La fin de Grooveshark et le prix à payer pour la survie des plateformes

La nouvelle est tombée brutalement vendredi dernier : le site de streaming musical Grooveshark a fermé ses portes, après plus de huit années d’existence et une longue bataille judiciaire contre les majors de la musique, qui s’était conclue en 2014 par une cinglante condamnation pour violation du droit d’auteur. Sous la pression des ayants droit, les fondateurs du site ont préféré saborder leur navire et mettre un point final à l’aventure, plutôt que de devoir payer les 700 millions de dollars d’amendes auxquels la justice les avaient condamnés.

Grooveshark

Le « message d’adieu » qui figure sur la page d’accueil de Grooveshark depuis vendredi dernier.

Il est extrêmement intéressant de revenir sur la trajectoire d’une plateforme comme Grooveshark, car sa destinée éphémère épouse les épisodes de la guerre au partage menée depuis des années par les industries culturelles. Et sa disparition nous renseigne aussi sur les conséquences de cette stratégie des ayants droit sur l’écosystème global de la musique sur Internet.

Un coup porté à la « Longue Traîne » de la musique

Grooveshark compte en effet parmi les successeurs de Napster, fermé par décision de justice en 2001. Apparu en même temps que Limewire par exemple, il prenait à l’origine la forme d’un réseau de P2P, Grooveshark fournissant un client pour effectuer du partage décentralisé. Son originalité était cependant de prévoir une rémunération pour les utilisateurs qui acceptaient de mettre en partage des fichiers (0,25$ le titre). Alors que l’on parle beaucoup aujourd’hui du Digital Labor et du « travail gratuit » que les plateformes font effectuer à leurs utilisateurs, Grooveshark avait sans doute quelque chose de visionnaire dans la manière dont il envisageait ses rapports avec les contributeurs. Mais ce modèle constituait aussi pour lui une stratégie, destinée à étoffer le plus rapidement possible son catalogue afin de surpasser celui des plateformes concurrentes.

Sur cet aspect de la profondeur de l’offre, Grooveshark avait en effet clairement une longueur d’avance sur ses concurrents et on le perçoit à travers les commentaires partagés sur Twitter par les internautes à l’annonce de sa fermeture. Nombreux sont ceux qui déplorent le fait de perdre avec leurs playlists des morceaux rares, qu’ils ne retrouveront pas sur « l’offre légale » de streaming musical, chez Deezer ou Spotify.

L’avantage de Grooveshark ne tenait d’ailleurs pas nécessairement au volume des titres disponibles, mais à leur diversité. Le catalogue de la plateforme avait donc cette vertu de matérialiser une forme de « longue traîne » en musique, dont l’existence ailleurs sur Internet est loin d’être évidente. Il en est ainsi parce que son contenu était directement « crowdsourcé » par ses utilisateurs à partir de la mise en commun de leurs bibliothèques personnelles. Mais alors que Grooveshark affichait clairement son intention de s’inscrire dans l’offre « légale », il n’a pas tardé à être attaqué par les titulaires de droits du secteur, l’accusant de favoriser la contrefaçon d’oeuvres protégées à grande échelle.

Une représentation de la « Longue traîne » de la musique.

Du P2P rémunéré au streaming musical centralisé

Les industriels de la musique ont rapidement agité la menace d’une action en justice et en réaction, Grooveshark s’est mis à muter, en s’éloignant de plus en plus du modèle décentralisé. Il est devenu une sorte de « Napster in the Cloud », en se transformant en une plateforme centralisée de streaming musical, très proche en un sens de ce que YouTube représente pour la vidéo ou SoundCloud pour le son. Le projet de rémunérer les utilisateurs pour la mise en mise partage des fichiers sentait trop le souffre et il a rapidement été mis au placard. A la place, Grooveshark a cherché un terrain d’entente avec les majors en mettant en place un système de rémunération, basée sur un partage des recettes publicitaires et des abonnements proposés à ses utilisateurs. La plateforme a d’ailleurs réussi à conclure des licences avec EMI et des labels indépendants, mais pas avec le reste de la profession.

