L’édition sous licence libre, une utopie ? (bookcamp 4)

Samedi dernier, j’avais la chance de participer à la quatrième édition du Bookcamp, organisé cette année au Labo de l’édition à Paris, au cours duquel j’ai proposé un atelier pour réfléchir à cette question : « L’édition sous licence libre, une utopie ?« . A vrai dire, cela fait plusieurs années maintenant que je voulais proposer un atelier sur ce thème, mais j’ai renoncé lors des deux précédentes éditions à le monter, car il me paraissait que les exemples d’expériences éditoriales sous licence libre étaient encore trop peu nombreux.

Les licences libres ont permis l’émergence de grands succès en matière de production de contenus par les utilisateurs (User Generated Content), avec Wikipedia ou Flickr dans le domaine de la photo. On trouve également des exemples intéressants dans le domaine de la musique, avec des sites comme Jamendo combinant licences libres et modèle économique. Mais pendant longtemps en ce qui concerne le livre, les exemples concrets sont restés fort rares, en dehors d’initiatives militantes comme Framabook ou In Libro Veritas. Du côté des auteurs, Cory Doctorow constituait certes un modèle de réussite, combinant diffusion gratuite sous licence libre en ligne et vente d’ouvrages papier, mais il n’était pas facile de citer d’autres exemples, comme si la personnalité singulière de cet auteur rendait sa stratégie difficilement reproductible par d’autres.

Malgré le fait que le mot liber en latin signifie à la fois livre et libre, on finissait par se demander s’il n’y avait pas quelque chose de particulier dans le livre, rendant l’implantation des licences libres plus difficiles dans ce domaine que pour d’autres types de médias.

Pourtant cette année, au fil de la veille et des billets (ici ou ), j’ai pu repérer un certain nombre d’initiatives originales dans le domaine de l’édition, avec le développement de modèles économiques qui me semblent dignes d’intérêt. J’ai essayé de présenter un certain nombre de ces exemples au cours de l’atelier bookcamp et pour aller plus loin, j’ai représenté sur une carte heuristique les principales tendances que je discerne en matière d’édition sous licence libre.

L’édition sous licence libre, une utopie ? (cliquez sur l’image pour accéder à la carte)

 J’aimerais présenter dans ce billet à la fois les retours de l’atelier du bookcamp et les enseignements que je tire de la réalisation de cette carte.

Stratégies éditoriales : la diversité des approches

Dans de nombreux cas, notamment les plus anciens, les licences libres sont utilisés de manière militante, pour promouvoir la Culture libre et développer des alternatives à l’édition telle qu’elle se pratique dans le cadre du droit d’auteur classique. Mais dans cette carte, j’ai essayé de m’intéresser davantage aux considérations plus « stratégiques » qui peuvent conduire des éditeurs ou des auteurs à choisir les licences libres pour diffuser leurs ouvrages.

L’une des stratégies principales motivant le recours aux licences libres est paradoxale au premier abord : elle consiste à considérer qu’une diffusion gratuite de fichiers couplée à la vente d’exemplaires papier peut constituer un atout, dans la mesure où le libre accès en ligne ne va pas « cannibaliser » la vente du papier, mais au contraire la promouvoir en favorisant la notoriété des oeuvres et des auteurs dans un contexte d’abondance des contenus. Ce pari de la complémentarité du gratuit et du payant vaut dans la mesure où l’accès en ligne, malcommode pour des ouvrages longs, ne « rivalise » pas complètement avec la lecture des ouvrages papier. On verra que les choses se modifient avec l’édition électronique, perturbant l’équilibre des modèles économiques basés sur cette stratégie.

