Citizen Fan : un webdoc de France TV qui donne la parole aux fans créatifs

J’évoque souvent sur S.I.Lex les pratiques « transformatives » : remix, mashup, parodies, détournements, fanfictions et autres manières de créer à partir d’éléments préexistants, qui constituent l’une des caractéristiques de la culture numérique. Elles sont devenues au fil du temps l’un des terrains privilégiés pour observer les tensions entre les règles du droit d’auteur et l’émergence de nouvelles formes de créativité. Parfois assimilée brutalement au « piratage », la culture du remix peut en effet violer les règles du droit d’auteur et tomber sous le coup de la contrefaçon. Les débats sont intenses pour savoir s’il est possible de légaliser ces pratiques en assouplissant le cadre juridique en vigueur, ce que le rapport Lescure avait par exemple envisagé en 2013.

 

Mais avant d’être saisies par le droit, les pratiques transformatives sont avant tout le fait d’individus, souvent rassemblés en communautés sur Internet, qui créent parce qu’ils entretiennent une relation particulière avec les oeuvres dont ils sont devenus des « fans ». Internet et le numérique constituent des sujets dont s’emparent régulièrement les médias « mainstream », mais la parole est rarement, sinon jamais, donnée directement aux internautes pour qu’ils racontent leur expérience.

C’est cette approche originale qui a pourtant été adoptée par le webdoc « Citizen Fan », sortant cette semaine et diffusé par France Télévision. De manière assez inédite en France, les projecteurs sont tournés cette fois directement vers les fans créatifs, dans le but d’entrer dans leur univers et de comprendre leur démarche.

Il se trouve que j’ai eu la chance de participer à ce projet, à l’invitation de la réalisatrice du webdoc, Emmanuelle Wielezynki–Debats, qui m’a demandé d’apporter un éclairage sur les questions juridiques sous forme d’interviews.

Un webdoc centré sur l’expérience humaine

Le webdoc se compose de deux parties distinctes. La première permet d’explorer les différents « fandoms » (communautés de fans rattachées à un univers, à un genre ou à une oeuvre) et de découvrir des productions des amateurs d’Harry Potter, de Disney, de séries, de mangas, de jeux vidéo, etc. Plus de 400 créations de fans sont présentées dans cette galerie et elles sont exposées dans un « musée », auquel les internautes sont invités à contribuer eux-aussi en déposant leurs propres oeuvres. Le site du webdoc constitue donc aussi une plateforme collaborative destinée à s’enrichir au fil du temps.

CITIZEN

La seconde partie est plus réflexive et elle analyse les différentes facettes du phénomène de la création par les fans, sous l’angle culturel, sociologique, économique et également juridique. Au-delà de ces aspects généraux, le webdoc présente l’intérêt de comporter une quinzaine de vidéos d’interviews de fans, chacun spécialisé dans une forme de création, qu’il s’agisse d’auteurs de fanfictions, de vidding, de gameurs ou de cosplayeurs. Cette partie constitue à mon sens l’aspect le plus instructif du webdoc, car il permet de cerner à travers des témoignages directs les motivations et la démarche de ces créateurs amateurs, leur rapport aux oeuvres auxquelles ils empruntent, ainsi que leur relation souvent assez compliquée avec le cadre légal. La réalisatrice du webdoc a choisi de mettre en avant cette dimension « humaine » et c’est tout à son honneur.

Citizen2

Pour l’analyse juridique, après une mise en contexte générale dans l’introduction de la seconde partie (« Qu’en dit la loi ? »), j’interviens en marge des témoignages pour préciser certains points de droit à partir d’exemples concrets : qu’est-ce le droit moral ou l’originalité, quelles différences y a-t-il entre le droit d’auteur et le copyright américain, comment le droit prend en compte la question de l’usage commercial, qu’est-ce qui relève d’un usage privé des oeuvres ou non, comment fonctionne une plateforme comme YouTube vis-à-vis des règles du droit d’auteur ?