Le DMCA et son système de notifications de retrait est au coeur de l’histoire de Grooveshark.

Car à leurs yeux, Grooveshark portait en lui une forme de « vice fondamental »: si les industriels de la musique toléraient l’existence d’un service fonctionnant sur le principe du partage des fichiers par les individus, ils acceptaient de revenir sur un des fondements du droit d’auteur, qui veut qu’une oeuvre ne peut être distribuée sous une forme donnée qu’avec l’accord des titulaires de droits. Ne parvenant pas à trouver d’issue légale pour son modèle, Grooveshark s’est alors abrité derrière la responsabilité allégée dont bénéficient les hébergeurs de contenu sur Internet au titre du DMCA (Digital Millenium Copyright Act) aux Etats-Unis. Une plateforme ne devient responsable pour un contenu mis en ligne par ses utilisateurs que si elle ne réagit pas rapidement pour le retirer une fois qu’il lui a été signalé. Or c’est ce point qui a causé la perte de Grooveshark : les ayants droit sont parvenus à prouver devant les juges que la société avait demandé à des employés de charger eux-mêmes de fichiers sur la plateforme, ce qui a eu pour conséquence de leur faire perdre le bénéfice du « safe harbour » (sphère de sécurité) prévu par le DMCA.

Après avoir commis une telle erreur, la fin de Grooveshark était inéluctable et l’occasion trop belle pour les titulaires de droits de faire un exemple en l’abattant devant la justice. Mais au-delà de ce motif de condamnation, on peut se demander qu’est-ce qui fait au juste la différence entre Grooveshark et des plateformes dite « légales » comme Deezer ou Spotify ? Qu’est-ce qui le différencie aussi fondamentalement de sites comme YouTube ou SoundCloud, toujours en ligne malgré la « zone grise » dans laquelle ils se situent également depuis des années ?

Quelle différence entre Grooveshark et « l’offre légale » ? 

La différence est en réalité extrêmement ténue. On peut même dire que Deezer n’est rien d’autre qu’un Grooveshark qui a réussi. En effet, il est bon de rappeler qu’à ses origines l’aujourd’hui respectable Deezer a également subi des accusations de violation de droit d’auteur. Le champion français du streaming avait en effet réussi à trouver un accord avec la SACEM en ce qui concerne les droits des auteurs, mais pas avec les producteurs de musique qui l’ont longtemps menacé de procès. Ce n’est qu’après coup qu’une entente a pu être entérinée, mais Deezer a bien été obligé lui-aussi à une époque de « passer en force », en mettant les titulaires devant le fait accompli de l’existence d’une offre.

Un site très proche de Grooveshark a d’ailleurs existé en France. En 2003, Radio.blog.club avait essayé de mettre en place un modèle d’écoute en streaming gratuit, financé par de la publicité. C’était d’ailleurs à l’époque le concurrent d’un certain BlogMusik, qui se se transformera ensuite en Deezer après avoir réglé ses problèmes juridiques. Mais la sanction a été lourde pour lui, puisque le site a été condamné en 2012 par la justice, avec un million d’euros d’amendes à verser pour ses fondateurs.

La page d’accueil de Radio.blog.club, un des pionniers malheureux du streaming musical en France.

La frontière entre l’offre « légale » et les sites pirates est donc bien plus floue que ce que l’on veut bien nous faire croire. Beaucoup des sites dits « légaux » ont commencé leur existence aux marges de la légalité. Par ailleurs, on remarquera qu’aussi bien Grooveshark que Radio.blog avaient clairement l’intention de rémunérer les artistes. Des plateformes »légales » comme Deezer et Spotify, toujours actives aujourd’hui, sont de leur côté régulièrement pointées du doigt pour les sommes dérisoires par écoute qu’elles reversent aux créateurs. Et peut-être est-il bon ici de rappeler que lorsque MegaUpload a été fermé en 2012 par une intervention manu militari du FBI, il était à la veille de lancer une offre MegaBox payante, dont 90% des revenus auraient été reversées aux artistes. Certains sont allés jusqu’à dire que c’est même sans doute une des raisons qui ont précipité sa perte, car les titulaires de droits auraient eu trop peur que leurs offres légales ne fassent soudain « pâles figures » à côté de cette nouvelle piste de financement pour les artistes.

