rat d’égoût et ce rat ne dévore rien car nous avons tous des copies, bien meilleures et que nous pouvons améliorer.

          Moi aussi, j’ai changé une typo car elle n’était pas lisible dans ma traduction (qui figure sur le site de David et dans ses sources, sauf s’il l’a modifiée de nouveau, c’est son droit aussi) et David a modifié sa typo principale, Lavi, (dont il n’est pas l’auteur) pour l’enrichir d’accents qui n’y figuraient pas, au fur et à mesure de traductions dans de nouvelles langues. Ainsi, Lavi est devenue une meilleure typo grâce à l’usage diversifié qui en est fait et au bon travail de David.

          C’est tout cela qui me paraît important à souligner dans l’usage d’une licence libre (même non contagieuse, comme la licence CC-By-SA)

  30. Une bonne affaire pour Glénat ?

    La BD reste disponible en licence CC-BY…. Si la vente en album est un succès, Il y aura bien quelqu’un pour l’imprimer sur un papier un peu moins bon et qui le vendra moitié moins que Glénat.

    Pas sûr que l’éditeur puisse faire plein de thune sur le dos de l’auteur

    1. 10.000 ex, diffusé partout, Glenat espère saturer le marché. Ce ne n’est pas un perdreau de l’année… Si ce n’est pas un éditeur qui se fait de l’argent, ce sera deux ou trois.
      L’auteur estime que c’est le prix qu’il doit payer s’il veut être dans le catalogue d’un éditeur reconnu et diffusé nationalement en librairie. Le marché de la librairie est tenu par les éditeurs/diffuseurs et l’auteur ne peut décider « librement » d’y accéder.

      1. > L’auteur estime que c’est le prix qu’il doit payer (…)

        Vous ne comprenez toujours pas la notion d’art libre, et raisonnez comme si **votre** façon de penser est l’unique façon possible.

        Enlevez-vous vos préjugés de la tête! Il n’y a **aucun** prix à payer, l’œuvre est déjà payée et tout le monde est libre de tout faire (y compris concurrencer Glenat en faisant la même chose sur la même oeuvre ou sur une autre oeuvre libre avant qu’ils le fassent). Vous n’arrivez pas à imaginer que d’autres ne fonctionnent pas comme vous.

        > Le marché de la librairie est tenu par les éditeurs/diffuseurs et l’auteur ne peut décider « librement » d’y accéder.

        Et justement : on s’en fout. Soit les éditeurs s’adaptent soit on trouve d’autres moyens pour diffuser et les éditeurs qui ne se sont pas adapté mourront.
        Quitte à me répéter, vous vous posez en victime du système mais vous n’imaginez pas en sortir tellement vous l’aimez et ne le remettez pas en cause.

        Vous n’êtes pas victime du système, vous êtes acteur passionné de ce système que vous critiquez que pour la forme (vous en voulez encore plus, votre « part » n’est jamais assez et ne le sera jamais assez, sans pour autant prendre la place de ce que vous critiquez comme si dans la réalité ce n’était pas si « profiteur »…).

        ***

        C’est fou ça de ne pas pouvoir imaginer une seule seconde une autre façon de penser, et d’insulter les gens ne pensant pas comme vous en sous-entendant qu’ils perdent (quoi? mystère, puisque vous dites que la façon « classique » est horrible donc du coup on s’interroge sur « le prix à payer », le gain à ne pas le faire…).
        Ca en devient ridicule, et impossible à débattre, car vous racontez toujours les mêmes erreurs d’interprétation sur qui gagne quoi dans l’histoire.

        Ici, aucun prix à payer, aucune perte, même si l’idée vous dépasse.