Régulations communautaires et pratiques collaboratives

Ce que je trouve frappant dans ces témoignages, c’est que ces pratiques transformatives sont tout sauf « anarchiques » et elles ne s’exercent pas de manière solitaire. Les fans ne font pas « n’importe quoi » avec les oeuvres auxquelles ils empruntent ; ils s’inscrivent en effet dans des communautés en ligne qui ont développé des pratiques et des usages, et ils suivent certaines « règles », qui ne sont certes pas des règles de droit, mais qui ont une incidence importante sur ces formes de création. Beaucoup de fans créatifs, notamment dans la fanfiction, respectent par exemple une sorte de « code d’honneur » qui veut que l’on ne doit pas faire d’argent avec les réutilisations d’oeuvres. Les rapports avec les auteurs des oeuvres originales sont aussi importants. Dans le domaine des fanfictions, certains auteurs, comme J.K Rowling par exemple pour Harry Potter, acceptent que les fans réutilisent son univers, à condition de respecter certaines limites, alors que d’autres comme Georges R.R. Martin de Game Of Thrones y sont fermement opposés.

Cette dimension « communautaire » de la création amateur est particulièrement bien traitée dans le webdoc. On voit par exemple comment dans le domaine de la fanfiction des réseaux d’entraide se sont constituées, à travers la pratique du « beta-reading » qui permet à des auteurs d’avoir des corrections et des retours pour s’améliorer. On voit ainsi que les fonctions « éditoriales », traditionnellement déléguées à des acteurs économiques dans l’édition traditionnelle, peuvent être exercées de manière horizontale, de pair-à-pair, directement au sein de communautés, comme on peut le voir sur le site fanfictions.fr par exemple. Les productions des fans y sont relues, commentées, évaluées, classées, par une communauté active, au terme d’un processus véritablement « éditorial » de « peer-reviewing ».Fanfictions_fr' - www_fanfictions_fr

En observant les usages au sein de ces communautés de fans, on entrevoit comment la règle de droit y fait déjà l’objet d’une forme de renégociation, faisant intervenir les fans, les auteurs originaux et les industries culturelles. Dans certains  cas, des équilibres arrivent à être trouvés, comme c’est le cas avec la surprenante communauté des « bronies », les fans adultes de « My Little Pony », avec lesquels Hasbro, le détenteur des droits, a noué des relations étroites ; dans d’autres cas, les rapports sont plus tendus, comme par exemple avec Disney ou Blizzard, et les fans créatifs peuvent faire les frais de la guerre contre le piratage qui sévit par ailleurs. Certains espaces jouent un rôle particulier dans la diffusion de ces créations amateurs, comme YouTube par exemple, même si la plateforme semble se fermer de plus en plus aux amateurs pour privilégier les industries culturelles.

Quel droit de participer à la culture ?

Comme le dit le sociologue américain Henry Jenkins, grand observateur de ces pratiques amateurs, dont une interview figure dans le webdoc : « Le Fandom réclame aux corporations de raconter lui-même les histoires qui lui plaise« . Il ajoute : « Les fanfictions constituent un moyen pour la culture de réparer le dommage causé par le fait que les mythes contemporains sont possédés par des compagnies au lieu d’appartenir à tous« . En écoutant les témoignages de ces fans, on perçoit mieux le lien entre ces pratiques et l’exercice de la liberté d’expression. La transformation des oeuvres par les fans correspond au besoin de ne pas subir passivement les « canons » imposés par les industries culturelles, de ne pas uniquement « consommer » des produits, mais devenir acteur à part entière de la culture. Le documentaire montre bien également combien ces usages transformatifs constituent pour beaucoup une opportunité de développer des compétences créatives et de nouer des sociabilités importantes dans leurs vies.

Ce qui frappe lorsque l’on considère la dimension juridique de ces pratiques, c’est leur grande vulnérabilité et leur fragilité. Plusieurs personnes témoignent qu’elles ont failli, arrêter subitement d’écrire des fanfictions par peur de voir un avocat débarquer chez eux. D’autres essaient de comprendre pourquoi le robot de filtrage de YouTube supprime certaines de leurs vidéos et pas d’autres. En réécoutant mes commentaires, je me rends compte à quel point la loi est complexe et floue vis-à-vis de ces pratiques dérivatives, qu’elles condamnent à se développer sur du sable, dans l’incertitude et l’opacité.