La complémentarité du gratuit et du payant a été mise en oeuvre à titre expérimental par plusieurs éditeurs (O’Reilly Open Book Project, Bloomsbury Academics, Editions Zones), mais elle peut aussi être employée par des auteurs, dans une optique différente. Il s’agit alors pour l’auteur d’utiliser l’accès ouvert à l’oeuvre pour se distinguer et développer un capital symbolique. La stratégie d’emploi des licences libres peut permettre à un auteur débutant de développer sa notoriété, en gagnant un avantage concurrentiel sur ses congénères (Dan Gillmor, James Patrick Kelly) ou à un auteur disposant déjà d’une solide réputation de s’en servir pour promouvoir ses ouvrages (Lawrence Lessig, Cory Doctorow, Nina Paley). Dans les deux cas, l’auteur doit être en mesure de maîtriser son identité numérique, en se mettant en scène par le biais d’outils comme les blogs ou les réseaux sociaux. Il peut également utiliser ces canaux pour entrer directement en relation avec le public, en lui proposant d’interagir avec l’oeuvre (concours de remix de Robin Sloan). Certains auteurs font le choix d’employer cette stratégie pour publier leurs ouvrages sans éditeurs, avec une volonté assumée de désintermédiation (Nina Paley, The Wise Routes), mais ce type de stratégie n’exclut pas pour l’auteur de publier ses ouvrages chez un éditeur traditionnel (Lessig, Doctorow). En gagnant grâce à la libre diffusion une notoriété, une puissance propre de diffusion et une certaine indépendance, elle peut même modifier le rapport de forces avec l’éditeur en faveur de l’auteur sous licence libre.

La stratégie peut également porter non plus seulement sur l’accès, mais aussi en amont, sur le processus créatif lui-même, en utilisant l’ouverture des licences libres pour favoriser l’écriture et l’édition collaboratives, voire le recours à l’intelligence collective en mobilisant un grand nombre d’auteurs autour d’un projet. C’est un modèle qui commence à donner des résultats convaincants dans le secteur des manuels scolaires (Flat World Knowledge aux Etats-Unis, suivi en France par Sesamath et lelivrescolaire.fr, Pratham Books en Inde). Mais cette intégration des licences libres au coeur du processus créatif reste encore rare dans le domaine de la fiction, comme si l’écriture littéraire avait du mal à intégrer la dimension collective. On relève quand même le bel exemple dans la BD de la plateforme Manolosanctis, qui mise sur l’édition communautaire, couplée avec un modèle économique de vente d’albums en papier.

Modèles économiques : le libre confronté au virage de l’édition numérique

Il n’est pas spontanément facile d’imaginer comment les licences libres peuvent déboucher sur un modèle économique et c’est une des choses dont je me suis rendu compte pendant l’atelier au bookcamp. Cela résulte sans doute de l’amalgame trop rapide que l’on fait entre libre et gratuit ou entre licence libre et « libre de droits ». En réalité, les licences libres ne constituent pas un abandon des droits par l’auteur, mais un processus maîtrisé de libération des usages de l’oeuvre, modulable selon sa volonté. En particulier, certaines licences, comme les Creative Commons, permettent d’accorder a priori certains droits étendus au public, tout en continuant à réserver l’usage commercial. C’est cette réservation de l’exploitation commerciale qui permet dans la plupart des cas de développer un modèle économique sur la base de licences libres dans le domaine de l’édition.

Si l’on se place dans le cadre de la relation entre un éditeur et un auteur, il est tout à fait possible que ce dernier décide de placer son oeuvre sous une licence libre comportant une restriction d’usage commercial et de céder ce droit à un éditeur dans le cadre d’un contrat d’édition classique. Il en résultera un double système de diffusion de l’oeuvre : en ligne, l’ouvrage sera proposé gratuitement, mais sans permettre les usages commerciaux ; dans le même temps, l’ouvrage pourra être exploité par l’éditeur sous forme papier ou dans d’autres formats (ePub par exemple). Techniquement, ce sont dans les clauses des contrats qui précisent les modes d’exploitation de l’oeuvre que l’on devra préciser celles qui restent placées sous licences libres et celles qui sont cédées à l’éditeur. Dans tous les cas, c’est à l’auteur de décider s’il place son oeuvre sous licence libre et pour quels types d’usages, l’éditeur ne pouvant faire ce choix à sa place.