La frontière entre le légal et l’illégal ne passe donc pas nécessairement par le fait de rémunérer ou non les créateurs…

Comment les plateformes « achètent » leur survie…

Pourquoi les ayants droit se sont-ils acharnés à ce point sur Grooveshark, alors qu’ils laissent subsister des plateformes proches dans leurs principes de fonctionnement, comme YouTube ou SoundCloud ? Certes, il y a bien sûr le fait que Grooveshark a commis l’énorme erreur de faire partager des fichiers à ses propres employés, ce qui le rendait beaucoup plus facile à abattre en justice. Mais au-delà de cela, YouTube et SoundCloud ont accepté de faire évoluer graduellement leur modèle pour trouver un terrain d’entente avec les titulaires de droits.

YouTube a par exemple des accords de redistribution de recettes publicitaires qu’il génère avec certains producteurs, ainsi qu’avec des sociétés d’auteur comme la SACEM en France. Par ailleurs, il a déployé un système de filtrage automatique des contenus chargés par ses utilisateurs, le fameux ContentID, dit aussi « Robocopyright ». Cet algorithme fonctionnant à partir d’empreintes des fichiers fournies à YouTube par les titulaires de droits assure une forme de « police privée du droit d’auteur », en distribuant des sanctions (les « strikes ») aux utilisateurs qui chargent des contenus sans respecter le droit d’auteur. Le système permet à la plateforme d’exercer une surveilance constante des contenus, sans perdre le bénéfice de sa responsabilité allégée.

Les sanctions infligées par ContentID peuvent aller jusqu’à la fermeture des comptes d’utilisateurs et il est difficile de contester, même dans les cas d’erreur manifeste du robot.

SoundCloud a connu exactement la même trajectoire. Un robocopyright a aussi été progressivement déployé pour filtrer les contenus et la plateforme a récemment noué un partenariat avec la société Zefr pour améliorer son efficacité. Cette évolution lui a permis de commencer à nouer des accords avec Warner Music, mais les négociations continuent toujours avec les autres majors. Au passage, l’implantation du robot a eu des conséquences non négligeables pour les utilisateurs. Car SoundCloud a longtemps été réputé comme un lieu privilégié sur la Toile pour le partage des mixes et des compilations de DJs. Or son algorithme repère automatiquement les empreintes des oeuvres qu’il est chargé de surveiller, sans distinguer s’il s’agit de morceaux entiers ou d’extraits réutilisés dans des créations dérivées. Depuis quelques temps, les DJ postant leurs mixes sur SoundCloud font donc l’objet de sanctions à répétition, et une grande vague de retraits a même commencé depuis le partenariat avec Zefr, à tel point que la communauté envisage à présent de migrer. SoundCloud en sera plus « propre », mais aussi bien plus pauvre…

SoundCloud, de plus en plus en guerre avec la communauté des DJs.

D’une certaine manière, on peut dire que deux plateformes comme YouTube et SoundCloud ont « acheté leur survie » en acceptant de déployer ces systèmes de police privée du droit d’auteur. Pour les utilisateurs, cela signifie aussi qu’il faudra dorénavant se soumettre à une forme de « robotisation » de l’application du droit, provoquant de plus en plus de dommages collatéraux.

Même s’il change profondément leur nature, ce « deal » peut s’avérer juteux pour les plateformes. YouTube par exemple a lancé depuis la fin de l’année une offre de musique en streaming sur abonnement à partir des contenus partagés sur sa plateforme. En termes de profondeur de catalogue, il est le seul qui puisse être comparé à Grooveshark, parce que son principe repose aussi sur une alimentation par la foule.

Son modèle passera par des abonnements proposés aux utilisateurs en échange d’une suppression de la publicité qui devient de plus en plus envahissante sur YouTube. Evidemment, YouTube – et Google derrière lui, propriétaire du site – a négocié le montage de cette offre avec les majors de la musique. Mais la plateforme n’a pas hésité au passage à utiliser sa puissance pour tordre le bras des producteurs indépendants, qui ont été sommés d’accepter des termes contractuels défavorables sous peine d’être éjectés de l’offre gratuite.