Comme a déjà pu le faire dans un autre registre le Mashup Film Festival, organisé depuis quatre ans par le Forum des Images, il faut espérer que ce webdoc contribuera à attirer l’attention sur ce phénomène des fans créatifs, à mieux le faire comprendre et à relancer le débat sur une éventuelle adaptation du cadre légal. Comme je le disais au début de ce billet, il y a un peu plus d’un an, le rapport Lescure s’était saisi de ces questions et avait envisagé d’introduire une exception au droit d’auteur pour les pratiques transformatives s’effectuant dans un cadre non-commercial. Une mission avait été nommée par le Ministère de la Culture pour instruire cette question, mais on est sans nouvelles d’elle, alors qu’elle aurait dû rendre ses conclusions en janvier… Certains pays ont pourtant déjà franchi le pas, comme le Canada en 2012, qui a introduit une « exception mashup » dans son droit.

Certains trouveront peut-être quelque chose de futile dans un tel sujet, mais ils auraient bien tort, car comme le montre cette citation d’Henri Jenkins, il se joue au niveau de ces créations par les fans quelque chose de fondamental pour la culture toute entière :

Star Wars fait partie de notre culture ; c’est devenu une expérience partagée. Lorsque quelque chose devient une partie essentielle de notre culture, nous avons le droit de nous en inspirer pour inventer de nouvelles histoires. La question fondamentale est de savoir si le Premier Amendement de la Constitution inclue le droit de participer à notre propre culture. Et pas seulement de participer, mais aussi de critiquer. Une loi qui interdit à un dévot de la série Star Trek de lui rendre hommage interdit aussi à quelqu’un qui la déteste de critiquer son militarisme, sa vision de la répartition des rôles entre les sexes ou sa conception du futur.

Quand le gouvernement nous dit que nous ne pouvons pas utiliser tout ça sans la permission de Disney ou de la Fox, il restreint notre créativité, notre capacité à communiquer et à produire de l’art. Ils nous disent que nous ne pouvons pas réutiliser les chansons pop d’aujourd’hui, alors que c’est ce que nous faisions avec les chansons folk ou que nous ne pouvons pas réutiliser les émissions de TV alors que l’on pouvait le faire autrefois avec les vaudevilles. Ils disent que nous ne pouvons pas emprunter des morceaux de Star Wars, alors que c’est ce que Lucas a fait lui-même en prenant des morceaux de films étrangers et d’anciennes légendes. Les conséquences sont graves. Imaginez ce qui se serait passé s’il avait été possible, il y a 100 ans, de copyrighter les riffs du blues. Le jazz, le rock et la musique folk n’auraient pas pu devenir ce qu’ils sont s’ils avaient eu à subir les mêmes contraintes que la techno et le hip hop aujourd’hui.

PS à l’attention des bibliothécaires qui pourraient lire ce billet : les bibliothèques devraient valoriser ce type de créations amateurs, et pas uniquement les productions issues du circuit commercial. Cela peut se faire par des actions de médiations spécifiques autour de ces contenus, mais aussi en organisant des ateliers permettant aux individus de s’approprier des compétences créatives pour produire de telles oeuvres dérivées (montage vidéo, atelier d’écriture, etc). La question de la conservation de ces productions amateurs se pose également. Aux États-Unis, le projet « Archive Of Our Own » (A3O) remplit un tel rôle et contient plus de 1,2 millions d’oeuvres transformatives, classées et répertoriées.


12 réflexions sur “Citizen Fan : un webdoc de France TV qui donne la parole aux fans créatifs

  1. Bonjour Lionel,
    il y a une nuance importante : « copyrighter » un riff n’est pas « copyrighter » les notes ou un instrument ce qui n’empêchent absolument en rien la création… Par contre effectivement, ces riffs ne se sont pas écrit tout seul… et en ce qui concerne les musiques électroniques, ça n’a absolument, mais alors vraiment rien, empêché.

    Cette dernière citation est infondée : si elle était vraie alors il n’y aurait eu ni Jazz, ni Folk, ni Rock puisqu’ils sont copyrightés.
    Dans les « riffs », il est important de distinguer les « standards » de blues par exemple qui sont les bases avec les créations originales (originale dans le sens de différent) qui apportent, je dirais une sorte de « plus-value » au genre et qui se démarque du riff de base ou des cadences originales (originale dans le sens à la source).
    Dans un sens, ce n’est pas plus mal car on a dû se taper pendant des décennies du 4-5-1 à toutes les sauces alors quand se creusant un peu les méninges, des gens ont réussi à sortir du lot. Même si ils avaient également étudié ces bases, ils les avaient dépassé pour amener autre chose ; c’est à mon sens plutôt ça la création ; après je ne parle pas des goûts et des couleurs de chacun… Par contre ce qui est bien : c’est reconnu comme standard, finalement comme base, donc tout le monde a pu les apprendre et de là à émergé des artistes méritant. Toutefois il me semble, que rien n’empêche jusqu’à présent d’étudier des artistes « copyrightés » puisque nous l’avons fait.