En réalisant la carte heuristique, je me suis rendu compte que le modèle économique dominant des projets d’édition sous licence libre restait encore très majoritairement lié à la vente d’ouvrages papier. Or il me semble qu’il s’agit d’une faiblesse, dans un contexte où le livre numérique se développe. En un sens, on pourrait dire que l’édition sous licence libre est confrontée, tout comme l’édition classique, à la nécessité d’évoluer face aux défis soulevés par le livre numérique, mais qu’elle n’a peut-être pas encore fait sa révolution.

En effet, autant il était concevable de miser sur une complémentarité entre la diffusion en ligne/Gratuite et la diffusion papier/Payante, autant on peut douter qu’un tel modèle soit reproductible avec le livre numérique et les formats enrichis, type ePub. Un éditeur comme C&F Editions pouvait placer ses livre papier sous licence Creative Commons pour ouvrir les usages, sans prendre de risques réels quant à l’impact sur les ventes, en raison des limites inhérentes au support papier. Mais placer un fichier en ePub sous licence libre, y compris en réservant l’usage commercial, c’est sans doute pour un éditeur fragiliser ses possibilités d’exploitation commerciale.

En ce sens, de nouvelles complémentarités sont sans doute à rechercher entre les différents formats. Il me semble en effet que l’on pourrait miser sur une diffusion sous licence libre des formats html simples, pour une lecture en ligne, en commercialisant des fichiers enrichis pour les supports type tablette, en restant dans un cadre plus proche du droit d’auteur traditionnel. C’est l’esprit de la licence Edition Equitable proposée par Hervé Le Crosnier et je pense qu’un tel outil présente un potentiel pour adapter les modèles économiques de l’édition sous licence libre aux nouvelles réalités du livre numérique. L’intérêt d’une telle démarche consisterait à ne pas se focaliser sur la notion de « fichier » (j’ai été frappé au bookcamp de voir comment tout le monde était obsédé par les « fichiers »). Il s’agit à mon sens d’envisager les choses de manière plus fine, en distinguant selon plusieurs manifestations possibles des oeuvres (format html, format ePub, papier, etc) auxquelles peuvent être attachés des droits différents (en s’inspirant par exemple des concepts du modèle FRBR). Un auteur comme Robin Sloan joue déjà sur cette différenciation des formats pour ses romans : il commercialise des fichiers pour Kindle, mais diffuse gratuitement toutes les autres manifestations de son oeuvre (html, pdf, etc).

Outre cette nouvelle complémentarité des formats, un autre modèle commence à faire une percée dans le domaine de l’édition sous licence libre : il s’agit du crowdfuning (financement participatif), qui déplace le modèle économique en amont en sollicitant le public avant la publication de l’ouvrage pour rassembler les sommes nécessaires. à sa création. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ce modèle dans un autre billet et j’attends avec impatience le lancement du projet Unglue.it/Gluejar qui me semble particulièrement prometteur.

Obstacles, blocages et lacunes

On le voit l’édition sous licence libre n’est plus complètement une utopie, mais il faut bien reconnaître qu’elle se heurte encore à de sérieux obstacles, que l’atelier du bookcamp m’a permis de mieux saisir.

Dans le domaine de l’édition scientifique, le mouvement de l’Open Access s’est développé ces dernières années, de manière plus ou moins forte selon les disciplines, mais il a transformé assez profondément le paysage de l’IST. Certes l’Open Access ne s’appuie pas nécessairement sur des licences libres (bien que cela puisse être le cas, voir PLoS par exemple), mais il me semble qu’il s’y joue quelque chose dans les rapports entre éditeurs et auteurs qui rejoint les problématiques de l’édition sous licence libre que j’essaie d’aborder ici. Certaines initiatives que j’ai insérées dans la carte sont d’ailleurs directement inspirées par l’Open Access (Presses universitaires de Lyon, Open Utopia, C&F Editions, Unglue.it). La question que l’on peut se poser, c’est pourquoi cette ouverture tarde à s’étendre au delà des revues au domaine du livre et au delà de la sphère de la recherche à celle de l’édition générale.