En attendant l’extra-judiciarisation de la censure… 

Le seul point « positif » – si l’on peut s’exprimer ainsi – dans la fermeture de Grooveshark, c’est qu’il aura quand même fallu un procès en bonne et due forme pour arriver à ce résultat. On reste encore dans le cadre d’une décision de justice, offrant un minimum de garanties pour les droits de la défense. L’étape suivante que visent à présent les titulaires de droits, c’est d’être en mesure de contourner la justice pour faire pression directement sur les plateformes avec l’appui de l’Etat.

justice
La justice est aveugle. Elle risque de le devenir au sens propre en matière de droit d’auteur, à mesure que s’étendent les stratégies de contournement mises en place par les titulaires de droits (Image par Nemo. Domaine Public. Pixabay)

C’est une tendance lourde que l’on voit actuellement monter à travers des concepts comme « l’auto-régulation des plateformes » ou la mise en place de moyens extra-judiciaires de lutte contre la « contrefaçon à échelle commerciale », telle la Charte récemment négociée en France sous l’égide du Ministère de la Culture à propos de la publicité en ligne. Le prochain Grooveshark ne sera pas condamné par un juge : il sera éjecté de l’écosystème par un système de censure privée organisé sur une base contractuelle entre les titulaires de droits et des intermédiaires. C’est d’ailleurs ce qui avait commencé avec Grooveshark, puisque Google avait accepté en 2013 de ne plus afficher le site dans ses suggestions de recherche, avant même que le jugement final ne soit rendu en 2014. Ce type de réactions des intermédiaires techniques risque de se généraliser.

L’évolution du streaming dans la musique montre d’ailleurs à quel point un concept comme celui de « contrefaçon commerciale » ou de « site massivement contrefaisant » est évanescent. La différence entre Deezer, YouTube et Grooveshark n’est qu’une différence de degrés et pas de nature. Ceux qui acceptent « d’acheter leur survie » pourront subsister, mais à condition d’évoluer vers des modèles de plus en plus problématiques pour le respect des libertés…

***

La fin de Grooveshark n’est qu’un épisode de plus dans la guerre globale au partage qui se livre aujourd’hui. Cette issue brutale doit aussi nous rappeler que le meilleur moyen de résister – et de rendre l’écosystème du partage sain et résilient – est de favoriser les formes de partage non-marchand les plus décentralisées, comme le P2P. C’est d’ailleurs là, et notamment au sein des communautés privées de partage, que subsiste encore dans toute sa richesse la « Longue Traîne de la musique ». Ces dispositifs s’appuyant sur une architecture distribuée ont en effet la vertu d’éviter la constitution de plateformes centralisés pouvant être abattues en justice, ou pire, transformées progressivement en monstruosités sous la pression des titulaires de droits.

Et au-delà, il reste essentiel de réclamer la légalisation du partage non-marchand et la mise en place de financements mutualisés pour la création, comme la contribution créative, qui sont les seuls moyens à la fois de sortir de cette spirale répressive et d’assurer une rémunération équitable des créateurs.


21 réflexions sur “La fin de Grooveshark et le prix à payer pour la survie des plateformes

  1. Je dois dire qu’une de mes plus grandes tristesse sera la disparition du « recommandateur » de grooveshark, qui tapait souvent juste dans ses suggestions.
    Au-delà de tout ce qui a été dit, je me pose beaucoup de questions sur la manière brutale de disparaître de MegaUpload ou de Grooveshark : du jour au lendemain, pouf, la plateforme n’existe plus, a avalé tous ses contenus, mais aussi ceux créés par les utilisateurs : une bibliothèque patiemment classée, des playlists bichonnées, parfois utilisées sur un blog via un lecteur exportable… tout ça disparaît ! Quelle valeur ce contenu de l’amateur, dans l’éco-système du web revêt ?

    Bref, est-ce aujourd’hui que nous allons reprendre le chemin de la médiathèque ?