    D’abord tu écoutes, tu apprends, tu travailles, tu fais des reprises puis un jour tu prends une « feuille blanche » et tu te lances… et crois-moi avant de sortir une composition satisfaisante (surtout si on veut présenter quelque chose qui tienne un tant soit peu la route), tu passes par un nombre incalculable de ratés. En gros tu écris peut-être 100 morceaux, et tu en garderas peut-être 10 et tu piocheras dans les 90 autres pour garder ce qui est vraiment bon et « original ». Le reste, ce que tu ne retiens pas, le public comme de toute façon il ne le voit pas, il s’en fiche mais c’est quand même du travail ; que ce soit en musique, en programmation, en cinéma, en recherche, etc…

    Je crois qu’il faudrait commencer par définir une distinction importante entre un copyright d’auteur qui veille à rémunérer des auteurs, d’un copyright mercantile qui ne sert que des agents extérieurs. Il est aussi bon d’y distinguer encore un copyright d’intérêt public ou générale (je ne sais pas qu’elle est le terme le plus approprié) lié à la recherche. Ce qui ne veut pas dire dans ce cas, qu’il faut priver les chercheurs de leur juste rémunération ; personnellement, je n’aurais rien contre si le chercheur ayant trouvé le remède contre le cancer obtiendrait une rente à vie avec une retraite anticipée. Honnêtement ce serait j’imagine, avec celle de guérir les malades, une motivation conséquente pour tous les chercheurs ! Qui sait ? Il faudrait peut-être seulement prendre ce chercheur par la suite par l’épaule en lui demandant si maintenant qu’il a le temps, il ne voudrait pas jeter un œil ou même deux à d’autres pathologies ou encore épauler quelques confrères…

    Pour l’instant dans ce terme résident toujours ces trois aspects et de là, émergent tous les problèmes, incompréhensions et blocages. Il serait bon de dédiaboliser le terme « copyright » en y voyant AUSSI pour l’auteur, un moyen de respect de la personne, de l’œuvre et de survie.

    1. Henry Jenkins parle dans sa citation du Hip Hop. Or il est attesté que les rigidités du droit d’auteur ont eu une incidence forte dans le développement de ce courant musical, notamment à travers la pratique du sampling qui encore aujourd’hui n’a pas trouvé de cadre légal satisfaisant http://www.alternet.org/story/18830/how_copyright_law_changed_hip_hop On a vu des procès intentés pour des reprises de sons de 6 secondes, comme celui-ci, très célèbre impliquant les Beastie Boys : https://scinfolex.com/2013/06/22/pourquoi-les-videos-font-six-secondes-sur-vine-et-pourquoi-facebook-prend-un-vrai-risque-en-passant-a-15/

      Il est clair que le contexte de la naissance de la musique folk, du blues et du jazz sont complètement différents de la musique actuelle, car les possibilités d’emprunts entre musiciens étaient beaucoup plus larges. Cela dépasse la question des seuls « standards ».

      Concernant le copyright lié à la recherche, l’exemple est très mal trouvé. L’introduction de la logique du droit d’auteur dans le recherche a produit des résultats catastrophiques. Il aboutit à ce que les recherches, qui sont financées par de l’argent public, sont captées par de gros éditeurs scientifiques, qui revendent ces résultats ensuite aux Universités http://blogs.rue89.nouvelobs.com/les-coulisses-de-wikipedia/2014/02/17/amis-chercheurs-vous-vous-faites-arnaquer-trois-fois-merci-elsevier-232350

      Le système des brevets dans le domaine médical confère une puissance énorme aux laboratoires pharmaceutiques et aboutit à un renchérissement du coût des médicaments, à l’origine d’un problème gravissime d’accès aux soins dans les pays du Sud http://www.framablog.org/index.php/post/2012/12/01/laboratoire-pharmaceutique-libre-acces S’il y a bien un domaine dans lequel on aurait intérêt à ne pas appliquer les principes de la propriété intellectuelle, c’est bien celui de la recherche.