Hubert Guillaud, qui m’a fait l’amabilité de participer à mon atelier, a fait remarquer qu’il était surprenant de voir combien les expériences étaient peu nombreuses en matière d’usage des licences libres dans le domaine de l’édition et comment les acteurs ne s’étaient pas saisis de ces outils pour explorer de nouvelles voies.

La première raison vient selon moi avant tout des auteurs. Le mouvement de l’Open Access s’est appuyé essentiellement sur le maillon des auteurs et sur le moment-clé de la négociation des contrats d’édition pour revendiquer davantage d’ouverture auprès des éditeurs. L’édition sous licence libre aurait besoin pareillement que les auteurs demandent des modifications dans leurs contrats d’édition pour placer les oeuvres sous licence libre et sans ce premier moteur, on peut douter que le mouvement se développe. Or les participants à l’atelier ont souligné qu’en France, très peu d’auteurs sont sur une telle ligne, même si la prise de conscience de la nécessité de revoir les équilibres des contrats d’édition commence à faire son chemin avec le livre numérique. Peut-être que les nouvelles générations d’auteurs, qui sont nées sur internet et qui auront pris l’habitude de l’ouverture du web auront plus de mal à se laisser enfermer dans les limites du droit d’auteur classique et revendiqueront le bénéfice des licences libres ?

D’autres points intéressants ont été soulevés lors de l’atelier, comme par exemple l’absence de soutien des pouvoirs publics en direction de l’édition sous licence libre. L’Open Access doit une large part de son succès au fait qu’il a été soutenu par des institutions publiques. Une démarche similaire pourrait tout à fait être envisagée dans le domaine des manuels scolaires (et à vrai dire, il serait logique que ce soit le cas). Plus largement, l’édition publique, assez développée en France, pourrait elle aussi expérimenter les licences libres, mais je n’ai trouvé aucun exemple à signaler. Pour le reste, bien que Manolosanctis ait par exemple été soutenu par le Centre National du Livre, il me semble que la France reste un milieu assez hostile aux alternatives libres. Dans le champ des éditeurs « traditionnels », on ne peut guère citer que les Editions Zones, un des labels des éditions la Découverte, à avoir expérimenté des publications sous licence Creative Commons ; quelques ouvrages sous licences Creative Commons chez Eyrolles également.

En réalisant ma carte, je me suis rendu compte que les projets d’édition sous licence libre n’incluaient pas certains acteurs de la chaîne du livre, les libraires par exemple, qui ne sont jamais associés à de tels modèles. Mais les bibliothèques ne sont pas plus présentes, et c’est pour moi une désillusion assez cruelle. Le projet américain Unglue.it/Gluejar, dont j’ai déjà parlé plus haut, prévoit cependant d’associer les bibliothèques et il sera intéressant de voir quel rôle elles pourront jouer dans cette entreprise de libération des droits.

Nécessité de la pédagogie et ressources utiles

Les participants de l’atelier ont également souligné que les licences libres étaient encore trop peu connues en France, chez tous les acteurs de la chaîne du livre et qu’elles restaient parfois mal comprises. Hubert Guillaud a fait un rapprochement avec le travail de pédagogie qu’il a dû mener au sujet de l’Open Data auprès des acteurs sur le terrain. dans le cadre de son action à la FING. Il importerait de pouvoir répondre aux craintes suscitées par les licences libres et de montrer les avantages concrets que l’on peut retirer de leur usage.

Pour commencer à avancer dans ce sens, j’ai recensé un certain nombre d’articles (en anglais), qui fournissent des conseils utiles pour mener des projets d’édition sous licences libres, surtout en direction des auteurs :

La carte heuristique est placée elle-même sous licence libre et je l’ai mise en mode wiki, et vous pouvez y apporter des modifications. Je continuerai à l’alimenter au fil de ma veille pour recenser les expériences d’édition sous licence libre.