        1. Nous vivons tous les deux dans le même monde. C’est notre interprétation de ce qui se passe qui diffère. l’un de nous deux peut faire des erreurs d’interprétation, c’est sûr. Ca ne va pas vous blesser. De mon côté je ne me sens pas « victime ».
          Je comprends très bien votre façon de penser, je n’y adhère pas c’est tout.
          Vous ne voyez pas l’argent qui circule, vous pensez que vous fabriquez des choses gratuitement, en dehors du marché. Je pense l’inverse, mais libre à vous de penser le contraire.
          (même dupliquer un fichier, ça coûte de l’argent et quelqu’un doit payer pour que ça puisse se faire)
          et puis, vous ne pouvez pas entendre une critique sur Glenat sans vous sentir insulté?

          1. > et puis, vous ne pouvez pas entendre une critique sur Glenat sans vous sentir insulté?

            J’attends toujours une critique réelle sur ce qu’a fait Glénat. Ce que vous ne semblez pas comprendre est que votre critique se base sur des préjugés (vos préjugés) sur le libre.
            Ici, Glénat a tout fait dans les règles (et a même fait plus que nécessaire), j’attends donc une critique **fondée** de votre part (et non pas une critique qui comme par hasard n’est valide que sur vos préjugés).

            Pas de chance pour vous, Glénat a joué le jeu à 200% (100% pour ses obligations contractuelles complètement remplies et 100% pour payer l’auteur alors qu’ils en ont aucune obligation contractuelle), du coup vous avez besoin d’inventer des critiques pour vous auto-persuader qu’ils sont mauvais.

            > De mon côté je ne me sens pas « victime ».

            Sérieusement, ce n’est pas ce qu’on comprend quand on vous lit (que ce soit à propose du « système actuel » qui semble vous faire souffrir ou que ce soit vis à vis d’une personne « disruptive » qui ne vous enlève rien mais propose un autre modèle).

            Vraiment, vous devriez vous relire si vous pensez ne pas vous poser en victime, car ce que je lis de vous depuis le début de ce thread est de la victimisation

            > Vous ne voyez pas l’argent qui circule,

            Je le vois, et je trouve votre remarque complètement hors sujet, comme une fuite en avant pour ne pas parler du sujet, en plus de vous victimiser. Oui, la vous jouez la victime alors que vous dites ne pas vous sentir victime, dans un même commentaire on a une personne qui dit ne pas se sentir victime mais qui dit que l’argent circule sans lui.
            En quoi cet argent qui circule pose problème? Si vous pensez savoir faites mieux, foncez et remplacez les! C’est d’un classique de victimisation de se plaindre que l’argent circule sans faire le taf qu’ils font. Nous ne sommes pas en dictature ni dans un domaine de monopole, vous êtes libre de proposer une meilleur système (un meilleur éditeur qui donne plus de pourcentage? foncez si vous penser savoir faire), mais ne le faites pas.

            > (même dupliquer un fichier, ça coûte de l’argent et quelqu’un doit payer pour que ça puisse se faire)

            Tout à fait, comme imprimer à 10k exemplaires sans aucune vente garantie a un coût et un risque, et c’est normal que Glénat se rémunère pour ça. Vous donnez des arguments pour dire que Glénat fait une très bonne chose la…

            Vous n’avez toujours pas compris le modèle financier du libre, et surtout vous vous portez en victime (en disant le contraire) dès que vous voyez des sous vous échapper (même si vous dites vous – même qu’un autre travail, comme par exemple éditeur, a un coût, vous vous contredisez).
            Reposez vous, relisez vous, voyez les incohérences. Et surtout, acceptez un autre modèle financier même si vous pensez que le votre est le meilleur (aucun des deux est interdit, mais bizarrement vous vous sentez obligé de critiquer le modèle que vous n’aimez pas, pourquoi? si votre modèle est mieux, le modèle de l’art libre ne décollera pas c’est tout; si il décolle, c’est peut-être alors vous qui vous êtes trompé).

  31. Une BD pas exactement sur le sujet du libre mais sur le sujet de la commercialisation de la BD, de son histoire tumultueuse à des idées pour son futur : « Réinventer la bande dessinée » de Scott McCloud.

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