      Il y a heureusement des chercheurs qui ont conscience de cela. On peut citer le cas de Jonas Salk, inventeur du vaccin contre la polio, qui a volontairement renoncé à déposer un brevet sur sa découverte, pour que le traitement puisse se diffuser plus rapidement. Lors d’un interview, un journaliste lui a demandé à qui appartenait le brevet sur le vaccin et il a répondu « A personne ! Pouvez-vous breveter le soleil ? » http://en.wikipedia.org/wiki/Jonas_Salk

      Il y a d’autres exemples plus récents, comme celui de l’inventeur de la solution hydro-alcoolique qui sert à se laver les mains sans eau. Didier Pittet, le chercheur qui l’a inventée, a volontairement renoncé à déposer un brevet pour que son produit puisse être plus facilement accessible dans les pays pauvres. Grâce à ce geste, il permet de sauver des millions de vie par an. J’en ai parlé dans ce billet : https://scinfolex.com/2014/06/14/du-brevet-comme-arme-de-guerre-au-don-comme-acte-de-paix/

      Que les créateurs et les inventeurs soient récompensés par la société, qu’ils puissent en tirer des revenus et qu’on leur donne les meilleurs conditions pour vivre, je suis entièrement d’accord avec ça.

      Mais pas dans cette logique propriétaire qui conduit toujours immanquablement à des dérives et à des abus, tout en étouffant la créativité.

  2. Concernant la recherche : je suis TOTALEMENT D’ACCORD AVEC TOI.
    Je voulais dire que l’on doit distinguer l’activité elle-même et son impact sur la communauté humaine dans son ensemble par rapport à une nécessité commune de première importance, et donc la distinguer des pratiques expressives et/ou personnelles. Ce que tu as compris, n’est pas ce que j’ai voulu dire ; j’aurais dû développer mon commentaire différemment.

    Pour en revenir à la musique, avec les moyens informatiques dont on dispose maintenant pour créer sons et mélodies, il n’y a plus d’excuses pour ne pas créer ses propres musiques. D’ailleurs on voit maintenant à des artistes en musique électronique plus créatifs que du sample ou du remix… et on a vraiment de la nouveauté.

    1. Ce que tu n’arrives pas à comprendre, c’est que l’emprunt à des oeuvres préexistantes n’est pas une question de paresse ou de manque de créativité. C’est un moteur en soi de la création, qui existe depuis la nuit des temps et qui existera toujours, quel que soit l’avancement de la technique. Ce n’est pas un échec de la créativité, mais un de ses ressorts elle-même. La création est itérative, cumulative et continuelle.

      Si tu regardes les témoignages qui figurent dans le webdoc, tu verras que ces personnes ne se cherchent aucune « excuse » pour ne pas créer leurs propres oeuvres entièrement originales. Elles aiment s’inscrire dans des univers préexistants. C’est la manière dont elles vivent leur rapport à la création. Pour beaucoup, c’est aussi un passage pour développer des compétences créatives. Certains font aussi les deux et apprécient autant créer en empruntant à des oeuvres préexistantes que produire des créations originales.

      Si tant est que la distinction puisse vraiment être faite, car entre les deux démarches, il n’y a qu’une différence de degré et pas de nature.

  3. Je crois que tu es plus proche de la vérité lorsque tu dis : « Pour beaucoup, c’est aussi un passage pour développer des compétences créatives.  » Et là ça rejoint mon premier commentaire (D’abord tu écoutes, tu apprends, tu travailles, tu fais des reprises), ces gens se forment, ils apprennent à réaliser quelque chose, voir se réaliser. C’est une des étapes qui mène à la création mais ce n’est pas la création. D’ailleurs dans ce sens, itératif est un mot qui convient effectivement plus à l’apprentissage. C’est comme le remix, c’est une technique à la base de studio et de production qui comme toute chose simple à rapidement séduit et s’est transformé en pratique. Je ne vais pas refaire les hommes. Sachant faire les deux, je ne peux pas être d’accord sur ce point avec ce que tu dis. Passes un jour, et je ferais une démonstration.