19 réflexions sur “L’édition sous licence libre, une utopie ? (bookcamp 4)

  1. il serait intéressant de regarder le contenu réel de l’édition libre des Presses universitaires de Lyon. Mon sentiment d’universitaire local est que ce programme était une priorité mise en avant par l’ancien responsable. Le nouveau semble s’intéresser essentiellement aux livres papiers. D’ailleurs, le site ne communique pas lui même sur l’initiative OAPEN et renvoie au site international. Avez vous discuté réellement de cette initiative avec un représentant de ces presses? Le travail des PUR ou celui de l’IFPO sur Revues.org me paraissent plus dans la lignée de ce que vous indiquez, avec toujours un modèle économique basé sur la vente de papier ET des subventions directes (par des labos etc.) et indirectes (charges de personnel et de locaux).

    1. Effectivement, la partie du site de Presses universitaires de Lyon consacrée aux ouvrages sous licence libre paraît en sommeil. Je l’avais repérée, il y a quelques années déjà, et elle n’a quasiment pas évolué depuis.

      Je l’ai mentionnée dans ce billet, car elle est l’un des rares exemples de publications scientifiques sous licence Creative Commons en France.

      Mon propos ici est bien de parler de l’édition sous licence libre et pas de l’Open Access en tant que tel.

      Un site comme Revues.org constitue bien entendu une initiative cruciale pour l’ouverture des contenus et leur modèle économique (Freemium) est intéressant, mais ils n’utilisent pas les licences libres. C’est pourquoi je ne les évoque, ni dans la carte, ni dans le billet.

      Il serait d’ailleurs intéressant de réfléchir en France aux synergies entre Open Access et licences libres, car la philosophie des deux mouvements est très proche.

  2. Petit détail : Manolo sanctis ne fait pas du libre du tout.

    Sinon du côté BD, LL de Mars publie depuis 2006 des BD sous licence art libre chez divers éditeurs, la plupart n’étant pas spécialisés dans l’art libre et n’ayant pas de modèle économique basé sur le libre non plus.

    1. Toutes les BD sur Manolo Sanctis sont sous licence Creative Commons (Ex : CC-BY-NC-ND http://www.manolosanctis.com/fr/bande-dessinee/la-fontaine-aux-esprits-sacres-4129)

      C’est même un aspect constitutif de cette plateforme.

      J’imagine que vous considérez qu’il ne s’agit pas de « libre », car Manolo Sanctis utilise des licences comportant une condition d’usage non commercial (NC).

      Personnellement, je ne fais pas partie des gens qui restreignent le « libre » au copyleft et pour moi, Manolo Sanctis est un exemple probant d’édition sous licence libre, tout comme peut l’être Jamendo pour la musique.

      Pour ne rien vous cacher, je n’aime pas cette conception radicale du « libre », qui ne contribue guère selon moi à faire avancer les choses.

  3. Dans les exemples que vous donnez, vous ne mentionnez pas Wu Ming, un collectif d’auteurs italiens. Ils sont publiés en France chez Métailié (http://www.editions-metailie.com/catalogue_resultat.php?id_auteur=55651) mais mettent à disposition leurs ouvrages en ligne. Ils militent activement pour le copyleft (http://www.wumingfoundation.com/italiano/outtakes/copyleft_french.html) et revendiquent l’usage du peer-to-peer comme vecteur culturel (New Thing p. 215).
    Cela pose plusieurs questions, tout d’abord celle de la difficulté de recenser les initiatives libres par rapport à l’exposition des éditeurs/producteurs traditionnels (et sa nécessité pour la diffusion), mais également celle de l’éventuel rôle à jouer des dits pirates dans la diffusion des œuvres libres – par ex : sita sings the blues, qui en plus a profité du savoir faire des auteurs de fansubs – (cela concerne peut être moindrement le domaine de l’édition où les fichiers sont relativement petits, mais la transmission des fichiers n’est pas l’unique fonction de ces communautés : http://www.lekti-ecriture.com/bloc-notes/index.php/post/2008/10/04/Portrait-du-pirate-en-conservateur-de-bibliotheque) .