    1. Oui, tu as raison. C’est aussi tout ce travail de « curation » qu’effectuaient les utilisateurs de Grooveshark qui part aujourd’hui en fumée. Et l’on ne retrouve pas l’équivalent sur Deezer ou Spotify. Les industries culturelles ont encore bien du mal à percevoir cette valeur « horizontale » des contenus produits par les utilisateurs, car elles restent centrées sur un modèle vertical de diffusion de la culture. On remarque d’ailleurs que ces dimensions de curation des contenus et de recommandations sont au contraire très présentes dans les communautés privées de partage, rassemblant souvent des passionnés https://benjamin.sonntag.fr/Communautes-privees-Legalisez-les-partages-hors-marche

      Si le partage était légalisé, tout ce travail social de recommandation pourrait se faire « à ciel ouvert » et c’est comme cela sans doute qu’on arriverait à matérialiser la Longue Traîne de la musique, pour le plus grand bénéfice de la diversité culturelle.

  2. Merci pour ce résumé qui clarifie un peu cette question nébuleuse des droits d’auteurs sur les plateformes de streaming :-)
    J’ai pour ma part quelques questions qui subsistent :
    1. La création d’un index unique regroupant les métadonnées des enregistrements et performances ne permettrait-il pas une meilleure traçabilité, ergo un meilleure rémunération des auteurs ? J’avais bossé sur ce sujet ici : http://bit.ly/1OiQBf0 mais le sujet demeure complexe !
    2. Quel est votre sentiment face aux récentes campagnes de la SABAM ou de la SPEDIDAM posant la question de la rémunération des interprètes, rejoignant le projet de loi du Fair Play Fair Pay aux USA ? J’ai tenté de déchiffrer les propositions de la SPEDIDAM dans leur livre blanc mais je ne suis pas juriste et franchement ça reste abscons pour les noobs en la matière ;-)

    1. Bonjour,

      Oui, vous avez raison : la question des métadonnées constitue un enjeu majeur pour le secteur de la musique. Le site INA Global consacre d’ailleurs un dossier complet à cette question, qui est très éclairant http://www.inaglobal.fr/musique/article/les-metadonnees-un-enjeu-majeur-pour-le-secteur-de-la-musique-8226

      Pour répondre à votre question, je pense qu’un index central sera très compliqué à construire, car il faudrait pour cela arriver à réunir tous les acteurs qui sont parties prenantes, et à les mettre d’accord. Et cela risque de poser de gros problèmes de gouvernance, car qui va héberger cet entrepôt central et comment va-t-il être maintenu ?

      Je trouvais plus intéressante l’approche du rapport Lescure sur cette question, qui recommandait plutôt d’ouvrir les métadonnées liées aux oeuvres culturelles, dans la logique de l’Open Data. Cela permettrait de faire émerger un réseau de données ouvertes, qui profiterait à tout l’écosystème, en évitant la concentration.

      Les revendications des interprètes SPEDIDAM me semblent par ailleurs tout à fait légitimes. On dit que les plateformes d’offre « légale » rémunère les artistes, mais cela vaut en fait pour les auteurs et les interprètes principaux, mais pas pour les interprètes secondaires (musiciens de studio et d’orchestre) que représentent la SPEDIDAM. Ceux-ci ne touchent tout simplement rien du tout pour l’exploitation de leurs interprétations en streaming et c’est difficilement justifiables : http://www.strategies.fr/actualites/medias/205267W/que-gagnent-les-artistes-sur-internet-rien-repond-la-spedidam.html

      C’est là qu’on voit également qu’offre légale ne veut pas dire rémunération de tous les artistes, loin de là…

      1. Merci de cette réponse !

        Tout à fait d’accord sur la question de la gouvernance de cette BDD unique et l’ouverture des données, afin d’éviter leur contrôle par un réseau propriétaire qui pourrait générer des conflits d’intérêt (le rapport de Tony Brooke est assez éclairant sur le sujet : http://www.silentway.com/sites/default/files/research/Tony%20Brooke%20-%20Descriptive%20Metadata%20In%20The%20Music%20Industry.pdf ).