    Maintenant emprunter à des univers existants, ce n’est pas nouveau ; en musique, ça s’appelle une reprise, d’une certaine manière une collaboration. Et j’ai pas de problème avec ça tant qu’on respecte la personne avant car si cette personne n’est pas, il n’y pas non plus d’expression possible pour des personnes futures. Et entendons-nous bien, je n’ai pas de problème avec les créations de fans, car au contraire si il y a un moment où l’auteur doit ressentir une « saine » fierté, c’est bien avec ce retour du public. Mais même le fan le plus acharné doit un jour sortir des reprises à défaut de rester cloisonné dans une production malgré tout, impersonnelle.

    Pour ma part, je crois qu’il y a bien une différence de degré et pourtant donc, d’après ce que je viens d’écrire, également de nature.

    1. Différence de nature ? Peut-être pas dans le sens que tu penses… Du point de vue du droit d’auteur, toutes les chansons de l’Eurovision sont considérées comme « originales », alors qu’elles se contentent pour la plupart de ressasser de vieilles ficelles, sans apporter quoi que ce soit à la musique. Il y a souvent bien plus d’inventivité du côté du mashup, du remix ou des fanfictions, et l’on peut parfaitement être « original », même en reprenant des éléments préexistants.

      Kutiman, par exemple, ne fait que reprendre des extraits de vidéo sur YouTube et pourtant, il a vraiment créé une « signature » et un véritable genre dans le mashup : https://www.youtube.com/watch?v=tprMEs-zfQA

      Le problème, c’est d’arriver à aborder ces questions sans a priori ou préjugés, et d’essayer un minimum de découvrir et de comprendre. Sinon franchement, c’est difficile de discuter…

  4. Tu sais bien que ce n’est pas les vieilles ficelles qui m’intéressent.

    Mais le lien que tu me mets et que je connaissais (crois-le ou non mais j’ai cherché, et consulté tes liens) c’est du montage vidéo, ce n’est pas de la musique même si c’est un montage « musicale ». La démarche est sympa de réunir des extraits mais qu’il monte un groupe, qu’il fasse se rencontrer ces gens (dans le domaine du possible) et là ça commencera à être autre chose ! Par contre, ça donne une image assez fausse de la musique, parce que les gens mis en scène, eux par contre ils ont dû y passer un « peu » plus de temps sur leur instrument et s’ils ne l’avaient pas fait, ben lui il ne serait pas là ; donc j’espère au moins qu’il rend hommage à tous ces gens et non pas qu’il en « profite » seulement. Car là effectivement on supprime tous les intermédiaires, même les interprètes finalement !

    Dis-toi que j’ai joué du funk, du blues, du métal, du zouk, de la deephouse, de l’électro, etc… Si j’avais des à priori ce serait impossible !

    Si un jour tu passes, je te ferais un remix du morceau de ton choix en direct live ; tu vas voir et tu vas comprendre. Et ensuite, je te montrerais ce qu’on peut faire avec les mêmes outils.
    Tu comprendras qu’elle est la « différence de nature » et comment on peut développer un style personnel donc original même si tu joues du vieux blues ; tu l’auras sous les yeux. Je ne peux pas te dire mieux.

    Il faut que tu rencontres, toi aussi, de ton côté, des musiciens sans à priori. Le problème, c’est que ce n’est pas ton domaine… on dirait que tu regardes seulement le résultat et si y a du son, pour toi en fait c’est de la musique.
    Pourtant être musicien, c’est beaucoup plus complexe. Ecrire une musique, ce n’est pas seulement prendre sa guitare le weekend et pousser un peu la voix, c’est bien plus que ça ; alors évidemment, comme pour tout, tu pourras avoir parfois un coup de bol, être un jour plus inspiré (ou plutôt dans de meilleurs dispositions) et trouver une mélodie ou un riff rapidement mais y a toujours TOUT LE RESTE à faire ! Et je le redis, c’est pourtant quelque chose d’accessible à tous mais le travail comme le résultat n’est plus du tout le même.

    Quand je monte, je t’avertis.

    PS : je mets des points d’exclamation mais ce n’est pas agressif !

  5. Amerik Reset // parfois souvent trop c’est trop ! et de n’en plus finir d’asticoter l’Inrock Polycultureux coincé en Grande Béotie « Reviens ! reviens ! » ( de l’Amerik ! tiens !) pourtant y’a du bon dans le Star Wars uncut !

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