    1. ah oui, pirates, machin, etc. il y a également l’initiative flattr (http://flattr.com/) qui mérite d’être mentionnée dans le business model (même si cela concerne plus l’écriture régulière que la publication d’ouvrages et si je ne sais pas ce qu’il en ressort actuellement).

    2. Merci de me signaler ce site italien Wu Ming que je ne connaissais pas, et merci également de l’avoir rajouté dans la carte #crowdsourcing ;-)

      Votre remarque concernant l’articulation entre licence libre et réseaux de P2P est très intéressante, car dès lors que l’on place un contenu sous licence libre (y compris avec une restriction d’usage commercial NC), on permet l’échange des fichiers sur ce type de réseaux.

      Cela peut être une façon de retourner à son avantage le partage, qui terrifie toute une partie du monde de l’édition.

      Mais ce n’est compatible qu’avec des modèles économiques qui se rémunèrent autrement que par la vente de copies (par exemple, ceux qui passent par le crowdfunding).

      Pour les initiatives qui ont encore besoin de vendre des fichiers (ceux qui produisent des ePubs de qualité, par exemple), l’échange sur les réseaux P2P leur coupe sans doute une possibilité de commercialisation.

      Mais nous savons aussi que les choses sont plus complexes, car un partage n’annule pas forcément une vente, comme le montrent les études sérieuses conduites à ce sujet.

      Il faudrait voir si ce phénomène, constaté pour la musique ou les films, vaut aussi pour les livres.

      En tout cas question intéressante : comment intégrer les réseaux de partage (P2P ou autres) au sein des modèles économiques, plutôt que de les diaboliser ?

      1. Pour moi, la difficulté majeure est d’initier un contact entre les 2 partis. Il y a un lourd malentendu à dissiper. Celui-ci provient à mon avis largement de la RIAA/MPAA, les pirates sont vus par l’édition comme des « pilleurs » alors que dans la réalité, ils me semblent effectivement proches des pirates « historiques » mais tels que les décrit Marcus Rediker (http://www.editions-libertalia.com/librairie/product_info.php?cPath=51&products_id=67).
        Cependant, comme ils sont dans le collimateur des politiques et des industriels, ils passent plus de temps à essayer de se cacher, qu’à prendre position pour des modes de financement alternatifs (à part ceux de pirate bay, cf. flattr). Cependant, je crois pas dire de conneries en disant que des études montrent que les pirates sont aussi ceux qui dépensent le plus d’argent pour la culture (je crois que c’était une étude néerlandaise qui disait ça, mais j’ai pas les refs). Et quand ils voient que les artistes respectent leur démarche et souscrivent à leurs idéaux, ils sont souvent très réactifs (ressenti pas du tout documenté, mes potes me disent que j’ai tendance à idéaliser un peu ces communautés).
        Un exemple tiré du partage de la musique. Deerpeople (http://deerpeople.bandcamp.com/) non content de proposer leur album à prix libre (ce qui est un peu plus tendu quand on n’a pas la « fan base » de radiohead) ont uploadé leur EP sur plusieurs sites de p2p en encourageant les utilisateurs à le diffuser ailleurs en proposant un lien vers leur page officielle dans la description. Sur l’un de ces sites, l’EP est dans le top 100 des plus téléchargés (juste devant The suburbs d’Arcade Fire) et le groupe suffisamment satisfait du nombre de personnes renvoyées vers leurs page bandcamp pour utiliser le même business model pour leur prochain EP.
        Il y a probablement bien d’autres manières de tirer parti de ces communautés, qui seraient à définir si un contact s’établissait, la plus évidente restant l’utilisation des réseaux de pirates pour la diffusion (fonction centralisatrice, public déjà présent).

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