        Concernant la rémunération des interprètes, c’est effectivement un énorme écueil. Les sociétés d’ayants-droits tentent de sensibiliser les personnes qui légifèrent à la question, et c’est tant mieux. Mais pour mieux sensibiliser l’opinion publique et les artistes eux-mêmes, un petit travail de vulgarisation sur la communication de ces revendications (sans aller dans trop de simplification) serait peut-être plus efficace, de même que de s’allier entre ayants-droits au-delà des limites géographiques, au moins au niveau de l’Europe. L’information n’a plus de frontières, et ce problème persistant est présent partout, non ? :-)

      2. @calimaq
        Je ne connais pas le modèle de rémunération des interprètes secondaires (musiciens de studio et d’orchestre) mais pour moi, ils sont inter-changeables voir remplaçables par des instruments entièrement digitaux auquels on donnerait la partition à jouer.
        Peut-être me trompe-je, mais je les vois plus comme des employés en CDD à rémunération fixe pour leur prestation, payés par l’artiste principal ou le label qu’autre chose; tout comme des millions d’autres personnes sont employées en CDD par une entreprise en france et rémunérées indépendamment du succès de l’entreprise.
        Donc je ne vois pas en quoi c’est scandaleux ni pourquoi il faudrait que ces interprètes secondaires soient rémunérés proportionnellement au succès d’un morceau de musique qu’ils ont juste joué « anonymement » voir impersonnellement.

        1. Non, parce que vous raisonnez ici comme si les interprétations étaient soumises au droit d’auteur, et donc, au critère de l’originalité pour obtenir le bénéfice de la protection. Or ce n’est pas le cas. Les interprétations sont soumises au droit voisin et elles n’ont pas à être originales pour être protégées. Donc quand bien même les prestations des interprètes secondaires seraient « interchangeables », elles resteraient protégées par le droit voisin, ce qui leur ouvre théoriquement droit à une rémunération proportionnelle sur les exploitations. Il se trouve que la pratique contractuelle actuelle prive les interprètes d’une rémunération sur le streaming, mais c’est contraire à l’esprit de la loi.

  3. Lorsqu’un grooveshark like ferme, un autre rouvre et cela aucune major ou autre ne pourra changer cela.

  4. Perso, cette histoire d’auto-censure extra-judiciaire me fait dresser mes poils avertisseurs de danger liberticide. Si l’occident libéral attaque au nom du commerce nos libertés, la Chine, de son côté, veut aussi gouverner le Net pour y imposer sa vérité dictatoriale. Le pire étant qu’Est et Ouest pourraient trouver un terrain d’entente…

  5. Merci pour votre analyse que j’ai trouvée très pertinente.

    Malheureusement, je suis moi-même TRES dégouté de l’affaire et surtout de la soudaineté de la fermeture sans préavis de Grooveshark car je n’ai pas eu le temps de sauver mes playlists.
    Le site groovebackup.com ne fonctionne déjà plus :(
    J’en avais fait une fin 2013, mais depuis ce temps j’avais trouvé pleins de perles. Et ma mémoire n’étant pas très performante, je n’en ai retrouvé qu’une petite poignée.
    Donc TRES grande perte pour moi car ce sont des morceaux très peu écoutés, d’artistes pas célèbres du tout. J’étais prêt à payer … mais maintenant c’est trop tard… perdus dans les limbes à jamais.

    Concernant la différence entre grooveshark et deezer il y a eu une différence notable tout de même: deezer pendant une longue période imposait une limite temporelle d’écoute.
    Par exemple en 2013, il me semble que Deezer était passé de 5h/mois à 10h/mois. Mais même 10h c’était extrêmement vite passé :)
    Donc, oui, je suis d’accord avec vous en disant que Grooveshark était basé sur le même modèle que deezer mais avec une PROFONDE différence pratique. Et ce simple détail changeait tout.
    A présent j’ai l’impression qu’il n’y a plus de limite de temps chez deezer. Juste de la publicité (qui était quasi inexistante chez grooveshark).

  6. Tout cela est bien triste, je n’ose imaginer les millions de membres ayant perdu toutes leurs playlists incluant de nombreuses découvertes (comme moi..)! C’est d’autant plus dommage que les maisons de disques auraient tout à gagner en multipliant ce genre de partenariats. A y regarder de plus près, cette stratégie de passage en force « à la Deezer » n’a finalement fonctionné que pour Deezer. Les concurrents s’y sont tous cassé les dents. Pour finir sur une note positive, j’ai récemment découvert un service assez similaire (même si nettement moins abouti) et totalement gratuit utilisant Youtube: http://musikfreak.com . Il y a un système radios thématiques plutôt sympa, et surtout pas de pub. Ça ne remplace pas Grooveshark, mais bon..

    1. Effectivement, reconstruire ces playlist va prendre du temps, pour les morceaux mainstream. Pour tout le reste (remixes spécifiques, petites pépites introuvables…), c’est de la perte sèche. Tout ça nous souligne la fragilité des plateformes de streaming, et l’évanescence des supports qu’on utilise.
      J’avais privilégié les webradios et les playlists après avoir perdu des centaines de titres retravaillés perso lors d’un crash disque. Je pense que je vais faire marche arrière, et investir dans une solution de sauvegarde chez moi pour héberger mes propres playlists…
      Sinon, il y a toujours la solution chinoise assez riche de netease music pour ceux qui lisent le chinois (même si on peut s’en tirer rien qu’avec les icones) -> http://music.163.com/

        1. Ce sont les mecs de mp3juice.se qui profitent de l’aubaine pour faire le buzz ça calimaq. Il n’y a malheureusement rien à espérer niveau récupération de playlists… c’est foutu :/ D’ailleurs grooveshark utilisait du AAC pas des Mp3s.

          1. @Vlad
            ce n’est pas foutu. Apparemment groovebackup fonctionne encore, mais il faut passer par le site http://googleglass.my/groovebackup/
            Tu y rentres simplement ton email et tu seras redirigé sur le site groovebackup avec ta liste de playlists cliquables.
            Chaque playlist est un fichier texte du type:

            « SongName », »ArtistName », »AlbumName »
            « Jeune et con », »Saez », »Jours étranges »
            « Superstar », »Superbus », »Aéromusical »
            « It’s My Life », »Bon Jovi », »Crush »
            (…)

            Ca a fonctionné aujourd’hui pour moi. Sauf pour 3 playlists: « Missing data for playlist »
            Mais pour les 27 autres c’était OK.

  7. Bonjour et merci pour cet article fourni très pertinent.
    J’utilisais Grooveshark à l’occasion, pour trouver effectivement des titres rares de groupes peu connus. C’était une aubaine, mais que je savais illégale dans les canons de notre législation.. et je ne suis donc pas surpris de sa fermeture sans avertissement.
    J’ai aussi connu Radioblog à l’époque, qui proposait le même genre de communauté d’échange, et j’avais pu à l’occasion y déceler des failles de sécurité effarantes. (accès au Pc et aux dossiers personnels des usagers !!). :-(
    Je pense néanmoins comme vous que le peer to peer privé reste LA solution à ce genre d’échange et de partage, tout comme cela se fait déjà depuis longtemps sous une forme un peu différente sur les réseaux de blogs de type Blogger.
    La règle restera la même : pour vivre heureux.. vivons (un peu) cachés.

  8. @tous
    Si vous voulez récupérer vos playlists (pas les MP3 bien sûr, juste les noms des morceaux de musique :p), groovebackup fonctionne encore, mais il faut passer par le site http://googleglass.my/groovebackup/
    rentrez-y simplement votre email et vous serez redirigés sur le site groovebackup.com avec une liste de vos playlists cliquables.
    Chaque playlist est un fichier texte du type:

    « SongName », »ArtistName », »AlbumName »
    « Jeune et con », »Saez », »Jours étranges »
    « Superstar », »Superbus », »Aéromusical »
    « It’s My Life », »Bon Jovi », »Crush »
    (…)

    Ca a fonctionné aujourd’hui pour moi. Sauf pour 3 playlists: « Missing data for playlist »
    Mais pour les 27 autres c’était OK.

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